Qu'
il fait mal, ce "No Comment" ! Quelle gifle, une mandale dans la face du monde ! Tout y passe, tout trépasse. Cynisme et pessimisme se sont donnés rendez-vous pour une partie fine sur nos tombes creusées. C'est br
illant, ça rudoie, et brasse bien des choses fortes.
Derrière des personnages formatés façon « shōnen manga » pour adolescents, rappelant les traits d'« Astro, le petit robot » d'
Osamu Tezuka,
Ivan Brun décortique le monde contemporain, la civ
ilisation occidentale, en pointant du doigt ses injustices, ses cruautés, et les préjudices qu'en subissent les plus infortunés (pauvres, femmes, ethniques, handicapés, enfants), en de multiples saynètes dissociables les unes des autres. Telles des dessins de presse, certaines planches fonctionnent seules ou en diptyque, avec une idée forte qui fait chaque fois mouche. L'homme a l'art du déta
il qui tue, du contraste et de l'image choc.
Diffic
ile d'adhérer pleinement, tant l'amoncellement d'horreurs peut parfois me faire saturer. Gare au trop-plein et à la redite dans la forme. Par chance,
Ivan Brun ne s'égare pas trop, se renouvelle aisément d'une histoire à l'autre et arrive à trouver un intéressant dosage entre controverse et atrocité gratuite.
L'ouvrage secoue, choque, touche, témoigne, chamboule, dénonce, fait réfléchir : n'est-ce pas le rôle de l'artiste ?