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EAN : 9782359623956
232 pages
Ex Aequo (05/03/2013)
4.12/5   8 notes
Résumé :
« Je m'appelle Vincent Arnaud, mais tout le monde ou presque m'appelle Vince. Il est trois heures du matin et je suis assis sur un banc dans un parc du 15ème arrondissement de Paris. Comment et pourquoi je suis arrivé là ? Je vais essayer de vous l'expliquer. Enfin, si les flics et les tueurs chinois lancés à mes trousses m'en laissent le temps. »
C'est par ces mots que débute la confession violente et parfois pathétique de Vincent Arnaud, l'ancien béret rou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Commençons tout de suite par dire que ce livre est un faux polar et un vrai récit d'aventure déjanté. Il n'y aura pas d'énigme à résoudre, pas de coupable dévoilé à la fin, mais en revanche une histoire « punchy » et roborative, reposant toute entière sur son narrateur et protagoniste principal, Vincent - « Vince » - Arnaud. Les autres témoins de son parcours n'ont pas voix au chapitre, pour autant qu'ils soient encore en état de parler après eu le malheur de croiser les zigzags du héros.

Vince n'est pas exactement un premier rôle à l'eau de rose : il est arrogant, fier comme un mâle alpha, brutal, et sans regret sur son passé d'ancien béret rouge. Tout à fait le genre de type à s'inviter en treillis, crâne rasé, à une réunion d'intellectuels et d'artistes efféminés, histoire de mettre un peu d'ambiance. Néanmoins, il reste éminemment sympathique par sa capacité à ne pas se prendre au sérieux, ce qui le distingue des autres casseurs d'intellectuels.

Le plus cocasse est qu'en dépit du danger qui le serre à longueur de récit, on sent que sa grande préoccupation est finalement moins de sortir la tête du pétrin que d'arriver, si on lui en laisse le temps, à faire publier le livre qu'il vient d'écrire. Eh oui, s'engager dans le métier de la guerre peut laisser un arrière-goût déplaisant, au point qu'on ait envie de se racheter – ou à tout le moins de se transfigurer – à travers la création littéraire. Car enfin, que seraient donc les exploits des guerriers légendaires sans les bardes pour les chanter ? Au moment où commence Triades sur Seine, Vince a donc mis le point final à un manuscrit : « Shrapnel », un héroïque récit d'aventure magnifiant son passé et qui, il en est certain, lui ouvrira les portes de la respectabilité et d'une vie un peu plus calme.

Hélas, impossible d'écrire tranquillement dans sa tour d'ivoire. L'auteur autoproclamé va avoir quelques soucis, essentiellement imputables à son fichu caractère : avec les femmes et les éditeurs au premier chef, avec la police et la mafia chinoise accessoirement. Son vrai roman, en fin de compte, n'est pas Shrapnel, le texte qu'il a produit après des mois d'efforts et de solitude monacale dans les sous-sols de son logement ; notre écrivain ne trouve d'authentique inspiration que sous adrénaline, et son grand oeuvre est la confession tapée à l'arrachée dans les dernières heures d'une nuit de cavale, celle que nous sommes supposés avoir dans les mains en lisant Triades sur Seine. Vincent Arnaud écrit à la manière dont il vit, on ne se refait pas.

Et il remplit son contrat : il nous fait tourner les pages. On peut regretter le côté un peu attendu de l'intrigue : des amours et des trahisons classiques, des parrains à la poursuite de leur fric et de leur honneur bafoué, un narrateur essayant de se prouver tant bien que mal qu'il maîtrise la situation... Mais tout ceci n'est qu'un arrière-plan. le plaisir du livre est dans une écriture nerveuse, qui colle particulièrement bien à la psychologie du personnage, à la fois classique – la brute au grand coeur - et drolatique : derrière les coups de poings et de revolvers qu'il est contraint de distribuer, Vince aimerait désespérément être reconnu pour l'art éthéré de la plume, et voir un peu plus qu'une grimace de haine, de douleur ou de concupiscence sur les visages qu'il croise quotidiennement. Qu'on lui dise enfin autre chose que : « Vince, t'as une belle queue », ou « Vince, t'es le roi de la castagne », mais plutôt « Monsieur Arnaud, votre créativité, votre intelligence et votre sensibilité esthétique sont bouleversantes. »

… Bien sûr, c'est précisément en s'acharnant, vaille que vaille, mener à bien cette reconversion, que notre éminent homme de lettres a déchaîné tout le contraire et s'est retrouvé une fois de plus à lutter dos au mur, pour se tirer d'une embrouille sordide et parfois horrifique. Comment ? Tout simplement par inattention. La distraction peut coûter cher, surtout quand elle est générée par l'obsession littéraire. Et aussi, évidemment, parce que le naturel ne s'éloigne jamais bien loin, si sincère que puisse être l'envie de raccrocher les gants.

Mais en dépit de son imprévoyance, Vince obtient gain de cause au-delà de ses espoirs : le livre que nous tenons entre les mains en est la preuve, bien meilleur que les mémoires laborieux qu'il croyait devoir écrire, un roman qu'il a involontairement chorégraphié par sa propre vie, tracé en actes avec l'aide de seconds rôles émérites, avant d'en jeter pêle-mêle l'exact compte-rendu sur ordinateur.

… Exact, vraiment ? de toute façon, il n'y a plus guère de contradicteurs qui s'aventureraient à crier au canular, tout cela reste donc à l'appréciation du lecteur. Probablement Vince écrit-il davantage pour se remettre les idées en place et se justifier à ses propres yeux, que pour impressionner un hypothétique lecteur, qu'il fait semblant de prendre à témoin avec force bravades tout au long de sa confession, mais à la manière dont on défie le vide avec des moulinets menaçants. Cela justifie bien de prendre quelques libertés avec le réel. Et pour la bonne cause : le vrai lecteur, lui, ne s'ennuie pas. Au final, on peut tirer son chapeau à Monsieur Arnaud pour être devenu écrivain par mégarde certes, mais assurément en restant lui-même !
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"Du rififi dans le XIIe

Il fut un temps, pas meilleur, juste différent, où le polar était encore un mauvais genre non récupéré relégué aux halls de gare (et, accessoirement, avait des chiffres de vente à faire rêver les usineurs de thrillers industriels), une littérature populaire où régnaient les Peter Randa, Mickey Spillane et autres Frédéric Dard. D'où ce texte qui eut fait les beaux jours de la collection "Spécial Police", arrivant juste à temps pour le grand retour du style dur-à-cuire. le décor des mafias chinoises a été peu utilisé dans le genre (On pense au également très série B — dans le bon sens du terme — Scooter triades de Patrick Mercado), et donne un certain cachet à l'histoire.
Selon une tradition bien établie, notre narrateur nous raconte son histoire tant bien que mal sur un banc de parc où doit se clôturer son histoire. Et Vincent "Vince" Arnaud n'a pas eu la vie facile : vétéran d'Afghanistan devenu convoyeur de fonds, il découvre que son épouse Mei, avec qui il vient d'avoir un fils, le trompe : la rixe qui s'ensuit l'envoie en prison où il s'adonne à son rêve d'écriture. À sa sortie, contre toute attente, son manuscrit trouve preneur... chez un éditeur à qui il ne l'a pas envoyé ! Il découvre que c'est la jeune Lin-Yao, la soeur de Mei qu'ils hébergent, qui l'a fait à sa place. Une Lin-Yao qui ne lui est pas indifférente... Puis il apprend par hasard que, durant son séjour en prison, Mei est devenue une mère maquerelle pour ses "cousines" de passage, mais également qu'elle est la maîtresse de Shang-Ti, un puissant caïd régissant le trafic de chair humaine. Il ne reste plus à Vince qu'à voiler le magot du truand afin de s'enfuir loin de Mei, la traîtresse, avec Lin-Yao et son fils. Ce qui, bien sûr, n'ira pas sans mal...
On aurait presque envie de dire "N'en jetez plus !" tant notre narrateur empile les mésaventures, les rebondissements et les trahisons de tout poil si Yves-Daniel Crouzet, témoignant d'un sens certain de la narration, ne tenait pas fermement les rênes de son intrigue, quitte à faire quelques clins d'oeil au lecteur. de plus, le passé de notre apprenti braqueur rend crédible sa maîtrise du combat et des armes. Car certaines fusillades sont dignes d'un John Woo de la grande époque ! On peut juste regretter une écriture simple, mais manquant un tout petit peu de mordant et qui, parfois, gagnerait à être plus synthétique. Reste l'évidente sincérité qui explose à toutes les pages, qui rend ce roman très attachant, tout imparfait qu'il soit. Manifestement, l'auteur ne vise qu'un seul but, ô combien ambitieux, celui de distraire dans un décor que l'on croit connaître. Pari gagné, et il serait dommage de passer à côté..."
Chronique de Thomas Bauduret pour K-Libre
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Un roman très différent du précédent de son auteur « Les fantômes du Panassa ». J'ai été surprise et un peu déroutée au départ par le style de narration. le récit est en effet rédigé à la première personne et ressemble à un journal. le journal d'un type violent et pas très net. Difficile au départ d'avoir de la sympathie pour cette brute. Et puis au fur et à mesure qu'on progresse dans le récit on se laisse prendre par ce type pas très futé que rien n'arrête et que tout le monde essaye de manipuler. C'est violent, outrancier, caricatural, comme un film de Tarentino. A lire comme on regarde un film d'aventures : sans se prendre la tête !
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C'est un très bon livre. J'ai eu beaucoup de plaisir à suivre les aventures du héros. C'est un personnage très attachant, désemparé, complètement décalés, brisés par la vie.
Il tente de se faire une place dans ce monde qui ne veut pas vraiment de lui. Ce monde d'argent sale, de réseaux de prostitution, rien ne lui échappe.
Il se mesure à la mafia chinoise pour mener la vie qu'il souhaite, et faire ce qu'il aime, écrire en menant une vie paisible.
Bravo à l'auteur. Je recommande son livre sans aucune retenue.
Les descriptions de certaines scènes nous paraissent authentiques et tellement réelle L'atmosphère du livre est bien rendue, du moins selon l'idée que l'on s'en fait.
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Voilà un auteur que j'apprécie particulièrement et j'ai pris grand plaisir à lire son nouveau roman. Ce récit par son côté nihiliste m'a fait penser à des romans comme la moisson rouge de Dashiell Hammett ou la vie est dégueulasse de Léo Malet. Des personnages qui s'enfoncent dans l'ultra-violence et pour qui, au final, les femmes, l'amour, le pognon, tout ça c'est des prétextes à exprimer cette violence, cette barbarie qu'ils ont en eux.
On pourrait croire que ce roman ne concerne que les bas-fonds parisiens, mais Yves-Daniel Crouzet aborde aussi celui de l'édition... car le personnage principal a écrit un roman qui a tapé dans l'oeil d'un éditeur apparemment peu scrupuleux.
Enfin, le style, particulièrement incisif, se rapproche plus de certaines nouvelles de Mortelles Attractions que de Les fantômes de Panassa.

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! Avec le recul, je réalise avec acuité la terrible lucidité de ce proverbe.
Tout à mes préoccupations égoïstes, au rang desquelles l’aboutissement de mon roman tenait la première place, j’avais totalement occulté mon environnement immédiat.
Comme une étincelle couvant sous la braise mon désir pour Lin-Yao, avait grandi, s’était épanoui, jusqu’à éclater au grand jour dans cette sordide chambre d’hôtel par un curieux tour de passe-passe de l’inconscient. De même, j’étais totalement passé à côté des écœurantes manigances de mon épouse, ignorant que je cachais au sein même de mon foyer une vipère aux crochets dénudés. Aujourd’hui encore j’en reste sidéré et honteux.
En quittant Zi j’étais comme un boxeur groggy que son adversaire vient de frapper d’un double uppercut. Il faut du temps à l’être humain pour comprendre et accepter les soubresauts qui agitent sa vie.
Assis sur ce banc public, alors que le jour ne va pas tarder à se lever, je ne suis même pas encore sûr d’avoir compris.
Je regarde autour de moi. Tout est calme. Paris s’éveille, mais le parc Georges Brassens sommeille encore. Les gazouillis joyeux des oiseaux ne sont pas parvenus à le tirer de sa torpeur. Je hume l’air frais chargé de subtiles odeurs. Combien de temps le respirerai-je ? C’est fragile l’existence. Tout peut basculer si vite. Une simple faute de quart, et hop c’est la sortie de piste ! On se retrouve tout à coup sur une pente dangereuse et non balisée avec au bout de la dégringolade, le précipice !
Aurais-je pu faire autrement ? Emprunter un autre chemin ? Je me le demande.
Je ne suis pas déterministe, mais je crois sincèrement que nos actes et nos comportements ne nous appartiennent pas. Ils nous sont dictés, imposés, par notre éducation, par notre enfance et par une succession d’expériences bonnes et mauvaises qui contribuent à nous construire.
Toute mon existence passée m’a conduit de façon irrésistible à cet enchaînement d’événements et à ce banc. Toute. Il y a là une sorte d’inéluctabilité. C’est ce qu’on appelle le destin.
À moins, comme le croyaient nos ancêtres, que nous ne soyons les jouets des dieux. Des dieux cruels et versatiles qui s’ennuient ferme sur leur Olympe et autres demeures célestes et s’amusent à nous mettre à l’épreuve pour égayer leur interminable quotidien.
Mais les dieux et le destin ne sont après tout que les deux visages d’une même chimère que l’homme se plaît à invoquer pour justifier sa faiblesse et son manque de clairvoyance.
Car le seul véritable coupable, finalement, c’est lui seul.
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Je suivis la pute jusqu’à un immeuble de la rue Saint-Denis qui, comme ses voisins, aurait eu besoin d’un sérieux ravalement. Le rez-de-chaussée et les deux premiers étages avaient été convertis en ateliers de confection, tandis que les autres étages et les mansardes étaient dévolus à une autre forme d’exploitation. En bas, des armées de Chinoises s’esquintaient les yeux, les doigts et le dos à confectionner des vêtements dans une course effrénée à la rentabilité, tandis que plus haut, leurs compatriotes, écartaient les cuisses avec une ardeur similaire. Les effets du capitalisme triomphant à tous les étages !
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