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EAN : 9782913904651
180 pages
La Chambre d’échos (10/02/2018)
3/5   3 notes
Résumé :
Comme tant d'autres de la diaspora juive marocaine dans les années 60, le narrateur, bâtard judéo-berbère, et sa mère quittent les terrasses heureuses de Casablanca pour rejoindre la Terre promise d'Israël. Du mellah, de la casbah et du quartier colonial français, de cette diversité culturelle il ne leur reste rien. C'est le désert qui les accueille. L'apprentissage est rude, ascèse militaire pour se défaire du passé et rejoindre l'idéal communautaire du kibboutz. M... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Merci à Masse Critique ainsi qu'aux éditions La Chambre d'Echos dont j'ai reçu ce roman.

Ce livre est le récit d'une inadaptation.
Le narrateur et sa mère quittent le Maroc et les terrasses de Casablanca pour Israël, Terre promise à leurs aïeux juifs.
Mais ce jeune état est rude et Cid ne s'y reconnait pas.
Né de mère juive et de père inconnu, ayant vécu en pays arabe, il est en crise identitaire et ne se réalise pleinement que dans la relation maternelle.
Sa jeunesse se passe agréablement dans la ville de Casablanca et à l'école de l'Alliance.
Mais les juifs du Maroc sont de plus en plus brimés et, petit à petit, fuyent le pays.
Quand la maman de Cid décide de gagner Israël, il ne peut que la suivre mais il est loin de partager son enthousiasme et ses convictions religieuses et ce pays lui semble une imposture messianique.
Commence alors pour lui, une vie faite d'amertume et de désillusions.
Il refuse toute participation à la vie sociale et se renferme sur lui-même.
Il cherche du travail parce qu'il faut bien de l'argent mais n'a que mépris pour ses employeurs.
Il est dégoûté par le pays tout entier, son administration, sa religion, son armée, sa politique.
Lorsque meurt sa mère, il l'embaume pour la garder encore un peu près de lui... Elle était tout son univers...Il continue à lui parler, à vivre en elle et elle en lui.
Sans elle et sans goût, il finira par se suicider.

La plume d'Ami Bouganim est très belle, incisive, tranchante, sans concession.
L'auteur ascène ses coups dans un style bref, affirmatif.
J'ai vécu ce roman comme un cri, un hurlement de douleur et de colère.
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Ce livre n'est pas simple à chroniquer parce qu'il reflète une réalité d'antan, celle d'Israël qui dans les années 60-70, n'était encore qu'à ses balbutiements, un tout jeune état aux premiers pas maladroits, bercé par des guerres et des conditions souvent rudes pour ceux qui décidaient de s'y installer.

Une alyah c'est un énorme bouleversement, on doit quitter une vie pour s'en reconstruire une autre ailleurs avec tous les écueils que cela comporte et chacun ressent ce nouveau départ de façon totalement différente, selon son vécu mais aussi en fonction des objectifs qu'il s'est fixés et de ses attentes dans un nouveau pays qu'il va devoir apprivoiser.

Dans ce livre il est question de l'alyah de Cid -j'ai presque du mal à écrire son nom parce qu'il n'est pratiquement jamais cité -, et de sa maman dont il est très proche, une relation fusionnelle qui pourrait sembler étouffante parfois, il vit pour elle, elle vit pour lui, il ne semble pas y avoir de place pour quelqu'un d'autre et cette maman est son seul point d'attache, telle une ancre qui, si elle se brisait, ferait tout chavirer.

Cid a un problème identitaire, il est élevé par une mère juive, qui va bien sûr lui transmettre la religion mais il ne connaît pas son père, dont on ne lui parle jamais, il n'a donc aucun point de repère masculin, il se qualifie de « bâtard »….. –je ne sais pas pourquoi ce nom me fait l'effet d'une insulte et agresse mes oreilles-, je n'ai rien relevé dans le livre qui laisserait penser que son père est de religion différente (ou alors je suis passée à côté) ce qui pourrait accentuer son problème d'identité.

Cid n'est pas le style de garçon expansif, il travaille à l'école mais s'ennuie aux cours du talmud Torah, heureusement qu'il a sa mère pour partager la littérature et les sorties au cinéma, il se sent néanmoins bien dans son quartier de Casablanca dans ce petit appartement sur une terrasse avec deux chambres, une cuisine, une salle de bains, et, cerise sur le gâteau, une cheminée, bien pratique pour les soirs d'hiver. C'est marrant comment l'auteur arrive à nous faire apprécier cet endroit, même s'il ne semble pas idyllique.

Quand sa mère prend la décision de partir pour Israël il n'a pas d'autre choix que de la suivre, d'ailleurs il la suivrait partout, elle est son autre, son oxygène, il ne pourrait vivre sans elle. Si sa mère part par idéal et par conviction religieuse, espérant une vie meilleure sur la terre de ses ancêtres, il n'est pas du tout dans cette optique et la découverte de son nouveau pays ne va rien arranger.

Bien sûr que c'est difficile, c'est une nouvelle naissance, -dans le cas de Cid, cela pourrait s'apparenter à une mort lente au sens figuré- il faut tout réapprendre, on sait ce que l'on quitte, on ne sait pas ce que l'on va trouver, c'est une fois sur place que l'on réalise ce qu'on a perdu et ce que peut-être on ne trouvera jamais.

Si sa mère commence lentement à s'acclimater, lui en revanche il se renferme. C'est un bon citoyen, il fait son service national sans rechigner, il est brillant dans son travail -et encore il ne fait pas ce qu'il souhaite puisqu'il voulait être médecin- mais il n'a pas d'amis, pas de vie sociale parce qu'il n'en veut pas, il a sa mère, ça lui suffit. Il ne s'aime pas, il se déteste même, il n'a pas confiance en lui et dans cette situation il est évident qu'il ne peut pas avoir confiance en l'autre, il rejette sa propre image négative sur les autres et surtout sur le pays, un pays qu'il semble mépriser viscéralement et où absolument rien ne trouve grâce à ses yeux.

Inconsciemment, le jour où sa mère décède, Cid meurt avec elle et bien qu'il soit toujours là physiquement, il n'est plus vraiment dans le monde des vivants. C'est étrange et lourd…. je ressens ce malaise, je suis une peu perdue au milieu des pages et je déteste ce plaidoyer contre Israël, contre ses habitants, contre la religion, l'armée, l'administration, …. cette haine est tellement féroce qu'elle en devient flippante mais peut-être qu'il faudrait que je sois encore plus bouleversée par cette fusion indéfinissable entre une mère et son fils et ne pas attacher une telle importance à cette alyah qui le fait souffrir de tout son être.

Un moment donné j'ai cru que j'allais arrêter la lecture, parce que ce livre me déprimait au plus haut point et il me faisait bondir aussi, j'avais du mal à m'y retrouver…. mais je ne pouvais pas, j'étais comme captée par l'écriture qui est, il faut l'avouer, très belle, et peut-être que je voulais, inconsciemment, trouver un petit point positif qui aurait pu dire « Oui Israël a des défauts, tout n'est pas parfait » d'ailleurs la perfection n'existe pas et si elle existait quelle pourrait en être sa définition ? « Non ce n'est pas possible d'haïr un pays à ce point »…..

Je reste perplexe, je n'ai peut-être pas abordé ce livre comme il le fallait, je ne l'ai peut-être pas ressenti de la bonne façon, je suis peut-être passée à côté de l'essentiel et de ce qu'il fallait retenir….. l'amour d'un fils pour sa mère…… je n'ai peut-être pas compris ce que l'auteur voulait transmettre….. je ne regrette pas de l'avoir lu, peut-être qu'un jour je le relirai en le recevant autrement…..
Lien : https://jaimelivresblog.word..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Entre-temps, je suivais la dérisoire parade de ce pauvre ramassis d’immigrants se prenant pour un peuple et se comportant comme autant de parvenus à je ne sais toujours pas quelle désastreuse souveraineté. (…) Ce ne sont pas les meilleurs qui réussissent, mais les plus roués. Ce ne sont pas les plus sages qui gouvernent, mais les plus impudents. Ce ne sont pas les plus doués qui recueillent les lauriers, mais les plus entreprenants. Ce ne sont pas les plus studieux et ingénieux qui bénéficient du régime des largesses de l’Université, mais les mieux introduits. Ce ne sont pas les plus talentueux qui s’imposent dans les arts, mais les plus imposteurs. Je n’ai rencontré pires immoralistes que parmi ceux qui se posent en parangons de la vertu ; pires parasites que parmi ceux qui clament haut et fort leur patriotisme et versent devant les caméras leurs larmes sur les victimes des attentats.


*

La vie n’a de sens qu’en relation avec Dieu. Or Dieu n’existe pas. Donc la vie est insensée.

*

On était censé nous acheminer à la Terre promise, on nous a largués dans un désert rocailleux et ingrat.

*

- Je ne sais que retourner la terre et pour tout dire, je ne me soucie pas de ce que je plante. C’est ma manière de philosopher. Retourner la terre pour chercher le sens et semer le sens.

*

Il lisait pour se batir un univers. Je lisais pour raturer le mien.

*

La mort est toujours impromptue. Mais elle est bonne. Plus de hantises ; plus de cauchemars. Ni guerres ni massacres. Ni Dieu ni Diable. Ni la dilution de la terre ni sa glaciation. Ni douleurs ni sueurs. Ni orgueil ni humiliation. La mort est belle. C’est rentrer chez soi et en plus se réveiller. C’est la paix des sables. C’est l’absence éternelle. C’est la mélodie du silence.

*

Je ne regretterai rien. Ni les lueurs blêmes de l’aube ni celles cramoisies du soir. Ni le cortège des femmes dans la rue ni le manège des camelots au souk. Peut-être les arbres de mon jardin. Le grenadier en particulier. Mon seul véritable regret c’est qu’il n’y aura plus personne pour rêver de ma mère.
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Ce qui m'est clair c'est que de traiter les Allemands de barbares ne veut rien dire. Cela élude les questions les plus troublantes sur la criminalité congénitale de l'homme ou, comme l'a dit Arendt, la banalité du mal. Je suis un criminel en puissance. Je le sais, je le sens.
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A Casablanca, les visages des fidèles étaient transfigurés; dans cette bourgade, dont on ne connaissait pas le nom tant il changeait, ils étaient dévastés. Là-bas, ils étaient beaux malgré leur malheur; ici, ils étaient irrémédiablement hideux, décomposés par la chaleur et déssechés par le vent. Partout l'hébétude de pauvres gens auxquels on avait dérobé un rêve et une promesse millénaires. Ils n'attendaient plus; ils végétaient. Une bourgade d'assistés, de rebuts et de vieillards. Les prières étaient toutes exaucées ou toutes déboutées.
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Ces seigneurs de l'Alliance n'étaient pas de grands sionistes. Ils restaient attachés à la mission universelle de leur institution et à la dispersion juive. Malgré l'holocauste et ses six millions de morts. Israël était en Orient et eux étaient en Occident.
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Je ne regretterai rien. Ni les lueurs blêmes de l'aube, ni celles cramoisies du soir. Ni le cortège des femmes dans la rue ni le manège des camelots au souk. Peut-être les arbres de mon jardin. Le grenadier en particulier. Mon seul véritable regret c'est qu'il n'y aura plus personne pour rêver de ma mère.
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