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EAN : 9782709662444
250 pages
J.-C. Lattès (16/09/2020)
3.81/5   8 notes
Résumé :
Paris, début des années 2010. Fred, journaliste sportif qui en sait un peu trop, spécialiste des questions de dopage, ne supporte plus l’omerta qui règne dans le monde du tennis : parce qu’on a toujours considéré qu’il s’agissait d’un art avant d’être un sport, tout le monde, jusqu’aux plus hautes autorités, prétendent que le dopage n’existe pas dans le tennis alors qu’il en est désormais infesté. Quand Fred repère une jeune championne, un peu trop chanceuse, Mash... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce premier roman aborde deux grands sujets. le principal est le dopage dans le sport moderne, particulièrement dans le tennis. le second est la pression que mettent, volontairement ou non, les parents de ces jeunes sportifs poussés à réussir dans une discipline. Des gamins, repérés tôt, ou qui portent les espoirs de réussite de leurs géniteurs. Si vous n'avez pas d'appétence pour l'une ou l'autre de ces thématiques, ou que tout simplement vous êtes allergique au sport en général, passez votre chemin, ce livre n'est pas pour vous.

Le récit prend pour héroïne Masha, une jeune joueuse de tennis, fille de sportifs professionnels issus des pays de l'Est, qui depuis sa jeunesse récite ses gammes de coups droits et revers pendant des heures. Elle quitte ses cours scolaires dès que possible, pour enchaîner sur les courts (de tennis). Elle passe son temps dans les transports en commun, lever tôt et coucher tard, et comprend que le regard de ses parents – de sa mère surtout, ex-joueuse de haut-niveau – dépend de ses succès tennistiques. Elle est douée, certes, mais dans ce milieu très fermé, seuls les tous meilleurs arrivent à percer et à vivre de leur sport. Comme l'auteur le rappelle, dans le monde du tennis, au-delà de la 250 éme place mondiale pour les gars, et de la 150 éme pour les filles, le professionnalisme ne nourrit pas. Trop de frais (transport, logement, coatch, …) pour des rentrées financières trop faibles. Et, parmi les meilleurs joueurs en catégorie juniors, seuls les tout meilleurs, déjà repérés – et sponsorisés - dés leur prime jeunesse, pourront raisonnablement devenir professionnels.

Alors que Masha plafonne et voit ses rêves (ou ceux de ses parents ???) s'éloigner, sa mère démarche un médecin du sport à Bilbao qui propose des traitements permettant d'améliorer ses résultats. Un savant mélange de produits permettant gain musculaire, moindre souffrance à la douleur et moral d'enfer. Un cocktail à la limite de la légalité, si on veut bien suivre son argumentaire.

Fred est un journaliste sportif particulièrement intéressé par le phénomène du dopage. D'abord intéressé par la personnalité de Masha, il la voit physiquement évoluer. Cette transformation s'accompagne de résultats probants. Fred remonte alors la piste des fournisseurs de produits dopants. Mais jusqu'où peut-il aller ? Jusqu'où son journal acceptera de le suivre ?

Ce roman mélange personnalités réelles et personnages inventés, dans un milieu très bien décrit. L'auteur se place en 2010-11. Évidemment, les vedettes de l'époque ne sont plus celles du tennis d'aujourd'hui. Évidemment, ce passé un peu lointain laisse à penser que les produits dopants cités sont de nos jours dépassés. Mais le contexte, et les nécessités du spectacle toujours plus poussé qu'est devenu le sport de haut niveau, n'ont pas changé.

Les cocktails (rapidement) présentés par Dabadie, et leurs résultats, laissent pensifs. A chaque fin de Tour de France on reparle (un peu) du sujet. S'agissant du tennis l'omerta semble régner. On ne perturbe pas un Roland-Garros, spectacle apprécié par quelques VIP.

La partie la plus réussie de l'ouvrage est sans conteste liée à Masha, à ses doutes, à ses envies, aux réactions de son entourage face à son évolution, et finalement à sa jeunesse bradée pour obtenir quelques résultats.

Le sport d'aujourd'hui n'est pas qu'exploits sportifs. C'est aussi un business, des retransmissions télévisées jusqu'au rôle des sponsors. Ce genre de roman – très réaliste – le rappelle avec justesse.
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Fred Gurviel est journaliste pour L'Équipe et spécialiste des affaires de dopage dans le sport. « Je ne suis pas carriériste, j'ai l'ambition de devenir un meilleur journaliste. J'ai, par-dessus tout, ce sentiment écoeurant que depuis plusieurs années, le monde du sport nous ment. » (p. 142) Masha Antonova est une lycéenne, mais surtout tenniswoman. Elle est douée, mais hélas, pas suffisamment pour percer dans le ement et encore moins pour passer professionnelle. Aussi, quand elle commence à enchaîner les victoires, Fred s'interroge : le miracle est-il uniquement sportif ou l'adolescente est-elle passée entre les mains du mystérieux Dr Mugler ? « Nous sommes dans une zone grise. Je dirais que nous sommes dans la légalité, sauf si on veut vraiment nous chercher des ennuis. C'est justement savoir ne pas franchir la ligne, le plus important. Certains docteurs ou sportifs font n'importe quoi. le prix que vous me payez, c'est la sécurité. » (p. 117)

J'ai immédiatement ressenti une forte sympathie pour cette adolescente qui se consacre au tennis depuis l'enfance. On a envie de la voir réussir, quitte à fermer les yeux sur des pratiques douteuses, les petits arrangements avec la conscience et quelques accrocs faits à l'honnêteté. À l'inverse, il m'a été bien difficile d'apprécier le journaliste. Il fait son métier, on sait rationnellement que sa posture est la bonne et qu'il incarne le bien, mais on voit surtout une sorte de justice aveugle et rigide, froide et sans coeur.

Le est parfois scolaire, pour ne pas dire poussif, et certains paragraphes sont des plus incongrus. Par exemple, Fred Gurviel indique pendant 15 lignes qu'il est végétarien, et ? Et rien, on n'en reparlera plus. En revanche, ce dont on bénéficie jusqu'à l'overdose, c'est le name-dropping. le roman hésite sans cesse entre le thriller, le roman d'apprentissage et le reportage. le problème n'est pas que l'auteur n'ait pas su choisir un genre, mais qu'il ait échoué dans sa tentative de en réunir plusieurs au sein d'un texte protéiforme. Dans l'ensemble, cette lecture est loin d'être déplaisante, mais je déplore une fin bâclée à la morale simpliste.
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Dans la famille Dabadie, la littérature et le sport tiennent une place essentielle. Si Jean-Loup a écrit des scènes mémorables qui se passent sur un court de tennis dans Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis, son fils, Florent, nous propose un roman qui nous propulse dans les coulisses du monde tennistique.
Le top 10 mondial fait rêver bien sûr. Ses champions qui accumulent les victoires, enchaînent les finales, rayonnent dans les médias. Mais c'est un monde cruel où il bien difficile de faire sa place. Masha est douée. Elle a de jolis coups, une patte, mais pas assez de muscles. Elle est à l'âge où si l'on ne passe pas pro, on arrête tout. Surtout chez les filles. le couperet des 16 ans. A l'heure où Caroline Garcia et Krisitina Mladenovic font des prouesses sur un court, Masha, elle, aurait bien envie d'arrêter. Mais il y a cette culpabilité qui la ronge, ses parents ont tout sacrifié pour elle, leurs carrières sportives, leurs économies. Alors il faut continuer. le docteur Mugler sera la solution. Pas une solution propre ou saine. Mais une solution. Fred, journaliste à L Equipe, se méfie de ce docteur croisé à Roland-Garros et va tenter de démontrer qu'il joue avec les lignes.
Tennis féminin, carrière en devenir, dopage, on sent que l'auteur maîtrise ces sujets. C'est d'ailleurs un plaisir de fureter dans les coulisses du tournoi parisien en compagnie de Masha, de découvrir les courts au petit matin, et de croiser au détour d'une allée Martina Navratilova ou Patrick Moratoglou. J'ai apprécié aussi qu'il n'y ait pas un fort manichéisme. Pas de discours virulent sur le dopage mais une confiance faite au lecteur pour qu'il juge de lui-même. Mais cependant quelques bémols pour cette lecture. Si la dernière partie qui se focalise sur le tournoi parisien donne la part belle au tennis, l'ambiance des matchs, les sensations sur un court, le jeu m'ont manqués dans les premières parties. J'aurais aimé sentir plus les vibrations du tennis. Et suivre encore plus Masha dans son parcours, parce que c'est un beau personnage qui, à mon sens, méritait quelques chapitres supplémentaires pour s'étoffer encore plus.
Une lecture que je conseille évidemment aux amateurs de littérature sportive.
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Un livre reçu dans le cadre de la Masse Critique de Babelio. Merci. Parfaite lecture en ce début de Roland Garros ! Quand on aime le sport malgré ses failles, en ayant conscience de son revers de médaille, en se demandant si un jour les choses changeront ce livre est vraiment bon ! Il m'a rappelé mon premier livre de ce genre, celui de Willy Voet... Entre enquête journalistique et roman autour d'une famille dévouée à son sport, nous passons d'un chapitre à l'autre, d'un personnage à l'autre, d'un point de vue à l'autre... Car tout n'est que point de vue ici. Quand on est pris dans le système qui est gangrené par l'argent, comment s'en sortir ? Quand on est sportif, comment atteindre les sommets sans tricher et comment vivre sa passion sans atteindre les sommets ? Florent Dabadie n'a pas la réponse, il se contente de dresser un portrait réaliste, naturaliste même, de ce milieu pointé du doigt. Ces sportifs prêts à tout perdre pour gagner. Ces familles prêtes à exploser pour se resserrer autour de leur enfant prodige. Ces journalistes qui hésitent à jeter des cailloux dans la mare alors que personne ne veut en voir les remous... Avec une devise olympique qui invite à aller "plus vite, plus haut, plus fort" et avec un public toujours d'accord pour "du pain et des jeux", ce roman témoin d'une pratique secrètement connue de tous est important mais ne fera pas basculer le match !
(une dernière chose , Florent Dabadie, pourquoi Fred qui a adopté un mode de vie végétarien se régale -t-il d'une belle grillade en Argentine ? ;) )
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Un roman fluide et intéressant qui traite du dopage dans le sport et en particulier le tennis à travers la voix de Fred journaliste sportif spécialiste de la question et Masha une jeune joueuse qui va se trouver propulsée dans cette spirale avant d'avoir compris ce que ça signifie. On découvre l'industrie du dopage, la fragilité des jeunes joueurs, leur dépendance et leur dette vis à vis de leurs parents, la dureté de la compétition. Quand on est un amoureux du tennis il est fascinant de voir mélanger vrais joueurs et joueurs fictifs. L'analyse des dégâts du dopage est glaçante. Mais le roman ne va pas assez loin dans la réflexion sur le dopage et la volte face finale de Masha est trop brutale. Ça reste un roman plaisant et intéressant.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La perte de passion dans l'existence est largement mésestimée par les pontes de la psychologie : l'homme se flétrit par manque d'amour, comme une plante assoiffée. L'amertume, la dépression, la maladie ne sont que les conséquences d'une vie dont les convictions ont été trahies.
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Le loup est dans la bergerie : le burn-out. La maladie des jeunes prodiges dont les rythmes inhumains rongent les nerfs et fatiguent le cœur.
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« Nous sommes dans une zone grise. Je dirais que nous sommes dans la légalité, sauf si on veut vraiment nous chercher des ennuis. C’est justement savoir ne pas franchir la ligne, le plus important. Certains docteurs ou sportifs font n’importe quoi. Le prix que vous me payez, c’est la sécurité. » (p. 117)
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Toutes ses concurrentes cherchent à gagner un avantage par un moyen ou un autre. c'est chacun pour soi. Pour tous, y compris les champions, tout est intimidation, rapport de forces et d'influences.
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« Je ne suis pas carriériste, j’ai l’ambition de devenir un meilleur journaliste. J’ai, par-dessus tout, ce sentiment écœurant que depuis plusieurs années, le monde du sport nous ment. » (p. 142)
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