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EAN : 9782916141961
245 pages
L'Arbre vengeur (17/01/2013)
4/5   8 notes
Résumé :
« C’est Jules Renard, Pascal et La Rochefoucauld réunis, et encore plus que ça. Les petits faits de la vie, de menues observations mis en formules gnomiques et transfigurés par l’invention, l’humour, la fantaisie. Autre chose que la morne liste des courses qui fait l’ordinaire de ce qu’on nomme autofiction, sans doute pour signifier que ça exclut toute inventivité. » Pierre Jourde, Le Nouvel Observateur

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sur son blog, l'auteur écrit quotidiennement des textes courts, publiés ensuite. Celui-ci est le quatrième volume, courant du 18 septembre 2011 au 17 septembre 2012, période durant laquelle sera publié son dernier roman L'auteur et moi.

Fort agréable à lire par petits bouts, idéal pour les courtes attentes de la vie que l'on veut traverser intelligemment. Parfois ça fait mouche, parfois moins, selon le lecteur et l'humeur, supposons-le. Très addictif cependant, et déjà je songe à emprunter d'autres opus à la bibli.

Quelques exemples
"Je suis de ceux qui tiennent que la Terre n'est pas une sphère mais un disque. Et non, elle ne tourne pas non plus autour du soleil - quelle absurdité!- mais ricoche dans l'éther : quand elle s'enfonce au-dessous, elle plonge dans l'obscurité - c'est la nuit- et, quand elle en émerge pour planer au dessus, elle reçoit la lumière du soleil - c'est le jour. Que la science astronomique se cabre encore devant de telles évidences a de quoi laisser pantois."

"La rotation de notre planète demeurait pour moi une énigme. Puis je pris de la hauteur et je repérai, arcbouté au globe terrestre, un bousier."

"Un sévère régime alimentaire s'impose. J'ai trop de triglycérides dans le sang: j'opte donc pour aujourd'hui pour une belle saucisse de Morteau (nul sucre). Puis, comme mon taux de cholestérol explose également, je m'en tiens sagement pour suivre à une grosse meringue nappée de caramel (nulle graisse).


"Penser à racheter des Post-it, ne savait-il où noter."

"Il passa son existence enfermé chez lui à lire des romans à suspense, des thrillers haletants, puis SOUDAIN ... la mort survint."

"Le jeune enfant disperse en courant la nuée des pigeons. Quatre-vingt ans plus tard, comme pour remettre en ordre avant de disparaître tout ce que sa présence sur la terre aura perturbé, avec les miettes de son repas, il la reforme."

"Mon boomerang est bien revenu. Mais je n'étais plus là."

"Chaque seconde de sa convalescence à la fois l'éloigne et le rapproche de sa mort."

"Le monde n'est pas à ma convenace; et par exemple, j'aurais pour ma part fixé deux ou trois centimètres plus à droite le manche de la casserole."

Interviennent aussi les deux fillettes de l'auteur, marchant sur les traces du papa:

"-Agathe, tu ne manges pas un peu trop de ces chips?
- Non, que beaucoup."

Quelques textes sous forme de poèmes
"Le vent arrache par violence
aux arbres des révérences
aux volets des applaudissements"

Quelques apartés sur les livres et la lecture
" le livre dans la liseuse électronique n'existe que le temps de la lecture, puis il disparaît, comme effacé, ou siphonné. Nous fréquentions aussi l'objet, jadis (et naguère encore). Cétait une présence physique, avec ses caractéristiques familières, une compagnie.Certains volumes étaient de vrais crampons, certes, des incrustés, des parasites, mais d'autres nous accompagnaient comme des fétiches, de déménagement en déménagement. Ils partageaient notre vie. Sans vouloir blesser ces purs esprits, nous les aimions aussi pour leur physique... Leur contenu était associé à leur aspect dans notre mémoire oublieuse et il nous suffisait d'en regarder certains sans même les ouvrir pour très exactement et en un éclair les relire. Voilà tout de même une chose irremplaçable qui va se perdre si la tablette absorbe la bibliothèque."

"Puis tous les livres furent numérisés. On cessa de publier des volumes de papier. On brûla la plupart de ceux qui restaient, pour faire de la place. Les autres finirent par tomber en poussière. Alors se produisit le fameux bug."

Et il sait égratigner certains collègues
"Je me flatte d'avoir vécu une expérience rare pour un écrivain - qui atteste aussi une certaine force de caractère, ayons l'humilité de l'admettre: j'ai voyagé dans le Transsibérien sans en rapporter un livre! "

Des nouvelles express
Emplie d'émotion et de gratitude, elle épousa l'homme qui lui avait sauvé la vie en la tirant en arrière par sa capuche alors qu'un bus allait la percuter et qui aussitôt l'enferma dans cette haute tour de la fenêtre de laquelle, après trente ans, elle s'est jetée ce matin.
Ajoutons que dans le bus se trouvait un jeune médecin sans attache sentimentale, charmant, tendre et sensible, spécialisé en traumatologie routière.
Qu'il passa sa vie seul et connut peu de joies, hanté par l'obscure sentiment d'avoir un jour frôlé le bonheur.

"Encore une magnifique histoire d'amour. Elle n'était pas ponctuelle. Il n'était pas patient. Jamais ils ne se rencontrèrent."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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L'autofictif est un recueil des textes publiés par Eric Chevillard sur son blog entre 2011 et 2012. C'est le quatrième « tome » à paraître et aussi le dernier (une année par tome). Ma crainte était que ces écrits quotidiens soient assez inégaux. Ce n'est pas le cas et, j'en ai été assez impressionné, notamment par les qualités littéraires de ces petits textes. Chevillard nous parle avec humour et/ou fantaisie de ce qui lui passe par la tête.

C'est souvent drôle, parfois féroce notamment envers certains écrivains grands publics sans talent ni ambitions. Chevillard n'y va pas par quatre chemins – à l'image de Pierre Jourde, l'auteur de la Littérature sans estomac, à qui le recueil est dédié. Foenkinos, Jardin ou Beigbeder en prennent donc pour leur grade. C'est que sur ce sujet comme sur les autres, les tournures stylistiques font mouche et l'inventivité de Chevillard émerveille. Ce thème n'est pas plus présent que les autres, qu'on ne se méprenne pas. Ce n'est qu'un exemple. A vrai dire, Chevillard parle au moins autant, sinon plus, de ses enfants (et de leur légendaire imagination débridée). le titre du recueil est une référence à son voyage à la Réunion et à la mésaventure que vous imaginez.

Ce livre lu, je me dis que je vais jeter un oeil aux livres de Chevillard publiés chez Minuit… Ma pile à lire retrouvait pourtant des dimensions raisonnables…

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"Le merle ne craint pas l'écrivain immobile qui tourne une phrase dans sa tête. Il se pose sur le dossier de la chaise en face, sur laquelle j'ai étendu mes jambes. Puis la phrase est faite, il faut la noter avant qu'elle ne s'envole. C'est elle ou l'oiseau. Je bouge." (184)

L'année 2010-2011 a été sombre et il en reste encore des traces. L'esprit d'Éric Chevillard met quelques semaines à s'épousseter des cendres du deuil, puis renaît. Plus dense et plus concis. S'appuyant sur la tendresse de sa vie de famille, recentré sur les aspérités des jours. Radiateurs, aspirateurs, poussettes, font entendre leur petite voix. Et les oiseaux ne cessent de s'envoler.

Mais ce que j'aime, surtout, et "que nous opposons bien sûr aux imbuvables concoctions de jus de crâne", et qui ici s'exprime par petites touches vibrantes, c'est sa posture de nombril outré, de misanthrope aux pulsions assassines,

"Dès lors, plutôt que de ravaler honteusement ma salive ou de la cracher avec dégoût sur le sol, je la laissai couler sur mon menton, de là sur mon torse, mes cuisses, mes pieds, sans l'essuyer jamais, si bien qu'avec le temps, comme je l'avais escompté, se forma tout autour de mon corps une croûte de bave sèche qui peu à peu se solidifia et qui exprime au plus juste aujourd'hui le mépris dans lequel je tiens le monde d'un côté, et moi, de l'autre." (85)

son regard déçu sur une humanité médiocre,

"Peste, sida, famines, tsunamis, rien de tout cela n'avait été suffisant et Dieu là-haut ne savait plus quoi inventer pour éradiquer cette espèce vile et méprisable qu'il avait décidément créée trop endurante. Or il ne pouvait encore se résoudre à employer des moyens plus radicaux – météorite géante, glaciation soudaine -, car cela eût entraîné également la disparition du sphinx du tilleul, un joli papillon qui était, de toutes ses oeuvres, celle dont il était secrètement le plus fier." (242)

dont la production littéraire à succès le désole…

"Quand on voit quel chemin montueux, tortueux, rocailleux, mène à la gloire, comment s'étonner que tant d'ânes en aient atteint le sommet ?" (97)

Sous des dehors facétieux et méchants, lâches et nombrilistes, le clown Chevillard, "figure postmoderne du antihéron", fouisse dans le gruau chaotique de l'existence, portant vaillamment son questionnement et ses doutes, à la recherche d'une essentialité grammaticale autant que spirituelle.

"Au secours ! Ainsi traduira-t-on en bon français la périphrase littérature." (20)


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Le livre dans la liseuse électronique n'existe que le temps de la lecture, puis il disparaît, comme effacé, ou siphonné. Nous fréquentions aussi l'objet, jadis (et naguère encore). Cétait une présence physique, avec ses caractéristiques familières, une compagnie.Certains volumes étaient de vrais crampons, certes, des incrustés, des parasites, mais d'autres nous accompagnaient comme des fétiches, de déménagement en déménagement. Ils partageaient notre vie. Sans vouloir blesser ces purs esprits, nous les aimions aussi pour leur physique... Leur contenu était associé à leur aspect dans notre mémoire oublieuse et il nous suffisait d'en regarder certains sans même les ouvrir pour très exactement et en un éclair les relire. Voilà tout de même une chose irremplaçable qui va se perdre si la tablette absorbe la bibliothèque.
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Je suis de ceux qui tiennent que la Terre n'est pas une sphère mais un disque. Et non, elle ne tourne pas non plus autour du soleil - quelle absurdité!- mais ricoche dans l'éther : quand elle s'enfonce au-dessous, elle plonge dans l'obscurité - c'est la nuit- et, quand elle en émerge pour planer au dessus, elle reçoit la lumière du soleil - c'est le jour. Que la science astronomique se cabre encore devant de telles évidences a de quoi laisser pantois.
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Emplie d'émotion et de gratitude, elle épousa l'homme qui lui avait sauvé la vie en la tirant en arrière par sa capuche alors qu'un bus allait la percuter et qui aussitôt l'enferma dans cette haute tour de la fenêtre de laquelle, après trente ans, elle s'est jetée ce matin.
Ajoutons que dans le bus se trouvait un jeune médecin sans attache sentimentale, charmant, tendre et sensible, spécialisé en traumatologie routière.
Qu'il passa sa vie seul et connut peu de joies, hanté par l'obscure sentiment d'avoir un jour frôlé le bonheur.
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- Je pratique la paléontologie en amateur, plaida-t-il
Mais son champ d'investigation se bornant exclusivement aux sépultures de jeunes vierges inhumées depuis moins de 24h, le tribunal accueillit sa défense avec perplexité.
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Le jeune enfant disperse en courant la nuée des pigeons. Quatre-vingt ans plus tard, comme pour remettre en ordre avant de disparaître tout ce que sa présence sur la terre aura perturbé, avec les miettes de son repas, il la reforme.
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Videos de Éric Chevillard (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Éric Chevillard
«Bêtes de littératures» avec Éric Chevillard Hérissons, orangs-outans, tortues, flamants roses, insectes… Les bêtes peuplent les livres d’Éric Chevillard. S’interrogent à cette occasion les enjeux de la présence d’animaux, et par là d’altérités non humaines, dans la littérature. Comment rendre compte, avec l’écriture, d’intensités animales au-delà de l’allégorie ou de la fable ? Donner vraiment la parole aux animaux, est-ce pour autant se couper du symbolique ? Et l’humour dans tout cela ? L’entretien sera ponctué d’une lecture d’extraits de «Zoologiques» (Fata Morgana, 2020). - Modération : Sandra de Vivies La Fondation Jan Michalski, le 11 septembre 2021
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