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Ce roman est totalement jouissif !

Lorsque Gyles Brandreth fait de Robert Sherard le narrateur de son histoire, on ne peut déjà qu'admirer l'idée. C'est donc par le témoignage de Robert qu'on accède à cette aventure tumultueuse que mène subtilement son grand ami Oscar Wilde. En accompagnant intimement celui-ci durant toute son enquête, on (re)découvre véritablement un personnage fabuleux de cette fin du 19ème siècle ! Des promenades en cab aux receptions mondaines, tout y est ! On est emporté dès la première page autant par les personnages et l'atmosphère londonienne qui nous sont rendus avec un réalisme hallucinant, que par le style et l'intrigue. Les premiers mois d'amitié entre Oscar Wilde et Arthur Conan Doyle sont décrits comme si on y était et quelques bons mots de Sherlock Holmes parsèment le récit... Dans les dialogues, on retrouve des phrases qu'Oscar Wilde a réellement écrites (et que l'on retrouve, pour l'une ou l'autre, dans le portrait de Dorian Gray (qu'il est en train d'écrire au moment du récit)) et c'est avec délectation que je me suis plongée dans les diverses références à Dickens, Wordsworth (dont Robert Sherard est l'arrière petit-fils), Congreve, etc.
A côté de ça, l'intrigue est très bien dévoilée au fil du récit, de sorte que l'on soupçonne tour à tour chaque personnage du roman. Et on a aussi droit à des notes de bas de page très enrichissantes et loin d'être encombrantes.

Gyles Brandreth donne réellement corps au personnage d'Oscar Wilde, dandy et gentleman fascinant et l'enquête est donc d'autant plus captivante que l'auteur a totalement cerné le personnage, rendant le tout d'une crédibilité effarante !
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Londres, 1889. Robert Sherard, le narrateur, poète et ami d'Oscar Wilde l'assiste dans une affaire délicate : son mentor a découvert Billy Wood, un jeune homme de 16 ans, égorgé selon ce qui semble être un rituel sacrificiel : son corps nu est retrouvé entouré de chandelles. Sur le coup de l'émotion Wilde s'enfuit, mais le lendemain, lorsqu'il retourne dans la chambre, le corps a disparu et nulle trace de sang. Sans corps, la police ne semble pas vouloir mener d'enquête, Oscar Wilde décide donc de découvrir lui-même l'assassin du jeune Billy.

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Nous devons être les amis de ceux qui n'en ont pas (p.58)
Par cette phrase, Oscar Wilde annonce son intention : puisque la police, et plus particulièrement l'inspecteur Aidan Fraser que lui a chaudement recommandé son ami Arthur Doyle, ne peut pas, ou ne veut pas enquêter sur la mort et la disparition du pauvre Billy Wood, un jeune garçon de ses amis, un élève auquel il apprenait la lecture et le théâtre, il va mener son enquête, et parvenir à retrouver le(s) coupable(s).

Autour de lui :
- Robert Sherard (qui sera notre narrateur sous la plume de Brandreth)
- le docteur Arthur Conan Doyle (un ami De Wilde aux conseils avisés et aussi l'auteur des aventures de Sherlock Holmes dont il est question dans ce roman)
ainsi que des personnages un peu plus romancés :
- Veronica Sutherland (la fiancée de Fraser, une femme affolante qui tourne la tête de Sherard),
- la mère du jeune Billy,
- son oncle : une brute avinée, de jeunes espions londoniens qui ont des airs de David Coperfield
- les romans sont aussi des personnages : Oscar Wilde est en train d'écrire le "Portrait de Dorian Gray", ce qui suscite une remarque au sujet de Millais, que l'on croise aussi et du portrait de Sophie Gray.

Je découvre Wilde. Enfin, pas tout à fait, c'est mieux : c'est Oscar Wilde dans une pseudo réalité, je vous assure qu'on l'on pourrait se croire dans les rues de Londres, à prendre le cab et à boire du Champagne. Nous entrons à pas feutrés à l'Albemarle, le Club d'Oscar Wilde.

De l'enquête, je ne veut rien dévoiler ; personnellement, je pense que l'intérêt du roman est plus dans la découverte du monde victorien que celui d'une énigme policière à laquelle il est difficile de croire vu les invraisemblances. Peut-on imaginer un Oscar Wilde s'enfuir d'une scène de crime et n'y revenir que le lendemain en trouvant la force de vivre normalement entre temps ?

Pour le reste, tout y est : les auteurs, les acteurs, les endroits, la mode, la condition de la femme, tout est brossé avec élégance et finesse.
- C'est la vérité, rétorqua vivement Miss Sutherland. Vous, Aidan, et le Dr Doyle, ainsi que Mr. Wilde et Mr. Sherard, avez tous bénéficié d'une éducation universitaire. Pourquoi ? Parce que vous êtes des hommes. On me la refuse. Pourquoi ? Parce que je suis une femme. C'est consternant. Révoltant même ! Et cela ne suscite chez vous pas la moindre réaction, excepté des rires ! Les seules femmes autorisées à pénétrer à l'intérieur de nos sacro-saintes et vénérables universités, ce sont les femmes de ménage et les maîtresses. C'est scandaleux, Aidan, et vous le savez bien. (p.152)
Il est, bien entendu, question d'homosexualité, celle d'Oscar Wilde en filigrane, quand l'auteur y fait allusion, mais dans le récit qui nous occupe, Wilde n'est pas encore de ce bord, quelques personnages, franchement présentés comme homosexuels, dont le pauvre Billy.
La saynète que jouait nos amis n'était que le fruit de leur imagination, peut-être l'histoire d'un prêtre et de son disciple. le hiérophante prépare le jeune myste en lui rasant le corps avant de l'oindre d'huile sacrée. le rasoir participe à l'acte de purification... Et la purification précède à la consommation.
- C'est barbare !
- Barbare ? Pas du tout. C'est très anglais. Ou devrais je dire Britannique ?

Je dois avouer que Brandreth fait preuve du légendaire humour britannique lui aussi.

Une belle lecture, un véritable condensé de "victorian" attitude !
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Voilà une lecture tout à fait jubilatoire ! Derrière la couverture acidulée de ce poche nouveau format de la collection 10/18 se cache un petit bijou de roman policier.

C'est, depuis quelques temps, la grande mode de mettre en scène des personnages historiques connus dans des enquêtes policières. Et Gyles Brandreth se propose humblement -mais avec toute la force de son talent- de nous faire accompagner Oscar Wilde dans son enquête...

Oscar Wilde... Rien que le nom de ce génie fait vibrer et appelle les atmosphères londoniennes fin de siècle dans lesquelles se mêlent cigarettes, brandy et dîners mondains...

Et Gyles Brandreth a le délicieux talent de brosser une ambiance charmante et surannée que n'aurait pas renié Wilde en personne je suis sûre... Des alcôves de clubs masculins aux visites mondaines, d'escapades parisiennes en balades en cab dans Londres, l'écriture porte le lecteur dans un univers parfaitement recréé. Un travail formidable qui nous plonge complètement le Londres fin de siècle qu'hantèrent aussi bien Wilde que Jack l'éventreur ou Arthur Conan Doyle.

Les personnages, en outre, ont ainsi l'étoffe de la réalité (on y croise Robert Sheppard, bien sûr, le narrateur, mais aussi le peintre Millais et d'autres encore) mais aussi le panache des détectives d'antan, puisqu'aux côtés De Wilde chemine justement le jeune Arthur Conan Doyle... Beaucoup de personnages trouvent ainsi un ancrage historique et Gyles Brendreth les fait se mouvoir avec un naturel absolument désarmant. Et Wilde lui-même trouve un souffle incroyable au travers de répliques parfois empruntées à son oeuvre elle-même, parfois au travers de traits d'esprits tout droit sortis de l'imagination de l'auteur, mais avec une finesse tout à fait wildienne... Un vrai régal ! Et encore, nous n'avons que la traduction ! J'imagine le bonheur que ce doit être dans la langue de Shakeaspeare...

L'intrigue en elle-même est très bien trouvée. On se trouvera sans doute un peu le reflet du portrait de Dorian Gray (que Wilde rédige d'ailleurs au moment où l'auteur situe son histoire) avec le meurtre mystérieux d'un jeune homme, retrouvé entouré de chandelles dans un garni.

L'histoire se boit comme du petit lait, et j'ai personnellement retrouvé les émotions que j'avais jadis quand, adolescente, je lisais les aventures de Sherlock Holmes... Car Wilde en plus, j'ai oublié de le dire, s'est pris de passion pour le nouvel héros de son ami Doyle et s'amuse, avec brio, il faut le dire, à jouer les détectives à la manière de Holmes...

En bref, on passe un excellent moment, complètement absorbé par l'ambiance, les personnages, le style, l'intrigue... Pour tout dire, j'ai commencé le livre et n'ai pu le lâcher avant de l'avoir terminé. Il m'a fallu l'après-midi mais je crois que j'aurais pu mordre si on avait tenté de me distraire de ma lecture.

Wilde est un personnage naturellement fascinant, mais Gyles Brandreth fait plus que le ressusciter, il lui donne corps, il donne une nouvelle énergie à ce dandy irlandais que l'on connaît essentiellement pour ses traits d'esprits et le scandale qui l'éclaboussa à la fin de sa vie. Dans ce livre, c'est le splendide Wilde qui s'exprime, le merveilleux Wilde qui enquête, l'attachant Wilde que l'on voit évoluer en famille, l'exceptionnel Wilde qui revit, tout simplement, sous la plume magique de Gyles Brandreth...

Et il semblerait qu'il y ait d'autres épisodes de prévus ! Que cela va être long d'attendre !!! Je suis sous le charme, je suis conquise, je suis ravie. Wilde, même mort, continue d'inonder de son aura mystérieuse et impénétrable ceux qui l'approchent... Merci à Gyles Brandreth d'avoir insufflé à Oscar Wilde un regain magnifique de vie...
Lien : http://www.blogg.org/blog-41..
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Charme n.m. 1. Ce qui est supposé exercer une action magique. Enchantement, ensorcellement, envoûtement, illusion, magnétisme. 2. Qualité de ce qui attire, plaît. 3. Manières séductrices.

Qu'on se le dise, Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles décline le charme sous toutes ses facettes. Difficile, donc d'y entrer et d'en sortir sans y être sensible.
Pour autant, la cause n'était pas acquise. Mettre une personne ayant réellement existé, célèbre de surcroît, au coeur de la fiction me gêne d'emblée. Je perçois cette liberté romanesque comme une déviance de la réalité, et par conséquent comme une voie ouverte à des interprétations tronquées. Alors Oscar Wilde détective, imaginez ! Exercice périlleux, vous en conviendrez...

...Mais ô combien réjouissant ! Mes réticences ont très vite volé en éclats. le charme opérant, je me suis laissé séduire. Par Oscar Wilde, bien sûr, que Gyles Brandreth a su dépeindre avec finesse et humour. On le découvre ou le redécouvre avec un plaisir extrême, à tel point que l'on se surprend à imaginer combien il aurait été délicieux de le côtoyer. Ce personnage aux multiples facettes, tour à tour extravagant, égoïste, généreux, loufoque, volubile, amoureux des gens, de la vie fascine tant et plus. Alors quoi de plus naturel que de le suivre lorsqu'il endosse sa casquette de détective, extrêmement doué pour la peine.

Accompagné de son ami et biographe en devenir Robert Sherard, romantique de la deuxième heure lui aussi très attachant, le voici confronté au meurtre d'un jeune homme de sa connaissance, perpétré dans des circonstances pour le moins étranges.

L'hommage rendu à Conan Doyle (il apparaît dans le roman et possède son importance propre) et à son héros Sherlock Holmes est évident. Wilde le dit ouvertement, et à travers lui Gyles Brandreth : "Sherlock Holmes est mon modèle!" Sherard, quant à lui, endosse à merveille l'habit du célèbre docteur Watson. Hommage, donc, jusqu'au "jeu décisif", où toute la lumière sur l'affaire sera faite dans un bouquet final retentissant.

Charme de l'époque victorienne, aussi, au goût délicieusement suranné. Big Ben sonne et assiste à ce ballet de costumeset d'accessoires indispensables à toute dame ou gentleman,

"Un long manteau de velours noir, au col et aux poignets d'hermine, la couvrait jusqu'aux chevilles. Ses mains étaient enfouies dans un manchon de fourrure argentée et son éclatante chevelure rousse disparaissait sous une toque assortie."
"Il me toisa en me tapotant la poitrine avec le pommeau de sa canne."

aux discussions de nos personnages ballotés dans des cabs, aux repas dans les hôtels, aux réunions dans les clubs privés, le tout obéissant à un protocole de rigueur (pour boire le thé avec une demoiselle, il convenait de l'inviter par courrier et d'attendre sa réponse en retour) et aux moeurs de l'époque.

De fait, et comme de bien entendu, l'homosexualité est ici abordée, dans le contexte historique et social de la période victorienne qui, si elle n'était pas condamnée était pour le moins occultée. Gyles Brandreth le retranscrit tant et si bien ce phénomène qu'il ne cite jamais le terme d'homosexualité. On parle plutôt de sodomites, de musiciens ou d'inclinations charnelles déviantes... Preuve encore de l'ostracisme de l'époque sur le sujet, Wilde fut condamné à deux ans d'emprisonnement et de travaux forcés pour "grave indécence". Un demi-siècle plus tard, on le vit avec Alan Turing, il n'y eut que la peine qui se modula, pas forcément en mieux...

Charme encore, charme des mots. On se délecte de la verve, des maximes et des traits d'esprits De Wilde sur des considérations diverses, toujours piquantes, percutantes et drôles.
Quand il converse de la couleur de ses cheveux avec Robert : "Qui se soucie de l'argent, marmonna-t-il, il n'y a que l'or qui compte."
Quand il aborde les rapports hommes/femmes: "Avec le temps Robert, vous finirez par trouver qu'on peut bien plus se fier à une poignée de mains qu'à un baiser."
Quand il entre dans des considérations religieuses: "Il ne faut jamais attendre de réponses à vos prières, Robert ! Si vous en recevez, elles cessent d'être des prières pour devenir des correspondances."
Et tant d'autres...

A l'instar de Sherlock Holmes, Wilde raisonne et observe. Mais cela ne l'empêche pas d'exister, ni d'écrire. L'enquête se déroule sur une période de cinq mois, s'inscrit dans sa vie et celle des autres protagonistes. Elle évolue en toute logique au gré des événements qui viennent la compléter ou la perturber. Elle est vraisemblable, donc appréciable.

Les convaincus seront heureux d'apprendre que le deuxième épisode est d'ores et déjà écrit. Ne reste plus qu'à attendre son édition. Patience, quand tu nous tiens !
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