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EAN : 9782021194173
544 pages
Seuil (02/03/2017)
3.28/5   9 notes
Résumé :
Waldy Tolliver, dernier rejeton d'une extravagante famille, fondatrice d'un empire du cornichon et versée dans la physique quantique pour amateurs, se retrouve un beau matin piégé dans un appartement new-yorkais aux allures de capharnaüm - exilé hors du temps, qui pour lui ne passe plus. Un siècle plus tôt, l'aïeul Ottokar a découvert le secret de l'immortalité - avant qu'un bête accident de la circulation ne l'empêche à jamais d'en faire profiter l'humanité. Depuis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Quoi de mieux que d'entamer l'année avec la découverte d'une pépite méconnue, mêlant originalité et maîtrise, faisant confiance à l'intelligence du lecteur ?

"Les accidents" déroule sur plus d'un siècle l'histoire des Toula, lignée touchée d'une sorte de malédiction depuis la mort accidentelle, en 1903, de l'aïeul Ottokar. Saumurier à Znojmo, bourgade de Moravie célèbre pour ses cornichons, Ottokar revenait de chez sa maîtresse, bouchère dont il n'aimait pas que les fenchelwurst, lorsqu'il fut fauché par une des rares autos circulant alors dans l'Empire des Habsbourg. Un comble pour celui dont la plus grande passion était sa défiance envers l'ultra-modernité, dont la voiture sans cheval représentait le symbole… Dans sa poche, une partie des notes prises sur la dernière découverte en date de cet homme obsédé par la maîtrise du temps, notes énigmatiques et tronquées, mais révélant, du moins selon Waldemar et Kaspar, ses deux fils adolescents, le secret de l'immortalité. Dès lors, décrypter la formule incomplète et d'emblée incompréhensible devient une idée fixe se transmettant de génération en génération, la science devenant une religion familiale, pratiquée au fil du temps avec plus ou moins de fantaisie, plus ou moins de malveillance...

L'histoire des Toula (devenus les Tolliver suite à l'émigration de l'un d'eux aux Etats-Unis) nous est contée par Waldy, l'arrière-petit fils d'Ottokar, qui en élabore un manuscrit à l'attention d'une mystérieuse Madame Haven, que l'on devine avoir été sa maîtresse. Il le fait depuis l'appartement new-yorkais de feues ses tantes, enfermé dans une sorte de labyrinthe composé d'un colossal entassement de papiers divers, et banni, selon ses dires, du flot du temps... Son récit nous emmène de la Vienne du début du XXème siècle aux milieux bobos du New-York contemporain, des camps d'extermination nazis aux arcanes d'une secte New Age fondée sur un obscur ouvrage S.F., entremêlant tragédies de l'Histoire et anecdotes, parcourant la palette des manifestations diverses de l'expression de la folie humaine, qu'elle soit inoffensive ou mène à la barbarie.

Ce faisant, nous croisons des personnages eux-mêmes souvent atypiques, voire complètement déjantés, membres de cette famille pour laquelle l'objectivité a toujours été un concept étranger voire carrément extraterrestre, ou proches et connaissances parfois aspirés, voire inspirés, par le tourbillon de cette folie transgénérationnelle. Waldy lui-même laisse filtrer certains signes d'une démence que ne suffit pas à expliquer son existence ratée… derrière ce qu'il revendique comme la transcription de la chronique de l'histoire familiale, se révèle sa propre obsession pour le grand-oncle Waldemar dont il porte le prénom, célèbre pour avoir effectué de funestes expériences sur les prisonniers d'un camp de concentration. La rédaction de son manuscrit n'aurait-elle finalement pour seul but que d'exorciser cet homonyme qui le hante, en résolvant le mystère qui s'y rattache, lié à la gestapo, à la guerre, à la vitesse de la lumière et à un étrange jeu de cartes auquel plus personne ne s'intéresse ?... Avec ce personnage à la fois pathétique et touchant, dont la voix insuffle à la narration une tentative de prise de distance que contre une détresse sous-jacente mais prégnante, John Wray s'interroge sur le poids des héritages laissés par nos aïeux, et la responsabilité qui nous incombe quant aux fautes qu'ils ont commises.

Vous l'aurez sans doute compris, "Les accidents" est un texte profus et inventif, certes parfois exigeant (cependant jamais inabordable) mais aussi passionnant et drôle, et à la fois sombre et ludique. Pénétré de la hantise du passage du temps, il témoigne des subterfuges illusoires ou des méthodes pseudo-savantes pour le contrer ou en acquérir la maîtrise, questionnant au passage sur les dévoiements et les incessantes remises en cause des acquis scientifiques. L'intrigue elle-même, ponctuée d'ellipses temporelles, d'aller-retours entre passé et présent, de possibles bifurcations du destin, semble adapter son rythme et son déroulement à cette quête.

A lire !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un livre très sympa, notamment grâce à l'écriture très détachée et drôle (à mon sens). L'histoire est par moments complexes, puisque cela traite après tout de voyages dans le temps et de physique du temps, mais cela reste intéressant de découvrir les différentes générations de cette famille obsédée par "les Accidents". J'ai apprécié le fait que chaque membre de la famille soit totalement fou, chacun à sa façon, et que tout cela parvienne malgré tout à rendre un portrait familial touchant et finalement assez poétique.
J'ai finalement peut-être moins aimé les passages où le narrateur parle de sa propre vie, même si cela donnait lieu à des situations finalement assez amusantes.
Un bon livre, quoiqu'un peu compliqué peut-être pour ceux qui souhaitent simplement quelque chose de léger. Il faut quand même s'accrocher un peu pour celui là !
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J'ai acheté ce livre après avoir lu une très bonne critique. Fatigue ? manque de concentration ? je suis passé à coté. Un peu par défi, parce que l'idée de base est séduisante, je me suis accroché jusqu'à la page 210 (bien des chefs-d'oeuvre comptent moins de page). Je cherche encore le trépidant, l'inventivité, la réalisation de la promesse du 4ème de couverture ; ça m'a paru lent, lent, lent. La relation épistolaire du narrateur est interminable et vient parfois interrompre les moments ou le récit semble s'animer. J'y reviendrai, peut être ... mais il y a tant de titres prometteurs par ailleurs à lire !
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Délirant! un peu compliqué parfois pour ma petite cervelle, mais quelle imagination! hélas, je ne me souviens déjà plus de la fin....
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La fortune est chose notoirement précaire, Madame Haven, et même les plus grandes œuvres d’art sont attachées à leur époque et à leur culture ; une découverte scientifique, par comparaison, est intemporelle. Une grande théorie peut être amendée, comme le système planétaire de Galilée ; affinée, comme le principe darwinien de la sélection naturelle ; voire, pour finir, écartée, comme le postulat newtonien du temps absolu ; une fois métabolisée, néanmoins – une fois qu’elle a transité par l’intestin collectif et s’est ajoutée à la chaîne socioconceptuelle –, elle ne peut plus disparaître qu’avec la mort du savoir humain.
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L’idée que tous les physiciens depuis Newton sont des imposteurs ou des crétins (voire les deux) est notre dogme familial, transmis de génération en génération telle une vendetta ou une allergie aux noix. J’ai été biberonné à la proposition selon laquelle le temps file à la manière d’un boomerang, ou d’un satellite, ou – si l’on veut vraiment qu’il soit une flèche – de celle d’une girouette bien huilée.
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Le temps évolue librement autour de moi, il gargouille comme un tourbillon, ondoie à la façon d’un champ quantique, s’enroule en galaxie autour de son moyeu central – et dans le moyeu, cependant, tout est calme.
Y a-t-il une chance, même infinitésimale, pour que vous trouviez et lisiez un jour ce manuscrit ? Si je ne le pensais pas, je ne pourrais continuer. Et si je ne continue pas, je disparais.
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Après tout l’imagination est une forme de voyage, quoique balbutiante et incomplète. Et toute histoire est un acte de dérobade.
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« Le temps est une flèche qui file dare-dare. » Il a marqué une pause, pour l’effet. « Mais le taon sur la pêche a un plus gros dard. »
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