Eula Biss est partie de l'achat de sa première maison à Chicago, symbole de son changement de statut et de son entrée dans la classe moyenne, après de nombreuses années de précariat.
Elle ressent des difficultés à s'ajuster à son nouveau statut et décide de tenir un journal qui servira de base à ce livre.
Ce n'est pas une autofiction, ni un essai théorique. L'autrice part de son quotidien pour réfléchir à 4 grands thèmes liés à son achat immobilier, la consommation, le travail, l'investissement et les comptes, thèmes autour desquels cet ouvrage est organisé. Chaque thème comporte des fragments pour lesquels l'autrice s'est imposée des règles d'écriture : commencer par le présent et un extrait de sa vie, inclure un échange avec une autre personne et donner des chiffres quand elle parle d'argent.
La lecture est fluide, et l'on passe naturellement d'un fragment à l'autre.
De nombreuses références et exemples tirés du monde artistique illustrent ses propos. Ce n'est jamais didactique, souvent drôle, ironique. Elle s'interroge sur le capitalisme, finit par constater qu'elle n'en connait pas la défintion et va rechercher dans ses entretiens avec ses amis à le définir. Idem pour la classe moyenne.
J'ai particulièrement apprécié ses réflexions sur le travail, la valeur du travail et la relation au temps, notamment pour une écrivaine. Sa description de sa vie universitaire est aussi édifiante, avec par exemple la scène avec son responsable qu'elle surnomme "réponses à tout".
Elle part d'un point de vue américain dans un système avec une protection sociale minimale et ce livre m'a intéressé par ce contexte proprement américain.
J'ai juste une réserve sur le style, je pense liée à la traduction. Je vais essayer de le lire en anglais.