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sur 1745 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est un livre formidable pour une athée comme moi. J'y ai trouvé des réponses aux questions que je me pose depuis toujours sur la foi. J'aime beaucoup Emmanuel Carrère et la façon dont il raconte ses histoires. J'aime son humilité et sa sincérité, et j'ai été servie avec cette "enquête" ! Après avoir décrit sa période de chrétien fervent, il fait preuve d'une pédagogie et d'un recul toniques pour décortiquer LES histoires du christianisme sur lesquelles s'est construite notre civilisation occidentale. Ce livre est un souffle d'air frais qui dépoussière les vieilles icônes, le fruit d'un travail intellectuel sans concessions, où l'auteur n'hésite pas à se remettre en question. Je trouve cela très courageux et admirable, et j'encourage les sceptiques et les curieux à le lire.
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Que dire de ce livre, si ce n'est qu'il est hors norme ?
C'est peu de dire que je l'ai adoré. Quand la littérature atteint un tel degré d'audace, de liberté, de sincérité, elle m'enchante ! Typiquement le genre de livre qui ne laisse pas indifférent, qui suscite tout sauf la tiédeur. Il y a ceux qui sont emportés, et ceux qui restent sur le bord du chemin. Carrère m'a d'emblée prise par la main et je l'ai suivi avec bonheur au bout de son incroyable voyage.

De quoi est-il question ? Carrère revient sur l'histoire de Jésus et de la naissance du christianisme, telle qu'on peut la découvrir à la lecture des Evangiles et telle que l'ont rapportée, commentée, interprétée différents exégètes au fil des siècles. Un commentaire de plus, alors ?
Non. Quelque chose de très différent au contraire, et de beaucoup plus émouvant. le récit d'une expérience terriblement intime, et même impudique, à en croire l'auteur qui affirme pouvoir très librement parler de sexe - ce qu'on ne saurait nier -, mais révèle difficilement la nature de sa foi; la tentative d'approcher au plus près de son être, de ce qui en est l'essence et qui, naturellement, interroge son rapport à l'écriture, son statut d'écrivain.
Car, selon moi, c'est bien Carrère, et non Jésus, Paul ou Luc, qui est au centre de cet écrit.

Le livre s'ouvre sur l'évocation d'un moment de crise dans la vie de l'auteur : il ne pouvait plus écrire. Il n'y arrivait plus. Tourments, difficultés personnelles, angoisse, et au final une question, LA question : quel est le sens de ma vie ? Dans ce moment de désarroi profond, la foi apparut comme la seule réponse, celle qui permettait de s'en remettre à une dimension qui dépasse l'individu et qui permet de se rattacher à une communauté, à une histoire, d'effectuer des gestes et de prononcer des paroles ancestraux qui donnèrent sens à la vie de tant d'autres individus auparavant...
Mais Carrère veut comprendre, retourner à la source. Il retrace alors le destin de Paul, l'un des premiers membres de cette religion naissante, et l'un des plus prosélytes aussi. En lisant cette première partie, j'avais la nette impression qu'en retraçant le cheminement de Paul, un Juif qui s'est détourné de la Loi pour rendre compte de la parole et des actes de Jésus, Carrère tentait par là de retracer le chemin qu'il avait lui-même emprunté, devenant presque confit en dévotion pour mieux se convaincre du bien-fondé de sa démarche spirituelle.

Mais cette foi l'a quitté et il n'en éprouve aucun regret. Reste l'interrogation sur ce moment de sa vie. C'est la troisième partie du livre : Carrère s'intéresse cette fois à Luc. Luc, le lettré qui a relaté les actes de Jésus tels qu'il les a entendus de la bouche de son compagnon Paul. Et je ne crois pas beaucoup extrapoler en identifiant Emmanuel Carrère à Luc : «Je suis un écrivain qui cherche à comprendre comment s'y est pris un autre écrivain», dit-il notamment (p.405). Dans cette partie, Carrère s'intéresse particulièrement à la manière dont Luc a pu écrire, s'interrogeant sur le matériau qui lui a permis de le faire. Il ne cesse d'évoquer sa vie en tant que scripteur. En outre, il parle beaucoup à la première personne et, lorsqu'il relate ses journées à Rome, leur déroulement n'est pas très loin de ce qu'il racontait de son propre rythme de vie au cours de la première partie !


En faisant le récit de cette expérience, Carrère referme la boucle. Par l'écriture, il retrouve sa voie, son aspiration profonde, son véritable sacerdoce. Et quelle écriture ! Elle ne se refuse rien, au risque parfois de choquer : sans doute ce que Carrère se permet en termes de comparaisons (avec le communisme, par exemple) ou sa façon de parler de Marie parfois, pourra-t-il heurter la sensibilité de certains croyants; son style très direct, proche parfois de la langue orale pour être au plus près de son lecteur et dialoguer avec lui chagrinera peut-être certains puristes de la littérature.
En ce qui me concerne, j'ai été charmée. J'avais l'impression d'être assise en face de lui et d'être sa confidente. Je l'écoutais me raconter une histoire dont j'avoue être totalement ignorante. Ses comparaisons parfois très osées (l'évocation de Paul couvert de goudron comme les méchants dans Lucky Luke, par exemple) non seulement me faisaient rire par leur incongruité, mais me permettaient de parfaitement percevoir ce qu'il voulait exprimer. En transposant des situations d'hier dans le monde que nous connaissons, il nous rend les choses immédiatement accessibles.
Et puis, surtout, j'ai eu le sentiment d'être invitée à découvrir une personnalité, d'être autorisée à entrer dans le plus profond de son intimité, ce qui me semble être un véritable privilège. Comme Carrère, j'aime savoir à qui j'ai à faire. J'aime ces livres où les auteurs racontent une expérience intime qui les a construits. C'est souvent l'occasion de s'interroger aussi sur soi-même ou, à travers l'expérience d'un individu, de comprendre certains aspects de la société.
En un mot comme en cent, je me suis régalée du début à la fin.

J'avais déjà aimé le précédent livre de Carrère, Limonov. Mais aujourd'hui, avec cet extraordinaire récit, je peux dire que je suis à présent totalement... convertie à cet auteur !


Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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S'attaquer à la rédaction d'un avis sur « le royaume » n'est pas une mince affaire , tant l'oeuvre est riche et étoffée.
Vous l'aurez compris , le royaume , c'est Dieu , la naissance du christianisme. C'est le berceau de Carrère , qui dans les premiers chapitres nous parle de sa foi , de sa soif d'analyse et plus tard , du doute qui en fait un agnostique.
Peu importe dans toute cette traversée ce qui a poussé l'écrivain à revenir sur le chemin qui a été sa demeure , à relater avec brio le commencement d'une nouvelle civilisation , la nôtre , puisque ce roman est une antre de savoir et une introspection des plus intelligentes et
si Carrère se positionne un peu trop souvent au beau milieu de l'histoire , prenant parfois la place du Christ tant il est arrogant , j'ai décidé de lui pardonner en vue de sa réflexion brillante et pertinente.
Tout au long de cette lecture , on marche aux côtés de Paul alors que celui ci tente de convertir les romains. La grande Rome est évoquée , aussi, Tibère , Néron , Vespasien et Titus font partie du paysage , éléments majeurs dans la genèse de cette fondation .
Arrive Luc ,personnage vénéré de Carrère qui tout au long de ce livre , lui voue un culte en le considérant comme le premier écrivain , puis Jésus , que Carrère préfère traiter en homme plutôt que Messie ce qui le rend plus humain, plus proche de chacun tout en désacralisant le divin , ce qui, d'un sens, amène une objectivité que la foi anesthésie.
C'est le début d'une quête , d'une entreprise céleste qui sillonne un monde , qui se frotte aux peuples et se dresse afin de promouvoir une vision nouvelle.

J'ai décidé de ne pas traiter tous les questionnements de Carrère , les développements et faits historiques soutirés de la bible ou autre manuel religieux tout simplement parce qu'il me semble important de laisser le futur lecteur entre les mains de l'auteur qui excelle dans cet exercice initiatique.  
Plus qu'un roman , « le royaume » est un essai , un travail de documentation impressionnant ,une introspection intellectuelle saisissante tant la solidité des arguments est pesée et filtrée.
Si le céleste n'a jamais eu mes faveurs , ce fut un plaisir de plonger tout au long de ces 630 pages dans les cieux de la foi avec pour seul compagnon un épicurien qui signe un livre édifiant.
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J'ai beaucoup aimé le livre d'Emmanuel Carrère, en fait , il m'a passionnée. Son récit d'abord autocentré sur sa dépression et sa période mystique se relie majestueusement à une enquête d'ordre historique sur la trace des premiers chrétiens. Paul, Luc, Jean : les personnages principaux du début du christianisme, nous apprenons à les connaître, et les accompagnons dans leur grande aventure...que Carrère, méticuleux et documenté, tisse, invente, traque, comblant les passages lacunaires -et ils sont nombreux- de son interprétation, la piste qu'il a aimé suivre. Livre-pavé d'une grande érudition, entre le roman, l'autobiographie, le roman historique, et l'essai historique, genre mêlé que j'affectionne particulièrement, le Royaume nous amène des questions essentielles sur la religion, l'humanité, et notre rapport au sacré. Magnifique.
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J'ai trouvé ce roman ? essai ? enquête ? très instructif. J'ai adoré la manière dont l'auteur imaginait Lu, doux, sage, littéraire et Saint-Paul, ce" fou furieux", ce "génie'. Appréhender l'évangile de Saint Luc avec un oeil de scénariste, j'ai trouvé l'idée assez passionnante, même si les conclusions ne m'ont pas toujours convaincue. de même j'ai trouvé drôles les analogies complètement saugrenues de Carrère ainsi que ses provocations sorties de nulle part...
Les parties plus autobiographiques, surtout le début et la fin du livre ( sa rencontre avec le fondateur de l'Arche, le très grand Jean Vanier ) m'ont profondément émue. Emmanuel Carrère, L'homme qui a essayé d'avoir la foi et qui croit qu'il ne croit pas ou plus. Ahaha sacré Emmanuel ! Et si la foi n'était qu'une longue nuit de doute éclairée très rarement par une étoile scintillante ? le royaume est au milieu de nous, en toi même, nous dit justement ce cher Luc. Emmanuel, "Dieu parmi nous" !
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Pendant quelques années, 3 exactement, Emmanuel Carrère a été chrétien. En est resté une profonde curiosité pour la naissance de cette religion et une volonté d'en décortiquer le processus de gestation. C'est en enquêteur qu'il présente le fruit de ses recherches, dans laquelle son propre cheminement s'emboîte tout au long de ses analyses.

C'est un fait : après des débuts difficiles, je suis de plus en plus fan des livres d'Emmanuel Carrère et Le Royaume me fait encore plus glisser sur cette pente.
Mon parcours en Histoire ne pouvait que susciter mon intérêt pour le sujet qu'il entreprend de traiter : comment, entre les années 30 à 80 après JC à peu près, se met en place les pierres fondatrices d'une secte devenue l'un des piliers majeurs des courants religieux encore actuels ? Pareillement, mon exploration des livres d'Emmanuel Carrère m'a permis de graduellement apprivoiser (prendre goût à?) son auto mise en scène quasi inévitable à chaque fois. Qui ne me dérange plus et que j'apprécie même parfois. Découvrir ici son propre parcours spirituel passant au fur et à mesure par les stades indifférent / croyant fervent / croyant doutant / agnostique-athée vient apporter un relief et une densité à la fois belle et touchante au thème.

Le livre en main, on sait qu'un énorme travail a été fait sur le sujet : l'auteur y aura passé 7 ans. Et au fil des 600 et quelques pages, on ne peut que s'incliner devant la somme colossale d'informations collectées et intelligemment regroupées. De plus, l'érudition ici jamais ne pèse ni ne pose. Emmanuel Carrère partage en toute simplicité ses réflexions et ses hypothèses. Car il est aussi dans ce récit question de spéculer sur les lacunes et les trous béants laissés par le Temps et qui n'ont pas été remplis, ou qui ont parfois été vidés, effacés, modifiés. Il est question de causer plausibilité sur des événements dont on ne saura jamais la vérité sur le long et ardu chemin du Nouveau Testament.
Se trouvent donc mêlés parcours de vie, de l'auteur, mais aussi et surtout des acteurs majeurs de cette époque pour notre sujet : Paul, Luc, Jean, Marc, Matthieu, un peu Marie, un peu Jésus. Un peu car c'est après sa mort que se développeront, par le biais de ces apôtres, des communautés primitives, des convertis et des Évangiles, le berceau d'une religion qui se structurera dans le temps.

Luc le Macédonien, seul goy de la bande des quatre, disciple de Paul, ainsi que ce dernier sont sur le devant de la scène dans ce livre et c'est sur eux et leurs vies que l'auteur s'attarde le plus. Paul qui de persécuteur des chrétiens deviendra messager après une vision du Christ. Paul qui se mettra à dos plusieurs communautés et leaders (pour autant qu'on puisse employer ce mot) tels que Jean. Luc qui rédigera et brodera beaucoup à partir des récits et témoignages recueillis.
Évidemment le contexte géopolitique de l'époque avec les empereurs romains, les persécutions, le sac et la destruction du Temple de Jérusalem, etc. est exploité et permet d'apporter des passerelles de compréhension non négligeables sans alourdir le propos néanmoins. Par ailleurs, sont distillés ça et là les visions philosophiques majeures, la vision chrétienne mettant révolutionnairement l'emphase sur la vie après la mort.

On se prend à suivre avec plaisir ses pérégrinations, ses errances, ses doutes, ses craintes, ses digressions autobiographiques, sincères et parfois provocantes, qui constituent des pauses dans le récit et permettent de rebondir sur un nouvel aspect ou d'avancer dans la chronologie. Tel un chercheur nous faisant part de ses découvertes, déployant vestiges, archives et fouilles à partir desquelles il peut échafauder une tentative de compréhension d'un phénomène bien trop grand et presque impalpable, il nous fait vivre ce moment charnier de l'histoire avec un grand art de la narration et une écriture élégante.
Narration car Emmanuel Carrère distingue bien et régulièrement le probable du possible, suivi du plausible, pas impossible puis de la spéculation, faisant montre d'une bonne foi et d'une honnêteté intellectuelle respectables et permettant au lecteur un voyage agrémenté de fantaisies qui ne le rendent que plus plaisant. Certes, il y a par moments des longueurs, des épisodes de vie pas absolument essentiels au récit, mais dans l'ensemble, ça se lit avec fluidité.

Le Royaume est une lecture qui m'a énormément intéressée. J'ai non seulement trouver la démarche et son exécution originales mais aussi appris beaucoup au fil des pages. Il répond à de nombreuses curiosités intellectuelles que l'on peut avoir sur cette période clé de notre Histoire.
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Il y a quelques mois, un matin, j'ai croisé Emmanuel Carrère dans un café du 10ème sans oser le déranger pour banalement lui dire : « J'aime beaucoup ce que vous faites ». Pourtant après la lecture de ce livre, je voudrais l'assurer que si je suis une de ses fidèles lectrices, depuis plusieurs années, je viens de terminer son livre qui a sa place avec les « grands » livres, ceux qui nous font grandir, nous nourrissent, nous interpellent, nous apprennent, nous enrichissent.
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Emmanuel Carrère touché par la grâce durant trois ans, venait de réaliser que le Credo était « une insulte au bon sens ». Il précise, au début de ce superbe livre qui ne doit pas rebuter par sa longueur : « Je suis un écrivain agnostique qui essaie de savoir ce que croient, au juste, des chrétiens aujourd'hui. »
Il faut attendre une centaine de pages pour entrer enfin dans le vif du sujet, l'histoire de Shaoul, devenu Paul. Cette première partie, intitulée "Une crise (Paris 1990 – 1993)" est pourtant indispensable pour comprendre la suite car l'auteur détaille toutes les étapes de son cheminement religieux, ses amitiés, sa foi déjà mise à l'épreuve et parle de cet écrivain, Philippe K. Dick, qui lui a inspiré un livre et auquel il fait référence à plusieurs reprises.
Nous voici enfin sur les traces de Paul, dans le port de Troas, en 50. Pour aller bien au-delà de ce que nous savons communément, l'auteur relit les Actes des apôtres de Luc. Il était médecin, lettré et macédonien, un grec attiré par la religion des Juifs qui « prêchaient par l'exemple. Ils étaient graves, industrieux, totalement exempts de frivolité. » Au fil des pages, l'auteur précise les choses. Jusqu'au bout, il aura à coeur de recadrer le vocabulaire, ce qui révèle quelques surprises.
Paul est un rabbin de Tarse, en Turquie aujourd'hui. Il est petit, râblé, chauve et voilà qu'il annonce la venue du Sauveur… Certains croient, d'autres s'offusquent mais d'autres encore posent des questions. Paul, malade, est soigné par Luc et ce dernier va le suivre, se comportant un peu comme un journaliste. Tout au long du livre, Emmanuel Carrère s'évertue à « distinguer le certain du probable, le probable du possible, le possible du douteux. »
Tout cela donne un récit passionnant, plein de rebondissements avec un auteur très présent, ne cachant rien de ses doutes, de ses interrogations et des aléas de sa vie personnelle. Il passe les textes au peigne fin, note tous les noms, recoupe, compare. Exemples à l'appui, il prouve que, soit Luc recopie l'Évangile de Marc, soit il écrit ce qu'on lui a raconté, soit il invente et donne sa vision des choses. D'ailleurs, la quatrième partie lui est consacrée alors que Paul va être jugé à Rome. Luc est tout le contraire d'un sectaire. Il aime et admire Paul mais tient compte de ce que lui disent les autres personnes ayant connu Jésus.
Emmanuel Carrère ne donne pas de solution. Il bute : « Mais dès qu'il faut en venir à l'Évangile, je reste coi. Parce qu'il y a trop d'imaginaire, trop de piété, trop de visages sans modèles dans la réalité. » Qu'importe. Il va au bout de son enquête, constate que les lois du Royaume ne sont jamais conformes à la morale comme dans le fils prodigue ou les ouvriers de la onzième heure. L'épilogue permet de refaire le point sur ces textes et ceux qui sont censés les avoir écrits. Enfin, avec Constantin, en 312, la secte est devenue Église… mais il est bon de lire tout cela pour remettre en cause ces belles images inculquées sans aucun fondement historique.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Je viens de finir le roman d'Emmanuel Carrère, le Royaume, étant une très belle réussite. J'ai suspendu le temps comme l'auteur devenant le temps de ma lecture, un enquêteur pour éclairer les premiers émois du Christianisme. Me revoilà encore plonger dans cette religion qui passionne des milliards d'être humain. J'ai lu d'autres livres comme Les Confessions de Saint Augustin, le livre de Job, Vies de Job de Pierre Assouline, L'évangile selon Pilate - Journal d'un roman volé de l'auteur belge Eric-Emmanuel Schmitt sur la Religion Chrétienne pour de ressentir et comprendre cette ferveur qui anime ces êtres pour découvrir cette passion de la fois, que je n'ai pas. Malgré mes efforts, mon esprit est resté hermétique à cette religion créée par l'homme pour l'homme contre l'homme. Emmanuel Carrère dans ce livre se livre sans concession. Entre état d'âme, morceau de vie, recherche personnel, historien, enquêteur et fiction, les évangiles deviennent plus proches de notre compréhension où Paul, Luc et les autres deviennent, le temps d'un livre, les héros du Royaume.
J'aime cette façon d'aborder ce mystère des évangiles pour ouvrir une porte de réflexions sur cette religion, monothéiste. On aborde la communauté Juive qui somme toute est le peuple de Jésus, Fils de Dieu…
Un Livre juste complet d'une vérité humaine.
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Une fois de plus, Emmanuel Carrère a écrit un livre hors norme qui me laisse pantois. A la croisée du livre de confessions, du livre d'histoire et du livre d'exégèse, il nous embarque à la suite de Paul de Tarse qui vient de faire la rencontre du Christ sur la route de Damas et qui comprend dès lors que les chrétiens qu'il pourchassait sans pitié jusqu'alors comme de dangereux illuminés étaient dans le vrai. Mais très vite dans le récit, c'est Luc, celui qui écrira plus tard l'évangile qui porte son prénom, médecin et secrétaire de Paul, qui devient le personnage central du livre, Luc auquel l'auteur avoue d'ailleurs s'identifier, du moins en partie. L'auteur est en effet omniprésent dans ce livre et tout d'abord dans la première partie où Emmanuel Carrère nous raconte comment il a traversé vers l'âge de trente ans une crise de foi aigüe qui a duré environ trois ans, au cours de laquelle il s'est rendu quotidiennement à la messe et où il a chaque jour commenté les textes chrétiens et tout particulièrement l'évangile de Jean. A la suite de quoi, il est redevenu athée tout en gardant en lui le souvenir étonné de ces moments où il croyait sa foi inébranlable. La question : "comment peut-on croire" (en Dieu, en Jésus...) est une question qui ne cesse de le hanter et ce livre peut-être lu comme une recherche sur cette question. C'est pourquoi le personnage de Jésus l'intéresse moins que tous ceux qui, autour de lui, ou parmi les premiers convertis, ont commencé à être convaincus par le message et la divinité de Jésus et à propager cette foi nouvelle ce qui véritablement a fondé le christianisme. J'ai trouvé cette recherche passionnante d'un bout à l'autre et cela tient autant à son objet (les premières communautés de chrétiens, les rivalités entre Pierre et Jacques (le frère de Jésus) d'une part et Paul, Luc et les "hellénisants" d'autre part, le personnage énigmatique de Jean, etc., toutes choses que l'on connaît en général assez mal) qu'à la forme très vivante de son récit, où il n'hésite pas à intervenir à la manière d'un Diderot dans "Jacques le fataliste", avec parfois des anecdotes sur sa vie personnelle qui ne manquent pas de piquant !
C'est pour moi une totale réussite.
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