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Justine Augier (Traducteur)
EAN : 9782743662455
280 pages
Payot et Rivages (13/03/2024)
3.63/5   31 notes
Résumé :
Sur ce que le capitalisme nous fait et fait de nous, un tour de force, une interrogation radicale autour des notions de travail, d'argent, de loisirs, de propriété, de riches et de pauvres... Eula Biss explore et rend concrète toutes les manières dont nous internalisons les exigences du capitalisme. A la fois ludique et vertigineux, son livre est aussi et surtout une tentative de dessiner une façon de vivre une vie éthique dans (ou tout à côté de) et malgré ce systè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ceci n'est ni un essai ni un roman, pas tout à fait un récit plutôt une sorte de journal de bord. Mais un journal structuré, agencé à partir des multiples réflexions de l'autrice déclenchées par l'achat de sa maison. Eula Biss est écrivaine (surtout), enseignante à l'université (pour pouvoir écrire) et elle a plus longtemps connu la précarité que le confort matériel. Passer à l'état de propriétaire déclenche chez elle des interrogations en cascade qui vont lui faire revisiter les notions de capitalisme, de possession, de travail, de rapport au temps, et examiner en quoi nos comportements sont toujours régis par l'économie sans qu'on en soit vraiment conscient.

Ce n'est pas un roman mais ça se lit comme tel. Absolument passionnant, le propos d'Eula Biss est d'autant plus captivant que ses exemples s'inscrivent souvent dans le quotidien en décalant simplement le regard, ou en interrogeant des gestes ou des comportements totalement anodins. Les références aux historiens, économistes ou philosophes sont habilement glissées pour illustrer, éclairer ou retourner un point de vue. La lecture est fluide, hyper accessible tout en donnant à réfléchir. Parfois il arrive que l'on s'écrie au détour d'une page "mais oui, c'est exactement ça", ce qui s'appelle mettre des mots sur une vague idée que l'on ne savait pas exprimer jusque-là. Ou déstructurer les concepts, pour mieux les débarrasser du poids des siècles. Et ouvrir la voie à une réappropriation, c'est à dire à des possibilités de changement.

Lire cet ouvrage donne l'impression d'être convié à une conversation avec un tas de gens hyper calés dans un tas de domaines, férus de littérature, de philosophie, d'histoire ou de sciences économiques mais surtout entraînés à penser. Pourquoi notre but est-il de posséder ? Qui définit la valeur d'un bien ou son degré d'utilité (et c'est valable pour un travail) ? N'y a-t-il qu'une seule définition du mot travail ? Je pourrais donner encore pas mal d'exemples de questions qui viennent se glisser entre les lignes mais qu'on ne s'y trompe pas : nous sommes loin d'un cours magistral, beaucoup plus près du jeu qui consiste à tout remettre en question. Et ça fait un bien fou aux neurones, surtout si comme moi on s'interroge depuis longtemps sur cette société bâtie autour de la possession. Est-il plus important d'avoir ou d'être ? That is the question.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Parmi les nombreuses raisons de lire ce livre, je vais citer celles-ci :

- si vous aimez Mona Chollet, vous aimerez Eula Bliss.

- elle fait partie de ces intellectuel·les, de plus en plus nombreux, qui au lieu de forger des théories, proposent des collections d'histoires particulières, agencées d'une manière qui nous guide mais nous laisse construire notre propre pensée.

- elle relie des gens aussi bien que David Graeber et Virginia Woolf, même si elle donne envie de casser les statues - inexistantes - de celle-ci. Ce qui n'est pas une mauvaise idée (rien de personnel contre VW, je parle juste des statues basées sur des citations cliché).

- raison plus intime : ça parle de poussière. Cf. mes citations.

Comme le titre le laisse deviner, ça parle de meubles Ikea, de femmes de ménage, de prêts à rembourser, de travail au sens otium/negotium. Bref des préoccupations de blancs occidentaux qui ont du temps pour ça. Mais beaucoup de petits nobles ont fait la Révolution Française.

A noter que si le titre français est malin, au sens d'un slogan, il perd une autre malice, plus littéraire, celle du titre anglais "Having and Being Had", qui renvoie à l'opposition être/avoir, et à Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort.
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Eula Biss est partie de l'achat de sa première maison à Chicago, symbole de son changement de statut et de son entrée dans la classe moyenne, après de nombreuses années de précariat.
Elle ressent des difficultés à s'ajuster à son nouveau statut et décide de tenir un journal qui servira de base à ce livre.
Ce n'est pas une autofiction, ni un essai théorique. L'autrice part de son quotidien pour réfléchir à 4 grands thèmes liés à son achat immobilier, la consommation, le travail, l'investissement et les comptes, thèmes autour desquels cet ouvrage est organisé. Chaque thème comporte des fragments pour lesquels l'autrice s'est imposée des règles d'écriture : commencer par le présent et un extrait de sa vie, inclure un échange avec une autre personne et donner des chiffres quand elle parle d'argent.
La lecture est fluide, et l'on passe naturellement d'un fragment à l'autre.
De nombreuses références et exemples tirés du monde artistique illustrent ses propos. Ce n'est jamais didactique, souvent drôle, ironique. Elle s'interroge sur le capitalisme, finit par constater qu'elle n'en connait pas la défintion et va rechercher dans ses entretiens avec ses amis à le définir. Idem pour la classe moyenne.
J'ai particulièrement apprécié ses réflexions sur le travail, la valeur du travail et la relation au temps, notamment pour une écrivaine. Sa description de sa vie universitaire est aussi édifiante, avec par exemple la scène avec son responsable qu'elle surnomme "réponses à tout".
Elle part d'un point de vue américain dans un système avec une protection sociale minimale et ce livre m'a intéressé par ce contexte proprement américain.
J'ai juste une réserve sur le style, je pense liée à la traduction. Je vais essayer de le lire en anglais.
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Gros coup de coeur pour ce livre assez inclassable !

Eula Biss, que je ne connaissais pas (merci aux bibliothécaires de la médiathèque !), réussit le pari de mélanger récit, sociologie, économie avec un second degré jouissif ! Une plume percutante. Un style direct avec cette poésie qui n'est jamais loin… Voire omniprésente. C'est d'ailleurs ce qui fait le charme de cette fille.

C'est une vraie réflexion sur l'histoire du capitalisme à travers son expérience de vie, ses lectures, ses doutes. Quelle est la place de l'art ? Son rôle ? Son utilité ? Doit-on se méfier de la notion de confort ?

L'autodérision d'Eula Biss permet de s'identifier et de passer un formidable moment en sa compagnie. Tout en réfléchissant sur notre monde absurde dans lequel il reste possible d'ouvrir des fenêtres pour respirer mieux. Et la poésie permet ça.

Ce AVOIR ET SE FAIRE AVOIR donne envie d'aller lire ailleurs grâce à des références d'une richesse incroyable. Notre curiosité est en éveil. Tout comme notre plaisir.

On ne s'est pas fait avoir avec ce livre. du tout.
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Après avoir passé la première partie de sa vie en mode cigale, l'autrice va être amenée à s'interroger sur la possession à l'occasion de l'achat de sa maison. Témoignage sur les sirènes de la société de consommation, analyse des concepts de décroissance, des notions de classes, ce récit sincère et pertinent se lit comme un roman.
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critiques presse (3)
Bibliobs
17 octobre 2022
Avec « Avoir et se faire avoir », elle signe, comme à son habitude, un livre assez inclassable, à la fois intime, érudit et humaniste. Ceci n’est pas un feel good book, bien mieux, voilà de la belle et bonne littérature, dans la tradition des short stories faussement minimaliste à la Raymond Carver et en même temps, le récit d’une auto-expérimentation sociale émancipatrice.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Marianne_
12 septembre 2022
Eula Biss n’a pas son pareil pour tirer des détails apparemment anodins de la vie quotidienne une réflexion judicieuse sur l’époque. Au fil des rencontres, des courses et du ménage, elle évoque Virginia Woolf et le génial anthropologue David Graeber pour saisir son propre rapport à l’argent, aux choses, au temps.
Lire la critique sur le site : Marianne_
LaLibreBelgique
02 septembre 2022
C'est un objet littéraire singulier que propose Eula Biss avec Avoir et se faire avoir : une collection d'instants colorés tour à tour par la poésie, la réflexion, le quotidien, l'amitié, l'érudition et, çà et là, un brin de désarroi. Tout est né de l'achat d'une maison.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je suis convaincue qu’accomplir même des petits gestes est important. Dans un chapitre, je raconte comment, un dimanche, pensant faire quelque chose de bien, j’ai emmené un jeune voisin moins favorisé socialement faire de l’escalade avec mon fils, puis manger de luxueux macarons. Dans la rue, nous sommes passés devant un sans-abri, je lui ai donné un dollar et j’ai expliqué à ce jeune garçon combien il était important d’aider les gens à la rue. Il m’a répondu, que sa mère aussi donnait toujours mais un billet de dix dollars. Et c’est bien ce que montrent les enquêtes à ce sujet, les plus modestes sont les plus généreux. Si la classe moyenne donnait les mêmes proportions, cela aurait un réel impact. Bien sûr, la philanthropie ne suffit pas, il existe des problèmes structurels mais les changer est à notre portée. La plupart de ces choix politiques donnent lieu à des votes
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Je crains d’avouer, y compris à moi-même, que je n’ai pas envie de travailler. Mais après un verre de vin j’en fais la confession à Vojislav. Il hausse les épaules, bien sûr que je veux démissionner, lui aussi le voudrait. J’aurais toujours beaucoup de travail, dis-je, même sans emploi. Écrire, faire des recherches, m’occuper d’une maison, d’un jardin, d’un enfant, ce serait encore du travail. En fait, mon travail interfère avec mon travail et je souhaiterais travailler moins pour avoir plus de temps à consacrer au travail. Il me faut un autre mot.
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Pendant sa convalescence après une overdose de somnifères, l'une des thérapies de Virginia consistait à nettoyer le salon. Des années plus tard, peu avant de se noyer, elle a commencé à frotter le sol de sa maison à quatre pattes. C'était une tentative désespérée de rester en vie. Son médecin lui avait conseillé de s'occuper, et avait noté en privé que cela lui ferait du bien de "herser un champ". Elle passait des heures à battre les tapis, puis regardait la poussière des tapis se déposer sur les livres qu'elle venait d'épousseter. Le jour de sa mort, elle a travaillé aux côtés de sa femme de chambre toute la matinée. Puis elle a posé son plumeau et s'est dirigée vers la rivière.
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C’est un mantra de la classe moyenne : nous avons gagné tout ce dont nous disposons. Mais cela n’a pas de sens, bien des gens travaillent plus dur que nous et gagnent moins, ne possèdent rien. Les émissions de télévision et les films de cinéma mettent en scène des ultrariches qui vivent dans des intérieurs plus luxueux que les nôtres et les gens finissent par penser que s’ils n’ont pas une telle opulence, ils sont des ratés. Le plus intéressant peut-être, ont montré des sociologues, c’est que les plus nantis, les fameux 1 %, sont, eux aussi, très préoccupés par l’argent. D’ailleurs, ils ne se sentent pas riches car ils connaissent toujours quelqu’un qui a plus qu’eux.
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Trois mois après notre emménagement, une femme mexicaine entourée de ses quatre enfants a sonné chez nous pour demander si notre salon où, par atermoiement, nous n’avions encore mis aucun meuble, aucun rideau, était à louer. Je me suis sentie si mal d’avoir à ma disposition tout cet espace encore inutilisé et de ne pouvoir lui répondre autre chose que « c’est à nous », en me disant que cela n’était pas du tout une bonne raison.
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Vidéo de Eula Biss
Le nouveau roman d'Eula Biss, "Avoir et se faire avoir", présenté par Myriam Anderson, éditrice de la collection "Littérature étrangère" des éditions Rivages.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Justine Augier : Journal de bord et de lectures, conversations entre amis et association d'idées, il y a du bricolage poétique dans la démarche d'Eula Biss, dans sa façon drôle et profondément originale de décortiquer toutes les manières dont nous internalisons les exigences du capitalisme.
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