Pour
Christian Bobin, la poésie se confond naturellement avec la vie. Cette conviction apparaît dans chacun de ses ouvrages où se révèle toute une poétique de l'existence teintée de métaphysique et d'une profonde sagesse.
Dans
La Présence pure et autres textes, comme dans l'ensemble de son oeuvre, l'écriture de
Christian Bobin se fait tour à tour douce, nostalgique, sensuelle, grave, émerveillée, inquiète,... Elle touche avec agilité et sensibilité toutes les cordes des émotions, celles que nous avons déjà vécues comme toutes celles à venir...
Ainsi, j'ai beaucoup aimé La Présence pure, l'évocation poignante du père de l'auteur atteint par la maladie d'Alzheimer. Un récit à plusieurs temps (le souvenir de son père et la réalité de ce qu'il est devenu). La difficulté à vivre la maladie et la vieillesse, à accompagner un proche livré à ce moment difficile, l'infinie tendresse filiale d'un fils pour son père agissent comme des révélateurs sur ce que ces circonstances représentent et/ou suggèrent en nous, lecteurs. Un récit poétique d'une infinie délicatesse et d'une beauté vraiment touchante.
Une pudeur, un état d'esprit que l'on retrouve également dans les autres textes mais, selon moi, à un niveau moindre. Si l'on retrouve la même saveur, la même attention dans l'écriture, il semble que l'auteur veuille donner un surcroît de sens aux choses, leur conférer un surplus d'originalité, de particularité, jusqu'à l'excès. le propos se perd, me semble-t-il, dans un esthétisme, dans un style où la recherche de la forme semble l'emporter sur l'intention première de l'écriture. Un sentiment qui apparaît souvent dans les aphorismes présents dans le recueil (deux extraits tirés de
le Christ aux coquelicots : "il faut longtemps moudre les mots et mourir en silence pour faire cuire le pain du ciel" ou encore "C'est la vanité qui fait les livres. C'est si beau que tu n'aies jamais rien écrit").
Cette réserve posée,
La Présence pure et autres textes demeure pour moi un recueil d'une beauté et d'une sincérité saisissantes qui agissent sur la sensibilité du lecteur à chaque page tournée.