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EAN : 9782844851666
117 pages
Allia (27/10/2004)
3.12/5   12 notes
Résumé :
“De quoi t’occupes-tu exactement ? – De la réification. – Je vois, c’est un travail très sérieux avec de gros livres et beaucoup de papiers sur une grande table. – Non, je me promène. Principalement, je me promène.”
Tous les chevaux du roi est le premier roman de Michèle Bernstein, à l’époque membre de l’Internationale situationniste et épouse de Guy Debord. Poupée russe, ce livre est d’abord le récit – sorte de transposition moderne, ironique et distanciée ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Tous les Chevaux du Roi
à Thomas

Tous les Chevaux du Roi

Avide de trouver pépite parmi les rayonnages
D'une bibliothèque aux allures d'un autre age
J'ai déniché une perle entre Debord et Deville
Berstein mariée à Guy moquant un vaudeville.


Michèle publiait dans une jaquette bleu-roi
Sa première fiction,Tous les Chevaux du roi
La genèse du roman tient à peine debout
Il fallait de l'oseille pour joindre les deux bouts


Guy Debord ardent, féministe paresseux
Ne pouvait se résoudre à être courageux
Pour quelques sous de plus, faire bouillir la marmite,
Radical, mais sans radis, explorait tous nos mythes.


Aucun ne lui convient, Michèle perdant patience
Suggéra une fiction un récit de sa science
Elle lui dit qu'il suffit, de savoir imiter,
Les auteurs à la mode, les amours contrariés.


Guy, sur tous les bords qu'elle coupa, applaudissait
Au scénario qui lentement mûrissait
Comme l'idée d'emprunter tous les tics et les styles
A la mode soit ! "Bonjour Tristesse" en plus futile.


Mais à ce jeu des papous ou d'autres, piafferont
Sagan ne méritait un si cruel affront
Par Laclos inspiré des liaisons dangereuses
Sortit un libertin, aux mœurs sulfureuses.


Geneviève et Gilles en fol libertinage
Séduiront Carole troublée par son jeune âge.
D’œillades, en caresses ces jeux de séductions,
finiront par s'éteindre jusqu'à leur trahison.


Le spectacle est fini aucun n'a vu le plagiat
le style court et nerveux a la verve du combat
déchaîné, consommant les amours libres,
Elle sait se faire tendre, et plaire comme un livre.


Guy Debord dénonce la société du spectacle
Mis en scène par Michelle, un seul qui renâcle
Dumayet a senti la blague du potache
Mais aussi le message, le vrai toujours se cache


Ce livre pour Berstein un acte de réalisme
Quand Debord poursuit le situationnisme
Michelle s'ennuie parfois elle écrira La Nuit
Guy Debord passé 68, plongera dans l'oubli.


J'invite les lecteurs pointus en calcul de pieds, voire de pouces, de me corriger
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Ecriture "à effets" de qui le sait. de qui ne s'abaisserait pas, pourtant, à la vaine notoriété littéraire d'une certaine Françoise S., dont l'auteure reprend ici certaines recettes éprouvées, quelques années après le triomphe d'un certain Bonjour t..
Etude de moeurs d'une jeunesse bohême ++, d'un petit cercle de privilégiés de l'esprit évoluant à la marge, de façon oisive, hautaine et fière, se prélassant dans une belle fatigue de vivre traversée d'aérations alcoolisées, où les couples se font pour se défaire, en une hasardeuse litanie de l'amour — amour pressé, libre, offert... disponible certes, mais toujours au risque de la péremption. On reconnaîtra dans le "Gilles" du récit un portrait en creux d'un certain Guy D., tandis que la narratrice "Geneviève" semble beaucoup ressembler à son auteure Michèle B., effectivement compagne à la ville et compagnonne de route de ce Guy.
Parodie larvée, transparente — tellement que ç'en est insensible —, jamais le ton de Sagan (voilà, le nom est lâché) n'est grossièrement caricaturé, on se contente de faire, calmement, plus fin, plus spirituel, dans un trait brossé "à la manière de", histoire de se donner une contenance, un peu, et de se construire une plume dont la chair soit parlante, pour soi, pour le public, pour construire un livre à la fin et faire oeuvre de "romancier".

"Je me réveille plus tôt dans un lit dont je n'ai pas l'habitude."
En creux se lit une vague conscience de la vacuité de la formule (...et alors, what's the point de se réveiller plus tôt?), se surajoutant au clin d'oeil, racoleur et facile, au fait que "souvent elle ne se réveille pas dans son lit".
À la formule "à la Sagan", l'auteure ajoute une forme d'ironie souterraine, invisible, telle le Pierre Ménard de Borgès réécrivant à l'identique un Quichotte avec des niveaux de lecture additionnés, en l'occurence, des strates de conscience autoréflexive qui font de chaque ligne une double voix, la voix de la personne qui parle — la narratrice saganienne — et celle qui se regarde ainsi parler — l'auteure, subtilement lucide de ses effets. Mais sans trop de complaisance non plus. Après tout, ce n'est pas si mal, Sagan... La preuve en est que, dans un style Sagan, ce livre fait un excellent roman.
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La première chose à laquelle j'ai pensé en refermant ce livre (après l'avoir lu d'une traite), a été, mais qui est donc cet auteur (Michèle Bernstein) qui rédige à la manière de Françoise Sagan ? J'entreprends enfin de lire la préface, car je ne sais pour quelle raison je lis toujours la préface après avoir lu le livre et je comprends que le but de l'auteur était d'imiter le style d'autres romanciers à succès. Ici Françoise Sagan à n'en pas douter.
Contrairement à l'éditeur de l'époque, qui a repéré le second degré du texte de Michèle Bernstein, je n'ai rien vu. Complètement absorbé par le style d'écriture, j'ai apprécié le livre aussi pour son histoire. Et pour ceux et celles qui ont aimé par exemple « Bonjour tristesse » de Françoise Sagan, il en sera probablement de même. L'intrigue du livre, qui n'en contient d'ailleurs pas, n'a ici que peu d'importance. Sachez tout de même que le roman de Michèle Bernstein nous dépeint le quotidien d'un couple libre (Geneviève et Gilles) qui aime s'adonner à des jeux amoureux que je qualifierais de cruels ou bien d'égoïstes. le terme égoïste me semble plus approprié. Disons que je n'aurais pas aimé jouer avec Gilles et Geneviève, mais j'aurais aimé être Gilles. Ceux et celles qui ont lu le livre comprendront de quoi je parle et j'invite les autres à le faire.
Pour conclure, je dirais que ce livre peut être apprécié pour ce qu'il est, un exercice de style des plus intéressants et à la fois pour ce qu'il n'est pas vraiment, un roman à part entière. Toujours est-il que ce roman (Tous les chevaux du roi) me fait penser tout d'un coup aux propos tenus par James Ellroy qui prétend que son style est inimitable. Aussi, je dirais que si l'écriture de Françoise Sagan est copiable, celui de James Ellroy doit l'être tout autant…
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Bonsoir,
Je partage exceptionnellement avec toi une de mes publications FB, troublé que je suis par cette sidérante synchronicité ("hasard objectif") qui me fait croiser fortuitement cette vidéo et connaître ainsi l'existence de ce roman situationniste qui semble tant parler de moi, en quelque sorte, de ce que je vis actuellement : ma découverte toujours plus profonde et consciente des réalités et potentialités du polyamour ; les épiphanies discrètes et contingentes ; ne "rien faire apparemment" et pourtant...
"Ce roman est l'histoire de Gilles et des possibilités qu'il rencontre : de la fatigue qui les emporte. [...] La désinvolture n'est qu'à la surface de ce livre."

C'est fou comme tout cela fait manifestement écho à ce que j'expérimente ces derniers mois ; fascinant comme cela m'apparaît être en adéquation avec ce que je pourrais dire de l'ineffable de ma vie actuelle, que je ne saurais donc exprimer autrement : "De quoi s'occupe Gilles, qui apparemment ne fait rien ?" le postulat de ce roman providentiel est à mes yeux une manière de précipité littéraire pour une tentative d'explication dans l'inexplicable :
“De quoi t'occupes-tu exactement ? – de la réification. – Je vois, c'est un travail très sérieux avec de gros livres et beaucoup de papiers sur une grande table. – Non, je me promène. Principalement, je me promène.”

Un partage léger mieux qu'un long discours - lourd - pour nous épargner de laborieuses circonvolutions samedi, quand j'aurais voulu te dire, par souci de transparence, ce que je traverse là, dans la marge. Des choses si ténues et subtiles, dérisoires et essentielles.
Nous ferons l'amour, plutôt.
Joyeux Noël.
G.
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Ce n'eut pas été un grand dommage qu'il demeurât introuvable, ainsi le mythe eût pu s'épargner la chute.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Notre trio qui, de l'extérieur, plaisait, manquait gravement de cette cohésion interne qui fait durer les liaisons, ou permet les amitiés. Dans ces frontières, rien n'avait l'air vrai.
Inconsciente de cette disgrâce, Hélène pourtant ne trouva jamais sa place. Elle compensa vainement sa gêne, et on ne sait quelle culpabilité, par un excès de politesse malvenu. Dans une Sibérie de mondanités, cette rivière glacée demandait chaque fois plusieurs heures de travail, et la débâcle était sans surprise. Tant d'efforts rendaient l'exploitation peu rentable.
Hélène avait été au centre d'un groupe, qui s'était défait. Sa présence en avait donné l'équilibre, mais plus tard elle se trouva inutile comme un escalier d'honneur dans les ruines d'un château. Hélène n'avait pas changé, mais le changement de la perspective avait aboli sa fonction.
Nous cessâmes de la voir pour toutes ces raisons, et pour aucune, par tristesse. N'ayant rien à lui reprocher, je me refusai à l'affronter, et lui fis une mauvaise querelle par téléphone.
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Le jour suivant était un dimanche. J'étais décidée à m'ennuyer, et je m'ennuyai. Ce village plein de touristes me donnait envie d'asphalte, de vitrines, de feux rouges. J'aurais aimé le métro. Au lieu de dîner, je pris la voiture et partis. Je voulais voir une ville, j'allai jusqu'à Nice, et je me précipitai dans un cinéma. En sortant, il faisait presque nuit. Un peu ahurie, je m'assis à une terrasse. Puis je marchai, j'entrai dans une brasserie. Je mis des pièces dans le juke-box, je fis plusieurs parties de pin-ball, comme si j'avais jamais aimé cela : je me désolai aux tilts. Je m'amusai consciencieusement.
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De quoi t'occupes-tu exactement ? - De la réification. - Je vois, c'est un travail très sérieux avec de gros livres et beaucoup de papiers sur une grande table. - Non, je me promène. Principalement, je me promène.
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Je me réveille toujours plus tôt dans un lit dont je n'ai pas l'habitude.
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Video de Michele Bernstein (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michele Bernstein

Michèle Bernstein - "Tous les chevaux du roi"
Le 14 septembre 1960, Pierre DUMAYET s'entretient avec Michèle BERNSTEIN au sujet de la publication de son premier roman "Tous les chevaux du roi". Ils abordent les différents sujets dont il est question dans le roman, puis la morale des couples dont elle raconte une tranche de vie. Pierre DUMAYET mène cet entretien à bâtons rompus et termine en évoquant l'exercice de style, moyen pour la jeune femme de montrer son talent d'écrivain.
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