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EAN : 9782842612085
467 pages
Le Serpent à plumes (15/06/2000)
3.91/5   84 notes
Résumé :
Un village, dans le sud des Etats-Unis, le plus isolé et le plus désertique. Dominant toute l'existence de ce village, une communauté religieuse figée dans les préceptes les plus archaïques, secte apocalyptique de dégénérés. Sur le village et sur la secte tombe une pluie continue, Déluge qui témoigne jour après jour de la condamnation. Pour quelle faute ? C'est l'embarras du choix qui s'offre au dieu qui s'en soucierait, car ils sont tous effroyables, alcooliques à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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A l'instar de l'oeuvre musicale de Nick Cave, ce roman est difficile à classer dans une catégorie plutôt qu'une autre.
On retrouve dans cette histoire d'une communauté marginale de mystiques un brin consanguins, le style soigné, élégant mais sombre du "songwriter" à qui l'on doit entre autres, un album intitulé "murder's ballads", ce qui vous aidera peut-être un peu à le situer si vous ne le connaissez pas.
J'ajoute que je salue à cette occasion, le travail périlleux et un peu ingrat des traducteurs et traductrices (ici, elles étaient à deux sur l'ouvrage).
Il ne doit pas toujours être simple de restituer la pensée et le style d'un auteur, la prose d'un Nick cave est probablement du genre ardue à traduire.
Merci et bravo à toutes et à tous pour leur travail de l'ombre qui, quand il est réussi comme c'est le cas ici rend justice au talent des écrivains non francophones !
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L'histoire se passe dans un village du Sud des Etats-Unis, dans les années 40-60. Les habitants vivent complètement dans la religion, toute leur existence semble vouer aux Ukulites, une secte apocalyptique, archaïques et disjonctés. le destin de la communauté bascule le jour où une pluie continue s'abat brusquement sur la contrée. le déluge dure des années, condamnant les habitant et leur monde rongé par la consanguinité et les horreurs.
La communauté est alors persuadé qu'ils ont commis une faute, ils vont alors se trouver un bouc émissaire, une pauvre victime du nom d'Euchrid Euchrow, un jeune garçon vivant en marge de la secte. On va canaliser toute sa haine sur le petit garçon né d'une mère et d'un homme aliéné qui passe son temps à confectionner des pièges pour animaux, il souffre de multiples tares, il est notamment sourd et difforme. Euchrid perd aussi son frère jumeau, mort-né. Pour fuir tout cela, il s'invente un monde, le Royaume de Tête-de-Chien, d'où il observe la vie absurdes et dégénérer du village. Se prenant pour un intermédiaire entre Dieu et le règne humain, il entretient une relation ambiguë avec Beth, l'ange salvateur qui est porté aux nues par le Ukulites pour avoir, selon eux, fait cesser le déluge.
Lorsque je l'ai lu, il est devenu mon livre culte. C'est un monde de violence et de crise qui prend le décor d'un village complètement marginal. Les habitants vivent dans la crainte de tout signe divin, tout en étant d'une cruauté et d'une infamie hallucinante. Ce roman m'avait même inspiré une nouvelle, je me suis prise à vouloir appelé mon premier enfant Euchrid. Complètement bouleversé par ce roman, j'en était d'autant plus fan de Nick Cave, ces chansons, ces écrits, ses talents multiples ont achevé de me rendre accros. Ce livre est peuplé de toutes les facettes immonde de l'Être Humain, de dévôts religieux sadiques, un monde insenser qui vous prends au trip, complètement fascinant, il n'y a pas de mot.
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Quand mes étagères débordent de trop, généralement, je prends les piles de bouquins et je les emmène avec moi au travail. le but n'est pas de leur montrer la photocopieuse et de leur apprendre à se servir d'un traitement de texte mais de les laisser sur une table à la disposition de tous. Généralement, les piles ne tiennent pas deux heures, et ensuite pendant des semaines je vois mes anciennes lectures dans les mains de mes collègues de travail, ce que je trouve ma foi plutôt plaisant. Il y a peu, quelques temps après un lâcher d'épreuves, j'ai eu la surprise en arrivant un matin de trouver sur ma table une petite pile de romans. Des romans plus ou moins récents, des romans visiblement déjà lus, quelqu'un avait décidé de me rendre la pareille. Ça a fait mon bonheur pour plusieurs jours de penser que quelqu'un était passé déposer cette petite pile à mon attention, franchement, j'ai trouvé ça charmant.

Passé un premier tri (tout le monde ne peut pas connaître mes goûts bizarres) j'ai jeté mon dévolu sur Et l'âne vit l'ange, parce que ça avait l'air bizarroïde et parce que la collection Motifs, du temps qu'elle existait (snif le Serpent à Plumes…), était réellement un gage de qualité. Et je suis tombé sur un truc plus que bizarroïde, en fait. Nick Cave est donc un musicien (oui alors ma culture musicale passé les années 60 est nulle) et il a écrit ce bouquin qui ressemble à… je ne sais pas, un trip sous acide et en même temps extrêmement bien construit et pensé.

Je n'ai cependant pas réellement réussi à rentrer dedans, c'était probablement trop obscur et cela demandait trop de clés pour mes envies de simplicité du moment. Mais c'est un beau texte, une mélopée, que je garderai dans un coin de ma mémoire.

A noter qu'il a été réédité chez Points.
Lien : http://www.readingintherain...
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Le roman de Nick Cave prends place dans un leiu imaginaire qui ressemble grandement à l'Amérique avec des rues comme Maine road.Euchrid nait muet et son frère meurt très jeune Sa mère est alcoolique et mets en place une ambiance de plomb dans la famille pendant que son père crée des pièges pour y attraper des rats ou autres et manger. Au menu donc dénuement, atmosphère d'Apoclypse, du sang de la sueur et la mort.C'est très bien écrit et on n'en sort pas indemne. Très noir ma fois, ironique peut-être amis mettant en scène une lutte sans merci pour la vie.
Très grand livre à mon sens qui ne se laisse cependant pas dompter facilement.
Après la marque laissé est très forte, semblable à celle du seigneur des porcheries ou de Middlesex qui joue beaucoup également des mythes.
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Nick Cave signe là un roman noir à la fois gothique et poétique. On retrouve vraiment dans le rythme et la musicalité de la narration le paroliste des Bad Seeds. Mais on retrouve aussi l'homme sensible à la cause des marginaux, des boucs-émissaires et des illuminés. La traduction, remarquable, nous emmène très vite dans ce sud des Etats Unis, tantôt vibrant de chaleur, tantôt inondé de pluies diluviennes, accablé d'autant de calamités divines qui pleuvent sur des hommes perdus, en quête de Dieu.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Écoutez, c’est pas que je veuille dire du mal des morts, mais vous ai-je dit que ma mère était une conne de grosse vache ? Eh bien, c’est précisément ce qu’elle était – une sale conne de grosse vache, avec un asticot noir desséché en guise de cervelle.
La cradingue avait coutume de jouer à la pédagogue quand elle n’avait pas trop picolé pour être incapable de se tenir debout et de parler. C’était pas beau à voir.
Un certain soir où P’pa était allé se coucher de bonne heure, Man décida qu’elle allait m’instruire au sujet de mon patrimoine, mes aïeux, mon arbre généalogique, et caetera. J’écoutais, assis sur la chaise raide, et nous jouions à ce jeu auquel elle prenait tant plaisir.
Chaloupant devant moi, sa bouteille de grès dans une patte, une vieille tapette à mouches en plastique dans l’autre, elle donnait d’abord la leçon, ce qui pouvait prendre quelque chose comme une heure, parfois deux ; ensuite, elle me mitraillait de questions. Si la réponse était « oui », je devais lever la main droite, et si la réponse était « non », je devais lever la gauche. Si je répondais mal en levant la mauvaise main, elle me flanquait avec la tapette un coup cinglant sur le sommet du crâne. Si je ne répondais pas du tout, ce qui était fréquent attendu que mes deux mains avaient été attachées aux pieds de devant de la chaise, elle me tapait sur l’oreille droite, ou sur l’oreille gauche, suivant ce qu’elle pensait être la réponse correcte.
Parfois, quand elle arrivait au fond de la bouteille, elle réalisait qu’elle-même avait oublié la réponse, et je recevais alors un coup sur chaque oreille. Quand enfin elle ne pouvait plus se rappeler les questions, ou le sujet même de la leçon, ou, à la fin, plus du tout pourquoi j’étais ligoté à la chaise ni pourquoi elle avait une tapette à la main, elle s’emportait dans une frénésie de volée, coups, claques, revers de la main, empoignades, piétinements, jusqu’à ce que, finalement, elle s’effondre dans son fauteuil, épuisée. Je devais alors attendre que P’pa décide qu’il pouvait en toute sécurité entrer dans la pièce pour me détacher.
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"Beth leva les yeux. Elle vit Euchrid. Elle vit l'Ange, ciselé de marbre. Elle perçut l'écho inquiètant de leur attitude, de leur pose, de leur propos. Elle vit l'un ailé, aux os blancs et insufflé de grâce, et elle vit sa manifestation incarnée, misérable et couverte de boue. Et elle vit ses blessures, sa longue chevelure, ses pieds nus, sa poitrine palpitante"
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Pas une seule âme n'était visible en ville, car pas une seule ne s'y trouvait - pas une, ni solitaire ni se baladant en couple. Il était de coutume, pour les doyens des Ukulites, de marcher par deux - c'est-à-dire en couple - bien que beaucoup flânaient seuls, comme c'est l'usage dans le monde entier pour les personnes âgées - c'est-à-dire que, dans le monde entier, il est tout à fait courant de voir les vieux se balader - deux par deux, ou seuls jusqu'à la fin de leur cœur, ou de leurs jambes, ou de leurs jours - seuls ou en couple, et cela jusqu'à leurs tombes.
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"La peau de ses bras était sans défaut, sauf aux endroits où elle s'enfonçait des aiguilles, pour que mollissent ses os cassants et que flottent ses membres, pour que son corps céleste balance d'avant en arrière, dans sa peau de soie frissonnante. Son fin vêtement se tendait de toute la vie alanguie qu'il renfermait"
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Quelques maisons acceuillirent la Folie comme locataire.
Ce fut lors d'une soirée humide et irréelle que Rebecca Swift, la jeune et modeste épouse de Sardus, l'entendit frapper dans sa tête -trop fort cette fois pour qu'elle l'ignore- et que le cœur tremblant, de ses minuscules mains frissonnantes, elle tira d'un coup sec le gros verrou noir et laissa la locataire entrer.
Rebecca était esclave d'une mélancolie accablante qui s'emparait à volonté de sa délicate personne puis restait, gisante, sur elle, comme un amant épuisé.
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Videos de Nick Cave (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nick Cave
Sébastien Ménestrier présente son nouveau roman "Où la chanson va", en librairie dès le 7 avril 2023.
RÉSUMÉ
Neuf histoires écrites à partir de la musique, des chansons, de ce qu'elles peuvent raconter. Suivre Bashung, Amy Winehouse, Bartók, Brahms, Gershwin, Nina Simone, Babx, Thom Yorke, Nick Cave. Neuf histoires pour affronter le danger, neuf histoires pour s'en tirer
S.M.
https://www.editionszoe.ch/livre/ou-la-chanson-va
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature anglaise et anglo-saxonne>Littérature anglaise : textes divers (270)
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