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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je devrais lire plus souvent des livres de Colette ; de ses tourments le coeur en serait apaisé.
Sido, c'est un texte très court de Sidonie-Gabrielle Colette, mais éblouissant de lumière, celle de l'enfance et des jours qui ne reviendront plus. C'est en quelque sorte une autobiographie, mais une autobiographie romancée, à peine j'imagine, avec le regard chaleureux et émouvant de Colette posé sur les siens, qui se souvient lorsqu'elle était une petite fille de dix ans...
Et parmi les siens, il y a sa mère Sido tant aimée, qu'elle fait revivre ici.
Entrer dans ce récit, c'est pousser une porte, c'est entrer dans le jardin de Sido qui la faisait souveraine de ce lieu. Entrer dans ce récit, c'est sautiller au-dessus d'un gué parmi les ancolies, les roses et les clématites.
On aime brusquement Sido, cette femme parfois excessive et piquante, son visage sauvage et libre de toute contrainte, ses yeux mêlés de charité et d'humanité. On aime Sido parce qu'elle devient à son tour notre mère, on l'aime dans ses gestes où elle reprend vie chaque fois qu'elle touche de la terre, on l'aime parce qu'on se dit que Colette sans doute lui ressemblait un peu, avait de qui tenir...
Mais derrière la figure maternelle, il y a les autres personnages de la famille, et comment ne pas aimer non plus ce père qu'elle nomme le Capitaine, revenu de la guerre estropié avec désormais un pied unique, cet homme qu'elle décrit comme poète citadin, drapé de dignité, de fierté et de grivoiserie lorsqu'il racontait des anecdotes à table.
Ce père aimant, cet homme aimant Sido, qui resta épris d'elle, longtemps après l'âge de l'amour. Mais y a-t-il un âge où passe l'amour ? Au péage de l'après-midi qui venait juste après le déjeuner sous le vieux frêne pleureur, il était fidèle à ce rituel du baiser posé délicatement sur la main de Sido apportant le café...
La mélancolie serait-elle une maladie de l'enfance ? Sido, c'est l'enfance heureuse de Colette, c'est l'odeur de ce jardin mêlé de grâce et de désordre, une odeur d'été avec le bleu des hortensias et le bruit du vent dans les ramures des arbres, c'est cette maison dans la campagne de l'Yonne. Ce sont les dimanches où la famille partait à la campagne et cette vieille jument noire qui tirait la voiture, tandis que le chien un peu fou jappait en courant derrière...
Et puis il y avait les autres enfants, les demi-frères, qu'elle nomme avec tendresse les sauvages et cette demie-soeur l'aînée de tous, un peu inconnue dont Colette dit si peu de chose, effleure à peine le souvenir, mais on pressent déjà la petite douleur de cette grande soeur qui ne sera jamais heureuse dans ce mariage qui la happa trop vite, trop jeune, brutalement...
J'imagine Colette se penchant sur son cahier, je l'imagine se souvenir, écrire ces pages inondées de poésie presque cinquante ans plus tard, le coeur peut-être serré, apaisé sans doute aussi un peu, avec tous les regrets de ne pas avoir si bien connu cette mère aimante.
Alors je referme la porte de ce jardin, je m'en vais sur la pointe des pieds, j'entends derrière moi le petit chien qui jappe, le Capitaine qui raconte des histoires grivoises. Sido alors peut-être le gronde ou fait semblant pour la plus grande joie des enfants...
Sido est une page de bonheur et de nostalgie dans l'oeuvre si belle de Colette.
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Une belle critique sur Babelio m'a amené à relire ce court récit de Colette.
Comme il y a beaucoup de critiques magnifiques sur le site, je vais faire court et essayer de donner mon ressenti.

Un texte absolument merveilleux, plein de nostalgie, dans lequel Colette évoque sa mère « Sido », son père, « le capitaine » et ses frères « les sauvages ».

Et à la relecture, j'ai revu une mère admirée, vénérée, comme une déesse du jardin familial, omnisciente sur les plantes et sur le temps qu'il va faire, mais à la fois tendre et dure avec sa fille, ses filles même puisque l'aînée, une demi-soeur plus âgée et qui ne vit plus dans le domicile familial est considérée avec mépris. Mais même avec la petite dernière, on sent entre les lignes que cette mère aime plus ses fils que ses filles. Et que sa fille a voulu magnifier une relation qui était sans doute plus difficile. Cela ne m'était pas apparu aussi fort à ma première lecture qui, il est vrai, remonte à pas mal d'années.

Le portrait du père est plus touchant finalement, moins idéalisé que celui de Sido, plus fin, plus nuancé. Un père amputé à la guerre, qui occupe un emploi subalterne, mais cultivé, un écrivain fantasmé mais qui n'écrira pas, un père qui cache sous une légèreté de façade, une grande timidité et une difficulté à communiquer avec sa fille.
Un père qui aime follement Sido, même si beaucoup de pudeur habite leur relation. Et un père dont Colette découvrira après sa mort toute la tendresse.

Et enfin les frères « les sauvages », en fait son demi- frère Achille, le plus plus âgé qui deviendra médecin, et son frère Léo très doué pour la musique mais qui n'en fera pas son métier, mais son passe-temps. Les souvenirs des «aventures » et de la soif de lectures de ces deux-là, ont un goût de paradis perdu, d'autant que s'y insère un dialogue nostalgique entre la narratrice et le frère Léo, devenu vieux, frère qui vient y raconter, avec détails, sa visite au village de l'enfance.

En conclusion, une évocation magnifique, pleine de sensibilité, émouvante, et avec cette si belle écriture, du « temps perdu ».
Et une invite à ce que je relise Les vrilles de la vigne.
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Dans cette autobiographie romancée que Colette écrivit à 56 ans, elle évoque successivement sa mère Sido, sorte de déesse omnisciente, le Capitaine, son père, homme tendre et distant, cachant sa mélancolie sous des fredonnements enjoués, ses deux frères "les sauvages" et sa demie-soeur, isolée au sein de la famille, probablement malheureuse, sans doute mal aimée, qui s'évadera dans un mariage désapprouvé.

On connaît l'importance du personnage de Sido dans la généalogie de l'oeuvre de Colette, mère recréée, sublimée, toute-puissante et inspiratrice. Je l'ai ressentie comme une présence incontournable, se mêlant de tout, surveillant tout, sachant tout, écrasante. Elle apparaît plus dévouée à ses fils qu'aimante envers ses filles, oublieuse de l'aînée et alternant mots tendres et rosseries envers la plus jeune. Bien sûr, le personnage est puissant et solaire, mais ridiculement sentencieux et extrêmement conventionnel malgré les efforts de l'auteure pour lui conférer une tournure d'esprit originale. Cette femme que Colette a voulu nous montrer comme cosmique et en fusion avec la nature pour en faire sa source de création, était, on peut le supposer aussi, et cela transparaît à travers les évocations, une femme piquante tenant son entourage sous sa férule.

Son époux au contraire, le Capitaine attire aussitôt la sympathie : il est un mutilé de la grande guerre où il perdit une jambe, décoré et devenu percepteur de sa commune, politicien raté, écrivain fantasmé, médiocre gestionnaire de ses affaires ; mais adroit de ses mains, excellent nageur malgré son handicap, un être doux et secret, époux probablement fidèle, jouant patiemment le jeu de la paternité sans y paraître vraiment investi tant le véritable centre de son univers était son épouse, Sido. Malgré tout aimant ses enfants, et valorisant surtout sa cadette : ayant remarqué très tôt ses capacités intellectuelles, il lui soumettait ses discours de politicien local pour avis.

Les portraits des deux frères de l'auteure sont remplis de tendresse et dignes de la grande littérature. Que dire enfin de sa pauvre soeur aînée, mal aimée, mal mariée, et dont on sait qu'elle finira pas se suicider ?

Voilà donc en plus des bois et du terroir bourguignon qu'elle aimera à la folie, le terreau humain où Colette assoira sa création.

Un grand style sert cette oeuvre clé : Sido est l'un des plus beau livre de Colette, et aussi l'un des plus courts.
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Sido, c'est le titre de ce recueil, écrit par Colette en 1929 pour évoquer son enfance et sa famille. Certes l'ouvrage se compose de trois chapitres, "Sido", "Le Capitaine" et "Les Sauvages" accordant aux fils et au père une partie a priori égale à celle qui est consacrée à la mère, Sido mais l'ensemble est clairement dominé par l'image de Sido, de sa complicité avec l'autrice enfant dans leur jardin rempli de fleurs et d'échos.

Pour recréer par l'écriture, ce jardin d'Éden de sa maison natale, Colette alors qu'elle est désormais âgée de 56 ans, retrouve les mille et un noms et couleurs des plantes cultivées par sa mère : "O géraniums, o digitales... Celles-ci fusant des bois taillis, ceux-là en rampe allumés au long de la terrasse, [...] "Sido" aimait au jardin le rouge, le rose, les sanguines filles du rosier, de la croix-de-Malte, des hortensias et des bâtons-de-Saint-Jacques, et même le coqueret-alkékenge, encore qu'elle accusât sa fleur, veinée de rouge sur pulpe rose, de lui rappeler un mou de veau frais" Elle ajoute aussi quelques " bulbes de muguet, quelques bégonias et des crocus mauves, veilleuses des froids crépuscules" sans oublier les arbres, "bosquet de lauriers-cerises dominés par un junko-biloba."...

Au milieu de ce jardin d'Eden, Sido telle une majestueuse déesse, "repoussait en arrière la grande capeline de paille rousse, qui tombait sur son dos, retenue à son cou par un ruban de taffetas marron, et elle renversait la tête pour offrir au ciel son intrépide regard gris, son visage couleur de pomme d'automne. Sa voix frappait-elle l'oiseau de la girouette, la bondrée planante, la dernière feuille du noyer, ou la lucarne qui avalait, au petit matin, les chouettes ? Ô ¨surprise, ô certitude... D'une nue à gauche une voix de prophète enrhumé versait un "Non, Madame Colê...ê...tte !" qui semblait traverser à grand peine une barbe en anneaux, des pelotes de brumes, et glisser sur des étangs fumants de froid."

Colette fait ainsi renaître les sensations de son enfance et avec elles tout un passé pourtant révolu. En effet, cette déesse-mère qui lui apprenait la vie et la nommait "mon Joyau-tout-en-or" finit par mourir laissant après elle son "Capitaine" qui "l'aimait sans mesure" mais qui "ne s'intéressait pas beaucoup, en apparence du moins, à ses enfants" et sa fille aînée "habitée par le fantôme littéraire des héros" et mal mariée, son fils aîné, un "sauvage" devenue médecin, son fils cadet, resté "sauvage" bien après l'enfance et notre Colette dont la plume magique fait renaître son enfance dans le paradis de la maison natale de Saint-Sauveur-en-Puisaye que j'espère visiter un jour.

Lien : http://www.lirelire.net/2021..
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Sido par Colette, Audiolib, 2023 (1ère édition : 1930)

Dans Sido, Colette évoque le souvenir de sa mère tant aimée, puis celui de son père surnommé « le Capitaine » et l'amour qui unissait ses parents ; elle raconte son enfance heureuse au sein d'une campagne bourguignonne idyllique, idéalisée sans doute.
Cette éducation harmonieuse a profondément marqué sa manière de vivre future. Sous le personnage de l'écrivaine parisienne affleure la jeune fille qui apprit à suivre le rythme des saisons et à goûter la sensualité naturelle de la vie, la petite fille que sa mère réveillait pour qu'elle puisse profiter de l'aube...

L'écriture est pleine de poésie et d'humour, d'émotion contenue et de sourires. L'autrice émaille son récit d'anecdotes piquantes sur ses parents, ses demi-frères et soeur, les voisins, les visiteurs. La nature devient aussi un personnage à part entière, propice au plaisir des sens.
Les parents sont décrits avec une grande lucidité, un regard aiguisé et curieux.

La version audio de ce livre, lue par Elsa Lepoivre, sociétaire de la Comédie Française, est un vrai régal.

Une très belle parenthèse littéraire.

#Sido #NetGalleyFrance

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Sido, la mère, le Capitaine, le père, Les Sauvages, ses deux frères. L'enfance de Colette s'est déroulée entre ces quatre êtres, au sein d'un foyer fusionnel dominé par la figure de la mère. Dans ce court roman, l'auteure brosse leur portrait, à sa manière, certes quelque peu "maniérée" mais dans une langue si riche et si belle qu'on ne s'ennuie jamais même lorsqu'au bout du compte on se demande de quoi elle a bien voulu parler. Une enfance heureuse, donc, de l'aveu de Colette, même si on peut émettre quelques doutes, tant la figure de Sido semble fortement retouchée. Cette femme fantasque, rebelle et tout à la fois fortement attachée aux traditions, autoritaire et pourtant aimée à la folie, a dû quelque peu perturber cette fillette qui a bien du mal à trouver sa place entre ses deux frères, choyés par leur mère, et une grande soeur qui a su très tôt prendre le large. Une chronique familiale pleine de tendresse, s'efforçant à la sincérité, à lire et à relire pour comprendre le destin étrange de cette écrivaine, devenue à la force du poignet un fleuron de la littérature française du vingtième siècle…
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Sido (dans cette édition suivi du recueil de nouvelles Les vrilles de la vigne) est un chef d'oeuvre de poésie délicate et précieuse, franche et sans concessions, un exposé d'une vie d'un autre temps à la modernité affolante

Colette est une autrice fabuleuse, fantasque et talentueuse dans son observation de tout ce à quoi elle rend hommage: sa mère, sa famille, la douceur de la campagne et de ses animaux, l'agitation stimulante du spectacle mais surtout, partout et entre les lignes, à la Femme, qu'elle adule, chérit et brutalise parfois pour mieux la servir.

Merveilleuse, merveilleuse Colette, à qui nous femmes devons tant.
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Ce texte intitulé « Sido » réunit les souvenirs d'enfance de Colette autour des portraits de sa mère « Sido », de son père, « le Capitaine » et de ses frères et soeurs. La maison et le jardin, lieu de vie de la famille à St Sauveur-en-Puisaye, sont décrits avec beaucoup de nostalgie. le jardin est présenté comme un petit paradis. Colette y restitue ses sensations et le plaisir de ses promenades.

Un ouvrage, poétique, qui affiche une belle connivence avec la nature. le lien mère-fille est également très intéressant à percevoir, Colette, étant le « joyau », le « chef d'oeuvre » de sa mère.

Pour poursuivre l'imprégnation de cette oeuvre à la fois originale et intimiste, pour (re)découvrir l'histoire et le parcours de cette écrivaine hors norme, en passant par la Bourgogne, n'hésitez pas à vous inscrire pour une visite guidée de la maison. Protégée par les monuments historiques et labellisée « Maison des illustres », l'ambiance et le décor sont parfaitement restitués.
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Ce petit livre raconte une partie de l'enfance de Colette.
En trois parties bien distinctes elle parle de la relation avec sa mère, son père et ses frères.
J'ai beaucoup aimé le style d'écriture de Colette, tout en retenu, imagé et poétique.
Une excellente découverte.
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J'ai aimé découvrir la famille de Colette à travers ses anecdotes à la campagne. La nature est très présente et l'on comprend dans ce récit que sa mère, Sido, lui a transmis son savoir et sa passion pour les animaux et les plantes. Quant à son père, il est davantage intéressé par l'écriture et la lecture que par les animaux. Sa soeur est également évoquée même si elle n'est pas très présente dans sa vie contrairement à Achille et Léo, ses frères. Colette nous transporte avec elle dans son passé heureux, entourée d'oiseaux et de fleurs. J'ai passé un excellent moment en sa compagnie.
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