AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,33

sur 253 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lecture très plaisante d'un écrivain que je connaissais peu au final ... J'ai beaucoup aimé être transporté dans cette Angleterre de la fin des années 1960 avec de nombreux personnages mais essentiellement trois personnages haut en couleurs : la jeune actrice qui se débat dans ses histoires d'amour, le producteur gay qui a du mal à "sortir du placard" et l'épouse du réalisateur alcoolique tout au long de la journée. le style est léger et plaisant, la lecture se fait bien même si le fond des sujets abordés est une vraie réflexion sur la nature humaine et notre comportement dans la vie et dans la société ; le livre met également l'accent sur l'importance des décisions prises ou à prendre et de nos choix de vie.
Commenter  J’apprécie          333
Merci infiniment à Pierre Krausse, de l'équipe Babelio, et aux éditions du Seuil pour l'envoi de Trio, le dernier roman de William Boyd, un auteur que j'adore.
***
Nous sommes en 1968, à Brighton, sur le tournage de L'Épatante Échelle pour la lune d'Emily Bracegirdle (!). La plupart des noms propres font sourire grâce aux allusions qu'ils contiennent… Dans l'ordre d'apparition, la première personne qui compose ce Trio, c'est Elfrida Wing, l'épouse trompée du metteur en scène. Romancière de talent, elle est souvent comparée à Virginia Woolf. Malheureusement, elle souffre depuis 10 ans du syndrome de la page blanche, et elle se console en buvant en cachette de phénoménales quantités d'alcool. La deuxième, c'est Talbot Kidd qui, contrairement à son père, n'est pas un producteur de grande envergure. Il est marié et père de famille, mais il est depuis longtemps attiré par les hommes. L'homosexualité vient tout juste d'être dépénalisée en Angleterre (1967). le dernier membre de ce Trio, c'est Anny Viklund, la vedette du film, une toute jeune actrice américaine déjà célèbre. Sur le tournage, elle s'accorde une aventure avec son partenaire bien qu'elle ait un ami à Paris. Elle ressent d'évidentes difficultés à gérer sa célébrité et à se remettre de son très récent divorce d'avec un homme accusé de terrorisme, évadé de prison et recherché par le FBI. Pour faire face, elle s'est habituée à différents mélanges de médicaments qu'elle gobe tout au long de la journée… Chacun de ces personnages reste soucieux des apparences et se protège en proposant une façade lisse aux yeux de tous, même de ses proches.
***
Le roman est divisé en trois parties de longueurs inégales : Duplicité, Capitulation, Évasion; ce qui laisse deviner l'évolution à venir. Un narrateur à la troisième personne nous invite à suivre ce Trio et plusieurs autres personnages secondaires bien campés, les trois hommes qui gravitent autour d'Anny, par exemple. D'autres personnes jouent les utilités, comme l'épouse et les enfants de Talbot. Mais tous, et pas seulement les acteurs du film, tiennent un rôle pour la galerie. Pour mettre en lumière leur duplicité, l'auteur leur prête à tous deux ou plusieurs endroits où vivre, et nombreux sont ceux auxquels il offre un pseudonyme, même parmi les personnages secondaires (le metteur en scène, le détective, le philosophe français, etc.) Talbot est probablement le plus lucide sur lui-même, peut-être parce qu'il n'a pas d'addiction, sinon ce désir de sortir du placard. Tous les trois attirent la sympathie malgré leurs manques, leurs faiblesses, leurs tergiversations J'ai bien aimé ce roman dont le ton léger et feutré est en contradiction avec le fond. Je partais de toute façon avec un préjugé favorable : j'adore l'écriture de William Boyd. Son humour très britannique, ses personnages soucieux de l'effet qu'ils produisent sur les autres, jamais sûrs d'eux, son ironie discrète, les intrigues secondaires dont il parsème ses romans me ravissent. de plus, le récit donne corps à l'époque où il se déroule. Les événements de 1968 sont passés quasi inaperçus pour un des personnages, alors qu'ils ont profondément marqué Talbot… Un très bon cru !
Commenter  J’apprécie          270
Mais qui peut avoir envie d'entamer, en pleine rentrée littéraire, un livre qui se déroule en Angleterre, l'été 68.
Et qui raconte l'histoire de 3 protagonistes reliés par le tournage d'un film dans la région de Brighton....
Pas grand monde à priori et c'est tellement dommage. Mais je me trompe peut être, sans doute même. Essayons de vous tenter:
Ce livre est non seulement délicieux mais c'est aussi un ouvrage majeur sur la nature humaine.
Comme vous j'adore William Boyd que l'on croyait vieillissant sous le soleil émollient de sa Dordogne d'adoption.
Nous nous sommes lourdement trompés. William est dans une forme éblouissante et Trio est à ranger parmi les meilleurs crus de son oeuvre déjà importante.
Duplicité, Capitulation, Evasion : voilà les trois volets d'un triptyque savoureusement drôle et impitoyablement tragique.
Pour garder les différents effets comiques il fallait une traduction à la hauteur et Isabelle Perrin est juste incroyable.
Citer Camus et Tchékov en exergue donne la mesure de la profondeur du propos.
William Boyd badine avec le suicide et le mensonge pour nous proposer une sorte de soyeuse leçon socratique: on ment toujours et notre personnage public coincide rarement avec notre personnage privé . Mais on ment aussi et surtout à soi même, l'écrivain dupe le lecteur qui lui-même en dupera bien d'autre . La grande leçon de Boyd c'est que la vérité est souvent contingente: on se cogne au Réél un peu par hasard.
Et c'est là où Boyd-le-romancier est génial . Ses petites trames narratives sont succulentes, se croisent et se décroisent pour former quelques scènes d'anthologie: la recherche de bobines de film volées, la douzaine de débuts poussifs du nouveau Roman d'Elfrida, la rencontre d'un Colonel gay devenu éleveur de chiens etc...
Je vous le promets, c'est bidonnant et inspiré. Et ce n'est absolument pas vain.
Ou alors tout est tellement vain, c'est sans doute la vraie morale de ce petit chef d'oeuvre, décidément camusien . Tout est tellement vain, mais il faut bien vivre, et puis lutter joyeusement.
Et prendre un énorme plaisir de lecture !!!
Commenter  J’apprécie          220
Ceux qui ont vu en direct l'émission Apostrophes en mars 1985 ne l'ont pas oubliée et William Boyd certainement pas non plus, devant l'enthousiasme communicatif de Bernard Pivot, proposant de rembourser les lecteurs déçus de Comme neige au soleil. On ignore s'il y eut beaucoup de demandes auprès de l'animateur car ce fut surtout le début d'une histoire d'amour entre l'auteur britannique et les lecteurs français. Après plus de 35 ans de compagnonnage fidèle et une vingtaine de romans ou recueils de nouvelles, Trio ravira encore les inconditionnels de l'écrivain, tant on y retrouve son sens inné de la narration, son style délié et cette ironie permanente mais bienveillante à l'égard de ses personnages. Trio est un titre un peu trompeur car les trois protagonistes principaux n'en forment pas vraiment un, ne se rencontrant presque jamais. Cependant, ils sont tous les trois plus ou moins concernés par le tournage d'un film, an août 1968, du côté de Brighton : son producteur, son actrice principale et une romancière qui n'est autre que l'épouse copieusement trompée du réalisateur. Trois personnages qui ont quelques problèmes majeurs : orientation sexuelle déniée, médicaments et mauvaises fréquentations, alcoolisme aggravé, selon les cas. A ce trio assez haut en couleurs s'ajoute une palanquée de seconds rôles, plutôt gratinés, eux aussi. Comme Jonathan Coe dans Billy Wilder et moi, Boyd utilise le monde du cinéma comme prétexte à une comédie de moeurs irrésistible et féroce, dans une veine tragi-comique dans laquelle il excelle. C'est brillant, caustique et passionnant. Eh bien oui, comme toujours depuis 35 ans avec cet écrivain qui ignore ce qu'est un rendez-vous manqué.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          160
La trame :
Quiconque se sera un tant soit peu frotté à l'univers du septième art peut témoigner que le tournage d'un film ne tient pas de la promenade de santé. Et, même si le producteur Talbot Kydd n'a rien d'un débutant, celui-ci en aura la cinglante confirmation tout au long des différentes étapes de L'Épatante Échelle pour la La Lune d'Emily Bracegirdle. « Un film à la con avec un titre à la con » reconnaît-il, un brin penaud. Ce sémillant sexagénaire a beau avoir à son actif un palmarès impressionnant de longs métrages au destin plus ou moins heureux, ce scénario-là va s'avérer plutôt gratiné. Outre les aléas du métier – rewriting, ajustements de casting et autres contrariétés –, Talbot devra aussi faire face à la défection de son actrice principale ainsi qu'aux finasseries de son associé, qui selon toute apparence cherche à le doubler.
Amoureux de la France et féru de culture française, William Boyd a ici choisi de planter son intrigue à Brighton, charmante cité balnéaire grand-bretonne qu'un battement d'ailes de goéland sépare des côtes françaises. Position stratégique idéale pour faire évoluer certains personnages dans le décor de notre belle capitale pendant quelques chapitres.
Par ailleurs, nous sommes en 1968. Comme peu l'ignorent, tant en France qu'ailleurs, une crise de société extrêmement profonde agite le monde avec son cortège de mutations, également profondes. L'époque choisie sert aussi de prétexte à l'étude de moeurs. Or la vie de Talbot s'apparente à une vaste imposture. Comme tant d'autres avant lui, il s'est fondu dans le moule au mépris de sa véritable orientation sexuelle. Un an plus tôt, l'homosexualité a été dépénalisée en Grande-Bretagne. Une vraie révolution. Pour faire un parallèle avec le cinéma, ce serait un peu comme passer du muet au parlant. Cependant le monde a beau changer, les mentalités, elles, prennent leur temps pour évoluer. C'est pourquoi, il s'avère plutôt délicat pour un homme aussi en vue de faire son coming out.
Parallèlement à l'itinéraire chaotique de Talbot, nous suivrons le parcours semé d'embûches d'Anny Viklund et d'Elfira Wing, deux femmes aux nombreux cadavres dans le placard. La première, jeune et belle actrice américaine au zénith de sa gloire, a une vie sentimentale tourmentée, un ex-époux terroriste et la CIA à ses trousses ; la seconde, qui endosse les tristes oripeaux d'épouse trahie et délaissée (en l'occurrence par le metteur en scène de L'Épatante Échelle pour la La Lune d'Emily Bracegirdle) est aussi une romancière en perte de vitesse. Autrefois comparée à « la nouvelle Virginia Woolf », celle-ci n'a effectivement pas écrit une ligne depuis dix ans et noie à présent son vague à l'âme dans le gin.

Les pages de ce roman vont donc se tourner au rythme des aventures de cet attachant trio cabossé par les vicissitudes de l'existence dont on suivra avec délectation toutes les tribulations. Que ce soit le cinéma ou le monde des livres à succès, nos trois comparses évoluent dans un milieu qui fait habituellement rêver. Aux yeux de certains ils incarnent tout un univers de privilèges où chacun vit a priori auto-centré sur son magnifique nombril. En réalité un microcosme fait de fantasmes et d'illusions où le strass dissimule malaises et gros stress, les bulles de champagne n'offrant aucune garantie contre la gueule de bois. Sur le ton de la comédie, cette incursion dans l'envers du décor démontre qu'aucune vie n'est un long fleuve tranquille. Même si le champagne (ou le gin-tonic) coule à flot.

Merci aux éditions Seuil et à Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération masse critique privilégiée.
Lien : http://scambiculturali.over-..
Commenter  J’apprécie          60
Avis : INSPIRÉ

D'abord, je n'ai pas compris, alors j'ai cherché à retenir tous les personnages qui s'invitaient dans les premières pages. Et puis, je me suis familiarisée avec chacun d'entre eux, et surtout les trois dont les liens fournissent le titre d'un roman qui ne s'affiche pas noir d'entrée mais qui nous plonge dans l'univers des secrets des vies cachées. Car ici, oui, chacun des personnages passe son temps à simuler, corseter sa façade, colmater tout risque d'être découvert. Et cela fonctionne ! Je n'ai pas perçu tout de suite les secrets de personnages menant une vie quasi normale, même si dans les milieux du cinéma ou du livre on puisse avoir des interrogations sur ce qu'est la normalité. Je ne me suis pas méfiée, et ensuite j'ai imaginé bien pire que ce que l'auteur m'a offert, donnant un intérêt macabre à ce qui n'était que vue de mon esprit.
de quoi s'agit-il donc ? Eh bien, nous avons trois personnages principaux, Elfrida, Talbot et Anny dont les vies se croisent sur les plateaux de cinéma, le premier officie en tant que producteur, la deuxième est actrice et la dernière a écrit des best-sellers. L'intrigue générale nous convie dans leurs vies et nous entraîne sur les plateaux de tournage ou dans les bars qu'affectionne particulièrement une auteure victime du syndrome de la page blanche depuis presque dix ans. Nous sommes dans les années 70, dans la station balnéaire de Brigton ; mai 68 y est regardé avec un oeil distant.
Qu'ai-je trouvé dans ce roman pour le lire d'un trait ? L'addiction liée à l'envie de passer derrière, de bousculer les acteurs pour leur faire dire leur moi profond, mais aussi la belle écriture de l'auteur à l'humour perfide. Les âmes y sont tourmentées, les gentils payent pour les méchants, la beauté n'est pas synonyme de tranquillité et ce qu'on croit n'est pas toujours ce qui va être. Jusqu'à la moitié du livre, j'ai avancé en cherchant le pourquoi du titre, pensant que quatuor aurait été plus adéquat au vu de la présence constante de Virginia Woolf.
C'est élégant, avec un vocabulaire ciselé (bravo à la traductrice) et un rythme qui va crescendo, en parfaite harmonie avec la vérité qui se découvre graduellement jusqu'à ce qu'elle nous saute aux yeux. Et je n'aurais pas imaginé terminer ce roman sur l'image de fin.
Vous l'aurez compris, c'est une lecture de haute volée que je recommande à tous les lecteurs curieux des univers inspirés ; ils se laissent facilement apprivoiser.
Je remercie l'équipe Babelio et les éditions du Seuil pour l'envoi de Trio ; je continuerai à lire du William Boyd.

Lien : https://www.facebook.com/Lya..
Commenter  J’apprécie          50
Plantons le décor, Brighton en 1968, les protagonistes principaux sont réunis pour le tournage d'un film.
William Boyd, auteur Britannique dans le sens noble du terme tant dans sa respiration que dans sa vision canaille (!!), subtile de ses compatriotes, nous livre un roman formidable, celui de trois personnages en quête d'eux-mêmes.
Passons sur le descriptif d'Elfrida, de Talbot et d'Anny vous les découvrirez par vous-même.
Juste peut-être vous dévoiler le titre du film en tournage : " L'épatante échelle pour la lune d'Emily Bracegirdle", sans commentaires.
Un piège narratif dans lequel on s'enfonce avec plaisir malgré cette ironie triste so british.
Satire d'un milieu, piquante peinture d'un dangereux miroir aux alouettes que représente la célébrité.
Aucune faute de goût ni de superficialité.
Classe, efficace et rien ne dépasse.



Commenter  J’apprécie          20
Je remercie les éditions du Seuil et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce très beau roman de William Boyd dont le visuel est particulièrement accrocheur. Tous les amoureux de cet auteur seront heureux de retrouver la vivacité de son style et la traduction très soignée d'Isabelle Perrin. Avec ce roman, on retrouve l'auteur dans un univers qu'il maîtrise brillamment. Scénariste et réalisateur, William Boyd met en scène un trio de personnages qui évoluent sur un lieu de tournage. Talbot, Anne et Elfrida sont très attachants et l'auteur brosse leurs portraits respectifs sans concession. En effet, tous sont écorchés, mènent une double vie et souffrent de diverses addictions. Progressivement, les masques tombent... William Boyd dépeint une époque et des personnages avec brio et bienveillance. Les chapitres s'enchaînent et cette lecture est réellement plaisante. A lire et à conseiller.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (457) Voir plus



Quiz Voir plus

ARMADILLO, LE PETIT SOLDAT

Le héros de ce roman est ...........

William Boyd
James White
Lorimer Black
Jonathan Roscoe
Michael Bottom
Conrad Milliband
Waldemar Strike

15 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : Armadillo de William BoydCréer un quiz sur ce livre

{* *}