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EAN : 9782264034489
224 pages
10-18 (03/12/2001)
4.06/5   281 notes
Résumé :
Pleins de vie ne manie ni l'humour ni l'émotion au niveau du cortex cérébral. Fante frappe au cœur, aux tripes et au plexus solaire, jamais à la tête. Il n'écrit pas comme un ingénieur mais comme un paysan, sensible à la densité des choses et au lent travail du temps.

Il n'argumente ni ne démontre mais cherche les moyens de rendre au plus près, au plus juste, au plus vibrant, le plein de vie avec sa charge de pulsions contradictoires, de dérapages con... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Ce roman court de John Fante (1909-1983), qui est paru initialement en 1952, est précédé dans la version française de poche 10/18 d'une préface de Philippe Garnier, auteur entre autres d'une superbe biographie de David Goodis, sur la relation problématique de John Fante avec le cinéma. Sous le beau titre de "Le lait d'Hollywood ayant tourné...", nous apprenons que l'auteur américain "ne se mettait à écrire que poussé par la nécessité - dixit sa veuve, Joyce Fante (1913-2005) - et qu'il "déteste sincèrement travailler pour les studios".

Des révélations surprenantes eu égard à la grande qualité de son oeuvre, telle "La route de Los Angeles", "Bandini", "Demande à la poussière" et l'extraordinaire "Mon chien stupide", que j'ai eu grand plaisir à commenter ici le 28 août 2017, ainsi que compte tenu du succès des films basés sur ses écrits.

La fresque autobiographique de Jo Fante débute peu avant la naissance de son premier enfant, Nick, le 13 janvier 1942, et se termine par cet événement heureux, au bout de 4 ans de mariage avec sa bien-aimée Joyce Smart.

À cette époque, l'auteur habite près de Los Angeles et est essentiellement actif dans les studios de cinéma de Hollywood à préparer des projets de scénarios de films.
Dans son récit, il ne parle guère de son boulot, sauf pour indiquer qu'il semble enfin sorti des années de vaches maigres, sans être riche pour autant.

Le récit se cristallise sur ses difficultés de comportement envers sa bien-aimée, qui enceinte lui cause des problèmes inattendus, entre autres sa soudaine conversion au catholicisme et son souhait de se faire baptiser en vue d'un mariage à l'église, sous la bonne conduite de l'encombrant père Gondalfo.

Simultanément, John se trouve confronté à des problèmes d'ordre pratique : les dégâts causés au sol de sa demeure par des termites, pour lequel il lui faut faire appel à son père. Une autre source de soucis et de complications, car si Nick Fante senior est un excellent homme de métiers, il est également taciturne, exigeant et un semeur de zizanie, qui se lie, en plus, à sa belle-fille contre son propre fils.

John Fante a réussi à évoquer une atmosphère particulière de haute tension, entrecoupée par de beaux moments de détente et d'amour.
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La vie de Fante est pleine de rebondissements. Un régal de péripéties et de manigances désopilantes. A ses dépends.

Face aux exigences de sa femme, de son père, de son employeur ou de la religion, il fanfaronne avec de grands gestes et finit par se soumettre pour se retrouver la cible de toutes les critiques. Ce qui donne lieu à des scènes hilarantes.
Mais Fante n'est pas seulement le rigolo qui fait rire malgré lui.
Il est un incendiaire! L'ironie perce sous ses aspects inoffensifs. Il pointe non seulement les défauts de ses proches mais aussi la société puritaine américaine avec une lucidité de maçon des Abruzzes, sans doute héritée de son père.

Fille ou garçon? L'angoisse du futur père grandit à mesure que le "monticule" grossit. Joyce attend un bébé. Dans leur nouvelle maison, John Fante s'attire les foudres de sa femme exigeante et préfère dormir à l'américaine, c'est à dire faire chambre à part en dépit de la tradition italienne.

le livre ne parle que de cela: John Fante contre les traditions. Un match inégal pour une lecture inégalable.
C'est le livre qu'il faut lire absolument pour détendre ses zygomatiques.

Pour faire le plein de vie.
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Quel bon livre !

J'avais emprunté à la bibliothèque il y a quelques temps « La route de Los Angeles » de Fante, après avoir lu de bonnes critiques sur des livres de cet auteur.
C'était le premier livre écrit par Fante, publié de manière posthume, et je l'avais très moyennement apprécié.


Heureusement, persévérante je suis…
A la bibliothèque toujours, j'ai trouvé « Pleins de vie ». Alors je me suis dit qu'il fallait voir.
Ah ben c'est tout vu ! C'est nettement meilleur (traduire « à mon goût », bien entendu, je ne suis pas qualifiée pour juger de la différence de qualité littéraire entre deux livres, surtout du même auteur…)


Dès le début j'ai accroché à la pensée un peu désabusée, cynique parfois, pas très courageuse du narrateur, Fante lui-même :

« C'était une grande maison parce que nous étions des gens aux grands projets. D'ailleurs le premier était déjà là, butte accrochée à la taille de ma femme, monticule agité de mouvements doux, telle une boule de serpents qui se lovent et frémissent. Dans les heures qui précèdent minuit, je collais mon oreille à l'endroit stratégique et entendais comme le ruissellement d'une source, des gargouillis, chuintements et autres clapotis. »


Autant Bandini m'avait franchement irrité dans « La route de Los Angeles », autant le narrateur Fante, ici, m'a charmée, fait sourire, émue parfois.
Non, non, même dans sa muflerie il n'arrive pas à être vraiment irritant, grâce à la spontanéité, à la fraîcheur de sa pensée.


Le thème principal pourrait être la paternité, mais au-delà, c'est aussi la famille.
Dans leur belle maison de Los Angeles, sa femme et le monticule tombent dans un trou dans la cuisine, dû aux termites, qui ont bouffé le plancher.
Fante va alors chercher son père pour réparer le trou et économiser de l'argent.


Tout est drôle dans ce livre, tout en finesse.
Les superstitions pour enfanter un garçon au lieu d'une fille sont l'occasion d'un inventaire à la Prévert des croyances populaires qui permettent d'éloigner les sorcières, de guérir les maladies…

Le voyage en train de Fante et de son père est truculent.
Toutes les situations échappent au narrateur et on devine qu'il tente surtout, dans ses réflexions, de garder son estime intacte, ce qui le rend très attachant.

Petit à petit, un problème va prendre de l'ampleur dans l'histoire : la conversion de Joyce, la femme de Fante, au catholicisme.
Les rencontres avec le prêtre sont elles aussi désopilantes.


Quand Fante essaie de garder le contrôle de la situation, sur sa femme, voici ce que cela donne :

« J'ai eu envie de la secouer.
« J'ai pris une décision. Tu arrêtes ça, ou je quitte cette maison. »
Elle a souri en rejetant en arrière ses cheveux humides.
« Tu peux partir quand tu veux. »
« C'est ta décision ? »
« Oui, mon chéri. »
La tête basse, je suis sorti de sa chambre. Elle avait donc choisi. Tout était de sa faute. Mais je ne suis pas parti. On ne peut pas les quitter dans cet état. Une grossesse exige un tact infini. Il ne faut pas non plus leur faire de scènes. On prend son mal en patience, mais on ne les quitte pas. »





Pleine de vie, en cloque :

« Elle a mis sur l'mur, au d'ssus du berceau
Une photo d'Arthur Rimbaud
'Vec ses ch'veux en brosse, elle trouve qu'il est beau
Dans la chambre du gosse, bravo !
Déjà les p'tits anges sur le papier peint
J'trouvais ça étrange, j'dis rien
Elles me font marrer ses idées loufoques
Depuis qu'elle est en cloque...
[…] »

Extrait de « En cloque », Renaud :
https://www.youtube.com/watch?v=B6iJ5UzX5yU
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John Fante nous livre ici une gentille comédie un peu foutraque, très cinématographique dans l'écriture, déjantée à souhait, et qui cache avec pudeur une grande sensibilité derrière un humour parfois un peu potache.
Le narrateur est écrivain, et vit à Los Angeles avec sa douce, qui porte en elle le fruit de leur amour. Romantique, non? Et quoi de plus normal que d'offrir un nid douillet à sa famille potentielle? le hic, c'est que d'autres avaient eu l'idée de s'abriter dans cette belle maison : des termites, qui ont fait descendre la dulcinée de cinquante centimètres à travers le plancher de la cuisine!
Et c' est qui qu'on appelle pour réparer les dégâts ? Papa, bien sûr. Un émigré des Abruzzes. Peu enclin à des compromis. le voyage en train laissera des traces autant pour les passagers que pour les agents ferroviaires. Et à la maison, les travaux ne correspondent pas tout à fait au cahier des charges.
On s'achemine vers la naissance dans une ambiance électrique, sur fond de conversion religieuse au forceps.

Le film, scénarisé par John Fante lui-même date de 1956, trop tôt pour Ben Stiller, qui incarnerait à merveille ce jeune futur père, trop gentil pour refuser quoi que ce soit à qui que ce soit, la meilleure solution pour se retrouver pris dans un méli-mélo inextricable.

L'ouvrage est en partie autobiographique, et c'est sans doute ce qui lui confère son caractère sincère.

Un petit roman très agréable et plein de sensibilité.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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« Faut beaucoup de temps pour faire un fils ».
Et il ne croit pas si bien dire, Nick Fante.

Alors que John commence à connaître le succès et un peu d'aisance financière grâce à ses scénars bien vendus aux studios de L.A., que sa femme Joyce attend leur premier enfant et qu'un souffle religieux nouveau souffle sur leur foyer, le plancher de leur cuisine cède un beau matin sous le double effet du poids de Joyce et du travail des termites.

Après quelques atermoiements, John saute dans un avion pour Sacramento et ramène – en train – son père, dont l'expertise en bâtiment est légendaire. La cohabitation du vieux bougon des Abruzzes, de son fils qui voit les travaux prendre une autre tournure que celle espérée, et de la future parturiente bien décidée à se convertir au catholicisme avant la naissance, va transformer le foyer des Fante en lieu de grande tension comique.

Loin de la trilogie Bandini, Pleins de vie – traduit par Brice Matthieussent – est un court roman jubilatoire en forme de farce, drôle et accessible. John Fante s'y met en scène sans faire intervenir son double, moins névrosé et fantasque que Bandini, mais tout aussi torturé par d'incessants questionnements.

Entre deux cruchons de vin, père et fils rivalisent de joutes oratoires comme deux jeunes coqs, sur le sexe de l'enfant à naître, l'histoire familiale, la vacuité et la cherté de la vie à L.A. ou la religion, le tout sous le regard de Joyce qui attend l'enfant.

Repassant sans s'en rendre compte leur histoire commune, Nick et John retissent leurs liens père-fils, juste à temps pour profiter de ceux à créer avec la génération qui vient. C'est fin et léger, peut-être un peu trop à mon goût comme pour Stupide. Mais c'était le prix à payer pour que Fante connaisse, à l'époque, son premier grand succès public. Et que le reste puisse suivre…

Roman de la reconnaissance et du temps qui passe donc, pour celui qui m'amena à la littérature américaine et qui méritait donc d'ouvrir cette nouvelle année de lectures.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Je voulais une épouse athée. Cela me facilitait les choses. Cela simplifiait aussi le choix du nombre de nos enfants. Question contraceptifs, nous n’avions aucun scrupule. Nous ne nous étions pas mariés à l’église. Nous n’étions pas enchaînés par le mariage jusqu’à la mort d’un des conjoints. Le divorce était à notre disposition. Mais si elle devenait catholique, cela entraînerait un tas de complications. C’était difficile d’être un bon Catholique, très difficile ; d’ailleurs j’avais quitté l’Eglise à cause de cela. Pour être un bon Catholique, il fallait s’extirper de la foule pour L’aider à porter Sa croix. Je tenais cette épreuve en réserve pour ma vie future. Si Joyce voulait se convertir, il faudrait sans doute que suive le train, car elle était ma femme.
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Maman aimait mourir. Une ou deux fois l'an, surtout vers Noël, les télégrammes arrivaient pour nous annoncer qu'une fois encore, maman mourait. Néanmoins, nous ne pouvions risquer que, pour une fois, elle ne fût vraiment à l'agonie : nous rappliquions dare-dare.
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Alors le moment que je redoutais est arrivé. J'ai regardé ma femme. Il y avait des étoiles dans ses cheveux ; des étoiles dans ses yeux si récemment noyés de larmes, des étoiles qui brillaient maintenant de bonheur. Il semblait absurde que sa conversion la métamorphosât de la sorte, mais c'était pourtant le cas. Elle n'était plus l'ancienne Joyce. Elle n'était même plus la Joyce d'une heure plus tôt. L'alchimie de cette transmutation demeurait un mustère, mais je la sentais, je la voyais, je la constatais. Je découvrais une nouvelle maturité, une sorte de féminité inédite et sans rapport aucun avec sa grossesse ; une tradition, une identification à l'Eglise, au grand respect du dogme catholique pour les femmes, une élévation de Joyce vers ce qu'enfant, je ressentais pour la Vierge Marie. Nous nous sommes regardés, et elle a compris que j'avais senti ce changement, ce grand bouleversement de sa personnalité. Nous nous sommes regardés, et chacun a su que cette soirée était à marquer d'une pierre blanche, que notre existence commune était terriblement importante, terriblement sérieuse. Mais ç'a aussi été un moment de tristesse, car j'aimais l'absurdité de la vie, ses futilités, ses sottises, et tout cela désormais était derrière nous.
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Quels péchés avais-je donc commis en une décade et demi? La tâche qui m'attendait était énorme. Elle était même si écrasante que je ne pouvais la prendre au sérieux. Pire encore, je n'éprouvais aucune contrition. Je ne regrettais rien. Le bien et le mal, je m'étais délecté des deux.
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"Pourquoi cette salopette?"je lui ai demandé. Il s’est regardé.
"Qu-est ce qu'elle a ma salopette?"
"Tu n'as pas le pantalon qui va avec la veste?"
"Je l'aime pas".Il était assis à la table de la cuisine,rasé de près, le visage talqué.Une raie impeccable séparait ses cheveux.Au dessus du col de sa chemise noire son cou semblait sur le point d'éclater, tant sa cravate le serrait.Il avait néanmoins l'air distingué de qui entame un long voyage."Il est têtu comme une mule",a dit Stella."Il ne veut surtout pas avoir l'air propre" "Mais je suis propre.Tous mes vêtements sont impeccablement propres"
"Enfin,une salopette! dans un train"
"Je voyageais déjà en train alors que tu n'étais même pas né. N'essaie donc pas d’apprendre à ton père comment on voyage en train"
Je trouve ton allure de vieux poseur de briques parfaitement superflue."
"Tu as quelque chose contre les poseurs de briques?"
"Que dirais-tu du costume gris" j'ai proposé.
" Il te tiendrait sans doute moins chaud dans le train." Alors, rubicond et furibard,il s'est levé. " Tu veux que j'aille voire ta maison,oui ou non?Tu veux que je t'aide?" Je le désirais sans aucun doute.
" Cesse donc de me donner des conseils vestimentaires.Tu es moins futé que tu parais,ne l'oublie pas.Acheter une maison bourrée de thermites!"
Cela a mis fin au débat.
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Un innocent égaré dans un monde coupable, voilà le grand héros imaginé par un italo-américain à la fois très réaliste et bien déjanté : John Fante
« Demande à la poussière » de John Fante, c'est à lire chez 10/18.
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