Je dois commencer par dire que je n'avais pas très envie de lire ce livre, que j'avais un peu l'impression de voir partout, et que j'imaginais assez facile et un truc commercial dont je n'allais rien retirer. Ce n'est pas le cas. Ouf.
Je dois encore dire que le titre ne me semble pas correspondre, il est injuste envers le contenu, heureusement le sous-titre compense, mais quand même, pour moi c'est une faute éditoriale. Soit.
Corneau analyse donc les relations si compliquées entre père et fille, et mère et fils. Qui en effet selon lui et on peut assez bien s'y retrouver et être d'accord, "conditionnent" nos amours suivants.
Je dois dire que le rapport père-fille ne m'a pas beaucoup intéressé, je ne me sens pas concerné directement, je plaide donc pour une lecture à la carte. N'hésitez pas à ne lire que les chapitres qui vous impliquent. Ils vous toucheront, je crois à coup sûr.
Avec son oeil analytique, jungien surtout, avec ses concepts d'anima, d'animus, d'ombre, Corneau parvient semble-t-il à bien saisir les enjeux et les intrications etc etc. Il prône une nécessité de considérer ses parents comme des adultes eux aussi, avec une vie, eux aussi et qu'ils doivent continuer à vivre et à élaborer et à développer, une fois les enfants grandis.
L'exclusivité d'une fonction "maternant", et la continuation d'un complexe "maternel" difficile n'amenant à rien de positif.
Il pousse au développement, à la créativité, au mouvement de l'individu. Qui doit s'aimer avant tout. Avant de rêver entamer une relation positive à deux (si l'on a la tentation du couple). Etre heureux seul avant d'être heureux à deux.
Facile à dire. Il ne donne pas beaucoup de pistes pour cela. (Pas nécessairement l'objet du livre, me direz-vous.)
Au-delà de ça, je trouve beaucoup de répétitions, de propos qui se complètent et prennent de la substance en superposition, peut-être mais... tout de même, un peu répétitif.
Je trouve encore aussi un manque de rigueur scientifique, ou d'une limitation du champ et de la méthode pour aboutir à cet écrit. En même temps au moins il ne se paume pas dans mille théories et peut garder une ligne de conduite et de cohérence. Ce point critique est donc très relatif.
En vrac, des sous-thèmes : Le couple est devenu un champ de bataille, le patriarcat déstabilisé, la notion d'identité, la formation du moi, les complexes parentaux, s'aimer soi-même, identité sexuelle, différenciation sexuelle, l'animus, l'anima, pères et filles : l'amour en silence, guérir du père, le drame de la bonne fille, mère et fils : le couple impossible, les coûts de l'inceste affectif, la culpabilité, le drame du bon garçon, réflexions sur le rôle de la mère, mère monoparentale, le règne des répétitions, le couple n'est pas une obligation, la peur de l'engagement, le besoin de romantisme, la guerre des sexes, l'amour en joie, le travail de l'amour, le contrat de mariage psychologique, l'intimité avec soi-même, la joie.
Les points très forts du livre sont pour moi l'invitation à l'honnêteté, à dire les choses, à les poser devant l'autre, qu'on aime, pour qu'il comprenne où on (en) est, chacun et trouver des solutions créatives... plutôt que de s'emmurer dans des idées incompréhensibles, de plus en plus incompréhensibles pour l'autre...
Il valorise terriblement, il replace au fond, la sexualité dans l'amour. Sa juste place, un corps qui sert la relation, qui mérite d'être entendu, respecté, aimé et qui est le support des sentiments. Il combat les idées sclérosantes et mortifiantes héritées du judéo-christianisme et des morales paralysantes.
Même si c'est de plus en plus mis en avant, il ne faut jamais hésiter à le redire et le redire. Des siècles de prude oubli nous ont (dé-)fondé...
Enfin, il exhorte à la vie, à la joie. Quiconque est joyeux, heureux pousse les autres vers le haut, attire et provoque des relations joyeuses et heureuses. Ca semble être une évidence, un poncif. Mais qui agit réellement pleinement en ce sens.
Bon, au final, j'ai apprécié cette lecture. Pas tout, car pas toujours concerné, mais fondamentalement un livre positif. Et je veux m'employer à encourager le positif.
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Deuxième livre lu de Guy-Corneau. " N'y a t'il pas d'amour heureux? analyse de la relation amoureuse...." les relations parents- enfants conditionnent directement nos choix affectifs.....J'en suis convaincue.... en plus de l'histoire familiale transmise génétiquement....C'est lourd tout ça alors pourquoi pas rechercher les clés pour s'alléger!....J'apprécie cet auteur qui est aussi psychanalyste jungien car sa vision des relations est pour moi percutante et très juste. Je trouve également qu'il n'est pas toujours facile à comprendre! l'animus et l'anima...une intéressante approche de notre part de masculin et de féminin " Lorsque l'animus et l'anima sont prisonniers des complexes parentaux, ils se retrouvent immanquablement projetés sur des figures qui ressemblent aux parents. Comme si la nature nous obligeait alors à régler ce problème pour dégager notre créativité et poursuivre notre développement."...... le but de ce livre est de nous permettre de réfléchir sur soi, sur nos modèles d' éducation...!? celui-ci bouscule les neurones et donne du sens à nos souffrances dont le but est de comprendre nos fonctionnements afin de développer l'Amour de soi pour mieux Aimer les autres...Bonne lecture.
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Tout comme G. Corneau, je pense qu'avant d'arriver à vivre à deux, il faut déjà arriver à vivre seul, et surtout à être bien avec soi-même.
Après, je ne pense pas que ce soit uniquement les liens unilatéraux père-fille et mère-fils qui conditionnent nos amours (ce serait quand même bien simple), mais bel et bien l'ensemble de l'ambiance familiale, et surtout et avant tout la relation entre nos deux parents.
Etant donné que les enfants s'imprègnent d'actes et tout ce qui est non-dit, c'est, à mon avis, leur personnalité, leur vécu face aux relations familiales et leurs conclusions, tout cela, qui "conditionne" ces amours.
Bref, ce livre est un essai, mais il n'y a pas d'explications faciles, de toute façon, ni à ce que l'on a vécu, ni à ce que l'on devient.
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Invariablement, la blessure parentale risque d'engendrer le même problème chez l'enfant. Un être qui ne voit pas son existence naturelle confirmée comme étant bonne et agréable sans qu'il ait à accomplir mille singeries pour être accepté se retrouve avec un problème narcissique sur les bras : il ne s'aime pas et il aura de la difficulté à aimer. Il développera une fausse personnalité qui suivra dans les grandes lignes de ce qui plaît aux parents et délaissera les autres parties de lui-même. On l'accusera par la suite d'être égocentrique, centré sur lui-même, susceptible et incapable d'empathie. Cela est vrai dans la mesure où son véritable moi a manqué de renforcement positif. Ayant perdu le contact avec son identité profonde, il se trouve du même coup coupé de la vie et des racines de l'amour.
En définitive, ce qui marque vraiment l'enfant est l'attitude de ses parents devant les revers de l'existence. L'humeur démissionnaire d'un parent entraîne souvent la même chose chez le petit garçon ou la petite fille. Lorsqu'ils seront devenus adultes, ils répondront aux épreuves de la vie par le défaitisme. Si au contraire les parents répondaient aux épreuves par un optimisme inébranlable, leur attitude a de bonne chance de copier celle des parents. ils aborderont les difficultés en disant : "Ce n'est pas la fin du monde ! Mes parents ont survécu, je survivrai à mon tour. Demain est un autre jour."
Il est important de saisir que l’amour de soi et l’amour d’autrui sont fortement articulés l’un par rapport à l’autre. Une identité saine repose sur une saine estime de soi.
Pour avoir la capacité d’aimer et de s’aimer, il faut avoir senti que l’on nous aimait.
En réalité les grandes transmissions entre parents et enfants doivent se faire avant l'âge de quatorze ans parce qu'après les enfants ne sont plus sur la même longueur d'ondes qu'eux. Ils captent les messages de la société et sont souvent rebelles à ceux des parents. En conséquence, l'encadrement parental devrait commencer à s'alléger. La confiance des parents devrait remplacer la prise en charge des enfants, les négociations et la compréhension remplacer les interdictions. Il est essentiel de comprendre que la sévérité extrême ou la surprotection après cet âge ne font que briser la force de vie de l'enfant.
Les pères incestueux ne sont pas toujours ceux qu'on pense. Les études nous apprennent que les pères qui commettent l'inceste sont ceux qui n'entretenaient pas de rapports affectifs avec leur fille jusqu'à ce que celle-ci atteigne la puberté ; ou encore il s'agit de beaux-pères qui, dans des familles reconstituées, abusent de jeunes filles avec lesquelles ils n'ont pas de lien de sang. En réalité, le rapport affectueux entre une fille et son père commencé le plus tôt possible constitue la meilleure protection contre l'inceste. Qui désire en effet que la plante dont il a longtemps pris soin soit abîmée par inconscience et négligence ?
Guy Corneau - Physique quantique