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EAN : 9782706713880
128 pages
Salvator (07/04/2016)
3.88/5   4 notes
Résumé :
[LIVRE RELIGIEUX]

Est-il vraiment impossible que la France accueille des réfugiés ? Faut-il fermer nos frontières ? Non, répond Georges-Paul Cuny qui tord résolument le cou à l’idée dominante selon laquelle la France risquerait alors de mettre en péril son identité et sa survie. L’histoire, la culture et les spiritualités européennes démentent l’esprit de fermeture et la peur panique qu’entretiennent la plupart des discours politiques et médiatiques. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai reçu le livre de Georges-Paul Cuny «100 millions de Français» dans le cadre d'une Masse Critique Babelio.
Merci aux Editions Salvator et à Babelio.
Un essai de 122 pages sur un sujet d'actualité, brûlant, l'accueil des réfugiés par la France.
Le texte est volontiers polémique. le raisonnement s'appuie sur un extrait de Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss, cité en exergue :
«Si, pourtant une France de quarante-cinq millions d'habitants s'ouvrait largement (...) pour admettre vingt-cinq millions de citoyens musulmans, (...) elle n'entreprendrait pas une démarche plus audacieuse que celle à quoi l'Amérique dut de ne pas rester une petite province du monde anglo-saxon. (...)»
Affirmation audacieuse et courageuse dans la France de 1955, en pleine guerre d'Algérie...d'autan,t plus que Lévi-Strauss rajoute :
«(...) ils firent et gagnèrent un pari dont l'enjeu était aussi grave que celui que nous refuosn de risquer. le pourrons nous jamais ? (...) Nous nous sauverions nous-mêmes.»
Quelque part Georges-Paul Cuny réédite l'exploit de Claude Lévi-Strauss, en se situant, dans cet essai, à contre courant de la classe politique, des média et de l'opinion qui tout en rejetant l'accusation de «racisme» avancent des éléments «objectifs» pour justifier une position frileuse de non-accueil à bras ouverts.
Charles de Gaulle, mais apparemment pas le même que celui cité par Nadine Morano, est appelé à la rescousse :
«Confondre l'intérêt permanent de la France avec un grand idéal humanitaire, voilà qui serait beau et en même temps profitable.»
Charles de Gaulle, Vers l'armée de métier, 1934.
Quel visionnaire ce grand Charles....
Le texte se lit facilement. Il nous renvoie une image sombre mais réaliste de la société française de 2016 :
La métaphore du plombier Sarkozy est comparée aux déclarations de «l'Auvergnat» en 1945 (Pierre Laval) :
«(...) c'est comme quand on habite dans un immeuble : il vaut mieux commencer à s'entendre avec son voisin de palier avant de chercher à le faire avec ceux des autres étages...»
Bons sens populaire qui cherche à complaire à la majeure partie de l'opinion en se démarquant des «élites» qui ne pensent pas mais raisonnent !
Les exemples des contre-vérités, des prudences excessives proférées sur le sujet par les uns et les autres abondent :
Les plus prudents se réfugient derrière le «droit de la mer» pour justifier leur position interventionniste sans se démarquer du bon sens qui juge qu'«on ne peut pas accueillir toute la misère du monde»
L'auteur rappelle cette déclaration de Hitler après l'échec de la Conférence d'Evian du 6 juillet 1936 réunissant 32 nations à l'initiative de Roosevelt «afin de chercher une solution concertée qui permît aux Juifs d'échapper à la persécution nazie.» :
« C'est honteux de voir les démocraties dégouliner de pitié pour le peuple juif et rester de marbre quand il s'agit vraiment d'aider les Juifs.»
(Silence honteux)
Seule Angela Merkel dans le climat de consensus glauque qui régna sur la réunion de Bruxelles supposée trouver une solution européenne à l'accueil des migrants, aura le courage d'affirmer :
«(...) Si l'Europe échoue sur la crise des réfugiés, ce lien avec les droits universels sera cassé, il sera détruit.»


Consensus glauque renforcé par les média, les politiques, les réseaux sociaux où chacun y va de son like haineux.
Société de communication paradoxale, qui s'émeut devant la photo du petit Aylan sur le sable d'une plage grecque, mais reprend aussitôt son antienne détestable une fois l'émotion passée.
Nous assistons impuissants à l'annonce quotidienne des naufrages dans les eaux de la Méditerranée comparable dans notre indifférence au héros de la Chute de Camus qui passe son chemin en voyant une jeune femme sauteur du parapet du Pont Royal...
«Ô jeune fille, jette-toi encore dans l'eau pour que j'aie une seconde fois la chance de nous sauver tous les deux !»
Cette peur du migrant est-elle justifiée, quand au vu des statistiques d'Eurostat un constat s'impose :
« (...) «la patrie des droits de l'homme» est une des plus dures envers les demandeurs d'asile, l'Allemagne et la Suède se montrent dans ce contexte plus généreuse que nous.
En 2015, Allemagne : 1,1 million de réfugies, Suède : 153 000, France : 30 000 en deux ans -
Fermez le ban !

La deuxième partie de l'essai cherche à répondre à cette question :
- Pourquoi, en dépit des chiffres qui montrent que la France n'est pas «submergée» par une arrivée massive de migrants, l'opinion est-elle défavorable à leur accueil ?
Pourquoi aucun homme politique français n'a-t-il pas le courage de Angela Merkel «Si maintenant, nous devons commencer à nous excuser quand nous montrons un visage amical face à des gens en détresse, alors ce n'est pas mon pays. »
Méconnaissance de l'histoire, gouvernance politique dictée par les sondages, recherche de parts de marchés par les média, de nombreuses causes expliquent cette démission de la société française face à la question migratoire qui, « (...) n'est pas un accident de l'événement. Elle fait partie de cette trame de l'histoire ordinaire discrète, mais qui ne surgit qu'à l'occasion de la confrontation de l'humanité avec son devenir historique.»
Pour Georges-Claude Cuny, les tenants du «on voudrait bien» mais «on ne peut pas» renforce la société française dans ses communautarisme, pas seulement au sens religieux ou ethnique, mais dans cette logique d'enfermement, qui nous pousse à être « (..) toujours plus arcboutés sur nos corporatismes, nos communautarismes à la française, , chaque Français ne sera-t-il pas bientôt un communautarisme à lui seul, prétendant seul à son droit de se dispenser de la loi dont il veut accabler ses concitoyens ?»


La démonstration de Georges-Claude Cuny est sans appel. Elle ne peut que convaincre. Une seule question se pose : sera-t-elle entendue, lue, commentée diffusée, ? Je ne peux hélas, qu'en douter.
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Georges-Paul Cuny s'est engagé de longue date auprès des défavorisés, il le tient de sa mère. Issue d'un milieu modeste, elle "a imprégné les douze enfants de notre famille d'un esprit d'attention aux pauvres", explique t'il dans un entretien à ATD Quart-Monde le 05/11/2014. Cuny se manifeste donc par des écrits humanistes. Il publie cette année, aux éditions Salvator, qui oeuvrent pour "permettre à ses lecteurs d'approfondir leur recherche intellectuelle et spirituelle", un livre intitulé "100 Millions de Français - Les Réfugiés et Nous." de quoi s'agit-il ?

100 Millions de Français est un court essai qui voudrait secouer nos consciences assoupies pour les mettre en garde contre les dangers de l'histoire et du langage "décomplexé". Il évoque la montée des fascismes parmi les omissions coupables du laisser-faire de nos aînés.

Pour illustrer son propos, Cuny appelle à la rescousse des grands auteurs, dont Albert Camus, pour son roman "La Chute". Il établi un parallèle intéressant entre notre inaction et l'indifférence de Clamence lorsqu'il s'éloigne du pont de Paris d'où une femme vient de se jeter dans la Seine. Nul doute que l'auteur de la Peste, pourfendeur de tous les fléaux, eut apprécié la comparaison. "Les actes manqués pèsent sur la conscience d'un peuple comme sur celle de l'individu", croit Cuny.

Il compare "les radeaux de migrants et (...) les tours d'immigrés" qui ne doivent atteindre, ni les uns, ni les autres, la terre Française, dans un pays colonialiste qui refuse de payer la moindre addition pour ses bienfaits.
Il n'est pas trop tard,croit-il : "Chaque jour les réfugiés, au péril de leur vie, relancent la balle, nous redonnent une chance." Georges-Paul Cuny plaide donc pour "une inversion de notre tournure d'esprit", dans un pays où "le FN gouverne déjà par l'esprit."

Un livre engagé qui offre un panorama intéressant de la question, quelques chiffres, quelques citations. Bien sûr, il ne convaincra pas les partisans de l'Europe des murs et du repli, mais il fera peut-être se questionner quelques humanistes mous sur leur tolérance à l'intolérable.

En guise de conclusion, cette pertinente remarque de Fatou Diome :
"Si les gens qui meurent sur les plages étaient des Blancs, la terre serait en train de trembler."

Merci aux éditions Salvator de m'avoir adressé cet ouvrage. Merci à l'équipe de Babelio pour son travail et sa courtoisie.
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Livre très intéressant et qui est tout à fait dans l'actualité même quelques années après sa publication. Ce livre revient sur la migration et la vision que l'on a en France dessus.
J'ai trouvé cet ouvrage bien écrit, la lecture est assez fluide même si quelques phrases sont formulées de façon assez longue, les rendant un peu compliqué à comprendre.
Les faits et réflexions sont déroulées d'une façon logique et pousse à réfléchir et à se remettre en question. Il y a beaucoup de choses dont j'avais déjà conscience, mais ce livre m'a permis d'aller plus loin dans ma réflexion.
Cependant, j'ai trouvé qu'au final, ce livre ne faisait que déorulé de nombreuses questions pour pousser le lecteur vers des remises en questions, et qu'il y en a beaucoup comparé aux données utilisées pour la justification du point de vue de l'auteur. J'ai trouvé cela dommage, car cela m'a parfois donné l'impression que l'auteur, ne sachant comment se justifié, ne faisait que poser des questions parfois un peu passives-agressives.
C'est un ouvrage qui tout de même force à ouvrir les yeux et avec un message humaniste, de solidarité, très fort et qui mériterait d'être plus partagé.
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Les réfugiés, on en parle. Beaucoup. Surtout ces derniers temps. Je crois qu'il est impossible de n'avoir aucun avis sur le sujet, d'autant plus qu'il semble n'y avoir que deux camps : ceux qui sont pour que la France accueille des réfugiés et ceux qui sont contre.

Les contres mettent en avant plusieurs arguments tels "occupons nous d'abord de nos pauvres" ou "la France aux français". George-Paul Cuny nous offre sa vision, acerbe, sur ces refus. Selon lui, le français a peur, le français est lâche, le français ignore. le français oublie d'être humain, ne veut pas l'être. L'auteur parle des droits de l'homme, de tous les hommes, et d'Histoire. Il parle de colonisation, et de la chute qui peut emporter un homme qui ne sauve pas un autre être alors qu'il le pourrait (cf la chute, Camus).

Ce que j'ai trouvé agréable, c'est que même si on ne s'est pas forcément intéressé aux récents événements, l'auteur parvient à rendre le sujet qu'il aborde accessible, notamment grâce à de nombreuses références : politiques, bien sûr, mais aussi littéraires. Il évoque ainsi, entre autres, Primo Levi et Albert Camus. Sarkozy et De Gaulle aussi.

C'est un essai percutant et relativement bien écrit. L'auteur, Georges-Paul Cuny, a bossé son sujet, il le maîtrise. Mais c'est peut-être là l'unique défaut que j'ai à relever, d'un point de vue littéraire: il le maîtrise tellement qu'il en vient à assommer le lecteur par ses trop nombreuses citations.

C'est un livre très court (une petite centaine de pages) qui saura plaire aux français, aux Hommes, qui pensent qu'un pays a le devoir d'aider les réfugiés mais je ne suis pas certaine qu'il puisse convaincre les réfractaires de se rallier à la cause.
Lien : http://gourmandises-litterai..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il y a les radeaux de migrants et il y a les tours d'immigrés, ceux-ci ne doivent pas atteindre la terre française, la terre promise, ils sont les insulaires de la France et de la République : ils ont encore une Méditerranée à traverser, une Méditerranée qui n'est pas d'eau mais de préventions et de préjugés, les leurs comme les nôtres, dans laquelle d'une autre façon ils se noient ou sont noyés, sous nos yeux.
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De quelles racines cette crainte tire-t-elle sa sève empoisonnée, celle de l'étranger n'en étant qu'une illustration dont l'élite de notre pays cherche à nous intoxiquer par ses discours comme par ses magazines au papier aussi glacé que l'âme ? quel est l'aliment de cette sorte d'effroi de la population française qui semble s'aimer hérissée sur son pré carré ? Notre pays peut-il se reconnaître dans ce refus, ce rétrécissement ? Devant cette pusillanimité qui s'affiche jusque s'en glorifier, comment ne pas être aveuglé par la certitude d'une régression qu'il est coupable de nier ? De la régression comme du déclin nous portons les stigmates : ils sont à la racine de nos frayeurs.
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