AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782264059529
432 pages
10-18 (21/03/2013)
3.97/5   163 notes
Résumé :
Abandonné dès sa naissance en pleine crise de 1929, Jack Levitt traîne ses airs de mauvais garçon et ses pulsions meurtrières dans la grisaille de Portland. Empoisonné par l'amertume qui fait bouillir son sang, Jack suit depuis toujours le parcours d'isolement que la société a prévu pour lui. Après l'orphelinat, la maison de correction ; après la prison du comté, la prison d'état. Jack a vingt-six ans quand il sort de San Quentin. Affranchi par la connexion qui l'a ... >Voir plus
Que lire après Sale temps pour les bravesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,97

sur 163 notes
5
7 avis
4
20 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
Jack le fataliste aux poings d'acier
ou le roman d'apprentissage et le portrait - de l'adolescence à la paternité - d'un laissé pour compte de l'Amérique d'après-guerre.

une histoire poignante :
Jack Levitt, jeune homme costaud, au regard dur, bleu azur, la rage au ventre, n'a que 17 ans (on n'est pas sérieux...) quand il s'enfuit de l'orphelinat pour tenter de vivre une vie faite de besoins ordinaires pour des garçons de son âge- sexe, argent, voitures, alcools - mais il n'a pas d'argent pour satisfaire ses désirs. Ses poings, sa carrure et sa débrouillardise sont ses seules armes. La galère l'amène à trainer dans des salles de billards où il vit d'arnaques et de combines entouré de petites frappes comme Denny Mellon le rouquin et de jeunes prodiges du billard comme le jeune noir Billy Lancing. Des petits larcins, des vols de voitures, des squats qui tournent mal. Pas encore majeur, Jack est bon pour un séjour dans une maison de correction et va découvrir l'isolement, l'enfermement, les brimades, les vexations en tout genre. Expérience sordide qu'il va enchaîner, devenu majeur avec un long séjour en prison où il va revoir et tisser des liens très fort avec son ami Billy Lancing le pro de l'arnaque au billard. Ce dernier meurt lors d'une altercation. Jack, fou d'amour va sombrer. Libéré de prison à 26 ans, Jack rêve de se réinsérer, de mener une vie rangée, de se marier et de fonder une famille. Il rencontre Sally, une femme émancipée avec qui il souhaite avoir un enfant pour lui donner la chance qu'il n'a pas eue ...Mais la vie est semée d'embûches et Jack est fataliste...

Un roman culte de des années 60 réédité.

Un livre profond sur la société américaine des années après-guerre aux années 60 qui traite de nombreux sujets aussi divers que : les institutions carcérales (orphelinat, maison de redressement, prison) la description du système judiciaire, la vie difficile et les moeurs en prisons, l'homosexualité, l'amitié, le racisme, la violence, les gangs, la spirale de l'échec, la paternité, l'amour, le mariage, l'émancipation des femmes...
Les passages sur le séjour en prison, l'incarcération, la réinsertion font écho aux livres du romancier Edward Bunker et le portrait des laissés pour compte aux personnages de Hubert Selby Jr.

Des personnages secondaires mémorables : Denny Mellon le copain rouquin, Billy Lancing, un jeune noir surdoué au billard , Clancy Philipps un dur à cuire, Kol Mano, un flambeur à la voie rauque qui déstabilise, le procureur Forbes qui met cartes sur table, un millionnaire aux cheveux gris et aux assurances-vie, la belle, dévergondée, mélancolique puis tapageuse et outrancière Sally son amour.

Un inoubliable roman initiatique de Don Carpenter à la fois dur au coeur tendre, mélancolique et fataliste qui trace une route moins freaks que Kerouac, un monde d'arnaque, d'injustice, de violence, de "loosers magnifiques" emprisonnés face à un monde libre et riche inaccessible pour des garçons sauvages comme Jack "l'optimiste cynique".

Un roman coup de poing vengeur qui frappe au coeur de l'Amérique nantie.
Commenter  J’apprécie          272
Le titre original de ce roman paru en 1966, « Hard Rain Falling », a été traduit en français par le moyen « Sale temps pour les braves ». du sale temps temps, il y en a beaucoup, c'est certain. Et pas seulement parce qu'une grande partie de l'action a pour cadre l'Oregon, qui a la réputation d'être particulièrement arrosé. Pour les braves, selon moi, c'est un peu « abusé » comme on dit aujourd'hui.

Le personnage principal, Jack Levitt, est né sous une mauvaise étoile. Sa mère, une jeune adolescente perturbée, l'a abandonné à la naissance, en 1931. Son père, une franche crapule à peine plus âgé qu'elle n'était de toute façon qu'une passade.

Jack ira d' orphelinat en maison de redressement. En prison aussi. Il devient un homme massif et fait jouer ses poings à chaque occasion. Au début du roman il traîne à Portland. Il est à l'affût du moindre petit billet, vit de rapines et de petites arnaques autour d'une salle de billard. Trois choses seulement l'intéressent : l'argent, le sexe débridé et des substances pour se mettre la tête à l'envers. Ce qui est assez rock-n'-roll dans une époque où ce style musical n'existait pas encore.

Il est arrêté une fois de trop. Il ira en prison pour une longue durée.

Don Carpenter a connu le succès avec ce premier roman. Il était un proche de Richard Brautigan et d'autres écrivains de la Côte Ouest. J'ai aimé ce roman, pourtant si peu aimable à bien des égards. Quelques longueurs, autour des jeux de billard, m'ont un peu gêné. Mais c'est surtout son ton sec que je lui reprocherais. le mauvais temps se déchaîne, les personnages n'ont d'autre choix que de tracer leur chemin avec leurs manques et leur courage. En ce sens, ce sont peut-être des braves qui n'ont pas le choix ou bien seulement des rebelles définitifs.
Commenter  J’apprécie          290
Etonnant comme certains personnages littéraires violemment antipathiques se révèlent être, au fil des pages qui déroulent leurs vies, des plus attachants.

Jack Levitt aura beau cogner, feuler, insulter, mépriser, feinter, rentrer dans le lard ou esquiver les coups de la société sans pitié qui l'a vu naître, le déterminisme social est ce qu'il est dans l'Amérique pauvre des années cinquante, et l'horizon de liberté que Jack poursuit comme un rêve est un leurre.
Enfant de la grande dépression, endurci par le climat délétère de l'orphelinat, encanaillé à l'adolescence dans ces bandes qui traînent de salles de billards glauques en coups foireux, enragé par son passage abominable en maison de correction (passage fabuleux et terrible du livre où l'on retrouve l'esprit du "Vagabond des étoiles" de Jack London), Jack aboutira sans surprise en prison où, devenu plus mature, il étouffera sa rage, retrouvera sa liberté pour retomber dans le filet social d'une vie sans moyens et d'un mariage raté.

Seule lueur dans ce roman d'une noirceur rageuse, la découverte improbable de l'amour avec Billy le métis, as du billard qui rêve de s'extraire de sa condition mais tombera plus lourdement encore que Jack, ouvre à ce dernier une possibilité radicalement neuve d'appréhender le monde : celle dans laquelle une vie trouve son sens dans l'amour porté à l'autre. La fin du roman, ambiguë quant à l'avenir de la relation entre Jack et son enfant, donne le choix au lecteur de sombrer dans le désespoir ou de croire à la lumière. Pour ma part, j'oscille encore entre les deux.
Commenter  J’apprécie          290
Portland, 1947. Billy Lancing, un jeune métisse espiègle et culotté vient d'arriver en ville avec l'espoir de faire fortune grâce aux jeux et aux paris. Malgré le racisme ambiant, l'adolescent, grâce à son talent pour le billard, va parvenir à trouver sa place dans ce milieu populaire et impitoyable. Il va alors faire la connaissance de Jack Levitt, un orphelin taciturne et violent, et de Denny, deux jeunes escrocs sans le sous, toujours en quête d'une nouvelle magouille… Mais les trois compères vont apprendre à leurs dépens que lorsque l'on bafoue les lois, les sanctions ne se font pas attendre… La maison de correction et la prison seront des étapes inévitables pour chacun d'eux, avec des conséquences malheureuses, voire fatales…

Alors que l'on s'attend à suivre le parcours de Billy et ses mésaventures dans le monde illégal du jeu, c'est finalement Jack Levitt qui est au centre du roman et, même si leurs destins sont intimement liés, c'est avec Jack que nous faisons l'expérience de l'univers carcéral, de la solitude, de la douleur d'avoir été abandonné et de la difficulté de s'adapter dans un monde qui, dès le départ, vous rejette…

Avec ce premier roman écrit en 1966, Don Carpenter nous offre un texte fort et parfaitement maîtrisé, dans lequel il dresse le portrait brutal et sans concessions du monde de la rue où la force, la violence et la ruse sont les seules valeurs qui inspirent le respect et font office de loi… Une véritable plongée dans le monde crapuleux de Portland, où les dés sont pipés d'avance pour ceux qui n'ont pas eu la chance de naître dans les beaux quartiers et qui ne peuvent compter que sur leur instinct de survie… « Sale temps pour les braves » est un roman puissant et percutant, une peinture sociale éblouissante de la classe des oubliés et des laissés pour compte dans l'Amérique des années 50-60. C'est un livre dur, intense, constamment sous tension et néanmoins terriblement émouvant sur une jeunesse pleine de rage et de colère, qui cherche sa place dans une société hostile et qui condamne l'échec… Un texte majeur, à découvrir absolument !
Commenter  J’apprécie          170
Les qualificatifs étaient des plus élogieux pour ce roman, alors, je me suis laissée tenter… Là aussi, ce fut une lecture en forme de montagnes russes.

Ce que j'ai le plus apprécié, c'est le côté hard-boiled du roman : les personnages de petites frappes, de loosers, de mauvais garçons qui passent leur temps à jouer aux cartes, au billard, au snooker et à monter des mauvais coups, plutôt que d'aller bosser.

Jack Levitt abandonné à sa naissance, ses parents avant la page 30, n'a pas eu de chance. Il traîne avec son ami, Denny Mellon et ils vont croiser la route de Billy Lancing, un jeune noir surdoué au billard… et ensuite, aller de galère en galère.

Ceci est un vrai roman noir, pur et dur, noir comme un café, sombre, violent, rempli d'injustices et de descriptions des maisons de corrections et des prisons américaines, où notre Jack Levitt sera incarcéré.

L'injustice de la justice est flagrante et elle est à plusieurs vitesses : une pour les pauvres, une pour les Noirs, une pour les WASP. Devinez qui s'en sort le mieux ?

Ce roman noir parle très bien de la société américaine des années 30 (grande dépression) en passant par celle d'après-guerre et allant jusqu'au aux années 60, en abordant plein de sujets, dont le racisme. Oui, durant une grande partie de ce roman, j'ai passé un bon moment et j'ai apprécié l'histoire d'amour contrariée de Jack. C'était inattendu.

Hélas, ce qui a ralentit la lecture, ce sont les descriptions des parties de billard, de snooker, avec des tas de termes qui ne feront plaisir qu'aux connaisseurs et pas à la lectrice lambda qui sait juste que les balles doivent aller dans un trou. Me demandez pas plus.

Malgré tout les bons points de ce roman, je n'ai pas vraiment frémi durant ma lecture et à un moment donné, j'ai même décroché. Il y a des choses qui ne s'explique pas vraiment.

Un roman sombre, démoralisant et désespéré. Ne cherchez pas de la lumière, vous n'en trouverez pas.

Un roman d'apprentissage, celui d'un jeune garçon devenu jeune homme, un laissé pour compte, un paumé qui ne sait pas quoi faire de sa vie (hormis voler, baiser, boire, s'amuser), sachant très bien que la malédiction a pesé sur lui dès sa conception et que jamais il ne pourra sortir de sa condition, dans cette Amérique qui vend de la poudre aux yeux en vous parlant que tout est possible. Oui, pour quelques uns…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          200


critiques presse (3)
LaLibreBelgique
10 janvier 2019
Don Carpenter retrace la délicate rémission d’un laissé-pour-compte.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lexpress
18 juin 2012
Don Carpenter livre surtout un remarquable portrait, presque existentialiste, d'un individu enragé, blessé, condamné à l'enfermement. Sous une forme ou une autre.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
18 avril 2012
Portrait cru, fébrile, audacieux, puissamment attachant d'un jeune homme habité par une rage froide, relié au monde et aux autres par cette seule colère […].
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Il savait ce qu’il voulait. Il voulait de l’argent. Il voulait une fille. Il voulait un repas nourrissant avec toutes les garnitures au menu. Il voulait une bouteille de whisky. Il voulait une voiture pour rouler à cent soixante à l’heure (…) Il voulait un automatique calibre 45. Il voulait un tourne-disques dans la grande chambre d’hôtel qu’il convoitait pour pouvoir traîner au lit avec la fille et le whisky tout en écoutant How High the Moon et Artistry Jumps. C’était ça qu’il voulait. Il ne lui restait plus qu’à se procurer toutes ces choses. Il se sentait déjà mieux, rien qu’à inventorier ses désirs.
Commenter  J’apprécie          60
Quant aux véritables crimes qui avaient marqué son existence, le crime d’être né orphelin, celui d’avoir un physique puissant et rapide, celui d’être dépourvu d’une conscience puritaine, celui de vivre dans une société où tout le monde, dont lui, acceptait que le crime existe sans se rebeller : eh bien, il était entièrement coupable de tout cela aussi, comme tout le monde. Donc, ça n’avait pas grande importance. L’astuce était d’éviter d’être « puni » pour ses « crimes ». Il décida que se battre contre les autorités, regimber, reviendrait à admettre qu’ils avaient raison et qu’il avait tort. Mais bien sûr, le tort et la raison n’existaient pas. Alors mieux valait coopérer et tout faire pour atténuer le châtiment.
Commenter  J’apprécie          30
Etait-il taillé pour braquer des débits de boisson ? Il était venu en ville pour réfléchir, et une fois de plus, on lui proposait une solution qui excluait toute réflexion – tout cela semblait d’un ennui infini ; une série illimitée de hold-up, des fêtes, des filles, des bouffes dégueues, des chambres d’hôtel toujours plus miteuses – il ne voyait pas la différence entre ça et gagner sa vie en travaillant, et au moins, avec un boulot, il n’avait pas à se faire du mouron d’être pris par la police.
Commenter  J’apprécie          40
À ton avis,ma putain de condamnation, elle est due à quoi ? À mon fair-play ? Je fais un seul chèque en bois de toute ma putain de vie et j'écope de cinq ans ! À côté, un salopiot de comptable qui fauche trente mille dollars, il prend six mois ! Ouvre les yeux, mon pote, tout ce qu'il y a, ici, ce sont des putain de voleurs de poulets; tous les gros bonnets, les pros, les cols blancs, y sont dehors ou à Chino, en train de se faire dorer la pilule. Evidemment qu'il faut bien s'occuper des criminels, mais dans ce cas de tous les criminels, sinon ça veut dire qu'il y a un truc pourri quelque part.
- Ouais,mais à quoi tu t'attendais ?
Commenter  J’apprécie          20
Comment se réveille-t-on ? C'était une chose de savoir qu'on passait sa vie endormi, mais c'en était une autre de s'extirper de ce sommeil, de se prouver qu'on était vraiment en vie et que ce n'était la faute de personne sinon la sienne.
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Don Carpenter (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Don Carpenter
#rentréelittéraire #rl2023
*L'unique objet de mon regard* d'Aurélie Lacroix Dans ce premier roman bouleversant, Aurélie Lacroix retrace de manière kaléidoscopique cette relation et la nécessaire reconstruction qui s'en est suivie. En librairie le 23 août 2023 !
*Hors d'atteinte* de Marcia Burnier Une puissante et bouleversante trajectoire de reconstruction et un hymne à la nature, au sauvage comme écrin et la possibilité d'envisager d'autres relations au vivant. En librairie le 6 septembre 2023 !
*Le Dernier Aujourd'hui* de Kostis Maloùtas Après un premier livre très remarqué, l'écrivain grec Kostis Maloùtas nous offre un deuxième roman aussi drôle que subtil sur une obsession universelle – le temps qui passe – dans une langue virtuose, qui maîtrise et use à la perfection de l'ironie. En librairie le 23 août 2023 !
*Un rêve lointain* de Don Carpenter Un roman empreint d'humanité à l'égard de personnages luttant chacun à sa manière pour échapper à une spirale d'échec et une critique sans concession d'une certaine conception du succès et des conséquences tragiques potentielles. En librairie le 6 septembre 2023 !
+ Lire la suite
autres livres classés : prisonsVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (435) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..