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EAN : 9782252040539
232 pages
Klincksieck (16/03/2017)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Réflexion vivifiante sur l’art dramatique, Servir – la vocation de l’acteur se présente comme un recueil d’entretiens entre Michel Bouquet, acteur au sommet de son art, posant un regard lumineux sur notre époque et son parcours, et Gabriel Dufay, acteur et metteur en scène apportant le contrepoint de la jeunesse qui s’interroge sur le devenir du théâtre.

Ce livre explore en profondeur l’essence et les mystères du jeu, tout en nous livrant un éclairage... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Je remercie Babelio qui une fois de plus m'a permis de découvrir un texte.

C'est livre d'entretien entre Gabriel Dufay acteur et metteur en scène et Michel Bouquet, réunis par le même amour de la scène mais séparés par plusieurs dizaines d'années . Ces dialogues ont eu lieu entre septembre 2014 et janvier 2016.
Michel Bouquet y présente une partie de son parcours, ses débuts grâce à Maurice Escande qui l'a reçu chez lui et l'a accueilli dans son cours. Son amour des auteurs, sa méfiance vis à vis des metteurs en scène. Il parle de sa constante réflexion sur les auteurs afin de servir au mieux leurs textes. Servir. C'est un terme qui m'a tout d'abord paru étrange, associé au métier d'acteur. Et pourtant oui ! se mettre au service du texte, non pas faire valoir son talent mais celui de l'auteur.

C'est un plaisir de se sentir ainsi dans l'intimité d'un si grand interprète. de découvrir les difficultés du métier et sa façon d'y répondre. Ce n'est pas un livre de souvenirs mais bien un dialogue sur ce qui nourrit le jeu. Pour Michel Bouquet, la constante fréquentation des auteurs, celles des oeuvres des peintres et la musique. Une vie dans l'art et toujours l'envie de parfaire, de mieux comprendre.

Cet échange entre deux acteurs ouvre des questionnements que je ne soupçonnais pas et d'une certaine façon me laisse sur ma faim. Comme il me donne envie de lire du théâtre que je connais si peu. Surtout le roi se meurt de Ionesco.

Encore merci aux éditions Klincksieck et à Babelio pour ce livre qui ouvre tant de perspectives.
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Après « Leçons de comédie » et « Mémoires d'acteur », Michel Bouquet choisit à nouveau de parler du théâtre et de son expérience sous forme d'entretiens. Cette fois, c'est avec Gabriel Dufay qu'il accepte, entre 2014 et 2016 de se confier. L'humanité de ce serviteur du théâtre y apparait plus directement. le timbre de sa voix transparait dans ses réponses, sa présence : peu d'anecdotes, mais une réflexion sur son métier, avec des contradictions en lien avec justement sa fragilité, son humanité, le fait qu'il n'y a pas de vérité définitive, que rien n'est définitivement acquis, que la curiosité est le moteur de tous ses choix, et qu'un rôle est évolutif, chaque représentation laissant ouverte l'incarnation du personnage en fonction de la situation. Cela n'est pas contradictoire avec une longue, une très longue préparation, une familiarité avec ce personnage acquise par une proximité de tous les instants pour en faire apparaitre par quelques gestes, une attitude, un phrasé, la réalité vivante, sans mimétisme, sans chercher la caricature. le danger, surtout lorsqu'un rôle est repris pendant de longs mois, c'est l'usure. Michel Bouquet a su ainsi s'en préserver pour jouer chaque soir de façon prolongée avec plusieurs reprises « le Roi se meurt », chaque fois avec la même disponibilité à ce qui chaque soir émerge dans l'intime, dans la vie intérieure de Béranger. Et de là, cette affirmation que l'acteur n'a pas, comme le commande habituellement l'art du théâtre de regarder les autres personnages, non, tout se passe au dedans. C'est cela servir, servir un texte, car l'essentiel c'est l'auteur, et là encore voilà une position originale à une époque où les metteurs en scène ont tout pouvoir. Reste à choisir les grands auteurs : Molière , Ionesco, Beckett, Thomas Bernhardt, Jean Anouilh ,Ronald Harwood… à refuser de travailler avec certains metteurs en scène, et certains rôles… Au total, des jugements affirmés sur l'art de l'acteur (terme qu'il préfère à celui de comédien) mais en même temps une grande humilité devant la difficulté devant la tache à accomplir chaque soir… au service du théâtre, d'un auteur, d'un public ,avec une attention particulière pour le public de province.

Rien n'est possible sans la vocation, et Michel Bouquet consacre un des entretiens à sa rencontre avec Maurice Escande qui a été déterminante, et à la façon dont lui-même s'attache à la formation de jeunes comédiens par sa fonction de professeur au conservatoire. Il reconnait ses maitres : Michel Jouvet et Charles Dullin, que pourtant il n'a pas connu et ce n'est pas là une de ses moindres contradictions, alors qu'il affirme par ailleurs que seul l'avenir l'intéresse… Une belle évocation de Gérard Philipe, un portrait plus en contraste de Jean Vilar TNP, puisque Michel Bouquet a fait partie de la troupe du TNP, du festival d'Avignon. La nostalgie d'une époque où la poésie avait droit de cité à la radio… Un et hommage à son épouse Juliette Carré pour une passion partagée, et puis quelques pages sur ces rôles au cinéma, évidement trop peu si l'on considère sa filmographie, maïs l'essentiel de l'humain n'est-il pas justement l'éphémère ,et donc le théâtre ,toujours pareil ,mais chaque jour différent avec la même curiosité, la même ingénuité (titre du dernier entretien), l'esprit d'enfance presqu'acquis à plus de 90 ans.

Au total, un ouvrage essentiel pour qui aime le théâtre et reste fasciné par le mystère de « l'interprétation », l'art de l'acteur, à mettre dans sa bibliothèque à côté des ouvrages de Jouvet et Dullin. Une chance de pouvoir inviter chez soi les Maitres…
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Qu'est-ce qu'un acteur ?

Michel Bouquet a, toute sa vie, défendu une vision exigeante de son métier qu'il a débuté très jeune, quasiment par accident. Gabriel Duffay, lui-même comédien et grand admirateur de son travail, le questionne sur sa carrière et sur les auteurs, les pièces, les rôles qui ont traversé sa vie. Dans chacune de ses réponses transparaît la conception qu'il a du théâtre, de son rôle dans la société.

Être acteur, c'est respecter une éthique, se mettre au service des grands auteurs qui, par leur génie propre et grâce à un travail acharné, ont mis les mots sur une part de vérité universelle, ont tenté d'offrir des réponses aux grandes questions qui habitent l'être humain. le rôle de l'acteur est de faire comprendre au public cette part de vérité dont l'auteur a accouché. Chaque auteur a quelque chose d'unique qu'il faut respecter, qu'il faut mettre en évidence, qu'il faut servir avec la justesse nécessaire. Un acteur se doit ainsi d'être constamment curieux. Il doit aussi être autonome, faire preuve de caractère pour défendre sa vision du rôle qu'un metteur en scène lui a confié. En respectant cette éthique, la vérité cachée présente dans les textes peut éclater sur scène et toucher en plein coeur l'âme des spectateurs.

Les compagnons de vie de Michel Bouquet ont été Molière, Shakespeare, Ionesco, Anouilh, Camus, Bernhard, Pinter, Beckett. Au cinéma, il a incarné Renoir, Mitterrand, Javert… Chaque pièce, chaque rôle exigent de se mettre en quête. Une lecture sans cesse répétée, obsessionnelle du texte permet de se rapprocher de la vérité de l'auteur. Depuis des années, Michel Bouquet incarne, par exemple, le roi Bérenger dans le Roi se meurt de Ionesco. Après des décennies de travail, il parvient encore à découvrir des facettes insoupçonnées, à creuser encore plus loin le sens profond de la pièce, à proposer une interprétation différente. le travail de l'acteur est fait de cette perpétuelle remise en question. Michel Bouquet n'hésite pas à parler de l'esclavage que représente le fait d'avoir du talent dans le domaine du jeu. Dans le brouillard, sans avoir l'impression d'une quelconque maîtrise, loin de toute idée de contrôle, l'acteur continue de travailler avec cette seule et impérieuse obligation de respecter l'auteur et sa création.

Le témoignage de ce grand homme de théâtre est précieux et unique. Il a un temps transmis au conservatoire sa vision du métier. « J'aime cet art qui n'existe pas » dit-il. L'art de l'acteur est en effet bien difficile à cerner. Il demeure mystérieux et impalpable. Pour être capable de servir de grands auteurs et de grands textes, le travail et la persévérance sont bien sûr nécessaires. S'inspirer des aînés est aussi très important. Michel Bouquet a beaucoup admiré le travail de Louis Jouvet, de Charles Dullin, de Gérard Philippe. Il en parle avec émotion et soyons-lui reconnaissants de nous transmettre cette grande histoire du théâtre, dont il fait lui-même désormais partie.
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Il semblait important sinon nécessaire à G. Dufay de se faire le passeur de témoin d'une vie vouée au théâtre, celle de Michel Bouquet. Cette série d'entretiens menés de septembre 2014 à début 2016, porte un titre très simple : "Servir". Difficile de résumer un homme, Michel Bouquet, par un seul mot, mais s'il fallait le faire, en effet ce serait celui-là.
Ces entretiens nous éclairent sur sa conception du théâtre, mais aussi sur les objectifs que doit s'imposer un acteur. Par exemple, Bouquet revient souvent sur ce qui permet de "bien" jouer un personnage : il faut chercher à placer l'auteur au centre de l'art dramatique. Ce qui impose un travail de lectures et d'exploration de ce qu'a cherché à dire le dramaturge à travers son personnage. Il s'agit de pénétrer l'authenticité d'un texte à l'époque où il a été écrit.
Des rencontres, fondamentales, jalonnent la formation de Michel Bouquet. En 1943, d'abord, il n'est encore qu'un gamin quand, pétri de timidité il rencontre Maurice Escande. Celui-ci l'écoute, le pousse littéralement qur scène, lui prodigue les premiers cours... C'est la naissance d'une vocation. Il se nourrira d'autres rencontres : des auteurs, des metteurs en scène, des comédiens. Passionné, Michel Bouquet entretient toute sa carrière durant un contact permanent avec les grands textes. Qu'ils les ait joués ou pas, il peut vous en parler, les dire, évoquer tout le travail qui soutient l'incarnation d'un rôle. L'acteur ne peut compter que sur son travail, acharné, toujours renouvelé.
Une grande complicité semble lier G. Dufay à M. Bouquet, si bien que les questions et remarques de l'un se complètent pour dresser un portrait cohérent et riche, celui d'un homme certes passé maître dans le jeu dramatique, mais homme néanmoins, avec tous ses paradoxes, ses aveux de faiblesse, son caractère parfois rugueux.
Un entretien à conseiller aux jeunes gens qui rêvent de monter sur les planches.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le spectacle est quand même fait pour impressionner et permettre au cœur de se délivrer, pour que le spectateur puisse se dire : « Ah, quand même, je ne suis pas tout seul… »
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Videos de Michel Bouquet (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Bouquet
Miguel de Cervantès parmi nous avec Philippe Sollers - Anniversaire Cervantès (1966 / France Culture). Par Denise Centore et Severo Sarduy. Avec Philippe Sollers. Diffusion sur France Culture le 20 avril 1966. Illustration : Miguel de Cervantes Saavedra, 1547-1616. Détail de la gravure de Frederick Mackenzie (1787-88 - 1854). Miguel de Cervantes, francisé en Miguel de Cervantès (de son nom complet Miguel de Cervantes Saavedra), né le 29 septembre 1547 à Alcalá de Henares et enterré le 23 avril 1616 à Madrida, est un romancier, poète et dramaturge espagnol. Il est célèbre pour son roman "L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche", publié en 1605 et reconnu comme le premier roman moderne. Cervantes mène d'abord une vie aventureuse de soldat et participe à la bataille de Lépante en 1571, où il perd l'usage de la main gauche. Cette main paralysée lui vaut le surnom de « Manchot de Lépante ». Le 26 septembre 1575, à son retour vers l'Espagne, il est capturé par les Barbaresques avec son frère, Rodrigo, et, malgré quatre tentatives d'évasion, il reste captif à Alger. En 1580, il est racheté en même temps que d'autres prisonniers espagnols et regagne son pays. Marié et séparé de son épouse et occupant diverses fonctions, il se lance alors dans l'écriture par le roman pastoral "La Galatea" en 1585. En 1605, il publie la première partie de ce qui reste comme son chef-d'œuvre : "L'ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche" dont la deuxième partie ne paraît qu'en 1615. Sa parodie grandiose des romans de chevalerie et la création des personnages mythiques de Don Quichotte, Sancho Panza et Dulcinée, ont fait de Cervantes la plus grande figure de la littérature espagnole et l'un des romanciers les plus éminents du monde. Son roman "Don Quichotte" a été traduit dans plus de 140 langues et dialectes et fait partie des livres les plus traduits au monde. Ses premières œuvres théâtrales, peu appréciées de son vivant, ont pourtant donné lieu à de nombreuses imitations. En particulier, la tragédie en vers, "Le Siège de Numance", écrite de 1581 à 1583, a connu entre 1600 et 1813 cinq imitations sous des titres divers et a inspiré à Lope de Vega "La Sainte Ligue". Lectures de textes de Cervantès et de Jorge Luis Borges par Jean Topart et Michel Bouquet.
1ère partie : 00:00 2ème partie : 43:23
Sources : France Culture et Wikipédia
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