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EAN : 9782253020097
Le Livre de Poche (01/11/1992)
3.67/5   80 notes
Résumé :
La Vallée des roses est l'histoire d'une ambition folle qui réussira, d'une ascension qui n'avait pas une chance sur un million de se réaliser, celle d'une fleur, d'une beauté à la grâce incarnée : une jeune fille qui a nom Yi. Yi, qui caresse un rêve inouï : devenir la femme de l'Empereur régnant et, en le subjuguant, régner sur la Chine aux 500 millions de sujets. On voudrait tout citer, tout raconter. D'abord Hieng-Fong, le Soleil Impérial, le souverain auquel Yi... >Voir plus
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La Vallée des Roses / Lucien Bodard
Yi, une beauté, jeune fille de la bonne noblesse mandchoue doit bientôt épouser le jeune Jung-Lu, un garçon de bonne naissance. Les familles se sont mises d'accord depuis longtemps pour ce mariage. Avant de célébrer les noces, il est convenu de consulter un astrologue pour connaître le jour le plus faste pour cette union. C'est alors que l'astrologue voit dans ses grimoires le soleil rouge devenir noir et par ailleurs l'empereur Tao-Koung vient d'expirer en pleine gloire. C'est un signe qui ne trompe pas, les auspices ont tranché : cette union ne peut avoir lieu.
Dès cet instant, Yi, dénuée de tout préjugés et scrupules, capable de tout, se sent investie de façon apodictique d'une mission : devenir impératrice en devenant la favorite des odalisques de Hieng-Fong, le Soleil Impérial, le fils successeur de Tao-Koung. Pour cela il lui faudra réussir le premier examen que fait passer l'Impératrice, la Mère Douairière assistée de deux eunuques, à toutes les prétendantes au gynécée du nouveau Saint Homme Hieng-Fong, un être dégénéré, ivrogne et débauché, un être sans foi ni loi. Trente concubines sont ainsi désignées dont Yi. Reste à Yi à séduire d'abord la Duègne Mère puis le nouvel empereur qui a une préférence pour ses gitons et que la simple vue d'une femme fait vomir, pour qu'elle puisse accéder à la Chambre du Repos Divin et le moment venu faire le nécessaire pour engendrer pour l'avenir du Grand Chariot.
Ainsi commence ce roman magnifique de Lucien Bodard de plus de 400 pages dont l'action se déroule au coeur de la Cité Interdite, la Cité Pourpre, dans la Chine de jadis, mettant en scène l'histoire d'une ambition folle, celle d'une fleur, d'une beauté à la grâce incarnée qui a pour nom Yi et qui caresse le rêve de devenir la femme de l'Empereur régnant, le Grand Timonier, puis en subjuguant celui-ci de gouverner la Chine aux 500 millions de sujets, pour devenir un jour la fameuse impératrice Tseu-Hi (1835-1908). Pour arriver à ses fins, elle est prête à toutes les ruses obreptices, aux paroles mensongères, captieuses et propitiatoires, à feindre une fausse soumission, aux avilissements les plus bas, à la cruauté la plus extrême, à l'inflexibilité du coeur et à l'inexorabilité dans l'action, à l'assouvissement de toutes passions aussi bien celle du sang que celle de la volupté. Femme superbe et cupide, elle veut se servir de son corps magnifique et désirable pour envoûter et même réduire en loque humaine un Empereur faible jusqu'à le conduire à son insu à la vallée des roses. Quoique vierge, elle se sent déjà emportée par le feu des lascivités alvines et des cruautés. Elle croit à la puissance invincible de son corps, mais elle ne sait pas encore qui est Hieng-Fong l'enamouré de ses mignons, protégé par ses castrats. Elle sait juste qu'une fille, une certaine Nu, a été désignée subrepticement en première ligne pour occuper le lit de l'Empereur. Une place qu'elle compte bien occuper au plus tôt…Mais il lui faudra patience et pertinacité… Et elle ne sait pas que son premier amant sera un eunuque auquel elle livrera la grâce de son corps pour vivre, pour survivre même, vivant alors la romance de la Belle et de l'Impuissant, une réelle complicité s'instaurant entre elle et lui, Ngan Te-hai, l'eunuque en chef, le Grand Surveillant qui devient son féal lige et inflexible. Des pages inoubliables d'une séraphique oaristys…
Une seconde partie mêle l'aventure de Yi à celle des envahisseurs anglais et français, les Barbares, un corps expéditionnaire qui a pour mission de contraindre l'empereur à ouvrir son pays à leurs commerçants et missionnaires. Un épisode épique et hallucinant d'horreur avec en point d'orgue le Sac du Palais d'été en octobre 1860, que l'auteur nous décrit puissamment avec parfois une pointe d'humour :
« Il n'y eut jamais plus belle Armée de la Civilisation Chrétienne et Nobiliaire, remplissant mieux les exigences et les subtilités de la Perfection Militaire, que celle se trouvent aux pieds des murailles de Pékin la Céleste, Pékin l'Interdite, qu'elle s'apprête à violer en tout bien tout honneur. »
Un pillage en règle suivi d'un incendie qui voit une des merveilles du monde partir en fumée. On a appelé cet épisode, la Seconde Guerre de l'opium. (Lire annexe)
Un fantastique roman d'aventures mêlant l'histoire vraie d'une réalité extravagante à la légende encore plus hallucinante, avec le Saint Homme, les favoris et autres sycophantes, les dignitaires auliques et les ombreuses concubines ! Sans oublier les ubiquitaires eunuques, ces scurriles sujets qui ne sont ni hommes ni femmes, de véritables limaces, êtres cauteleux doués de toutes les perfidies mâles et femelles, extraordinaires espions, conseillers des ténébreux complots, maîtres des potions funèbres, experts en voluptés ithyphalliques qu'ils ne pratiquent pas, châtrés exercés à faire souffrir, de loin les meilleurs bourreaux de Chine ; gardiens de femmes, la Cité Violette est à eux la nuit.
Une mention spéciale pour le style hors norme de Lucien Bodard, sensuel et d'un érotisme brûlant et poétique, une écriture flamboyante et luxuriante, foisonnante et méticuleuse, qui magnifie ce défilé de scènes fascinantes où se côtoient à chaque page l'horreur et l'insolite. Il y a du Flaubert dans cette oeuvre titanesque, celui de salammbô qui m'a tant enthousiasmé naguère.

Annexe.
Seconde Guerre de l'opium. 3000 Français et autant d'Anglais débarquent en septembre 1860 dans le golfe de Petchili (ou mer de Bohai) et prennent la direction de Pékin. Après la prise du pont de Pa-li-kao, le 21 septembre, le corps expéditionnaire ne rencontre plus d'obstacle. Il arrive le 13 octobre 1860 dans la capitale chinoise, d'où s'est enfuie la cour impériale. Cette splendide résidence des empereurs mandchous ou Qing, à la construction de laquelle ont participé des Jésuites, renferme de vastes collections d'oeuvres d'art et des livres de grande valeur. Les Anglais ayant rejoint les Français, ensemble, ils dévalisent méthodiquement le palais en vue d'approvisionner les musées d'Europe. Les Français envoient en cadeau certains objets de valeur à l'impératrice Eugénie, patronne de cette « glorieuse »( !) expédition en terre chinoise. Mais les soldats, qui ne sont pas insensibles à ces trésors, se servent pour leur propre compte. Jade, or, laque, perles, bronzes... tout suscite la convoitise des pillards. Les contemporains appellent cet acte de vandalisme caractérisé du doux euphémisme de « déménagement du Palais d'Été ». Avant de quitter les lieux, les soldats britanniques mettent le feu aux bâtiments, majoritairement construits en bois de cèdre, sur ordre de l'ambassadeur britannique, lord Elgin, qui veut ainsi venger les prisonniers torturés à mort par les Chinois.
Extrait (page 351) comparant avec humour l'attitude des Anglais et des Français :
« On voit la supériorité de la race anglo-saxonne qui a la flibusterie dans le sang, mais qui pille comme à la parade. Quand les Anglais sont bien gorgés de dépouilles fantastiques, leur peau devient encore plus blanche, leurs yeux encore plus clairs, ils ont toutes les pâleurs de l'innocence. Ils connaissent la valeur des choses, ancestralement, avec férocité, ce qui leur permet ensuite d'assumer cette expression de souveraine indifférence. C'est vrai qu'ils ont de l'entraînement. Comme ils ont pillé les joyaux des Indes, ils apportent leur héraldique entraînement à dépecer la Chine….Les Français n'ont pas la bonne éducation du vol…Ils se tortillent la pointe des moustaches en se demandant si ces trésors, c'est « du lard ou du cochon… »



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Ce roman aurait pu être un petit bijou…

En quelques phrases bien mises, je traverse les siècles pour retrouver Yi, la jeune fille à l'apparence frêle mais à l'ambition démesurée. Elle me fait découvrir la Cité Impériale et avec ses yeux d'amandes, je contemple les splendeurs cachées des pavillons, la vie « rêvée » des concubines, le pouvoir insoupçonné des uns et la perfidie des autres, le protocole dans tous les gestes mêmes anodins et surtout les cimes de l'espoir précédant le précipice de la solitude.

Mais, ce qui me fascine, le plus, dans ce récit se sont les coutumes ancestrales et tous les secrets bien gardés de la Cité Violette et révélés par un Ennuque. Cette première partie du roman est un ravissement de charme et de douceurs orientales mais le style débridé a tout gâché et de la poésie on passe à la vulgarité et à l'obscénité même et de là ma grande déception.

Finalement « La vallée des Roses » n'est qu'un récit érotique à ne pas mettre entre toutes les mains.

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Si vous n'avez jamais lu " La Vallée des roses de Lucien Bodard, né en Chine en 1914 , écrivain et journaliste, je vous le conseille.
Son père était consul de France en Chine. Lucien Bodard a reçu le prix Goncourt en 1981.
C'est l'histoire de l'impératrice , Tsi-Heu qui fut la tante du '' Dernier Empereur" personnage de légende, ambitieuse et cruelle.
Lucien Bodard nous narre sa vie dans la Cité Interdite, son ambition démesurée, ses complots, ses intrigues, ses cruautés pour arrivée à devenir impératrice.
Dépaysement garanti mais quelques longueurs dans ce magnifique roman. Il faut déguster sa richesse de vocabulaire. Je l'ai lu deux fois avec quelques années d'écart et autant de plaisir.
Mireine
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Une lenteur sensuelle ignorée en Europe, sauf peut-être chez Sade, baigne La Vallée des Roses et ajoute à notre dépaysement. La prose de Bodard y gagne en calme et en maîtrise. Tout en décrivant les drames de la Chine d'il t a cent ans avec le halètement du reporter qui y aurait assisté personnellement, il se montre moins prompt que d'habitude à trouver fabuleux ce qu'il raconte, mmoins soucieux de mirobolant, moins friand de glauque et de rauque. L'écrivain est maintenant assez sûr de lui pour ne plus s'ingénier à accréditer fébrilement l'improbable. On le croit sur parole comme si le "bodard" traduisait à sa façon une culture et un continent inconnaissables autremant. La Vallée des Roses : le seul roman chinois écrit directement en français.

Bertrand Poirot-Delpech, le Monde
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Si vous souhaitez entrevoir le temps d'une lecture le monde incroyablement sophistiqué, cruel et secret de la Cité Interdite d'avant les destructions des "barbares a long nez" que nous sommes désormais pour les Chinois, il vous faut lire ce roman magistral de Lucien Bodard (dont tous les romans sont d'ailleurs magnifiques), librement inspiré de la vie de l'impératrice Tseu-Hi (1835-1908) dont le regne fut le dernier et tragique acte de la Chine impériale.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation

P143

- Non, Yi, vous attendrez. Je connais et possède plus de cent poisons. Ceux qui foudroient, ceux qui cheminent, ceux qui font du corps une fournaise, ceux qui le glacent, ceux qui le gonflent comme une baudruche, ceux qui le dessèchent, ceux qui le paralysent, ceux qui fardent les joues de taches de beauté brûlantes comme le feu, ceux qui bariolent la peau de tous les abcès, de tous les pus, de toutes les couleurs. Il y a ceux qui donnent une mort suppliciante et ceux qui assurent la mort comme une illusion. Ceux qui amènent le trépas instantané et ceux qui permettent de le sentir s’approcher. Eh bien, pour vous Yi, je choisirai le plus lent. Un jour inconnu de vous, votre souffle s’éteindra.
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j'appliquerai envers ces Bêtes l'art du Sage Gouvernement, les mille arguties, les dix mille tromperies et les cent mille incompréhensions, cette ressource si précieuse de ne pas savoir comprendre.
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Car elle a la certitude que c'est sa fissure, niche de Dieu, qui donnera au Ciel son prochain Fils du Ciel.
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Vidéo de Lucien Bodard
Jacqueline Duhême Une vie (extraits) conversation avec Jacqueline Duhême à la Maison des artistes de Nogent-sur-Marne le 8 février 2020 et où il est notamment question d'une mère libraire à Neuilly, de Jacques Prévert et de Henri Matisse, de Paul Eluard et de Grain d'aile, de Maurice Girodias et d'Henri Miller, de Maurice Druon et de Miguel-Angel Asturias, de dessins, de reportages dessinés et de crobards, d'Hélène Lazareff et du journal Elle, de Jacqueline Laurent et de Jacqueline Kennedy, de Marie Cardinale et de Lucien Bodard, de Charles de Gaulle et du voyage du pape en Terre Sainte, de "Tistou les pouces verts" et de "Ma vie en crobards", de Pierre Marchand et des éditions Gallimard, d'amour et de rencontres -
"Ce que j'avais à faire, je l'ai fait de mon mieux. le reste est peu de chose." (Henri Matisse ). "Je ne sais en quel temps c'était, je confonds toujours l'enfance et l'Eden – comme je mêle la mort à la vie – un pont de douceur les relie." (Miguel Angel Asturias)
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