Un livre, et on l'oublie parfois, c'est d'abord un objet.
J'ai reçu, dans le cadre de « Masse critique », «
Le Clézio, témoin du monde » de la part des Editions Calioppées ; et l'objet est superbe : du « bon » papier et un format idéal à la prise en main. Bref, le confort. Confort qui passe également par la police du texte, également très agréable… Tout juste un petit bémol : l'illustration de couverture. Un peu froide et terne pour
Le Clézio, nourri de soleil, de
désert et de rivages…
Vient la lecture.
Claude Cavallero, en grand connaisseur de l'oeuvre, et après une « introduction » sur la genèse de l'écrivain, nous offre une étude transverse des différents ouvrages du récent
Prix Nobel de littérature.
On découvre un enfant au milieu de livres, avide de lectures et qui, si l'on en croit ses déclarations, « sut
écrire avant de lire » ; ainsi que des « premiers pas vers l'écriture » influencés par l'Art Pop, le Cinéma et l'Ecole de Nice.
Suit une analyse finement complexe du corpus de l'oeuvre de J.M.G. le Clézio, en deux parties distinctes : du « Procès verbal » jusqu'à « Mondo » pour la première, à partir de «
Désert », pour la seconde ; auxquelles il adjoint une préoccupation anthropologique dans les ouvrages extra-européens. Deux parties distinctes, mais néanmoins régies par les maître mots Lecléziens : mer, soleil,
désert, île et voyage, errance, marginalité, initiation.
Réputé inclassable…
Une réputation qui n'empêche pas C. Cavallero de tenter un rapprochement - de la première partie de l'oeuvre au moins - avec le « Nouveau roman ». Il s'agit là, pour ma part d'un des seuls points de désaccord criant avec l'auteur : grand amateur de J.M.G. le Glézio, je ne vois pas le rapport avec
Claude Simon et
Alain Robbe Grillet, ni même avec
Marguerite Duras et
Suzanne Prou ... Reste l'influence du cinéma réaliste italien, bien réelle à mes yeux.
Quelques redites en fin d'ouvrage du fait du collage « bout à bout » de travaux précédemment publiés, quelques passages jargonneux… mais finalement, un ouvrage que j'ai eu le plus grand plaisir à lire, tant il m'a permis de me replonger dans la prose « magique » de Jean-Marie le Clézio.