Enchanteur et envoutant. Déconcertant aussi.
La chambre peinte est une histoire sans histoire. C'est davantage un prétexte, un exercice de style, empreint de poésie, de charme, de fantasmes. Trois nouvelles qui se suivent et se succèdent, chacune avec son narrateur unique, dont l'élément central est la fameuse « chambre des époux », dans le palais du marquis de Mantoue à cette époque troublée et fascinante de la Renaissance.
L'humaniste et philosophe Marsilio aime Nicolosia qui aime Mantegna, l'ami du premier et artiste réalisant les fameuses fresques du palais.
Nana, la fille du marquis de Mantoue, vit dans un monde de rêves et de fantasmes pour échapper aux intrigues complexes d
e son époque.
Dix ans plus tard, le jeune Bernardino, le fils de Nicolosia et Mantegna, observ
e son entourage et se laisse envouter par les fresques.
Trois intrigues mais, comme je l'écrivais plus haut, elles ne servent qu'à situer et mettre ces gens en relations. Oui, il y a le contexte historique et quelques événements plus personnels (dont un meurtre) mais c'est secondaire. Ce qui est important, c'est cette riche famille, sa parenté et sa clientèle, leur palais, la fameuse « chambre des époux » et ses fresques, les statues antiques et autres décorations exotiques, même un paon dans le jardin. Tout est prétexte pour faire rêver et favoriser des envolées fantastiques.
L'auteure
Inger Christensen est d'abord et avant tout une poétesse et ça paraît.
Dans
La chambre peinte, la réalité se mêle à la fiction, on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Ça devient une succession de tableaux hallucinatoires, à prendre au sens propre autant que figuré. le tout dans un style onirique parfait. Et c'est bien ainsi, du moins, pour les amateurs du genre. Il faut le dire, le début m'a surpris, je cherchais trop un sens à ces histoires alors que le lecteur ne devrait que se laisser porter par cette poésie envoutante et onirique. En d'autres mots, faire comme les gens qui habitent ce palais et qui admirent ses fresques, c'est-à-dire philosopher, rêver, vivre au milieu de ses songes.