Le baladin de Noël

Album jeunesse choisi au hasard et vite fait à la médiathèque, et pas du tout pendant la période de Noël. Ça explique sans doute que j'avais oublié cette critique dans mes placards. Je comptais la ressortir en grande pompe au mois de décembre, mais avons-nous réellement besoin de ce conformisme outrancier qui consiste à publier à Noël des critiques de livres parlant de Noël ? Fi au conformisme ! de plus, je n'avais pas capté, dans ma précipitation à emprunter ce livre, qu'il s'agissait d'un album au prosélytisme un peu appuyé, et ce n'était pas vraiment ce que je cherchais.


Premier truc qui m'a embêtée, c'est que l'histoire se déroule en Palestine (le nom n'étant pas cité, je crois, faudrait quand même pas que les enfants commencent à avoir des notions d'histoire et de géographie, car où irait-on, je vous le demande ?) et que ça pose un petit problème. le truc, c'est qu'on a voulu montrer que c'était l'époque de Noël (qui n'est pas encore Noël, en fait) ; or la neige, c'est un bon moyen visuel pour faire penser à Noël. Sauf qu'en Palestine, c'est une autre histoire. Donc des fois le ciel est tout clair avec plein d'étoiles, et des fois il neige, ça change d'une page à l'autre. On voit même des animaux comme un renard polaire, renard qui n'est tout de même pas typique du Moyen-Orient. Et ne pensez pas que les enfants ne soient pas du tout sensibles à ce genre de choses, j'en ai connus qui remarquaient toutes les incohérences des histoires pour enfants dès l'âge de six ans (en plus imaginez qu'ils aient lu juste avant cet album une histoire de renard polaire...) Passons.


Je vous explique comment se présente ce baladin pour que vous compreniez la suite : il est coiffé d'un bonnet haut, il joue d'un oud (terme qui n'est pas indiqué dans le texte, c'est quand même dommage, mais là encore on ne va quand même pas chercher à apprendre des trucs aux enfants) qui ne le quitte jamais, mais possède aussi une espèce de grand bâton musical en forme de croix et muni de clochettes (je ne sais pas comment ça s'appelle, ça m'énerve, éclairez-moi si vous voyez ce que c'est ; d'ailleurs bon courage aux adultes à qui les enfants demandent ce que c'est, car dans l'album on appelle juste ça des clochettes), ainsi qu'un lys en pot. Ce baladin va voir la fameuse étoile de Bethléem et décider, puisqu'elle annonce sûrement la venue d'un grand roi, de la suivre. C'est là que j'ai compris que c'était une histoire sur la Nativité et bon, ben j'étais pas trop emballée, vu que j'ai été abonnée pendant des années à Astrapi quand j'étais enfant (je lisais donc beaucoup d'histoires liées à Jésus et autres), que j'ai lu les Évangiles (enfin, juste celui de Matthieu, car vu que je suis feignante, je me suis contenté de feuilleter les autres), et que j'ai suivi plusieurs visites commentées au musée des beaux-arts de ma ville consacrées aux rois mages, à la Nativité, etc. (c'était les visites de Noël, évidemment les médiatrices proposent d'autres thématiques), sans parler de deux ou trois autres petites choses. Donc, bon, question Nativité, malgré mon athéisme (ouais, ça se devine pas forcément avec tout ce que je viens de dire), je suis quand même pas trop mal renseignée et, quand je lis un album pour enfants sur Noël, c'est pas forcément la naissance de Jésus qui m'intéresse. Cela dit, Max Bollinger en a profité pour aborder un autre thème, puisque les édition bilbOquet se targuent "d'ouvrir l'esprit des plus jeunes à la différence".


Le baladin va donc rencontrer sur son chemin trois enfants souffrant de trois handicaps différents. L'un est paralysé, il lui offre donc son bonnet, se disant que ce sera plus utile à cet enfant qu'à un roi. Franchement, j'ai pas trop vu l'intérêt d'offrir un bonnet pour distraire un enfant paralysé et je me suis dit que ce baladin n'était pas très doué en tant que Père Noël. Un jouet m'aurait paru plus approprié ; le baladin aurait peut-être pu faire un effort et tailler une figurine dans du bois ou je ne sais quoi d'autre. Passons. Second enfant, aveugle. le baladin lui offre ses clochettes (on ne sait toujours pas le nom de l'instrument, hein, pourquoi ça servirait à quelque chose ?) Là, on comprend la démarche, vu que l'enfant aveugle va pouvoir s'initier à la musique. le baladin serait resté un peu plus longtemps pour lui apprendre à se servir de l'instrument que ça n'aurait pas fait de mal, mais bon, y'a Jésus qui vient de naître, faudrait quand même pas le faire attendre. Troisième enfant, muet, à qui l'oud aurait bien servi pour s'exprimer en musique. Encore aurait-il fallu que le baladin le lui donne et lui apprenne en jouer, en sus. Mais non, il lui donne son lys en pot. Alors oui, le lys est le symbole de la Vierge Marie, mais vu que l'enfant n'est pas chrétien et qu'il n'est pas encore prêt de le devenir, je pense qu'il s'en fiche, et d'ailleurs c'est pas un symbole dont il a le plus besoin (le symbole est pour les jeunes lecteurs, même si je parierais qu'il passent à côté, et d'ailleurs je vois pas bien à quoi ça va leur servir à leur âge, sauf s'ils ont déjà décidé de devenir historiens de l'art ou d'embrasser une carrière dans les ordres). Et d'accord, un baladin sans instrument de musique, c'est plus vraiment un baladin, certes, mais quand même, ce baladin n'est décidément pas bien doué pour les cadeaux. Soi-disant que les trois enfants sont pourtant tout contents. Celui qui est aveugle, je veux bien, pour les deux autres, j'ai comme un gros doute...


Bon, ben avec ça le baladin se dit qu'il n'a plus rien à offrir au roi nouveau-né et qu'il ferait peut-être bien de rentrer chez lui, du coup (c'est pas plutôt les rois qui sont censés distribuer leurs richesses ? Je dis ça, je dis rien). Il manque quand même vachement d'imagination, ce baladin, car quoi de mieux qu'un musicien pour jouer un air de berceuse à un nouveau-né ? Mais non, il n'y pense même pas ! Et voilà qu'il tombe sur les rois mages avec leur encens et tutti quanti, et sur les bergers, et sur les... Ah, ça, mais ! Où sont donc les sages-femmes ? Ah ben oui, c'est ça d'avoir vu des tableaux de la Nativité par centaines (hum, j'exagère un brin), on devient pointilleux sur le sujet. Où sont les sages-femmes ? Nan, parce que là, quand le baladin arrive, il trouve Marie toute embêtée parce qu'elle voudrait qu'on l'aide à étendre un linge propre pour poser le bébé sur la paille, mais personne pour se bouger les fesses. du coup, les sages-femmes des proto-évangiles ou évangiles apocryphes, ou que sais-je encore, elles auraient bien été utiles. Donc, en fait, c'est le baladin qui prend le bébé (dont le nom n'est jamais révélé, d'ailleurs ; c'est une constante dans ce livre) dans ses bras, et paf ! La sagesse lui est donnée en retour. Si c'est pas du prosélytisme, je sais pas ce que c'est.


Pas besoin de lire entre les lignes pour saisir que j'ai été parfaitement conquise par cet album. Comment ça, ça se ne sent pas ??? Entre les dessins de Gianni de Conno que je n'ai pas trouvés très orignaux, le coup du prosélytisme et l'histoire qui aurait quand même pu se concentrer un peu plus sur la question du handicap, et de manière plus maligne... C'est triste, mais ça n'a fait que me rappeler l'époque fort brève où je fus baby-sitter pour quatre enfants catholiques qui refusaient de manger leur dîner à grands renforts de métaphores bibliques. Plus jamais ça !

Quel joli conte de Noël sur le partage ! le baladin se promène avec peu d'objets pour trouver celui pour lequel il dévouera sa vie le jour où l'étoile du berger brillera au plus haut. Ses objets si précieux, il veut les lui offrir mais durant sa quête, des rencontres vont en avoir plus besoin. C'est joliment écrit et c'est plein de bons sentiments. Parfait pour la période de Noël !

Un album jeunesse d'une juste douceur, d'une belle poésie en ce temps de Noël. Nous suivons l'histoire d'un baladin généreux et c'est une valeur simple mais toujours bonne à rappeler... Les personnages secondaire sont importants eux aussi, ils amènent à réfléchir au handicap, à la différence. Enfin, les images de ce livre sont assez envoûtantes et je découvre grâce à Babelio que Gianni de Conno est très doué pour ce genre d'illustrations... Je vais de ce pas découvrir son ouvrage Poèmes à la Lune.