Bon, si
je me souviens bien, je dois cette lecture à Cathulu qui achète tous les ans ce recueil et en parle très bien (comme toujours). Suite à la publication de son avis, je me suis dit que cette année j'allais franchir le pas. J'ai bien fait !
13 à table ! 2022 est un recueil de nouvelles de très bonne facture. Comme dans tout recueil, il y a du très bon et du bon, mais surtout il y en a pour tous les goûts. En lisant
13 à table ! 2022, j'ai réalisé à quel point chaque écrivain.e a sa marque de fabrique, son style, que ce soit dans sa prose, dans son phrasé, dans le fond (le contenu de l'intrigue et comment c'est dit). J'ai aimé ressentir ces différences, ce qui me fait apprécier une plume plus qu'une autre. J'ai été convaincue par certains récits, un peu moins par d'autres (même si le tout représente un très bon recueil de nouvelles, varié à souhait et c'est franchement super !). Je retiens avant tout que les auteurs ont réellement bossé leur intrigue pour l'offrir ensuite aux Restos du coeur : ce sont là de vrais dons (littéraires et cadeaux) et cela me touche beaucoup.
Avant de décrire succinctement chacune des nouvelles, il y a une chose qui m'a interpellée : plusieurs auteurs font référence à l'achat de maison de famille (soit déjà existante soit en construction soit en prévision d'achat) et je me suis fait la remarque de cette différence notable entre le désir des uns (plutôt rentier) et celui des autres (celui de survivre au quotidien, ce que permettent les Restos du coeur le temps de l'hiver), de ce clivage entre ces deux populations pas si éloignées pourtant.
Dans
13 à table ! 2022, vous découvrirez un père en quête de reconnaissance cinématographique (Le Fugitif -
Tonino Benaquista), la revanche sociale d'une faire-valoir (qui accepte la contrepartie paternelle - Un faire-valoir plein d 'espoir de
Françoise Bourdin), des Souvenirs d'enfance qui laissent des marques en béton dans le coeur et le corps (
Marina Carrère d'Encausse), un été inoubliable dans
Dag Hammarskjöld qui rappelle qu'il faut profiter de ses enfants à tout moment (ma préférée de chez préférée tant par le style fantastique de
Jean-Paul Dubois que par l'intrigue), un oncle d'enfer aux cris nocturnes réjouissants (un attendrissant On ne joue plus de François d'Epenoux), une relation fraternelle définitivement perturbée par une petite amie écervelée et égoïste (le douloureux mais très réussi L'Ascension de
Karine Giebel), une fratrie observée à la loupe le temps d'un été (une nouvelle
Les étés à l'image du style de
Marie-Hélène Lafon, celui de marquer la nature, l'univers, le temps qui passe), l'implacable L'Abat-Jour cramoisi du Vieux Sémaphore (une revisite du lien de la sororité par
Alexandra Lapierre), une apparition humble et touchante de
Cyril Lignac (je vous laisse découvrir son Poulet rôti à l'origan frais et au citron), le délicieux Coup de folie des vacances d'une famille recomposée (une histoire mignonnette d'Agnès
Martin-Michaud), un chassé-croisé amoureux daté sous fond de duel footballistique franco-allemand dans La Nuit de juillet (Étienne de Montety), une balade présidentielle incognito (Petite vacance à l'image du regard facétieux de
François Morel), un speed dating à la répétition affolante et angoissante (une efficace Martine de
Romain Puertolas), de chouettes retrouvailles alertes et musicales en maison de retraite (Génie et Magnificent de Tatiana de Rosnay), un moment de parole contre parole dans La chambre verte (une nouvelle courte et efficace de
Leïla Slimani).
Une lecture hautement recommandée et un livre à acheter (1 livre = 4 repas)
Éditions Pocket
Une très jolie et douce illustration de
Riad Sattouf