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4,08

sur 2942 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En lisant ce livre m'est revenu la chanson Zangra de Brel. Tout est là : le passage du temps, l'ennui ou la lassitude:

Je m'appelle Zangra et je suis lieutenant
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir les filles en troupeaux
Mais elles rêvent d'amour et moi de mes chevaux

Je m'appelle Zangra et déjà capitaine
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir la jeune Consuelo
Mais elle parle d'amour et moi de mes chevaux

Je m'appelle Zangra maintenant commandant
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg boire avec don Pedro
Il boit à mes amours et moi à ses chevaux

Je m'appelle Zangra je suis vieux colonel
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir la veuve de Pedro
Je parle enfin d'amour mais elle de mes chevaux

Je m'appelle Zangra hier trop vieux général
J'ai quitté Belonzio qui domine la plaine
Et l'ennemi est là je ne serai pas héros
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J'ai abordé la lecture de ce roman avec scepticisme : comment diable un roman avec une histoire si faible (un soldat affecté à un fort y attend "son heure de gloire") allait pouvoir me séduire. A l'arrivée, je me retiens de ne pas mettre 5 étoiles, tant ce récit m'a parlé et me semble universel. La force du roman tient en son style, méthodique et précis, permettant de rendre très proche les divers protagonistes du roman. Certains passages sont d'une beauté saisissante, en particulier la rencontre entre Drogo et Maria. Au cours de ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de songer à l'Eternel Retour de Nietsche, à tort peut-être. Quoi qu'il en soit, Dino Buzzati, pour son premier roman, a réussi un coup de maître.
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Roman de Dino Buzzati.

Giovanni Drogo est nouvellement sorti de l'école des officiers. Sa première affectation est au fort Bastiani, à la frontière nord du pays. Ambitieux, Drogo refuse d'enterrer sa jeunesse et sa carrière dans ce bastion reculé, face à un désert immobile. Mais les années passent, et Drogo reste. Devenu capitaine, et comme tant d'autres avant lui, Drogo attend la guerre, convaincu que l'ennemi viendra du Nord, et que le fort Bastiani sera le théâtre d'affrontements glorieux. Mais rien jamais ne se passe, sauf quelques incidents et fausses alertes. Néanmoins, Giovanni Drogo se tient prêt, plein d'espoir, tendu dans l'attente de moments sublimes qui justifieront son existence sacrifiée au fort Bastiani et au désert des Tartares.

D'abord inquiète à la lecture des premières pages, j'ai été séduite par la narration lente et désabusée. le caractère du héros se dessine lentement, se détache et s'impose, magnifique, héros du néant. J'ai retrouvé dans ce texte certains échos du Rivages des Syrtes de Julien Graqc.
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« Il entendra les pulsations du temps scander avec précipitation la vie ».

Mon premier roman achevé en 2022 est aussi ma dernière lecture entreprise en 2021.

Le désert des Tartares, de Dino Buzzati.

Se fier à l'avis des lecteurs vous amène parfois à repousser certaines lectures qui vous intriguent et vous attirent. Cela a été mon cas avec le désert des Tartares. « Il ne se passe rien dans ce livre » : c'est souvent ce que j'ai lu à propos du roman de Buzzati.

Il ne se passe rien et pour cause, ce roman conte l'histoire d'un jeune officier affecté dans un fort isolé, à la lisière d'un grand désert vide de toute présence humaine qui marque la frontière avec le pays des Tartares.

Tous les officiers attendent en vain, passivement, enfermés dans leurs petites habitudes et leurs petits règlements militaires, le grand événement qu'ils fantasment tous – la guerre avec les Tartares – car il leur donnera le sentiment de vivre pleinement leur vie et de rentrer dans la grande histoire du pays en héros !

Entre les lignes, comme une métaphore de la vie, le Désert des Tartares est le roman du temps qui file comme du sable entre les doigts, le roman de cette fatalité écrasante qui réduit les destinées humaines à des présences passagères et invisibles ; c'est le roman de la résignation face à la vie et de l'enlisement qui en découle, et qui réduisent l'homme à des comportements mesquins envers ses pairs, à des petites victoires médiocres… Puis un jour, parce que le vide pèse trop sur sa vie, ce même homme s'aperçoit que son avenir est le sillon qu'il a tracé dans le sable et que les années ont effacé.

Le désert des Tartares est un roman qui réveille, qui ouvre les yeux, un roman qu'on devrait lire à 20 ans (même si personnellement je serais passé à côté !) avant de prendre sa destinée en main, ou à 80 ans si l'on ne regrette rien de sa vie.

Pour terminer, je voudrais dire que le Désert des Tartares aurait été une lecture idéale en temps de confinement. Enfermés chez soi comme dans ce fort, ce roman nous rappelle qu'il y a ces libertés toutes simples qui suffisent à la joie de vivre : des rencontres, des échanges, des sourires et des découvertes, des printemps qui fleurissent la terre, des ciels bleus remplis de la lumière bienveillante et chaleureuse du soleil.

La critique entière en un clic sur le lien ci-dessous :

Lien : https://www.nomadisant.com/l..
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Connaissant Dino Buzzati depuis longtemps j'étais persuadée d'avoir lu "Le Désert des Tartares", son roman le plus connu. J'avais cette impression sans doute parce que j'ai aimé son adaptation au cinéma, film éponyme de Valerio Zurlini avec Jacques Perrin dans le rôle du lieutenant Drogo, le personnage principal.
J'ai attendu longtemps avant d'ouvrir ce roman et cela tombe bien car l'attente est le sujet du livre.
Dino Buzzati sait nous tenir en haleine et il y a une tension particulière car, au fil des pages, le lecteur espère avec Giovanni Drogo qu'il va se passer quelque chose au fort Bastiani où le lieutenant a été affecté.
On ne sait pas vraiment à quelle époque cela se passe ni à quel endroit, seulement qu'il s'agit d'un désert de pierres et de terre desséchée. Les soldats du fort scrutent l'horizon en permanence à la recherche de n'importe quel événement qui pourrait justifier leur existence.
C'est un monde d'hommes qui, pour la plupart, sont là depuis des années et ne peuvent plus partir. Ils vivent en exil des jours qui se ressemblent, montant la garde sur le chemin de ronde du fort ou sur les redoutes, face au désert des tartares, dont le nom est une légende, pour garder une frontière morte.
Le lieutenant Drogo deviendra capitaine mais il aura gâché trente-cinq ans de sa vie dans ce fort inutile et le jour où une attaque aura lieu réellement il ne pourra pas y assister étant très malade.
Ce qui est terrible c'est qu'il espère sans bien savoir quoi au fond, juste quelques choses donnant un sens à sa vie.
J'ai vraiment apprécié ce roman, son ambiance particulière avec des personnages qui ont quelque chose de fascinant et qui me conforte aussi dans mon aversion d'un certain formalisme militaire.


Challenge XXème siècle 2021
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Un récit intemporel qui a le temps comme rythme et thème central, ce qui le fait rester très actuel. Ce jeune militaire , Giovanni Drogo, attend un ennemi invisible dans un fort situé dans un désert, loin de tout. Et cette attente finit de rythmer sa" vie", ce qui peut nous faire réfléchir sur nos exixtences, où nous attendons toujours quelque chose; actuellement, nous attendons avant tout, la fin de la pandémie du Covid mais est-ce pour autant qu'il faille s'empêcher de vivre? Doit-on être toujours dans l'attente d'un évènement ou d'un ennemi hypothétique? Doit-on se morfondre dans le ressentiment perpétuel? Voilà des questions et des réflexions que peuvent soulever ce livre, entre autres, et qui le rendent très actuel.
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Ce roman intemporel m'a donné une claque. Je le rapproche du roman de Kazuo Ishiguro « Les vestiges du jour ». Tous deux sont pour moi les descriptions terrifiantes d'une vie passée à rester immobile ( le majordome) ou à rêver de chimères ( le soldat). Ce sont des romans à lire comme un avertissement quand on commence à laisser sa jeunesse derrière soi, pour ne pas gaspiller les années qui restent. Ce que les deux héros ne font pas. On a envie de les secouer et de leur dire : « regarde, au nom du dévouement, au nom de la conscience professionnelle, au nom du service, par paresse, par habitude, tu as renoncé à la vraie vie, à l'amour, à la curiosité, à la réflexion. »
Combien parmi nous se laissent séduire par la facilité, engluer par la routine, se mentent à eux-mêmes, se prétendent audacieux mais ne font pas l'effort de vivre pleinement ?
Ne rien laisser de soi, c'est normal. Il faut être modeste et objectif, nous sommes ordinaires et on nous oubliera. Mais ne rien se laisser à soi-même, c'est atroce. Si on n'en est pas conscient, tant mieux. Mais si on se réveille de sa léthargie, alors commencent les regrets, les frustrations et c'est insupportable. Les héros de ces deux romans sont nos miroirs. Miroir du Rised, terni par une vie fade et paresseuse. Ne soyons pas comme eux. Eveillons-nous ! Que les lectures de ces deux livres nous servent à quelque chose !

Lien : https://veroniquepascual.fr
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Relu en ce début d'automne ! je l'ai mieux appréciée que lors de ma première lecture car surement un peu jeune à l'époque pour comprendre l'arrière-plan du roman : l'absurdité à travers la guerre et le temps qui passe et vous consume à petit feu. Après, je vais être honnête, je suis une conquise de la littérature de D. Buzzatti. Cette relecture m'a tout simplement plu ! et c'est déjà beaucoup !
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Lu après le rivage des Syrtes, ce livre métaphorique sur la guerre qu'on attend, fait penser également à un autre livre : un balcon en forêt. La guerre, le conflit, l'action sont ardemment désirés, alors même que presque tous les soldats que j'ai rencontrés m'ont raconté les longues attentes, l'inaction et la tentative de trouver une raison d'être à la situation quitte à s'inventer des batailles.
C'est très bien écrit et traduit et j'ai encore en tête l'image poussiéreuse et brûlante de bout du monde que m'a laissé ce livre.
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Au début du récit, j'étais intrigué... Qu'allait-il se passer au sein de cet étrange fort? Drogo décida d'y rester au lieu de s'en échapper et malgré les quelques événements, je commençait à douter de l'intérêt de cette histoire... Récit sur l'ennui? Sur la folie de l'isolement? Puis à la fin, le temps s'accélère et l'histoire prend tout son sens! Finalement, j'ai beaucoup aimé.
Ce drame de Buzzati nous montre à quel point nos vies peuvent être insignifiante face à la fatalité des évènements. Il symbolise aussi l'aliénation que l'âge adulte nous impose à travers la poursuite éternelle de chimères qui nous empêche de prendre conscience de notre présent, de notre condition réelle. L'invasion des Tartares est à Drogo, ce que peut être pour d'autres: quitter son métier pour vivre de sa passion, devenir une star, gagner au loto, etc... Un idéal qui nous aveugle et nous empêche de voir notre ennemi le plus tenace: le temps qui passe.
L'histoire n'est pas réjouissante, nous ne sommes rien et il faut l'accepter, mais les réflexions à en tirer ne peuvent être que bénéfiques pour chacun d'entre nous.
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