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sur 2933 notes
Grand roman de Buzzati sur le temps qui passe, inexorablement. Giovanni Drogo, militaire affecté au fort Bastiani, attend l'ennemi qui doit arriver par le nord où s'étend le désert des Tartares. Une vie à attendre l'ennemi, ennemi qui au final ne s'avère pas être celui que l'on croit.
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Affecté pour deux ans au fort Bastiani en cours d'abandon, le jeune lieutenant Giovanni Drogo va succomber à une rassurante routine, ses désirs de guerre, de gloire ou d'évasion écrasés sous le carcan militaire et c'est aigri et malade qu'après la fuite des années il y terminera sa triste petite existence.

J'ai adoré ce style simple qui sent terriblement le vécu et m'a rappelé des sensations de mon service militaire.
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Une lecture envoûtante, où l'attente indéfinie,la distension du temps dominent, lancinant vertige.

Le lecteur subit la même fascination, le même mélange d'attirance et de répulsion que le jeune lieutenant Drogo, qui y est affecté, pour ce fort presque abandonné, au-delà duquel s'étend la plaine du désert des Tartares, bordée de cimes rocheuses.Une zone de frontière qui n'a plus vraiment lieu d'être mais la légende rapporte que les Tartares auraient traversé cette plaine, avant de déferler dans le pays.

Drogo, dès le départ, désire fuir cet endroit mais il reste, comme hypnotisé par ce lieu, où les militaires s'engluent malgré eux , tels le sergent-major Tronk , grand spécialiste du règlement dont il semble avoir fait sa raison de vivre, ou le colonel Filimore, à la tête du fort depuis dix-huit ans, et qui croit toujours à la possibilité d'une guerre.Seuls, quelques évènements viendront pour un instant, sortir le fort de sa torpeur.Drogo continue à attendre une gloire militaire qui ne sera que mirage,le désert restera clos sur ses silences.

Son destin est vu comme l'allégorie d'une vie humaine, avec ses mystères,ses angoisses.Ses désirs inassouvis.

Carlo Bo a écrit: " Buzzati est l'auteur d'un infini monologue avec la solitude, le vide, la mort."" le désert des Tartares" en est une magnifique illustration.

Je trouve ce roman intemporel.Drogo, victime du temps, c'est chacun d'entre nous.

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Peut-être dire ici combien il est urgent - en ces temps d'encerclement et d'étouffement du Littéraire par la triste et tragique emprise du "NON littéraire le plus agressif" régnant en notre pays (voire sur la planête) - de lire ou relire dans l'ordre toute la "Trilogie magique" (*) de Dino Buzzati : pureté de la langue, réalisme poétique et animisme fantastique...

- "Barnabo des montagnes" ("Bàrnabo delle montagne", 1933), trad. Michel Breitman

- "Le secret du Bosco Vecchio" ("Il segreto del Bosco Vecchio", 1935), trad. Michel Breitman

- "Le Désert des Tartares" ("Il deserto dei Tartari", 1940), trad. Michel Arnaud

Dire et redire ici aussi combien ces trois traductions françaises sont merveilleusement "justes" et poétiques... et rendent définitivement justice à l'Art du (fabuleux) Conteur vénétien-milanais...

(*) à l'instar du merveilleux cycle-météore de l'errance poétique que constitue pour nous la Trilogie romanesque du Suisse germanophone Robert WALSER : "Les Enfants Tanner" ("Geschwister Tanner", 1907) / "Le Commis" ("Der Gehülfe", 1908) / "L'Institut Benjamenta" ("Jacob von Gunten", 1909)
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Le tout jeune lieutenant Giovanni Drogo vient de sortir de l'école militaire et reçoit sa première affectation.
Il se rend donc au fort Bastiani totalement perdu dans la montagne à la limite du désert des Tartares.
Dès son arrivée, il a compris qu'il lui faudra s'en aller vite de cet endroit si il veut poursuivre la brillante carrière militaire qui l'attend pense-t-il.
Le commandant du fort va le persuader de rester quatre mois.
Quatre mois à ne rien faire d'autre que des gardes pour surveiller le désert d'où rien ni personne ne vient jamais et ne viendra probablement jamais.
Puis finalement les mois se transformeront en années, et puis ce sera une vie entière écoulée à attendre un hypothétique événement.
Lorsqu'enfin arrivera quelque chose Giovanni Drogo sera au terme de sa vie.
Vie qui se sera écoulée jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année dans l'attente de quelque chose

Le désert des Tartares n'est rien d'autre qu'un sablier nommé vie et que l'on voit couler grain après grain qui pour Giovanni Drogo seront des grains d'attente et de solitude.
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Comment raconter l'ennui, l'attente de toute une vie et intéresser le lecteur. Buzzati s'y attache ici avec brio, dans un roman qui raconte comment l'ennemi doit venir attaquer un fort et comment il ne vient pas.
Le livre est un désert à lui-même, il ne s'y passe pas grand chose, on attend avec le personnage principal. On comprend peu à peu que c'est la mort qu'il attend et qui l'attend, comme tout être humain qui rêve de gloire et de conquête et qui oublie sa finitude.
Il y a une chanson de Brel qui reprend le même thème, avec humour et tristesse ("je m'appelle Zangra et je suis lieutenant au fort de Bélanzio qui domine la plaine, d'où l'ennemi viendra...").
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Un livre très riche que chacun peut apprécier selon sa sensibilité. J'ai été, en ce qui me concerne, très frappé par ce temps qui passe, en pure perte pour le héros du roman, qui le subit sans chercher à l'apprivoiser et perd toute maitrise de son propre destin. Je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec les préoccupations de toutes sortes, réelles ou imaginées, qui inondent notre quotidien au prétexte d'un intérêt supposé supérieur, anesthésiant, tel Drogo renonçant à quitter le fort, toute velléité de sortir du chemin supposé tracé, vers l'illusion d'un but à atteindre. Ce livre suscite une véritable réflexion sur le sens de l'existence, sur notre capacité à prendre les décisions susceptibles de l'influencer, et sur la finalité de cette existence.
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Le roman met en scène l'étrange destin du lieutenant Giovanni Drogo, nommé au fort Bastiani, sur la frontière du Nord ... le début de la vraie vie selon lui!
"Ce fut un matin de septembre que Giovanni Drogo, qui venait d'être promu officier, quitta la ville pour se rendre au fort Bastiani, sa première affectation. C'était là le jour qu'il attendait depuis des années, le commencement de sa vraie vie. Maintenant, enfin, les chambrées glaciales et le cauchemar des punitions étaient du passé. Oui, maintenant il était officier, il allait avoir de l'argent, de jolies femmes le regarderaient peut-être, mais au fond, il s'en rendit compte, ses plus belles années, sa première jeunesse, étaient complètement terminées. Et, considérant fixement le miroir, il voyait un sourire forcé sur le visage qu'il avait en vain cherché à aimer."
Ce fort est perdu dans le cadre effrayant et fascinant du désert des Tartares et les militaires en poste paraissent veiller sur une région abandonnée.
Un grand espoir guide leur vie : connaître un jour la gloire d'un combat héroïque contre leurs invisibles voisins. Alors ils guettent inlassablement les moindres bruits et les ombres mouvantes de la vaste plaine : "C'est du désert du Nord que devait leur venir leur chance, l'aventure, l'heure miraculeuse qui sonne une fois au moins pour chacun. À cause de cette vague éventualité, qui, avec le temps, semblait se faire toujours plus incertaine, des hommes faits consumaient ici la meilleure part de leur vie."
Car le vrai sujet du roman n'est pas la vie de garnison, mais le passage inexorable du temps, avec son cortège de désillusions. Ce n'était qu'un cheval; ce n'était qu'une troupe de cartographes ...
D'abord désireux de partir, Drogo, comme sous l'effet d'un enchantement, reste et continue d'effectuer ses manoeuvres répétitives. Se coupant toujours davantage du monde extérieur, incapable de renouer avec ses amis lors de ses permissions, il devient peu à peu l'esclave de ses habitudes et demeure au fort presque désaffecté parmi les derniers, jusqu'au jour où se produit l'attaque.
Récit de guerre sans bataille, récit d'aventure sans action, le roman est une oeuvre singulière, d'autant plus passionnante qu'il ne s'y passe rien ! Etrange mais envoutant!
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Deux cavaliers cheminent en parallèle sur deux routes qui finissent par se rejoindre dans la même vallée. Ils sont tous deux officiers de l'armée et se rendent dans un fort perdu aux confins désertiques, où ils vont passer leur prochaines années. Durant le court trajet avant leur jonction, le narrateur, nouvel aspirant frais émoulu de l'école, est partagé entre l'empressement de se manifester auprès de l'autre et le désir d'afficher une morgue qu'il estime inhérente à ses nouvelles fonctions. Habité par une déférence polie, il se décide cependant à saluer au plus vite son collègue et aîné, mais celui-ci est encore loin et notre jeune officier, craignant que son geste n'ait été vu, portera à de nombreuses reprises sa main à la visière. Cette réitération multiple apportera à la scène une touche de grotesque. le roman, magnifique, se déroulera ensuite dans une immobilité minérale jusqu'à la chute finale que tout le monde connaît, mais tout est déjà inscrit dans ce premier contact fragile entre le héros et l'univers du fort : l'incommunicabilité, l'absurde et une inaltérable solitude...
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N'est absurde que ce qui n'a pas de sens. Le personnage de ce roman a choisi de donner un sens à sa vie, mais le destin se charge de lui rappeler qu'il n'y en a pas. Pas comme il l'entend, en tout cas. Car il y a deux pièges à éviter dans l'existence: le premier, c'est de croire qu'on est maître de son destin et qu'on peut changer le monde; le deuxième, c'est de se croire exceptionnel.
Ce livre dénonce aussi l'espoir, cet escroc sans scrupules, qui vous fait connaître la désillusion.
Un roman comme celui-ci vous apporte autant qu'une conférence de philosophie, la poésie en plus.
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