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sur 253 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Duplicité, Capitulation, Evasion : la Règle de trois façon William Boyd. Les trois parties de son dernier roman sonnent le réveil façon Mérinos de mon intérêt pour le célèbre romancier anglais. Un réveil en beauté.
Je ne sais pas vous, mais j'avais l'impression que depuis une dizaine d'années, l'écriture de l'auteur génial d'un anglais sous les Tropiques, ronronnait. J'avais l'image d'un vieux chat flemmardant en boule devant un feu de cheminée dans sa maison en Dordogne.
Certes, William Boyd n'avait pas perdu sons sens du romanesque, renifleur de personnages charismatiques, mais j'avais trouvé le ton de ses livres les plus récents bien fade. de jolis plats que le cuistot avait oublié d'assaisonner.
Et bien, au diable l'hypertension, William Boyd a ressorti la salière, fini la préretraite de la prose et le plaid sur les genoux, l'auteur Trio nous ramène en 1968 pour le tournage d'un film au titre invendable : « L'épatante échelle pour la lune d'Emily Bracegirdle ». On se calme Arte, c'est une fiction, et ce n'est même pas sous-titré en langue Ouzbèque.
Au générique du roman, il y a Talbot, producteur tourmenté par une homosexualité refoulée qui aspire à se défouler et par un associé aussi fiable qu'une garantie pour une machine à laver. Il passe son temps à gérer l'ingérable, l'anarchie du tournage et les caprices des stars et des investisseurs.
Autre vedette du roman, Elfrida, l'épouse du réalisateur qui cherche l'inspiration dans l'alcool en apnée et sans bouée. Cul sec et langue pâteuse. Elle s'accroche à un projet inabouti portant sur le jour du suicide de Virginia Woolf. Gilet de sauvetage perméable à la vodka.
Le trio est complété par Anny Viklund, actrice principale du film, célèbre mais tourmentée, pléonasme, par un ex-mari recherché par la CIA pour des loisirs terroristes. Elle joue au docteur avec son jeune partenaire dans le film tout en étant en couple avec un vieux philosophe français très à gauche. Un agenda sexuel de ministre. Elle ne trouve la paix que dans les opiacés.
William Boyd évite de transmettre la déprime de ses personnages au lecteur en construisant son roman comme une farce et face à la duplicité des êtres qui gravitent autour du trio, il parvient à les rendre tous très attachants. Impossible d'avoir un chouchou. C'est comme devoir choisir un chiot parmi une portée de labradors dans un chenil. On repart avec les trois.
Les amours tragiques d'Anny se transforment en vaudeville, Elfrida réécrit sans cesse le premier paragraphe de son roman, partage ses hallucinations éthyliques et Talbot sort de sa torpeur pour affronter les turpitudes de son associé. Les personnages croisent leur solitude dans des scènes burlesques très réussies.
A l'image de l'époque qu'il décrit, William Boyd s'autorise beaucoup de libertés dans la narration. Les gueules de bois sont psychédéliques, les amours libérés, les trente glorieuses gloutonnent à marche forcée, les apparences du bonheur souvent trompeuses.
Sans cette Masse Critique, j'aurai certainement boycotté ce roman malgré le pédigré de son auteur et la beauté de la couverture. J'ai toujours bavé devant les Coccinelles. Merci donc à Babélio et aux éditions du Seuil qui m'ont rabiboché avec William Boyd.
Un trio mené avec brio.
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A l'été 1968, loin des explosions qui secouent le monde, une équipe de cinéma tourne dans la station balnéaire de Brighton. Entre complications et manigances en tout genre, le producteur sexagénaire Talbot Kydd ressent d'autant plus de lassitude, qu'à ses soucis professionnels s'ajoute le secret de plus en plus pesant de son homosexualité. La jeune actrice principale Anny Viklund, aux prises avec une vie sentimentale agitée, se retrouve compromise par son ex-mari, terroriste en cavale. Quant à la femme du metteur en scène, Elfrida Wing, c'est dans l'alcool qu'elle noie ses blessures d'épouse délaissée et ses affres de la page blanche, elle que l'inspiration a désertée depuis ses premiers succès littéraires.


Lui-même scénariste et réalisateur, c'est en connaissance de cause que l'auteur évoque le milieu du cinéma et de la création littéraire, ses paillettes et ses turpitudes, dans une restitution savoureuse, ironique et désabusée. Dans ce royaume du faux-semblant où les egos s'épandent sans limites et où fleurissent intrigues et coups bas, les trois personnages principaux ont en commun la traversée d'une profonde crise existentielle. Douloureusement, chacun prend peu à peu conscience du schisme qui a grandi entre leur « moi public » et leur « moi privé », les amenant au sacrifice de leurs valeurs et de leurs aspirations les plus profondes. Sauront-ils retrouver la maîtrise de leur existence, ou dériveront-ils inexorablement vers quelque conclusion tragique ? La fiction dévorera-t-elle la réalité, ou Talbot, Anny et Elfrida réussiront-ils à se préserver ?


Si l'histoire, adroitement rédigée et pavée de détails aux terribles accents de vérité, témoigne d'un oeil aiguisé et d'une plume de qualité, sa lecture m'a toutefois semblé manquer d'un soupçon de souffle et de rythme. Partagé entre les histoires concomitantes de son trio de personnages, le récit s'achemine vers son dénouement sans réelle montée en puissance, faisant piaffer le lecteur par son pas globalement si égal et tranquille qu'il finit par retenir ses effets, tant comiques que dramatiques.


Malgré son relatif manque de pep, ce roman satirique demeure une lecture agréable, dont on retiendra l'intelligente et piquante peinture de ce dangereux miroir aux alouettes que représente la célébrité. A se confondre avec leur personnage public, tant s'y seront perdus, corps et âmes…


Un grand merci à Babelio et aux Editions du Seuil pour cette masse critique privilégiée.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le monde merveilleux du cinéma !
Je ferai court au vu du nombre de critiques .
Je lis et apprécie cet auteur depuis «  Comme neige au soleil » , il y a bien longtemps et d'autres oeuvres , au moins huit ou neuf mais je l'avais un peu perdu de vue.
Emprunté à la médiathèque où il était présenté.
Comme souvent dans la plupart de ses romans , il s'amuse à peindre intelligemment l'envers du décor.
Dans la station balnéaire de Brighton, à l'écart du tumulte révolutionnaire de cet été 1968 , trois personnages sont réunis , aux prises avec les besoins d'un film au nom très long , «  L'épatante Échelle pour la lune d'Emily Bracegirdle » .dans l'esprit des «  Swingin' Sixties » ….

Tous ont une double vie.
Talbot kydd ——marié à Naomi , naïve , depuis 26 ans , ils ont deux enfants ——, producteur chevronné , affronte les embûches habituelles des tournages : erreurs de casting , manque ou défection au dernier moment de l'actrice principale , réécriture et j'en passe,,l,,

Il regarde avec envie les garçons mais ne se décide pas , n'ose pas faire son coming - out.
Reggie le metteur en scène , qui préfère se faire appeler Rodrigo, plus exotique , marié à Elfrida Wing, épouse délaissée , romancière dépressive , autrefois saluée comme la nouvelle «  Virginia Wolf » , ne parvient plus à écrire une ligne depuis dix ans, devenue alcoolique , elle se vautre dans l'alcool à grandes rasades de gin tonic, toute la journée …tente de le cacher …
Pourtant la vedette Anny Viklund , une jeune beauté américaine de vingt - huit ans , qui passe ses nuits dans les bras du jeune premier Troy Blaze ——

Ce jeune garçon lui donne un excellent moral , une mine réjouie jusqu'à ce qu'elle soit rattrapée par son ex - mari , elle n'a été mariée que quelques mois, terroriste en cavale , il lui soutire de l'argent , il suscite l'intérêt de la police et du FBI , Anny est obligée de s'enfuir en France .

Avec malice l'auteur décrit les créateurs menteurs , les perdants de la première et deuxième heure , les minables qui tournent «  Des films à la con » …
Duplicité , capitulation , évasion , les trois parties jubilatoires et désenchantées de cet opus , pétri de satire et d'ironie féroce , piquant, signent une fois de plus le talent du romancier qui tente d'aller chercher la vérité des hommes malgré leurs mensonges éhontés : «  les siroteurs » «  les cuiteurs », les menteurs et dissimulateurs .

À l'aide d'une plume déchaînée , aiguisée, à grand renfort de vodka, whisky, sherry, bière et vin , comprimés d'équanil l'auteur décrit ces personnages complexes , tourmentés, attachants , pathétiques, adeptes de la plus parfaite dissimulation , ils se mentent à eux- mêmes .
Une sorte de farce délicieuse à l'apparente légèreté , satirique à souhait , rocambolesque , portraits fins , malicieux, jubilatoires de ces mauvais joueurs en quête éperdue de sens , aux prises avec leurs frustrations , regrets , secrets où l'alcool est de rigueur!

Chacun joue jusqu'au bout à être quelqu'un d'autre !
Peut - être aussi l'esprit d'une époque !
Un bon roman qui dégoûte de l'alcool , surtout si l'on n'est guère adepte comme moi !
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L'anecdote est tellement connue et elle a été si souvent reprise que je ne sais plus si j'en ai été le témoin en direct ou si j'en ai reconstitué l'image à force de l'avoir lue. En 1985, lors d'une émission d'Apostrophe, Bernard Pivot se prend pour Darty et s'engage à rembourser tout lecteur non satisfait de Comme neige au soleil, l'un des premiers romans d'un jeune écrivain britannique, William Boyd.

Moi, je n'ai rien réclamé et j'ai même continué à acheter du Boyd. Trente-cinq ans plus tard, sans avoir lu l'intégralité de ses romans, je ne crois pas en avoir manqué beaucoup. Aucun ne ressemble à un autre. William Boyd est un écrivain imaginatif et curieux, qui n'hésite pas à remonter dans le temps jusqu'au début du XXe siècle, à faire voyager ses personnages un peu partout dans le monde et à investir tous les univers socio-économico-politico-culturels. En six ans d'écriture de critiques, celle-ci est la troisième que je lui consacre, après Les vies multiples d'Amory Clay et L'Amour est aveugle.

Son dernier-né, Trio, nous emmène à Brighton, une station balnéaire de la côte sud de l'Angleterre (Ah ! mes quinze ans et les petites anglaises…). Nous sommes en 1968, année tourmentée un peu partout sur la planète. A Brighton, tout est calme. On tourne un film, L'Epatante Echelle vers la Lune d'Emily Bracegirgle. Quelque chose de très fort, un scénario très conceptuel, une symbolique dans l'air du temps, selon le réalisateur… « Un film à la con, avec un titre à la con » grommelle le producteur, pas convaincu.

Et du titre du roman, Trio, que peut-on dire ? Pas sûr qu'il déclenche l'envie irrépressible d'ouvrir le livre, mais il est au moins explicite. Au sein de la petite communauté mobilisée pour le tournage du film, nous sommes invités dans l'intimité de trois personnages.

Engagée pour le rôle principal, Anny Viklund est une toute jeune actrice américaine très jolie. Considérée comme une star à Hollywood, elle est mal préparée à ce statut dans la vraie vie. Elle est incapable de choisir entre trois hommes exerçant une emprise sur elle, chacun à leur manière. Pour supporter cette situation fausse, elle s'en remet à une collection de tranquillisants, de somnifères, de stimulants et de coupe-faim, dont elle gère les quantités avec une bonne dose d'approximation

Elfrida Wing ne fait qu'indirectement partie de l'équipe du film. Elle est l'épouse du réalisateur, un homme volage. Aujourd'hui quadragénaire, elle avait écrit des romans dont le succès lui avait apporté notoriété et confort matériel. Mais ça, c'était avant !… Depuis dix ans, elle est en panne sèche d'inspiration, sauf pour imaginer les titres de ses prochains livres, ce qui lui permet de faire patienter son éditeur. Elle se console en éclusant en secret une quantité phénoménale d'alcools en tous genres.

Talbot Kydd est le producteur du film. Cet homme de soixante ans à l'allure très britannique est un professionnel expérimenté, pragmatique et cynique. Il cherche en permanence à trouver des solutions concrètes aux aléas du tournage et à satisfaire aux exigences parfois loufoques des parties prenantes, tout en veillant à éviter les dérapages budgétaires. A titre personnel, ses rêves érotiques lui ont fait prendre conscience de son homosexualité, sans pour autant qu'il franchisse le pas de relations concrètes. Ça le travaille !

Le roman livre une critique caricaturale amusante du monde du cinéma et des coulisses d'un tournage. Les comportements des personnages secondaires n'ont rien à envier à ceux du trio. Sur le plateau et autour, les motivations secrètes et refoulées finissent par se révéler, impliquant des compromissions insolubles. le salut réside, semble-t-il, dans l'imagination des scénaristes et dans leur aptitude à apporter des adaptations parfois acrobatiques au script d'origine.

En l'absence de véritable intrigue, on peut regretter dans Trio un manque de consistance globale de l'histoire et une fin décevante. Mais Boyd confirme son talent de conteur hors pair à l'imagination débridée. Son oeil acéré et sa plume goguenarde font passer un très bon moment de lecture. A déguster page après page, sans en demander plus, remboursement non garanti !

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Le trio du titre ne renvoie pas un trio comme on le conçoit habituellement. Ici il est question de trois personnes que rien ne lie vraiment, qui ne se côtoient pas beaucoup (presque pas pour certains) et qui n'ont pour point commun qu'un film. En effet, nous suivons une actrice, un producteur et l'épouse du metteur en scène le temps du tournage du film, quelques mois en 1968 ; période pendant laquelle les personnages sont confrontés à leurs "démons", entre secrets et pressions extérieures (syndrome de la page blanche, homosexualité dissimulée, addiction médicamenteuse, complications amoureuses, ennuis professionnels, alcoolisme,...).

J'ai eu du mal avec le début du roman : car les personnages m'ont d'abord semblé peu attachants et Wiliam Boyd nous propose une vision très cynique du monde, et pas seulement de l'univers du cinéma.

Finalement, les personnages ont réussi à piquer ma curiosité et ils m'ont donné envie de découvrir comment ils se sortent de tous leurs ennuis. le dénouement pour chacun est d'ailleurs assez surprenant.
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Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions du Seuil pour cette lecture et leur confiance !
Nul besoin de présenter l'Anglais William Boyd, auteur de seize romans, de recueils de nouvelles, de pièces de théâtre mais aussi scénariste et réalisateur. Autant de rôles où il n'a pas son pareil pour nous divertir. Avec "Trio" son tout nouveau roman paru aux éditions du Seuil, il nous convoque à Brighton, une station balnéaire où se déroule, à l'été 1968, le tournage d'un film qui fait fi de l'état tumultueux du monde à ce moment là. Comme son titre l'indique, nous retrouvons trois personnages principaux, mais également trois parties dans cette histoire rocambolesque où il faut accepter de se laisser porter par le récit un brin tiré par les cheveux, mais totalement loufoque concocté par William Boyd. de l'humour, des situations cocasses, un parfum de nostalgie, la description d'un monde du cinéma et de ses tourments à une époque charnière de son histoire, tout cela dans un même roman et je dois dire que c'est plutôt réussi. C'est un roman sur les faux semblants, les mensonges, les doubles vies, les travestissements et les rôles que nous empruntons dans la vie professionnelle comme dans celle de l'intimité. La métaphore de l'acteur, de l'écrivain qui joue un rôle où invente une autre réalité qui sied mieux à son créateur que les affres de la vie au quotidien. C'est un roman léger, printanier, écrit avec finesse, sans aucune autre prétention que celle de nous divertir. On sent que Boyd a pris beaucoup de plaisir à l'écrire et à nous faire partager son univers fantasque. A ce titre, la traduction d'Isabelle Perrin est savoureuse, pleine d'esprit et elle restitue parfaitement cet humour décalé, ces personnages fissurés derrière leur apparente réussite. On retrouve donc dans cette histoire, ce trio, Talbot Kydd, le producteur qui doit affronter les tempêtes d'un tournage qui vire au fiasco : l'actrice principale fait faux bond, le casting est un immense gâchis avec certaines actrices comme cette extravagante Sylvia Slaye, aux mensurations plus vraiment en rapport avec son statut d'ex starlette, un scénario qui n'a de cesse d'être réécris, bref vous l'aurez compris pour ce pauvre Talbot ce n'est pas la joie. Nous retrouvons également avec plaisir Elfrida Wing, l'épouse du metteur en scène qui la trompe ouvertement tandis qu'elle cherche, se noyant dans l'alcool (la vodka, le gin tonic) depuis dix ans, l'inspiration pour son nouveau roman qui doit faire d'elle l'égale de Virginia Woolf, à qui tout le monde la compare. Tout du moins à ces débuts.. Elle cherche l'inspiration dans les derniers jours tragiques de la vie de la romancière si talentueuse et pourtant maudite qui se suicida en 1941. Enfin, Anny Viklund, une actrice américaine d'origine suédoise sublime mais qui a une vie amoureuse des plus compliquées. Elle sort avec Jacques un philosophe français, mais aussi Troy, l'acteur principal et amant passionné et son ex-mari. Ce dernier est poursuivi par la CIA après avoir commis trois attentats sur le sol américain qui eurent pour effet de rendre un pauvre soldat cul de jatte.. Vous l'avez compris, William Boyd ne se prend pas au sérieux et nous divertis durant un peu plus de quatre cents pages. Mission réussie, que demander de plus à un romancier.

Lien : https://thedude524.com/2021/..
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Si l'on excepte la lecture ultra rapide d'un petit opuscule de nouvelles ferroviaires, mes sept derniers livres lus appartiennent tous au grand genre littéraire du roman policier dans sa globalité, qu'il soit noir, classique ou encore de mystère. Aussi quand Pierre Krause, de Babelio, que je remercie ici chaleureusement ainsi que les Editions du Seuil, m'a proposé de lire et commenter Trio de William Boyd dans le cadre d'une masse critique, j'ai sauté sur la double occasion de sortir de mon style de prédilection et de découvrir un auteur que je ne connaissais pas.

A la fin des années 60, dans la charmante station balnéaire de Brighton, une équipe de cinéma britannique tourne un film au titre improbable de "l'Epatante Echelle pour la Lune d'Emily Bracegirdle". Nous y retrouvons les trois personnages principaux de Trio : Talbot Kydd, le producteur, Anny Viklund la jeune vedette américaine et Elfrida Wing, romancière en panne d'inspiration et épouse du metteur en scène. le premier est stressé par tous les problèmes, petits et grands, matériels et humains, à résoudre sur le tournage d'un film mais surtout, derrière la normalité de façade d'une vie de famille tranquille avec femme et enfants, il a de plus en plus de mal à refouler son homosexualité ; la deuxième, actrice adulée dans son pays natal est accro aux médiacaments et se débat entre un ex-mari terroriste recherché par le FBI et ses deux amants, un philosophe français et la vedette masculine du film, un jeune chanteur anglais ; la troisième noie dans un alcoolisme mondain le syndrome de la page blanche dont elle souffre depuis dix ans et la tristesse d'une vie conjugale avec un époux volage. Tous les trois, au cours de cet été 1968, véritable période charnière dans le monde avec les évènements de mai en France, l'opposition grandissante à la guerre du Vietnam et les tensions raciales aux Etats-Unis, la fin du Printemps de Prague et la libération sexuelle, vont vivre des situations qui vont les conduire à prendre des décisions qui bouleverseront leurs vies.

L'auteur nous propose avec son dernier roman une triple histoire avec des personnages attachants qui se débattent dans des vies tourmentées en ayant du mal à être eux-mêmes dans un monde en transformation mais dans lequel le "moi public" prend trop souvent le pas sur le "moi privé". Même si William Boyd s'appuie sur son expérience de réalisateur et de scénariste pour décrire avec justesse et précision le milieu du cinéma et développe dans un style agréable à lire, entre humour et ironie, les sentiments de ses héros, l'ensemble manque un peu de rythme malgré le découpage de l'oeuvre en trois parties d'inégales longueurs qui pourrait faire penser à une accélération vers un dénouement qui laisse le lecteur un peu sur sa faim. En ce sens je préfère un Jonathan Coe et surtout un Nick Hornby, deux auteurs dans la mouvance desquels se situe Boyd. Ceci dit la découverte de cet auteur reste néanmoins plaisante et je ne manquerai pas, grâce aux critiques des Babeliotes, de me renseigner sur ses autres livres pour dépasser ce bémol qui m'empêche de mettre quatre étoiles.
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Quand Wiliam Boyd met en scène le petit monde très fermé du cinéma cela donne un roman drôle, décalé. Dans la station balnéaire de Brighton, en 1968, se tourne un film "Une échelle pour la lune". Nous suivons les tribulations de trois protagonistes: Talbot le producteur du film, Efrida, la femme du réalisateur et Anny l'actrice principale.
Au fur et à mesure de l'avancée du tournage, chaque personnage va être confrontés à différents problèmes qui vont retarder l'achèvement du film.
Talbot va devoir affronter plusieurs difficultés, déjouer l'entourloupe que lui mijote son associé et résoudre les problèmes de casting, réécriture du scénario tout en gérant sa vie privé et ses propres désirs.
Efrida, lassée des infidélités de son mari, tente de trouver dans l'alcool une nouvelle inspiration pour poursuivre sa carrière d'écrivain. Quand à Anny, elle va devoir affronter son passé en la personne d'un ex-mari recherché par Interpol en s'appuyant sur le soutien de l'acteur Troy et des différents comprimés qu'elle ingurgite de manière quasi compulsive.
Sous une plume ironique et délicieusement "british", nous plongeons dans une aventure pleine de rebondissements. Cependant sous une apparente légèreté, l'auteur pointe les travers du milieu cinématographique : les caprices des acteurs, les magouilles financières, les difficultés de la célébrité... A lire pour combattre la morosité ambiante!
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avec ce roman, Boyd nous ramène en 1968, En Angleterre pour le tournage d'un film. Il explore l'histoire socio-culturelle de cette année bien particulière où les intellectuels de gauche et els étudiants mènent leur révolution en France alors que la société britannique quant à elle reste très fermée à l'homosexualité. Ce roman permet aussi une intrusion dans la vie artistique de l'époque : que ce soit au travers de la littérature ou du cinéma. Les personnages présentés dans ce romans sont adeptes des faux semblants et de la dissimulation sociale.
J'ai trouvé ce roman moins prenant que les autres romans de Boyd.
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Une lecture agréable dont j'attendais malgré tout un peu plus de souffle.

Les protagonistes (acteurs, producteurs, metteur en scène, maquilleuses....) sont réunis à Brighton - station balnéaire - pour le tournage d'un film au titre énigmatique dont on sent tout de suite que ce ne sera pas le chef d'oeuvre du siècle. Nous sommes en 1968.

Le récit est construit autour de 3 personnages principaux "TRIO" qui ont tous une face cachée loin de celle qu'ils donnent à voir au public et à leurs relations.
Talbot Kydd, producteur, est peu convaincu par le film qu'il est en train de produire et est préoccupé par son homosexualité non assumée. Il mène une vie de convenance et de façade auprès de son épouse Naomie mais cette duplicité lui pèse de plus en plus.
Elfrida Wing l'épouse du metteur en scène dont le couple bat de l'aile, romancière à succès en panne d'inspiration depuis 10 ans et alcoolique. Elle boit en cachette pour oublier le manque d'inspiration et monte différents stratagèmes afin que son entourage ne s'aperçoive de rien. Elle a de nombreuses idées de titres de livres mais est incapable d'écrire une ligne.
Enfin, Anny Viklund, actrice à succès, en proie à une vie sentimentale chaotique, incapable de prendre des décisions, trouve refuge dans les médicaments en alternant ceux pour dormir et ceux pour se maintenir éveillée et est confrontée au retour de son ex mari en cavale accusé de terrorisme contre les Etats Unis.
Tout ce petit monde gravite dans la petite commune de Brighton pour le tournage du film.

Trois grandes parties compartimentent le récit : Duplicité, Capitulation et Évasion.

L'écriture de William Boyd est comme toujours très agréable, l'environnement du cinéma parfaitement décrit, avec ce qu'il faut d'égo, de diva, de comportements excentriques...
Les personnages ont chacun leur part d'ombre et William Boyd entremêle les mensonges des uns avec les exigences des autres.

Comment rassurer son éditeur et obtenir une avance alors qu'on ne peut écrire autre chose qu'un titre ?
Comment assumer son orientation sexuelle en 1968 lorsqu'on est sexagénaire dans un monde qui commence tout juste à se libérer ?
Comment prendre des décisions réfléchies alors qu'on est sous l'influence constant de psychotropes ?
Comment cacher ces fissures dans un univers fait de de strass et de paillettes où la réussite appelle la réussite et doit être le seul leitmotiv sous peine de disparaitre des écrans radars ?

Entre introspection et vie publique, chacun des membres du Trio vit de plus en plus mal la situation. Parviendront-ils à reprendre la maîtrise de leur vie, de leurs valeurs ? et à quel prix ?

La 1ère partie m'a semblé un peu longue et tarde à s'accélérer. Et même si à partir de Capitulation (2ème partie) le récit est plus soutenu et plus rythmé, je trouve que l'ensemble manque de peps.
Les dialogues sont savoureux, parfois caustiques, les réflexions intérieures des personnages sont acérées et donnent de la profondeur aux personnages.
Il m'a toutefois manqué un je ne sais quoi pour être totalement conquise.

Merci aux éditions du Seuil et à Babélio Opération Masse critique pour cette découverte.






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