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Georges Hérelle (Traducteur)
EAN : 9782845450196
295 pages
Editions des Syrtes (30/06/2000)
3.27/5   20 notes
Résumé :
Publié en 1900, Le Feu fait partie des romans mythiques de la littérature italienne. Il met en scène Stelio, poète et dramaturge chantre de la nouvelle Italie qui veut restaurer l’Empire romain, et sa maîtresse la Foscarina, tragédienne sublime mais plus âgée que lui. Tourmentée par la jalousie, elle acceptera de se sacrifier pour la gloire de son jeune amant. S’il peut se lire avant tout comme le récit des amours de son auteur avec la Duse, comédienne célèbre et ri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je l'ai lu en italien dans les toutes premières années 1960.
Aujourd'hui,je ne suis pas capable d'en parler,mais je conserve le souvenir de l'émotion et l'émerveillement ressentis.
D'Annunzio était pour moi un grand écrivain et je ne savais pas que beaucoup d'italiens le rejetaient en tant que fasciste.

Amateurs d'un style simple et naturel, passez votre chemin : ceci est un pur roman de 1900.
Sur fond d'une Venise automnale, le récit des amours orageuses entre une tragédienne vieillissante et un poète de génie , incarnation du surhomme nietzschéen en bottines vernies. D'Annunzio, en l'occurrence, transposait là sa liaison avec la Duse, rivale de Sarah Bernhard. Il ne la ménage pas, insiste sur l'outrage des ans. Il évoque " ce corps qui n'est plus jeune et qu'avaient amolli toutes les caresses", ville et femmes confondues en leur crépuscule...
Le scandale d'étaler ainsi sa vie privée éclata.
Mais plus que d'inélégance, sans doute faut-il parler ici de muflerie grandiose. D'ailleurs tout est grandiose: l'ambition du héros, le sacrifice de sa compagne, le décor et l'écriture elle_même, chatoyante, opulente.
"Le feu"reste l'un des plus éblouissants romans inspirés par Venise. Bernard Le Saux
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De la première à la dernière page, on se dit en lisant cette prose: quelle poésie! D'aucuns diront qu'il en fait trop, que le texte est surchargé de lyrisme et de métaphores, mais ça fait du bien dans ces temps si vulgaires...Et puis c'est en accord avec le sujet: c'est avant tout l'histoire d'un poète, qui vibre avec une Venise flamboyante, qui est ivre de ses idéaux, qui voit le monde à travers son imagination ardente. Il est dominé par une sorte de ferveur panthéiste avec l'Oeuvre d'Art comme Dieu, d'où la figure de Wagner qui traverse le roman. Mais à mesure que celui-ci avance l'on se demande si en fait le personnage le plus important n'est pas la Muse, l'actrice aux milles visages, qui effectivement passe sans arrêt d'un extrême à l'autre, une complexité psychologique bien au-delà du psychanlysme d'aujourd'hui, et bien plus intéressante. Elle est comme le rappel de l'incarnation, dans tout ce qu'elle comporte de souffrance, de folie, d'égoïsme et de sacrifice, à côté de l'artiste plongé dans ses rêves...
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Ce livre magnifiquement écrit ne plaira pas à tout le monde, car il a un rythme très particulier, centré sur les longues descriptions des joyaux, sur les ressorts sentimentaux de situations compliquées. Je l'ai pourtant apprécié, car il prend le temps de nous faire voyager dans la "ville anadyomène", Venise, pour y côtoyer Stelio, le poète maudit et la Foscarina, la sublime tragédienne.
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Peut-être le plus grand écrivain italien.

http://www.denecessitevertu.fr/
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Stelio se taisait, bouleversé par des forces tourbillonnantes qui le travaillaient avec une sorte de fureur aveugle, semblables aux énergies souterraines qui soulèvent, déchirent, transfigurent les régions volcaniques pour la création de nouvelles montagnes et de nouveaux abîmes. Tous les éléments de sa vie intérieure, assaillis par cette violence, paraissaient se dissoudre et se multiplier à la fois. Des images grandioses et terribles passaient sur ce tumulte, accompagnées de mélodies. Des concentrations et des dispersions très rapides de pensées se succédaient comme les décharges électriques pendant la tempête. À certains moments, c'était comme s'il avait entendu des chants et des clameurs par une porte qui se serait ouverte et refermée sans cesse, comme si des rafales lui avaient apporté les cris alternés d'un massacre et d'une lointaine apothéose.
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Rien que pour l'entendre parler, Stelio lui demanda, presque timide:
- Resterez-vous quelques temps encore à Venise?
Il avait cherché les paroles qu'il lui dirait, et toutes celles qui s'étaient présentées à fleur de lèvres l'avaient troublé, lui avaient paru trop vives, insidieuses, pleines de significations ambigües, capables de propagations infinies, comme les semences ignorées d'où naissent les mille racines. Et il lui avait semblé que Perdita ne pourrait entendre aucune de ces paroles sans que son amour en demeurât plus triste.
Alors seulement, après avoir prononcé la question simple et banale, il s'aperçut que cette question même pouvait receler un infini de désir et d'espérance.
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Il aurait voulu la prendre dans ses bras, la bercer, la consoler, l'entendre pleurer, boire ses larmes. Il lui semblait qu'il ne la reconnaissait pas, qu'il avait devant lui une créature ignorée, infiniment humble et douloureuse, privée de toute force. Et sa pitié et son remords étaient un peu semblables à l'émotion que l'on éprouve après avoir heurté et blessé sans le vouloir un malade, un enfant, un petit être inoffensif et seul.
- Pardonnez-moi !
Il aurait voulu s'agenouiller, lui baiser les pieds dans l'herbe, lui dire quelque parole câline. Il s'inclina, lui toucha une main. Elle tressaillit de la tête jusqu'aux talons; elle ouvrit sur lui de larges yeux; puis elle rabaissa ses paupières, demeura immobile. L'ombre s'accumula sous l'arc de ses sourcils, dessina l'ondulation de ses joues. De nouveau le fleuve glacé la submergeait.
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"
- Stelio, le coeur ne vous tremble-t-il pas un peu, pour la première fois? demanda la Foscarina avec un faible sourire, en touchant la main de l'ami taciturne assis à son côté. Je vous vois pâle et pensif. Quel beau soir de triomphe pour un grand poète!
D'un regard, divinement, elle recueillit dans ses yeux experts toute la beauté répandue parmi ce dernier crépuscule de septembre, si bien qu'en leur vivant ciel brun les guirlandes de lumière créées par la rame sur l'eau voisine environnèrent les hauts anges d'or qui resplendissaient au loin sur les campaniles de San Marco et de San Giorgio Maggiore."

p 11
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Le diadème et les colliers de la Reine, - les multiples colliers dont les perles réduites en grains de lumière faisaient penser à un miraculeux égrènement visible du royal sourire, - les sombres émeraudes d'Andriana Duodo, enlevées autrefois à la garde d'un cimeterre, les rubis de Giustiniana Memo, sertis en forme d'œillets par l'inimitable travail de Vettor Camelio, les saphirs de Lucrezia Priuli, provenant des hautes socques sur lesquelles la sérénissime Zilia s'était avancée vers le trône au jour de son triomphe, les béryls d'Orsetta Contarini, si délicatement mêlés à l'or mat par l'art de Silvestro Grifo, les turquoises de Zenobia Corner, baignées de pâleurs uniques par le mal mystérieux qui, une nuit, les avait altérées sur le sein moite de la princesse de Lusignan, parmi les plaisirs d'Asolo: tous les joyaux insignes qui avaient illustré les fêtes séculaires de la Ville anadyomène s'embrasaient de feux nouveaux sur ce buste chimérique d'où arrivait à Stelio Effrena le tiède effluve de la peau et de l'haleine féminines.
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Vidéo de Gabriele D'Annunzio
CARTE BLANCHE À BERNARD NOËL - LA PLACE DE L'AUTRE Avec Bernard Noël, Jean-Luc Bayard, Léonard Novarina-Parant, Jean-Luc Parant, Laurine Rousselet, Esther Tellermann & autres invités
Né en 1930, Bernard Noël signe son premier livre Les Yeux chimères, en 1953 et en 1958, Extraits du corps. Ce n'est que dix ans plus tard qu'il publie son troisième ouvrage, La Face de silence. La publication de ces poèmes lui ouvre alors les portes de l'édition où il travaille comme lecteur, correcteur et traducteur. À partir de 1971, Bernard Noël prend la décision de se consacrer entièrement à l'écriture. Il compose ainsi une oeuvre majeure, où s'exprime une révolte contre toute tentative de “sensure” - oeuvre couronnée du Prix National de la Poésie en 1992, du Prix Max Jacob en 2005, du prix international de poésie Gabriele d'Annunzio.
Salué par Aragon, Mandiargues et Blanchot, son oeuvre, immense par son engagement et son exigence, compte près d'une centaine de titres (dont le Château de Cène, roman érotique qui lui vaut d'être l'un des derniers écrivains français à subir un procès pour outrage aux bonnes moeurs), ainsi que de très nombreux livres d'artistes.
Dans le cadre de la Périphérie du 36e Marché de la Poésie
À lire - Bernard Noël, le poème des morts, Fata Morgana, 2017 - La Place de l'autre, Oeuvres III, P.O.L., rééd. 2013 - Comédieintime, Oeuvres IV, P.O.L., rééd. 2015.
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