Merci à l'équipe de « mass critique » pour m'avoir proposé « Les Partisans », dernier ouvrage de
Dominique Bona, consacré à deux monstres de la littérature :
Kessel et
Druon.
Une biographie qui commence comme un roman ; Noël 1942, deux hommes et une femme suivent fébrilement leur guide sur les sentiers des Pyrénées, pour gagner le Portugal et s'envoler vers Londres.
Kesselle lion,
Druon le cavalier et Germaine Sablon, « un coeur qui chante » comme disait
Cocteau.
Germaine regarde alors s'envoler pour l'Angleterre,
Kessel, son amant et
Druon le neveu. Qu'a t'elle ressenti ? Dépit, tristesse, colère ou abandon, elle la résistante de la première heure, personnifiée par
Simone Signoret dans «
l'armée des Ombres ».
Dès le premier chapitre, le ton est donné et il sera romanesque pour ce trio que la guerre va éprouver et la vie séparer.
Tous les trois ont en commun le doute ; la France a capitulé, collaborée et ils n'ont pas entendu l'appel de
De Gaulle, l'avenir est sombre.
Étrangement absente du titre, c'est pourtant Germaine qui agit et s'engage, dans la résistance d'abord, puis dans les forces combattantes, quand
Kessel et
Druon s'interrogent, hésitent tergiversent. Germaine aurait pu avoir sa place dans le livre « Femmes Combattantes » de
Marie Laure Buisson. Peut être a telle croisée Suzan Travers dans le sillage du Général Koening ? Elle lui ressemble tellement.
Kessel et
Druon sont inséparables et pour cause, quand le fils du frère ne porte pas le patronyme, c'est que la vie en a décidé autrement. Inséparables mais différents,
Kessel homme de toutes les vies, de toutes les guerres et tous les excès : il boit, casse les verres et manges les débris !!
« Quitte ce fou immédiatement » dira
Jean Sablon à sa soeur.
Druon, lui, n'a qu'un rêve, être écrivain, avec « Jef », ils sont fait pour s'entendre.
Puis arrive le temps du tribunal de l'histoire… dans un Paris libéré et meurtri,
Kessel doute, l'écriture le sauvera, il deviendra le plus grand romancier de son temps, rival d'
Hemingway.
Et le « Chant des Partisans » ? Il est au croisement de ces trajectoires de vie dans une capitale Britannique devenue cosmopolite pour un temps, c'est une ode à la France libre : la victoire passe aussi par l'émotion !
L'histoire du 20 -ème siècle s'écrit sous nos yeux, avec des séquences fortes comme les procès Pétain et Nuremberg, couvert par
Kessel évidement, jusqu'à la naissance de l'état d'Israël.
Mais par trop de détails, de personnages et anecdotes, le lecteur décroche régulièrement ; En comparaison, les deux romans de
Kerwin Spire sur
Romain Gary sont beaucoup plus plaisants à lire, même si
Dominique Bona réalise ici un travail d'historienne remarquable, cette lecture reste quand même une déception.
Quant à
Kessel, il reste un génie de la littérature qui « regarde les vies et les coeurs » , nulle part un étranger !