« On écrit toujours avec une main coupée »
Selon Hélène Cixous, l'écriture ne renvoie pas à un statut ni à une profession, mais à un acte : aussi écrit-elle en collaboration avec les voix qui l'habitent et la traversent. Dans cette perspective on peut à bon droit reprendre la formule par laquelle elle titre une séance de son séminaire : « On écrit toujours avec une main coupée». Ces ouvrages nous confrontent en effet au mouvement même de la vie et de la mort, à la joute entre Eros et Thanatos, au commerce des vivants et des morts. Ils équivalent à bien des égards à « sentir, penser, écrire avec les fantômes ». D'autant qu'à travers eux se déploie un continuel et profond questionnement : qui parle, qui écrit quand « j »'écrit ? On comprend dès lors que, dans ces conditions, Hélène Cixous soutienne : « Transformer sa pensée en poème, parce que c'est cela écrire ».
Première table ronde :
- M. Marc Goldschmit, Directeur de programme au Collège international de philosophie : « Derrida, l'écriture, la littérature » ;
- Mme Marie-Claude Bergouignan, PR émérite, ancienne VP de l'université de Bordeaux IV: "Hélène Cixous et la cause des femmes" ;
- Mme Céline Largier-Vié, MCF Paris 3 : « 'Une présence incalculable' : l'Allemagne d'Hélène Cixous ».
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Note de musique : © mollat
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Hélène Cixous/5
1 notes
Résumé :
"En 68-69 je voulais mourir, c’est-à-dire arrêter de vivre, d’être tuée, mais de toutes parts c’était barré.
Je commençai à rêver de m’écrire une Tombe. Ce serait un testament. Le mot testament dans ma tradition, celle de Shakespeare et du romantisme allemand, fait de l’esprit. Il fait Wit en anglais. Witz en allemand. Vite en français. Il fait vite. Le Wit ou Witz fait vite et par conséquent Vif. Il va trop vite pour être arrêté. C’est pourquoi, dans... >Voir plus
Je commençai à rêver de m’écrire une Tombe. Ce serait un testament. Le mot testament dans ma tradition, celle de Shakespeare et du romantisme allemand, fait de l’esprit. Il fait Wit en anglais. Witz en allemand. Vite en français. Il fait vite. Le Wit ou Witz fait vite et par conséquent Vif. Il va trop vite pour être arrêté. C’est pourquoi, dans... >Voir plus
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Citations et extraits (2)
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Je ne sais pas – comment – mourir – ne pas mourir – comment ne pas trahir. Comment on est – dans l’expérience paroxystique du mystère – complices du désastre. On se suicide selon le mode décrit par Kafka :
je vois la corde pour pendre quelqu’un dans la cour, je crois qu’elle n’attend que moi, j’y vais. On s’attend à la mort. Je me jette à la corde, au cou de la Mort.
J’ai beau lire Montaigne, rien n’y fait. Nul n’apprend à mourir. L’Événement nous tombe dessus. L’Événement sans heure. L’Événement volcanique qui soulève nos planchers, arrache nos toits, nos paupières, nous désarticule, nous jette dans les convulsions.
Je n’y suis pour rien et tout est de ma faute. On ne devrait pas y penser. Il est toujours trop tôt pour penser à la Mort.
je vois la corde pour pendre quelqu’un dans la cour, je crois qu’elle n’attend que moi, j’y vais. On s’attend à la mort. Je me jette à la corde, au cou de la Mort.
J’ai beau lire Montaigne, rien n’y fait. Nul n’apprend à mourir. L’Événement nous tombe dessus. L’Événement sans heure. L’Événement volcanique qui soulève nos planchers, arrache nos toits, nos paupières, nous désarticule, nous jette dans les convulsions.
Je n’y suis pour rien et tout est de ma faute. On ne devrait pas y penser. Il est toujours trop tôt pour penser à la Mort.
Et qu’en sera-t-il pour celui à qui il arrivera que les choses belles soient devenues siennes ? S’il devient mien qu’en sera-t-il d’amour et de moi (...) Cherche-moi la phrase la plus sûre, Amour, donne-moi la plus fulgurante des langues donne-moi le trait brûlant avec lequel je l’atteindrai sans le perdre !
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