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4,08

sur 2933 notes
Au début du récit, j'étais intrigué... Qu'allait-il se passer au sein de cet étrange fort? Drogo décida d'y rester au lieu de s'en échapper et malgré les quelques événements, je commençait à douter de l'intérêt de cette histoire... Récit sur l'ennui? Sur la folie de l'isolement? Puis à la fin, le temps s'accélère et l'histoire prend tout son sens! Finalement, j'ai beaucoup aimé.
Ce drame de Buzzati nous montre à quel point nos vies peuvent être insignifiante face à la fatalité des évènements. Il symbolise aussi l'aliénation que l'âge adulte nous impose à travers la poursuite éternelle de chimères qui nous empêche de prendre conscience de notre présent, de notre condition réelle. L'invasion des Tartares est à Drogo, ce que peut être pour d'autres: quitter son métier pour vivre de sa passion, devenir une star, gagner au loto, etc... Un idéal qui nous aveugle et nous empêche de voir notre ennemi le plus tenace: le temps qui passe.
L'histoire n'est pas réjouissante, nous ne sommes rien et il faut l'accepter, mais les réflexions à en tirer ne peuvent être que bénéfiques pour chacun d'entre nous.
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Ayant apprécié dernièrement le désert des Tartares joué en pièce de théatre au Festival d'Avignon et après avoir commenté ce spectacle positivement (excellent jeu des interprêtes Xavier Jaillard, Molière 2008 pour "La vie devant soi" et Fabien Heller) sur RCF Lumières (Avignon) ; j'ai eu envie de découvrir le livre éponyme car le texte de Dino Buzzati me semblait fort beau. L'écriture est en effet sublime.
Ce chef-d'oeuvre existentialiste (comment ne pas penser à Sartre ou à Simone de Beauvoir pour lesquels l'homme se définit selon ses actes, ses choix et engagements) évoque la solitude du lieutenant Giovanni Drogo dans le Fort Bastiani, isolé dans le désert, son ennui, son angoisse de mort devant l'immensité de l'espace et ce temps qui s'égrène lentement, l'absurdité de sa vie (juste ponctuée d'évènements sans saveur) en attente de ces Tartares hypothétiques ennemis (qui arrivent trop tard), le désespoir d'un homme, assujetti à ses rêves de gloire, qui passe à côté du bonheur.
"Dans ce fort, le formalisme militaire semblait avoir créé un chef-d'oeuvre insensé". Insensé, voilà le sens donné à la vie de ce lieutenant, capitaine puis commandant qui verra arriver les Tartares trop tard, voilà le sens qu'il aura donné à sa vie, une vie morte.
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Notre vie se déroule une journée à la fois, que faire de cette journée ? Dans quel but ? Dans ce livre nous suivons la vie d'un officier gardant un fort avec d'autres soldats. Les réflexions sur l'écoulement de la vie, la solitude et notre mortalité sont lumineuses. Dino Buzzati nous rappelle l'importance de choisir notre vie pour en profiter chaque jour.

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Zangra de Jacques Brel m'avait durablement marqué, mais j'avais toujours écarté le roman de Dino Buzzati au prétexte qu'il m'apparaissait comme un incontournable de la littérature. D'emblée je suis méfiant des succès populaires ou des classiques de la littérature. Suivre le plus grand nombre n'étant pas souvent le meilleur choix.
Mais le Désert des Tartares n'est pas un roman épique et l'action militaire y est même absente, ce qui est le parti pris de son auteur.
Dino Buzzati interroge le temps qui passe, le désir de récurrence du quotidien, la fascination de l'horizon vide, l'espoir, le regret ou la déception des décisions qui orientent définitivement notre chemin de vie.
Le roman de Dino Buzzati va probablement rayonner en moi aussi longtemps que les paroles de Zangra.
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De Dino Buzzati je n'avais lu que des nouvelles, la plupart du temps avec grand plaisir. Il était temps que je me frotte à l'un de ses romans, et tant qu'à faire au classique "Désert des Tartares".
Très vite, il saute aux yeux que l'histoire de Giovanni Drogo est une métaphore. Tout l'enjeu de la lecture va donc être de saisir le message sous jacent.

Muté "par erreur" dans une sinistre forteresse, Drogo se promet de n'y rester que quatre mois avant de partir vers de nouveaux horizons. Mais voilà que l'échéance approche et qu'il n'est plus si pressé de quitter les habitudes qu'il a prises et les paysages aussi désertiques que mystérieux qui l'entourent.
C'est à ce moment que le récit bascule. Drogo rêve sa vie, se persuade qu'il reste par sens du devoir alors que c'est par habitude.

Enfin, un soir une silhouette apparaît au loin. Est-ce cet ennemi tant attendu ? La bataille et la gloire qui justifieraient tous les sacrifices de la garnison ?
Car Giovanni est sans cesse dans l'espérance. Thématique chrétienne par excellence, ici dévoyée puisque qu'il est tiraillé entre faux espoirs, espoirs déçus et espoirs qui évitent de se confronter à la réalité.

Ce texte rend extrêmement bien l'impression du temps qui passe, et ce faisant défait les liens familiaux et amicaux, chacun empruntant des chemins différents qui empêchent de renouer sur la base d'une ancienne relation.
La fuite du temps est aussi au coeur de "Une lettre d'amour", l'une des nouvelles du recueil "Panique à la Scala". Je crois que malgré tout je préfère le format court.

Chaque lecteur lit avec son vécu, il peut donc y avoir de multiples interprétations d'un tel texte. Pour moi, se rendre au fort Bastiani, c'est entrer dans l'âge adulte et ses désillusions. Personne ne choisit vraiment de sauter le pas, on ne sait pas vraiment ce qui nous y attend ni où on va. Mais on le fait parce que c'est ce que la société attend de nous et ce que nous sentons qu'il faut faire pour "être grand".
Reste une question, essentielle : une fois sur place, faut-il se laisser porter par les événements ou au contraire prendre les choses à coeur et en main pour réussir sa vie ?

Pour d'autres interprétations, je vous invite à lire celles des 221 lecteurs qui les ont partagées ici et particulièrement celle de Nastasia-B toujours très inspirée.
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Livre puissant, très bien écrit, où rien ne se passe, mais où pèse le poids du temps qui passe.
Livre aussi envoûtant que la montagne magique, même s'il s'agit ici d'un désert, sur lequel on n'apprend rien, mais où le héros s'englue dans l'attente d'un évènement extérieur qui pourrait donner un sens à sa vie.
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J'ai lu ce livre à l'âge de 16 ans environ et il m'avait déjà profondément marqué à l'époque. Mais à trente ans de distance, on le perçoit forcément autrement. le temps a passé, la vie aussi et l'on comprend mieux les enjeux profonds de cette histoire en forme de parabole magistrale sur la condition humaine. L'inexorable fuite du temps, les rassurantes habitudes, la certitude d'avoir un destin, le sens à donner à la vie... En a-telle un d'ailleurs ?

Le lieutenant Drogo s'apercevra que non. Confiné trente années durant dans ce fort inutile et isolé, il a d'abord rêvé des bruissements de la ville, des jolies filles, de sa chère maison maternelle, avant de se reclure dans les rituels militaires vides de sens.

L'ironie du sort est féroce. Tandis que la gloire militaire qu'il attendait vainement depuis si longtemps est aux portes du Fort Bastiani, il est contraint de le quitter, vieux et malade. La seule vraie bataille qu'il aura à mener, perdue d'avance, se jouera seul à seul contre la mort, dans une banale chambre d'hôtel. Drogo comprend trop tard les illusions perdues de sa jeunesse, ses belles années gâchées pour un mirage.

Et ce faisant, m'est revenu en mémoire et comme en écho, un passage de la nouvelle De Maupassant, Les Soeurs Rondoli :

« C'est en ces heures d'abandon, de noir isolement dans les cités lointaines qu'on pense largement, clairement et profondément. C'est alors qu'on voit bien toute la vie d'un seul coup d'oeil en dehors de l'optique d'espérance éternelle, en dehors de la tromperie des habitudes prises et de l'attente du bonheur toujours rêvé. C'est en allant loin qu'on comprend bien comme tout est proche et court et vide ; c'est en cherchant l'inconnu qu'on s'aperçoit bien comme tout est médiocre et vite fini ; c'est en parcourant la terre qu'on voit bien comme elle est petite et sans cesse à peu près pareille. »
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Sortant de l'école d'officiers, le jeune lieutenant Drogo est affecté au fort Bastiani, citadelle délaissée sur une frontière à l'ennemi lointain. Tout à ses rêves de gloire, il veut partir au plus vite, mais il est pris au piège de la routine du quotidien. Ni style épique ni héroïsme, mais réflexion mélancolique sans être amère, poétique au contraire, sur la fuite du temps.
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Le désert des Tartares devrait être le livre de chevet de tous ceux qui ont peur de passer à côté de leur vie sans s'en rendre compte.
Buzzati à travers la vie de Giovanni Drogo interroge directement le lecteur ... nous aussi sommes nous comme Giovanni en train de gaspiller les années de nos vies dans l'attente d'un hypothétique évènement une guerre, une rencontre, une promotion ...

Roman intemporel à lire absolument
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Lire le Désert des Tartares, c'est comme visiter les ruines d'un château ou d'une ancienne forteresse, sans guide. Si on préfère visiter les ruines avec un guide, il ne doit pas être audio le guide, car il doit être fait de chair et d'os, notre guide et surtout, il doit être en retard, tellement en retard, qu'on l'attend, comme Godot. Alors, on se met à déambuler parmi les vieilles pierres, on monte des escaliers, on redescend, on monte encore dans les tours, on s'exaspère à la fin car enfin, il n'y a rien à voir à part des pierres. Alors, on se met à regarder au-delà des pierres, et on admire la vue. On laisse passer son regard à travers les meurtrières, tout en ayant des envies de meurtre contre le guide, qui, on l'a compris, ne viendra pas, ou bien après qu'on soit déjà partis. Et on regrette de ne pas avoir pu, de ne pas avoir su, exhumer ce que recèlent les vieilles pierres, de ne pas avoir compris toute l'histoire narrée par ces ruines, et puis on comprend que c'est peut-être ça l'intérêt des ruines, d'accepter que nous n'avons pas la capacité, que nous ne pouvons pas retracer ce qui n'est plus, ce qui a été détruit, ce qui s'est effacé alors on ne s'étonne même plus qu'il manque un guide et des pages à notre édition du Désert des Tartares ...
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