Attention les yeux! Oui, j'ose le 5 étoiles!!! Et pourtant...
Évidemment quand on évoque le nom de
Jim Carrey, c'est immédiatement son rôle dans « The Mask » qui me vient à l'esprit. Il était tout simplement « génial » dans ce film atypique et tellement drôle. Il y a « Eternal Sunshine.. » aussi dans un autre registre.
Alors, à la proposition de lecture dans le cadre d'une masse critique Babelio "spéciale" avec les Éditions du Seuil, j'ai « sauté » sur l'occasion d'en savoir un peu plus sur l'acteur et je les en remercie.
J'ai commencé la lecture sans m'attendre à quelque chose de précis. Mi-bio, mi-fiction annonçait la quatrième de couve… Eh bien moi je parlerai plutôt de 4ème dimension. !!! Bien, pas bien ?? Je n'arrive pas à trancher pour le moment…
S'il m'a distraite, ce livre ne m'a pas fait franchement rire, bien au contraire. J'ai trouvé le ton de l'ensemble, cynique et désespéré. Et puis, allez, dans la foulée, je vais vous le dire, j'ai dû le relire une seconde fois pour savoir pourquoi ça ne m'avait pas trop emballée à la première lecture et ce qui m'avait « échappé ». Et finir par l'apprécier à sa juste valeur à la seconde lecture. Ça peut paraitre « bizarre », mais je cherche toujours un sens à mes premiers ressentis négatifs. Il en ressors presque toujours que je n'avais pas vraiment saisi l'intention de l'auteur.
Si on reste « collé » au réel, à l'histoire, ça prend rapidement un sens absurde, ça part dans tous les sens, et il y a surenchère d'invraisemblable et de peu crédible ; quant au final, on a intérêt à avoir suffisamment de distance…
Effectivement, il s'agit bien d'une satire au vitriol du Star System hollywoodien dans toute sa splendeur mais surtout sa démesure. La mégalo est reine ex-aequo avec la parano… pour autant, sont-ils tous aussi « barrés » gravement à la limite de l'internement psychiatrique ?
Au début, c'est « tranquillement » plausible. Jim est en pleine dépression (la « descente » du côté pile de la gloire). Apathique, abattu, reclus, abruti de séries télé et de documentaires Netflix qui le laisse larmoyant et hystérique, il n'est vraiment pas au top!
Seul, entouré de systèmes de sécurité sophistiqués hors-normes et surtout ridicules. Avec ses rottweilers surnommés Jophiel tous les deux (pour ne pas perdre de temps en cas d'attaque vous comprenez…). Ils sont censés non seulement le défendre mais aussi lui « prodiguer » amour et affection sur demande. C'est assez insensé, mais pourquoi pas…. Dans un monde où des chats héritent de certaines grandes fortunes…
Puis après on dérape complètement sur une parodie à la fois burlesque et flippante avec l'entrée en scène de Charlie Kaufman, metteur en scène, qui propose à Jim d'incarner le Grand Timonier version « blanche » pour dénoncer les méfaits du Capitalisme en se servant de ceux causés par l'anticapitalisme…. Ce sera le grand « Come-Back » de l'idole. Pour cela Jim doit grossir, et vite… s'ensuit une scène d'empifrement général à la limite de l'obscénité en compagnie d'un Anthony Hopkins tout aussi déjanté. Tout est dans la démesure encore une fois…. Pourquoi pas, Hollywood dans toutes ses frasques et folies… Enfin c'est tellement décalé que c'est un chouilla déstabilisant quand même, il faut suivre...
Entre temps, notre Jimmy fait une « fixette » sur une actrice de seconde zone qui le fascine dans une série de science-fiction « Aksana ». le voilà amoureux de Georgie. Et ce que star veux…
Ensuite ça glisse doucement (ou brutalement, c'est selon). On ne distingue pas de prime abord la fiction de la réalité. Dans l'invraisemblable. Et commence les questions existentielles et les métaphores. Car il s'agit bien de cela.
Il s'agit de la véritable personnalité des acteurs qui finissent par se confondre par mimétisme avec les rôles qu'ils interprètent et qui arrivent à s'y perdre eux-mêmes (la scène de l'appropriation du personnage de Mao dans la salle de bain est, ahurissante). le cumul des jeux d'acteur les rend quasiment fous, dédoublés, schizos.
Pour ma part, je pense que le service de communication de l'éditeur aurait dû bien préciser de ne pas s'attendre à une vraie bio stricto sensus. Et mi-bio ne suffit pas non plus à mon sens. La cible c'est vraiment les adeptes de l'acteur qui connaissent son parcours cinématographique. Pour les autres il aurait fallu être plus explicite. Les amener à envisager le livre comme des divagations de doux-dingues excentriques ultra riches qui peuvent tout se permettre. Surtout la démesure et le grand n'importe quoi. Une galerie de portraits dénonçant les conséquences d' Hollywood sur la vie de leurs acteurs.
Il s'agit plus d'une psychanalyse de ceux-ci, de leurs questionnements existentiels. du manque d'amour malgré le débordement d'admirateurs, la solitude malgré l'adulation des foules. de réalités fictives. de revers de médaille et de crise identitaire. de doutes, d'incertitudes, de remises en question. J'imagine que tout acteur (actrice) un tant soit peu « reconnu.e » doit le vivre à un moment donné.
C'est une réflexion sur « comment » vivre sa célébrité et surtout le revers de la gloire. Cela me fait penser au film de
Woody Allen, « Celebrity » ou même dans un autre style le célèbre « Boulevard du Crépuscule » en Français -« Sunset Boulevard » de
Billy Wilder en 1950 sur l'aveuglement d'une star déchue) ; ça pourrait-être tout aussi bien du
Tarantino ou les Frères Coen.
Ce sont des ressentis et des réflexions assez transcendantales, déguisés en superproduction sur des moments « flous » entre rêves et réalité. Ça ressemble à du
Beigbeder (toute proportions gardées) sous extasie en perfusions. Une sci-fi décousue qui ne tient pas debout en tant que tel.
Pour finir, j'insisterais surtout et encore, de ne pas rester « scotché » au réel, à l'histoire et garder en tête qu'il s'agirait d'un magistral blockbuster schizophrénique s'il était mis en scène ! Donc… vous tournez le « livre » quand, M. Carrey ?? Et n'oubliez pas vos « potes » Nic Cage, Hopkins et les autres !!!
J'oserais juste deux petites remarques: l'une sur la forme : les phrases sont parfois trop tarabiscotées. La construction étouffe le propos à mon sens. Sur l'histoire : le coup des Aliens à la fin était un peu « too much » pour moi, sinon, rien à dire. Un diamant brut qui parfois « pique » un peu les yeux.