Objet de crainte et de fantasmes depuis les temps les plus reculés, le loup demeure un animal fascinant encore souvent mal connu.
Ce livre est publié dans la très interessante collection "découvertes Gallimard".
Comme toujours dans cette série le texte, est aussi instructif et pertinent que l'iconographie est riche et bien choisie.
L'auteure, revient donc sur le thème "La peur du loup", pourquoi cet animal, ancêtre de nos braves compagnons canins a t'il si mauvaise réputation ?
Et Geneviève Carbone, d'évoquer la place du loup dans l'imaginaire collectif, sous les aspects les plus variés.
Contes et légendes, affaire de la bête du Gévaudan, croyances universelles et mythes (les loups garous évidemment !) ou encore les enfants élevés par des loups.
Un panorama très complet, et érudit sur cet animal mal aimé.
Hautement recommandable !
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C’est le siècle des Lumières, il faut y voir clair dans toutes les sciences. C’est celui des encyclopédistes, il faut rassembler et ordonner les connaissances. Linné le fit pour les sciences de la nature. Dans son Systema naturae, système de classification et bible de naturaliste, il a donné « une place à chaque chose » pour que « chaque chose soit à sa place » et un nom à chaque espèce pour que chaque espèce soit déterminée. Le loup s’appelle désormais Canis lupus.
Avant ce coup de balai, il y avait presque autant de noms pour désigner un animal que d’auteurs pour le décrire. Quand un nom ne servait pas en outre à plusieurs espèces. Sur la vertu de ressemblances et la foi en une théorie des correspondances, selon laquelle toute espèce terrestre aurait son équivalent dans les autres milieux, il y eut un loup chez les poissons, le loup dés mer ou barracuda ; chez les oiseaux, un loup ailé, la « harpie féroce » ; et ainsi parmi les araignées, les serpents, les mammifères. Le loup-cervier était un félin, le lynx, tueur de cerfs ; le loup-tigre, la hyène, hybride imaginaire de ces deux espèces ; le loup de Tasmanie, un marsupial ; le loup marin, un phoque...
« Pendant longtemps les loups ont été vus, mais pas regardés. Devenus rares, ils se sont faits discrets et leurs agissements ont été interprétés plutôt qu’observés. Depuis peu pourtant ils commencent à sortir de leur nuit. »
A l’orée des forêts canadiennes, Paul-Emile Victor a croisé les loups. Mais la nuit dont ils sortent fut plus épaisse que ces bois profonds à la lisière desquels ils se montrent parfois, cette nuit est la nôtre, celle de notre connaissance.
Le loup vient ! Si, un temps, cette phrase servit à effrayer l’enfant désobéissant, l’avertissement qu’elle a lancé dans les campagnes européennes, tout au long du Moyen Âge et jusqu’au XIXe siècle, n’avait pas moins de force que le tocsin qui la relayait. Der Wolf kommt ! Le loup vient ! A ce cri, hommes et femmes, armés de ce qu’ils ont, de leur peur ou de leur courage, iront « courir le loup » ou se claquemurer. Car le loup qui terrorise les campagnes est celui dans lequel on reconnaît les stigmates de la « fureur », c’est-à-dire de la rage.
La rage est une vieille compagne de l’homme, déjà décrite au Ier siècle av. JC par Celse, médecin au temps d’Auguste. Aristote la signale deux siècles plus tôt, chez le chien. Les loups, ainsi que tous les animaux à sang chaud, peuvent être contaminés par le virus de la rage, et, avant d’en mourir, transmettre la maladie. Ils n’ont jamais été les seuls vecteurs de ce fléau, ni même les plus nombreux.