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EAN : 9782072886553
96 pages
Gallimard (07/05/2020)
3.59/5   11 notes
Résumé :
"Danger de la fantaisie" et "Les affamés ne rêvent que de pain" sont deux nouvelles désespérées et lumineuses, extraites du recueil "Les oubliés de Dieu", par l'un des plus grands écrivains égyptiens, ami d'Albert Camus.
"L'origine de ces histoires remonte à une discussion qui eut lieu il y a quelque temps, au café du Pacha, entre le professeur de mendicité Abou Chawali et le lettré Tewfik Gad. Car c'est à l'issue de cette discussion que furent colprotés d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"L'origine de ces histoires remonte à une discussion qui eut lieu il y a quelque temps, au café du Pacha, entre le professeur de mendicité Abou Chawali et le lettré Tewfik Gad. Car c'est à l'issue de cette discussion que furent colportés d'innombrables détails, touchant une prétendue innovation, d'ordre esthétique, qui allait, paraît-il, révolutionner l'art de demander l'aumône, sur tout le territoire."

"Les affamés ne rêvent que de pain" et "Danger de la fantaisie" sont deux nouvelles écrites par Albert Cossery, un auteur égyptien contemporain que je découvre avec cette lecture.

Ce sont deux textes dans lesquels il parle de pauvreté et de misère dans l'Égypte de son enfance, celle où il est né et où il a grandi. C'est très imagé. On visualise les lieux, on entend les sons de la ville et les odeurs qui s'y dégagent.

La plume de l'auteur est assez directe et percutante. Les nouvelles se lisent bien, mais un peu trop courtes pour moi.

A connaître !
Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Quand on me parle de l'Egypte, je pense : pyramides, Cléopatre, Toutankhamon, le Nil...Des clichés tout à fait classique pour le non-initié que je suis. C'est peut-être pour ça qu'en lisant ces deux courtes nouvelles, ce sont plutôt des images des Indes qui défilaient devant mes yeux. Attention ! pas le Taj Mahal ou l'hallucinant temple de Minakshi, pas non plus d'imposantes statues de Ganesh ou Bouddha. Non! des images de misère, d'enfants des rues, des mendiants de Calcutta aux taudis de Bombay.
Donc, pour en revenir à l'Egypte, quand on l'évoque, c'est pas la pauvreté qui me vient tout de suite à l'esprit. Mais voilà...mon guide, Mr Albert Cossery, me sort tout de suite du circuit touristique. Avec lui, je reste dans la périphérie du Caire, dans les bas-fonds, loin des lumières de la ville, ici les deux -trois lampadaires qui marchent encore, ne servent qu'à éclairer la merde.
Enfants, vieillards, pouillerie, faim, rats, crasse, la rue, la lune, l'amour, la mort... on y entend des voix caverneuses et des plaintes sordides, des menaces qui rôdent..tout ceci aurait pu être écrit au burin tellement ce monde est dur, mais Mr Albert est un joaillier des mots, il cisèle chaque phrases, et autant dire que ça claque ! descriptions des lieux, des sentiments, des situations, on plonge dans les rue sombres avec lui, mais on reste serein tant l'écriture est paisible, posée malgré l'environnement dans lequel on évolue.
Il les aiment bien ses laissés-pour-compte, ses ombres de la vie, pas de doute là-dessus, et nous aussi, on s'y accroche. Une sacrée virée qu'il nous propose !
Deux nouvelles de haut-vol. C'est trop court quand c'est si bon !

Et les nouvelles justement... de quoi ça parle ?
allez ; en deux mots....
_"danger de la fantaisie"...ou l'école de la manche façon Old-School vs légèreté.
_"les affamés ne rêvent que de pain"...l'éveil d'un homme devant le sinistre spectacle de la vie, qui se joue au pied de sa porte.

Mr Cossery, hâte de recroiser votre plume...





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Albert Cossery est un écrivain égyptien connu du 20ème siècle. Ses récits, narrés en français se déroulent en Egypte. C'était un ami d'Albert Camus, ainsi que de Raymond Queneau.

"Les affamés ne rêvent que de pain" est un livre contenant deux nouvelles. Elles abordent - de façon crue, de par la narration et le trait des personnages - la pauvreté des habitants d'Égypte.

Ainsi, différents points de vue sont abordés, d'un côté il faut attirer la pitié des personnes aisées, et de l'autre, de la sympathie. Il faut se comporter en tant que "vrai" mendiant, montrer les déplorables conditions de vie de l'Homme.
Le mendiant n'a pas le droit à la fantaisie : soit la pauvreté disparaît, soit il est indispensable de continuer à faire ressentir de la pitié et du dégoût à la bourgeoisie, dans le but de montrer que cette partie de la population existe bel et bien.

De plus, la bonté et la générosité sont des denrées rares dans ce monde. le soir d'un clair de lune, fera peut être changer les choses, à commencer par la mentalité d'un homme.

J'ai lu assez rapidement ces deux nouvelles qui nous apportent une autre vision de la pauvreté. On prend conscience des sacrifices que certains doivent faire pour vivre, aimer, ou être aimés.
Ce sont des textes réalistes qui révolutionnent et nous font réfléchir.
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"Il circulait sur le compte de l'école des mendiants un tas d'histoires vraiment stupéfiantes".
Dans cette école cairote, Abou Chawali, professeur, apprend à ses élèves à mendier. Il convient d'être sale pour toucher la pitié des clients et ainsi influencer leurs dons.
"C'est un jour comme les autres : lent, féroce et affamé de victimes humaines" ... Que dire de plus sur le danger de la fantaisie ?!...

Car "Ils étaient nombreux les hommes et la terre si petite ! "...
La lune éclaire les rues glauques du quartier des chiffonniers où le lecteur rencontre un vieillard aveugle, un enfant nu, une chèvre, la pauvreté, la crasse, le sexe, la peur, la mort...

Ce recueil de deux nouvelles est une plongée dans la misère.
Le texte rondement mené fait découvrir la lente progression de la pensée de cette population vivant dans un dénuement extrême, jusqu'à l'idée de la révolte.
Lecture d'une heure troublante.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Les affamés ne rêvent que de pain"_

Seule la rue, avec sa blancheur de cadavre, captait toute son attention.
Jamais encore il ne l'avait vue si prodigieusement réelle, éclairée par le visage fatigué de la lune lente et grave. Il y avait en elle comme une sorte de prestige douloureux. On eût dit que la rue s'était tuée à force de souffrance, et qu'elle venait seulement de mourir après une longue agonie.
Elle était vieille, la rue, et boiteuse, toute tordue par l'âge. Quelques-unes de ses maisons tombaient déjà en ruines. Des années durant, elle avait abrité la vie médiocre des hommes. Et maintenant, les hommes l'avaient choisie pour exprimer toute leur lassitude.
Nue sous l'énorme clarté de la lune, elle disait tout ce que les hommes cachaient au fond d'eux-mêmes ; des espoirs tellement petits et des haines tellement grandes. Elle ne pouvait plus rien cacher ; elle criait sa misère par tous les coins.
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"Danger de la fantaisie"_

Abou Chawali croit fermement à la vertu de l'effroi. Des mendiants ignobles et qui jetteraient partout l'effroi, voilà l'image qu'il se fait de la force.
La force des pauvres est dans leurs guenilles et dans leurs faces de suppliciés. On ne peut leur arracher cette force ; elle demeure la seule sauvegarde de leur tragique destinée.
C'est avec elle qu'ils se défendent contre le monde criminel des puissants et c'est avec elle également qu'ils parviendront à impressionner ce monde, à le ruiner dans sa sécurité et son bien-être.
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"Danger de la fantaisie"_

C'est un jour comme les autres : lent, féroce et affamé de victimes humaines.
Personne ne peut dire quelles sortes d'horreurs se préparent à naître, ni préciser le genre de désastres nouveaux qui menacent la vie des hommes.
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Vidéo de Albert Cossery
L'écrivain égyptien Albert Cossery a accepté de rencontrer le journaliste Pierre-Pascal Rossi à Saint-Germain-des-Prés, où il vit dans une modeste chambre d'hôtel, et de retourner au Caire, sa ville natale, pour un reportage exceptionnel diffusé dans Hôtel, le 30 mai 1991 sur la TSR.
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