Alors que débute le 20e siècle,
Lucy Gayheart porte bien son nom. C'est une jeune femme de 18 ans, au physique agréable, heureuse, gaie, un peu trop insouciante au goût de sa soeur aînée, qui aime la vie et la musique.
Encouragée par son père, horloger et mélomane, devenu veuf trop tôt, elle quitte sa petite ville natale du Nebraska rejoindre Chicago où elle va mener des études de piano. Elle laisse au pays Harry Gordon, le plus beau parti de la ville, lequel est amoureux d'elle mais n'a pas encore fait sa demande.
Chicago est pour Lucy un monde de liberté. Loin de s'y sentir perdue elle semble s'épanouir, profiter de la vie loin des contraintes d'une petite ville de province où tout le monde s'épie. Son destin bascule le jour où elle rencontre un célèbre ténor, Clément Sébastien, de 20 ans son aîné. Il lui propose de devenir son accompagnatrice pour la préparation de ses tournées. Lucy en tombe follement amoureuse.
Avec ce roman
Willa Cather dresse le portrait d'une jeune femme libre, volontaire mais aussi extrêmement romantique. Nous la suivons alors qu'elle passe de la jeunesse à l'âge adulte. C'est un roman d'apprentissage, récit au cours duquel on voit naître les espoirs de Lucy, apparaître la désillusion.
L'écriture est fine, avec beaucoup de subtilité dans l'évocation des sentiments, l'évolution des relations et des liens entre les différents personnages. On a beaucoup de plaisir à découvrir les lieux de l'action, que ce soit les paysages du Nebraska en hiver où l'urbanisme de Chicago.
Si le destin de Lucy et ce portrait de femme sont le centre de l'histoire, le récit, découpé en trois parties (Chicago, le retour à Haverford (nom imaginaire), le point de vue de Harry Gordon), il nous permet aussi de vivre toute l'ambiance d'une époque, tant dans le milieu artistique d'une grande ville que dans la vie quotidienne d'une petite communauté provinciale. le style suit le rythme de chacune de ces deux villes.
Je découvre cette auteure grâce au challenge Solidaire et suis surprise que les qualités de
Willa Cather ne soient pas reconnues à leur juste valeur en France. Une première incursion dans cette oeuvre, et probablement pas la dernière.