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4,08

sur 2942 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il existe des livres qui vous suivent depuis longtemps, dont on entend parler, dont on écoute des extraits de lecture, qu'on retrouve très souvent cité par des grands lecteurs et écrivains. Alors on fantasme le récit, on imagine le style, on songe à l'effet qu'il provoquera sur nous.

Le désert des Tartares est de cette race de livres. Publié en 1949, ce roman de Dino Buzzati est une véritable énigme littéraire dont on ne cessera de revenir dessus à différentes périodes de sa vie pour en saisir le(s) sens.

Giovanni Drogo, promu lieutenant, est affecté au fort Bastiani, un bâtiment isolé du monde, avec pour seul horizon un désert encerclé de montagnes. Au fur et à mesure que cet homme se rapproche de son futur lieu de vie, on est saisi par l'aura fantastique qui se dégage de l'écriture de Dino Buzzati. le fort devient ainsi un lieu à la fois quasi mystique de par sa solitude incompréhensible qui retient indéfiniment les hommes dans l'attente d'une improbable attaque et son écrasante abstraction, qui fige le monde et le temps, le grand sujet du livre.

La discipline militaire et les rouages administratifs qui composent le quotidien de cette armée représentent en creux l'obéissance aveugle et bornée que l'on peut avoir face à une routine quotidienne qu'on se refuse à remettre en cause, voire à identifier. L'homme, rempli d'espoir, de désirs de victoires, se retrouve ainsi un rouage infime d'une énorme machine dont le but suprême est l'immobilisme. Les personnages s'enfoncent dans leur fonction, les caractères s'oublient dans le respect des procédures et des protocoles, l'humain oublie d'être humain.

Entre l'absurdité hiérarchique et la beauté du monde, Dino Buzzati ne tranche pas et nous perd dans un fascinante dédale géographique, administratif et poétique. Les détails les plus infimes deviennent des événements étranges, annonciateurs d'un vacillement mental et social. Les ordres fusent, plus inutiles les uns que les autres, et le temps passe, passe, jusqu'à faire oublier la moindre envie de changement malgré l'espoir d'une guerre contre l'ennemi.

Lire le désert des Tartares relève de l'expérience inédite, c'est découvrir un récit qui va s'engloutir en lui-même, jusqu'à la folie. Mais une folie froide, contractée, maîtrisée par les lois que se construisent les hommes. Et le temps passe, encore et encore, et le désert regarde cette petite fourmilière s'agiter en tout sens, mais pourquoi faire ? le style de Dino Buzzati devient de plus en plus hypnotique, nous voilà soudain nous aussi prisonniers du fort ! le désert des Tartares délivre ainsi une étonnante méditation littéraire sur le destin, la répétition et la puissance attractive et névrosée de l'ordre.
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C'est le roman de l'attente, dans un lieu désertique où rien ne se passe.
Le roman de la discipline militaire, de l'honneur qui en résulte de l'appliquer sans faillir.

L'histoire est connue, cette nouvelle est un chef-d'oeuvre.
Giovanni Drogo, jeune lieutenant, est envoyé aux confins du monde, dans la forteresse Bastiani, à la cime d'une montagne inaccessible, avant-poste désormais abandonné et presque oublié.
Presque sans s'en rendre compte, Giovanni passe là toutes les années de son existence, enchaîné à cette condition non résolue, entre espérance et désillusion.
L'attente de l'ennemi, qui était l'unique motivation du lieutenant Drogo, se révèle une faillite.
On se désole de le voir esclave d'une routine basée sur d'obsessives règles militaires.
Il est devenu déraciné par rapport aux civils : impossible d'apprécier le moment présent, inapte à se construire un avenir différent.

C'est donc le roman pessimiste de l'inexorabilité d'un destin.
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Oeuvre majeure qui m'a permis de découvrir Dino Buzzati et d'entrer dans un univers teinté d'angoisses, mais où pointé aussi l'espoir.
Je suis retourné plusieurs fois au fort Bastiani pour attendre avec Giovanni Drogo un ennemi qui ne vint jamais.
On partage à la fois la ferveur qui anime ses occupants, à l'affût de faits d'armes, l'attente, le tiraillement entre le désir de vivre et la force du fort qui retient ceux qui y sont entrés, jusqu'au désespoir final.
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Dès les premières pages, j'ai été hapée par ce roman. J'ai tout de suite su que je me délecterais tout au long de ma lecture. J'ai donc préféré prendre mon temps pour savourer cette découverte, page par page. Avec le nombre de page qui diminue, on assiste impuissant à la fuite du temps qui scelle le sort de l'officier Giovanni Drogo. Alors, on ralentit la lecture, mais le temps s'égrène tout de même...
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J'en ai mis du temps à l'aimer ce livre. Comme beaucoup la première lecture (au lycée) m'a plus incliné à l'ennui qu'à la fascination. Une seconde lecture m'a permis d'apprécier son architecture. Une troisième lecture, sa cohérence d'ensemble. Dino Buzzati m'a convaincu que son livre -assez court- était un chef d'oeuvre de désenchantement et de vertige existentiel. Un livre qui donne vraiment à éprouver et vraiment à penser.
A lire particulièrement si on est fan du malaise distillé par le K.
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N'ayant jamais lu Buzzati, mon choix balancé entre deux de ses classiques : « Le K » et « Le désert des tartares ». Va pour le second dont le titre m'intriguait tout comme son histoire. Et ce fut la claque ! En refermant ce roman, je connus cette agréable sensation de m'être plongé dans une oeuvre unique et atypique. de ces romans qui nous bouscule, nous fait ressentir tout un tas d'émotions, nous fait méditer et réfléchir. Bref, c'est ce que l'on appelle un chef d'oeuvre.


Dans « Le désert des tartares », Dino Buzzati traite de manière à la fois originale, intelligente et subtile de la solitude, du temps qui passe et de la mort. Rarement lu un auteur le faire aussi bien que lui. Cerise sur le gâteau, Buzzati emploie une tonalité absurde du meilleur effet. Il en résulte une atmosphère surréaliste et singulière à la fois hypnotisante (mais jamais ennuyeuse) et captivante. Bien entendu, la finesse de la plume est ici importante et Buzzati maîtrise ici parfaitement son sujet et fait montre d'un grand talent.


Un chef d'oeuvre découvert sur le tard(tare) mais qui va assurément compter comme une de mes lectures préférées.
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Il ne s'agit pas tant de l'histoire d'un jeune officier que de l'histoire universelle de la vie qui s'écoule et des choix que l'on fait, ou pas....
J'ai dévoré ce livre qui, il me semble, doit parler à chacun de manière très vive. Je le relirai dans quelques années car je ne doute pas qu'une lecture à 30 ans ne doit pas être la même qu'à 40, 50 ou plus.
L'histoire de cet homme, c'est l'histoire de la vie qui passe sans qu'on en prenne conscience et d'opportunités qui se présentent sans qu'on sache les saisir. C'est l'histoire d'un jeune officier plein d'illusions et de rêves et qui va se laisser peu à peu engluer dans sa zone de confort jusqu'à ne plus pouvoir en sortir.
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Ce texte fait partie des romans qui ont marqué le Xxème siècle. A juste titre.
Roman métaphore, roman à multiples entrées, il invite le lecteur à faire le point sur sa vie, à vérifier qu'il en a fait quelque chose, quel que soit son âge.

Je ne reviens pas sur l'argument – je sais, aujourd'hui on dit le « pitch »...- de ce roman, il est assez largement connu. Juste vous dire que Drago est un jeune officier fraîchement émoulu de l'académie militaire, nommé, un peu par hasard dans un fort aux confins du pays qui n'offre pas beaucoup d'intérêt pour un militaire ambitieux.

Comme il semble subir sa première nomination, il apparaîtra, tout le long du roman subir sa vie. Est-ce la malchance ?, est-ce la malice insidieuse de collègues jaloux ? Est-ce le hasard ? Ou tout ceci n'est que recherche d'excuses ?
La passivité de notre héros s'appuie sur le sentiment d'avoir le temps, d'être encore jeune, que le jour attendu viendra, qu'une intervention extérieure sera décisive.. mais le temps passe, la solitude est de plus en plus présente, le monde de plus en plus étranger.
Avec le temps vient le temps des regrets sur les occasions perdues sans, pour autant, provoquer un sursaut de volonté.

Roman philosophique, le désert des Tartares, nous rappelle notre nature humaine, soumise à la fuite des jours, à la fatalité de la mort, à l'angoisse du néant, à l'échec possible de toute une vie... Mais le message de Dino Buzzati va au-delà : son récit ne peut qu'exaspérer le lecteur devant la passivité, l'absence de réaction de Drago. Que ne réagit-il pas ? Que ne prenne-t-il pas son destin en main ?

Bien sûr que la malchance, la malveillance, le hasard, notre nature de mortel, la rapidité du temps qui passe, etc sont autant de chausses-trapes qui entravent la construction d'une vie mais, que diable !, réagissons, agissons !
Voilà en tout cas, le message que je retiens du magnifique roman de Buzzati.



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Et voilà que nous vivons au rythme lancinant de cette ATTENTE celle de ce texte éloquent et si révélateur de celles impatientes, vaines comme trop souvent, des nôtres
Cet homme, engagé sous les armes confronté à l'extrême solitude dépouillée et quasi " monacale" de la forteresse plantée aux fins fonds d'un désert Implacable
Tout autant que l' attente virale insoutenable de l'ennemi proche et près de lancer l'attaque
Une allégorie appuyée du tableau irréaliste des immensités à perte de vue évoqué avec art
Devant nos yeux une représentation magistrale de ce que nous sommes
nos questionnements et ce que nous pourrions en faire comme réponses aux attaques que nous réserve cette vie
Un roman comme une filmographie superbement illustrée
Superbe
ET inspiré
Un très bel auteur compositeur interprète poète et artiste confirmé
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Le désert des Tartares est sans doute un des livres les plus singulier que j'ai lu.
En faire un résumé (ce que je n'aime déjà pas d'habitude) est ici totalement impossible.
En effet, comment résumer une histoire où l'action est quasi absente.
Tout l'intérêt du Désert des Tartares réside dans la description des relations entre les personnes, des sentiments du narrateur, dans la lente transformation qu'il subit comme ses congénères.
Ce livre est une énigme subtile et extraordinaire. Moi qui déteste habituellement les livres qui ne racontent pas une histoire, j'ai été subjugué, comme le héros par la beauté du désert, son attraction hypnotique.
Oubliez ce que vous pensez savoir des romans qui se concentrent sur les personnages et oublient l'intrigue, Buzzati casse les codes et les habitudes de lecture. Il vous attirera dans ses filets. Alors, laissez-vous faire.
Si l'on pouvait donner un prix nobel de littérature pour une seule oeuvre, Dino Buzzati, comme son compatriote Lampeduzza pour le Guépard, aurait dû le recevoir.
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