Lettres d'Afrique, 1914-1931

Je suis relativement déçue par Lettres d'Afrique de Karen Blixen. Moi dont son livre le plus célèbre, La Ferme africaine, fait partie de mes lectures préférées, j'attendais beaucoup de ses Lettres d'Afrique qui retracent son séjour sur le continent noir entre 1914-1931. Je m'attendais à plus de descriptions et de récits que ne peut en contenir La Ferme africaine.

Ces Lettres d'Afrique ne sont pas l'éclairage supplémentaire que j'en attendais. Bien sûr, elles explicitent plus profondément ce qui est dit dans La Ferme africaine, mais c'est une longue répétition, à travers ces très nombreuses lettres - dont les destinataires principaux sont sa mère et son frère - sur les déboires financiers de Karen Blixen, d'incessants appels à ce que sa famille finance encore et encore plus sa ferme, d'innombrables redites sur la pluie qui ne tombe pas quand il faudrait, sur la ferme dont les rendements ne sont pas ceux attendus. A la longue, ça lasse ...

Et puis, un siècle après, la vision que nous avons de l'Afrique a changé, non seulement vis à vis des peuples qui l'habitent, mais aussi sur la faune sauvage qui y vit.

A l'époque de Karen Blixen dire, comme elle l'écrit, que l'on a tué trois lions dans une seule journée, passait pour un exploit. de nos jours, on n'accepte plus de tels massacres. La réflexion vaut aussi quand elle dit avoir tué plus de vingt pigeons dans sa matinée ; on ne voit pas l'utilité de tout ce gâchis surtout quand il ne doit pas servir à la nourrir elle et les habitants de sa ferme.

Lettres d'Afrique est à réserver selon moi aux inconditionnels de l'oeuvre de Karen Blixen. Pour les autres, mieux vaut relire La Ferme africaine : on y trouve plus de plaisir et on s'y ennuie beaucoup moins.

Ce livre n'est pas un roman. Il s'agit de la correspondance de Karen Blixen avec le reste de sa famille. C'est un excellent complément au roman La ferme Africaine, porté à l'écran sous le titre de Out of Africa. On mesure à la lecture de cette correspondance, toute l'ampleur du travail de romancière. En effet, Karen Blixen a su extraire de son quotidien relaté dans ces lettres, toute la substance romanesque de ce qu'elle vivait pour en faire son ouvrage le plus connu. Dans cette correspondance, nous avons par contre accès à sa vie de manière plus prosaïque. Nous mesurons pleinement l'ampleur psychologique qu'avait pris pour elle la question de la survie de l'exploitation du café pour laquelle les membres de sa famille avaient lourdement investi. Nous voyons à quel point cela lui a "pourri la vie", en constituant pour elle des shauries, selon ses propres termes, c'est à dire des ennuis en Swahili. Cette correspondance est aussi l'occasion de découvrir à quel point la vie bourgeoise que les membres féminins de sa famille au Danemark lui était insupportable. C'était à ses yeux un carcan qui l'étouffait littéralement. On sera marqué par les liens forts avec sa mère et son frère. Bien entendu, les fans de la Ferme Africaine retrouveront quelques magnifiques massage sur l'Afrique, sur l'histoire d'amour qu'il a connu en ces lieux qui ont marqué à jamais son histoire. On découvre aussi une Karen Blixen très progressiste pour ce qui concerne la vision qu'elle avait du mariage, du rapport entre les hommes et les femmes et pour ce qu'elle appelait la morale sexuelle. C'était une féministe avant l'heure. On prend aussi conscience de ce que pouvait représenter pour elle le rang social et l'aisance financière auxquels elle était très attachée. Je ne partage pas par contre ses sentiments à l'égard de la littérature de Sigrid Undset...
En fin de correspondance, on découvre aussi son caractère parfois un peu manipulateur notamment lorsqu'elle aborde la question de la mort et du suicide au regard de la vie qu'elle souhaiterait mener après son aventure africaine...
Un ouvrage donc indispensable pour mieux comprendre l'auteur, situé entre monographie, littérature et histoire.

Ce livre est une invitation au voyage et une ode à la sensibilité.
Les lettres de Karen Blixen à sa famille pendant ses années de vie au Kenya témoignent de sa capacité à s'émerveiller de la vie, de profiter des choses simples, et d'aimer les hommes en général. Son ouverture d'esprit et la maturité qu'elle démontre par sa remise en question, présentent au monde une femme très avancée sur son temps et d'une grande force d'esprit.
Quel dommage qu'elle n'ait pas eu finalement le prix Nobel de littérature, l'humanité est passée à côté d'une écrivain capable de coucher sur le papier les merveilles de notre monde et du genre humain.
C'est une incroyable découverte que je recommande à tous les passionnés de lecture. Et malgré le caractère personnel et intime de ses lettres, ce recueil fait partie de ces livres qui nous font grandir et apprendre.

Je suis très admirative de cette femme, son parcours et sa vision sans concession sur sa vie qu'elle évoque dans ses lettres. Elles sont troublantes de vérité et se met à nu. J'aimerai avoir un regard aussi objectif sur moi. Sa soif de tendre vers l'accomplissement de son destin est aussi saisissante.
Chaque soir la lecture de quelques lettres étaient un vrai réconfort, malgré ses échecs, à cause de sa force pour mener sa barque sans ressentiment et en se faisant confiance.