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Claude Viot-Murcia (Traducteur)
EAN : 9782264025593
253 pages
10-18 (21/10/1998)
3.83/5   12 notes
Résumé :
L'action de L'Air d'un crime se situe à Région, scène imaginaire et habituelle des romans de Benet. L'apparition d'un cadavre, l'évasion de deux conscrits, les interférences entre le monde militaire et celui de la délinquance et de la prostitution viennent troubler quelque temps l'existence routinière du village. Mais les habitants ne tarderont pas à recouvrir de leur silence les événement insolites dont ils ont été les témoins.

On ne raconte pas L'Ai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Jouant avec brio au roman policier, un autre superbe point d'entrée dans la Région de Benet.

Publié en 1980, traduit en français en 1987 par Claude Murcia chez Minuit, le sixième roman de Juan Benet est à la fois celui de sa reconnaissance par le (relativement) « grand public » espagnol (le livre fut cette année-là finaliste du prix Planeta) et celui d'une incursion pleine de ruse et de malice dans le genre policier.

Un cadavre retrouvé au petit matin adossé à une fontaine d'un village de Région fournit l'occasion d'une enquête étonnante, toute en discrétion et en petites touches lâchées comme par inadvertance, juge et procureur s'effaçant de fait au profit du capitaine Medina, sévère et efficace militaire provisoirement en disgrâce, et cantonné de ce fait à la direction du petit détachement gardant une forteresse relique dans la montagne, lieu emblématique du terroir imaginaire de Benet. Sous ses faux airs de Langlois, cet autre possible roi sans divertissement (qui souligne au passage, l'air de rien, l'existence de plus d'une correspondance entre Benet et Giono) traque sans relâche les déserteurs tentant de rejoindre le maquis et de fuir ensuite le district, tout en ajustant délicatement les pièces d'un puzzle légèrement mafieux, et en se découvrant peu à peu des sentiments qu'il pensait devoir lui rester étrangers. Benet s'amuse ici énormément, construisant les faux-semblants par dizaines, usant de ses coutumières vraies-fausses digressions, dont l'utilité réelle se révèle souvent beaucoup plus tard dans la narration, toujours éclatée, même si l'on reste ici loin des extrêmes de l'inaugural « Tu reviendras à Région ». le docteur Sebastian, l'un des protagonistes centraux du premier roman de Benet, joue d'ailleurs un rôle essentiel dans cet « Air d'un crime », contrepoint permanent dont on se réjouira de découvrir la fonction au fil des pages…

Un roman très réussi qui, affectant une ambition moindre que d'autres écrits de Benet, parvient aisément à communiquer le charme trouble de Région et à subvertir au passage les versants procéduraux comme les paradigmes énigmatiques du roman policier « classique ».
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Publié en 1980 pour la première fois, ce roman n'est pas, selon moi, un roman policier. L'auteur met en scènes les personnages un à un: dans le désordre, un militaire, un docteur, un curé, une mère maquerelle, des villageois, des paysans le tout dans une ambiance rurale de l'Espagne des années post guerre civile. le sujet est bien là: la description, assez fine au demeurant, des personnages et de leur univers. Evidemment, c'est daté...
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Voici sans doute le roman policier le plus déroutant que je n'ai jamais lu. le sujet du livre n'a rien de bien original. Il y tout d'abord un cadavre, celui d'un jeune homme blond, retrouvé sur la place d'un village. Il y a ensuite une enquête, celle menée par le capitaine Medina. Mais il y a aussi des déserteurs, de la prostitution, un fort abritant une garnison et des prisonniers, un exilé politique de retour au village, Regiòn, une province imaginaire, une atmosphère unique... Enfin, et surtout, il y a le talent de Juan Benet qui ne construit pas un récit linéaire et qui distille les indices au fil des chapitres mettant ainsi en place un piège dont le lecteur ne prend conscience qu'à la fin du roman, une fois qu'il en est sorti.
L'air d'un crime n'est pas un roman facile et demande un peu d'attention, mais c'est une oeuvre magnifique à côté de laquelle il serait dommage de passer.
Lien : http://bloglavieestbelle.ove..
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J'ai abandonné ce livre après avoir difficilement fini le 1er chapitre. Je n'ai absolument pas aimé l'écriture : les phrases sont si longues, si alambiquées que je me suis retrouvée comme un canard devant une clé à molette. Si au moins la découverte du mort avait titillé ma curiosité, mais même pas...
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L'air d'un crime est un bref et grand roman. Sur une trame policière, Juan Benet donne à voir une humanité, perdue et attachante. Un roman plein d'ironie et avec une belle intrigue. Un auteur à découvrir absolument.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
C'était un homme qui savait attendre, il n'avait pas à tuer le temps. L'autre, non. Il fallait qu'il fume, qu'il se lève, qu'il fasse quelques pas, qu'il se coupe les ongles avec des petits ciseaux d'acier inoxydable qui à chaque claquement faisaient tourner la tête à Amaro, comme s'ils étaient liés tous deux par quelque automatisme.
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Et non seulement elle écrase tout, mais elle abrège. Dans la solitude il n'y a le temps pour rien. Elle est trop fidèle, la solitude, trop possessive et si perfide qu'elle ne te laisse pas jouir d'elle ; elle réserve ça à ceux qui lui rendent visite de temps en temps, pas à ceux qui viennent avec elle en permanence. Si seulement je pouvais aimer la solitude.
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Il ne connaissait pas beaucoup Amaro, mais suffisamment pour comprendre qu'il était irréductible. Une sorte de fidélité à sa condition l'animait, qui en dernier ressort le préserverait toujours d'une faiblesse possible. Il n'acceptait plus de changements dans sa vie, auréolé désormais d'une sordide et laconique pérennité, plus proche du monde animal que de n'importe quel être humain.
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En privé, Domingo, à qui parvient immédiatement cette objection, se défendit en disant qu’avant d’adosser la charrette au conduit du haut il avait jeté un coup d’œil aux autres pour déterminer lequel d’entre eux donnait le plus d’eau, de sorte qu’il pouvait bien le jurer sur la tête de toute sa famille, quand il était arrivé pour la première fois sur la place, il n’y avait ni corps ni âme. Cette explication ne satisfit pas non plus pleinement, car un homme connaissant aussi bien le régime de la fontaine que Domingo Cuadrado devait très bien le savoir : quel que soit son comportement fantaisiste, ses quatre conduits donnaient toujours une eau semblable, abondante ou rare, fraiche ou chaude, sereine ou inquiète, silencieuse ou bruissante. Comme il se produit toujours lorsqu’une affaire grave dépend de la vraisemblance d’une autre, futile, très vite le village divisé en deux camps s’empêtra dans une controverse sur la similitude ou la disparité de comportement des quatre conduits : on allait jusqu’à affirmer à la fois qu’ils donnaient toute l’année la même eau, qu’il n’y avait pas deux jours pareils, qu’ils procédaient de quatre sources distinctes, que chacun correspondait à une saison différente, que les uns fournissaient de l’eau pour boire et les autres pour bouillir ; en somme, personne ne connaissait la fontaine dont ils avaient bu l’eau toute leur vie, comme leurs parents et leurs ancêtres. Et lorsque l’énigme du cadavre s’évanouit sans avoir été résolue, longtemps encore traîna le problème de la fontaine, à laquelle beaucoup consacrèrent des heures d’étude, d’analyse et de discussion, comme s’il s’agissait d’un objet tombé du ciel, sans histoire antérieure à ce torride samedi d’un mois de juillet inquiétant et augural.
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Le cadavre apparut sur la place du village, assis par terre, la tête inclinée sur la poitrine, couverte d'un chapeau de paille, le dos appuyé contre les pierres de taille de la fontaine, les jambes tendues et les pieds nus et ouverts, indiquant deux heures moins dix, la plante noire.
(éd. Minuit, 1987, traduction de Claude Murcia)
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