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EAN : 9782841113941
205 pages
Editions Nil (19/02/2009)
4.02/5   21 notes
Résumé :
"Comment imagine-t-on une maison ? Par quoi commence-t-on ? Existe-t-il une pièce plus importante que les autres ? Celui qui n'a jamais pratiqué l'exercice ne sait pas combien ces questions - exemplaires de trivialité - atteignent le fond de la conscience en malmenant nos habitudes puisque, soudain, elles interrogent leur bien-fondé."
Non loin de sa maison de famille désormais interdite - on a changé les clefs -, dans la vallée des Papillons où, enfant, il al... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ecrivain remarquable et jardinier planétaire, Gilles Clément (né en 1943 à Argenton-sur-Creuse) sait voir et dire les petites choses qui ne sautent presque plus aux yeux de personne, le balancement des graminées sauvages, l'éclat de lumière sur la pierre, les riens du quotidien quand le silence sculpte les gestes et les paroles rares des derniers paysans. Mis à la porte de la propriété familiale, il cherche une maison et le terrain qui lui correspondent mais il est désargenté au mitan des années 1970 et les offres ne satisfont pas à ses exigences pourtant évidentes et simples ; il souhaite sa maison lumineuse, ouverte et vivante. Il finit par trouver dans la Creuse, après avoir sillonné l'hexagone en particulier et le monde en général, un terre en friche vibrante de vie, un « là-bas » et un « là-dedans », termes usités par les locaux pour : « donner un sentiment d'effroi à la distance procurée par le changement de milieu » ; « un bon coin pour la vermine » dit Roger, de la ferme Fressignaud quand il pérore en ville en se vantant « d'avoir tué cinquante écureuils » puis en marchandant ses trophées contre du mauvais vin. La maison s'édifie pierre à pierre sur des années. Son isolement impose une absence de commodités à commencer par l'eau courante et l'électricité. Les gendarmes viennent faire une enquête de voisinage contraignant Gilles Clément à prendre les devants afin de contrecarrer la rumeur, mauvaise et fumeuse. Finalement, la maison obtient son permis de construire et son droit d'exister règlementairement.
Le récit autobiographique de Gilles Clément ne s'ancre pas exclusivement dans un territoire creusois. L'auteur s'y découvre et montre un cheminement de pensées en accord avec un lieu, une histoire et une conscience écologique en marche, à la fois proche de la vie et lancée dans la prospective la plus féconde. le jardin en mouvement s'y dessine progressivement. La maison s'y continue naturellement. Gilles Clément s'adapte aux contraintes et aux limites, les siennes et celles du terrain. Ainsi les angles seront arrondis, les arbres serviront d'échafaudage, une branche de châtaignier deviendra un escalier. Inventeur du tiers paysage, Gilles Clément a conçu des jardins publics étonnants à l'égal de ceux, suspendus, du quai Branly. le texte contient quelques fulgurances poétiques réussies et l'auteur sait restituer avec humour, empathie, lucidité tous les ratés et les à-côtés dont le quotidien regorge.
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Je le connaissais immense jardinier par ses créations, je le découvre écrivain maniant la plume comme le vent berce ses plantes, tout en finesse. La majuscule s'efface et l'humilité prend sa place. On découvre l'histoire de sa maison en Creuse comme un long haïku? Les perles se suivent et nous font aimer l'homme et la nature. On ne doute pas que l'on puisse vivre et reclus et ouvert. Tout est une question d'alternance comme en politique. Vraiment heureux d'avoir lu cet opus et impatient de découvrir le bonhomme en question à Sabres en décembre. Merci à Marie de la médiathèque d'Aire-sur-l'Adour de m'avoir prêté son bouquin perso le temps d'une lecture.
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Un récit jubilatoire, avec de charmants protraits des voisins, ceux qui sont favorables comme ceux qui sont hostiles, ceux qui passent régulièrement voir l'avancée des travaux (et boire un coup). Quelques éléments qui ne peuvent que me réjouir, comme page 56 les cartes postales du collectif Plonk & Replonk (dont je vous ai parlé pour la première fois en septembre 2009), ou encore le château de Crozant... Je suis plus surprise par l'éloge des berces du Caucase, présentes sur le terrain et qu'il choisit de conserver, même si elles sont généralement considérées comme invasives et dangereuses (elles peuvent provoquer de graves brûlures, voir dans cet article sur les plantes invasives). Un récit à lire absolument pour un autre rapport au monde et à la nature, à la maison et au jardin!
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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"Si on ne prend pas le temps de regarder, on n'arrive jamais à rien voir."
Paul Auster
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
     
Le jardin de la Vallée se présente comme une clairière subite, à la fois détachée du monde et reliée à lui par un chemin de terre. En apparence, un chemin ordinaire, entouré de champs et de fruitiers alignés, mémoire d’une haie de bocage. En réalité, il constitue la dernière étape d’un paysage organisé. Si l’on vient de la ville et des grands axes routiers, on suit un itinéraire de voies décroissantes dans un ordre logique : autoroute, route nationale, route départementale, villages, chemin vicinal, hameaux, chemin communal, chemin de terre (…)
     
Pour Arnaud, cette progression fait référence à l’entrée calculée des instruments de musique dans une partition d’orchestre. À aucun moment il ne parle de jardin, d’architecture ou de forme ; il tient son discours à propos de musique, note les crescendos d’azalées, la concordance des sons, la solitude d’une molène blanche isolée dans un semis de double croches et de pissenlits, s’interroge sur un pizzicatto ténu mais haut placé dans la sphère des lianes et signale l’emplacement des tambours-gunneras en insistant sur la gravité des basses. Mais plus que tout il s’enchante d’un fond soutenu par les cordes où je reconnais les charmes, les chênes, l’ensemble formée par la flore naturelle…
« Vous comprenez, dit-il, il ne s’agit pas d’un jardin, mais d’une symphonie concertante. »
     
Je comprends le discours de celui qui fixe les règles de la dialectique et s’y tient coûte que coûte afin de conclure en apothéose pour démontrer le bien-fondé de son analyse. Mais Arnaud n’use pas de métaphores par un simple jeu de l’esprit, il aime la musique et la nature. Plusieurs années après cette entrevue, il m’avouera s’être détaché des artifices obtenus avec les plantes et l’architecture. Pour ne plus éprouver de malaise en ces lieux de maîtrise, il dira se détourner des jardins afin de se consacrer à ce que la planète offre de plus étonnant sans intervention de l’homme. (…)
     
Concernant la Vallée, Arnaud émet des réserves : ce n’est pas tout à fait un jardin. La combinaison du travail produit par le jardinier et de celui produit par la nature donne préséance à cette dernière. Il trouve en ce lieu une orchestration à sa convenance. Comme pour la musique, des mots cadencés dans une phrase lue, Arnaud démontre que le jardin se compose à l’oreille dans la lecture immédiate de l’espace.
     
(pp. 173-175)
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Par commodité, j'utilise la pierre. Un homme seul peut construire une maison de pierre. Bien plus difficilement manipuler les grands pans de bois, les panneaux préfabriqués, les pièces à grandes portées, trop lourdes. Par économie, j'ai collecté les pièces travaillées, les « reflets de misère », cédées pour rien, aujourd'hui introuvables ou coûteuses. Par économie et par respect : tailler la pierre, c'est faire de la montagne sauvage un objet de l'Histoire.
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[...] il ne suffit pas d'avoir une adresse, encore faut-il savoir où l'on habite ? Seul le voyage ouvre les portes d'une maison dont on croyait détenir les clefs. On sait cela au retour, après avoir vu comment font les autres, là-bas, la tête en bas, comment ils ouvrent et ferment leurs portes, comment ils s'adressent au peuple animal et au vent. Quel est leur jardin.
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Pour les habitants creusois construire une maison relève de la tradition. Aucun d'eux ne s'y hasarde plus, mais aucun ne s'en étonne. Elever des granges à plus de dix mètres, maçonner les murs en pierres jointes, taillés une à une, hisser des monolithes pour en faire des linteaux d'une seule venue, dresser des fermes monumentales aux emboîtements savants, tout cela fait partie d'un savoir faire sans surprise. Construire un escalier tournant sans garde-corps avec une branche ramassée dans les bois, c'est une autre affaire. Car, disent-ils, les uns après les autres, en venant visiter : "Fallait y penser".
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La hulotte insistante ajoute à la profondeur des nuits une dérive infinie de l’espace… à chaque appel, un déploiement du temps et, en tous temps, le voyage des cris de nature, cet embarquement. Certains soirs de juin, j’attends le noir du ciel et je m’écarte du sentier en marchant avec précaution, comme « au-dessus du sol » pour éviter le bruit de mes propres pas. Alors me viennent les sons de la nuit, le soulèvement d’une feuille en sous-bois, la chute d’une brindille, l’écho lointain d’un chien de ferme, les frondaisons de charme lissées par une brise délicate, un froissement de soie, puis rien. Rien pour nous, mammifères à sang chaud repérés par tant d’yeux, animaux nyctalopes absents de notre spectre de vision où tout se confond en ombres… (p. 63)
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Videos de Gilles Clément (45) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gilles Clément
"Pourquoi il est impératif de changer de mode de vie" Avec Gilles Clément, Paysagiste et Écrivain Animé par Anne-Solange Muis, Géographe (Dr) et Directrice des éditions Terre Urbaine
"De la pandémie qui a secoué le monde, du dérèglement climatique auquel nous sommes confrontés, Gilles Clément a retenu une leçon : il est impératif de changer nos modes de vie, de cesser la course à la consommation et de privilégier la sobriété. La non-dépense plutôt que la dépense. On ne peut pas s'en remettre à une économie qui détruit la nature et malmène la biodiversité, dit-il."
Retrouvez les livres : https://www.mollat.com/Recherche/Auteur/0-12357934/clement-gilles
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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