Une acquisition faite en juillet 2016, déjà, dans une de mes librairies
préférées: La librairie Tschann... où j'ai découvert ce recueil d'
essais et d'articles littéraires... que je lis enfin, dans la lancée du très joli texte - hommage de
Christian Estèbe à
Marc Bernard, découvert récemment "
Petit exercice d'admiration" [Editions Finitude ]...
Marc Bernard écrit dans les années 30 à -Monde-
journal pro-communiste de critique, où il se fait remarquer en livrant des courts
essais, parfois intimes, souvent saignants. (....) dont ceux concernant
François Mauriac et autres écrivains catholiques , qu'il semble exécrer !!
Par contre son admiration et son enthousiasme pour
Eugène Dabit,
André Gide et
Maxime Gorki sont sans réserves !!
Je lis ces textes et tombe sous le charme de celui, très convaincant
concernant le grand écrivain russe,
Maxime Gorki...
"Gorki peint, sculpte, chante chacune de ses pages. Ses personnages sont aussi puissamment et charnellement construits que ceux de Rembrandt et de
Michel-Ange. "(p. 133)
"Les plus belles
oeuvres de Gorki, les mieux venues-ses récits de vagabonds, ses souvenirs d'
enfance- sont pareilles à des forêts. Elles changent avec la lumière du jour; on peut les parcourir mille fois, on y trouvera toujours de nouvelles beautés. "(p. 123)
Un recueil très dynamique de critiques,
essais enthousiastes, aussi positifs que très grinçants... Son exécration pour tous les fanatismes ou extrêmistes: de droite comme de gauche... Sa virulence est à son comble quand il parle de Mauriac, de
Léon Daudet, des personnalités ultra-conservatrices... Ses admirations sont aussi explosives et jubilatoires... Ainsi les textes de
Marc Bernard nous font cadeau de très beaux portraits de
Jean Paulhan,
Gide, Gorki,
Emmanuel Berl, d'analyses très fines de la littérature prolétarienne...
"Imagine t-on l'émotion d'un jeune ouvrier, paysan ou employé qui se met à écrire ?
Il éprouve assez le sentiment d'une fraude. Mais il fallut attendre durant des siècles pour que des jeunes hommes sans formation classique eussent cette audace. L'on pouvait prévoir leur maladresse; ils n'y ont pas manqué.
Quelles qu'aient été leurs insuffisances pourtant, ils ont apporté une vision neuve des hommes en montrant le peuple de l'intérieur.
Un long murmure s'est soudain élevé d'une masse de gens jusque-là silencieux, que les naturalistes les premiers avaient pensé à peindre, mais un peu comme ils l'eussent fait pour des insectes. Et voici que les insectes eux-mêmes ont pris voix. "(p. 148)
Une lecture des plus instructives sur le monde des Lettres... et sur les bouleversements sociaux, politiques de cette période [1929- 1942 ],sans omettre que ces
essais sont un fabuleux hommage au monde ouvrier...
Une autre facette très riche, très engagée de
Marc Bernard... Merci au Dilettante pour la réalisation de ce recueil très éclectique...