Ayant eu récemment l'occasion de voir toutes les saisons de la série télé Bosch, je me suis trouvé dans une situation particulière :
Une vérité à deux visages est le roman qui a servi de trame à la cinquième saison de cette série.
Du coup, pour la première fois, je me suis trouvé à lire un Connelly dont je connaissais déjà l'intrigue. On y perd évidemment un peu… D'autant que les scénaristes télé sont restés au plus prés du roman, se contentant juste d'ajouter quelques scènes et de répartir différemment les rôles, puisque la série a choisi de conserver d'épisodes en épisodes quelques personnages : la supérieure de Bosch, Grace Billet, le chef Irving, et son binôme Jerry Edgar. Autant de personnages qui ne sont plus présents dans les dernières aventures littéraires de Hyéronimus Bosch.
Il s'agit du vingt-troisième tome de Harry Bosch, et Connelly ayant fait évoluer son personnage avec le temps, le Bosch du roman est beaucoup plus âgé que Titus Welliver dans la série. Bosch est en effet depuis trois ans à la retraite et n'est plus qu'un enquêteur bénévole pour la police de San Fernando. le seul personnage de la série que Connelly ramène dans son récit est Edgar, mais son rôle est bien moindre que dans la série.
Quant à l'avocat au rôle prépondérant dans ce récit, il s'agit bien entendu de son demi-frère Mickey Haller, et pas de maître Chandler…
A défaut de suspense, lire ce polar s'est transformé en jeu des sept erreurs : identifier en quoi la série s'était éloignée du roman, quels rajouts avaient été faits, dans quel ordre le récit était présenté... le constat final est très favorable à la série. D'une part Titus Welliver, quoique très éloigné de l'image que je me faisais de Bosch à la lecture des livres, est remarquable dans ce rôle. D'autre part, les scénaristes ont su garder ce qui fait l'originalité des romans : une grande précision dans les rouages de la police et la justice américaine, héritée du passé de chroniqueur judiciaire de Connelly.
Mais quel est le sujet du roman me direz-vous ? Réponse : une double enquête, sur des meurtres dans une pharmacie qui vont mener Bosch à s'intéresser à un trafic de médicaments utilisés par des drogués, et la réouverture d'un vieille enquête de l'inspecteur, de nouvelles preuves venant invalider la condamnation obtenue contre un tueur violeur en série. Bosch se serait-il trompé ? Aurait-il trafiqué des preuves ?
Sur ce second sujet, les scénaristes ont su faire preuve d'imagination pour complexifier un peu plus l'intrigue. Reste un bon roman, bien mené, très bien écrit, addictif (comme toujours).
Une vérité à deux visages est un bon Bosch. Régalez-vous à le lire, si vous êtes amateurs de polars bien construits.