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EAN : 9782707306654
232 pages
Editions de Minuit (30/11/-1)
4.8/5   5 notes
Résumé :
232pages. in8. Broché.

Que peut la poésie pour l'enfant ayant grandi dans les blessures ? Comment dire le pays enseveli dans le souvenir de plus en plus lointain, épais et tremblant ? Pour le Palestinien Mahmoud Darwich, il reste le corps et les mots, citadelle abritant une douleur d'orgueil. Il reste l'errance pour un peuple voyageant dans « la caravane ininterrompue de l'exode ». Mahmoud Darwich a deux métiers : la poésie et le souvenir. Parfois les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
«Tes yeux, une épine me déchirant le coeur et que j'adore protège des intempéries enfouies sous la nuit et les souffrances Sa blessure ravive la clarté des lampes. Son lendemain me fait chérir le présent
Plus que mon âme et j'oublie tout aussitôt, dans la rencontre des yeux Que nous étions une fois, tout deux, derrière la porte!» écrit Mahmoud Darwich dans Un amoureux de Palestine, In Rien qu'une autre année, une anthologie poétique composée de poèmes écrits entre 1966 et 1982 et traduits de l'arabe par Abdellatif Laâbi, laquelle a été éditée récemment par les Editions Barzakh. «Mahmoud Darwich a deux métiers: la poésie et le souvenir. Parfois les deux se rejoignent Avec le poème, le souvenir devient miroir, échelle pour le temps et défaite du sommeil et de l'oubli. Célèbre dans le monde arabe, il n'est pas pour autant ce qu'on appellerait un "poète militant". Son engagement est dans l'écriture, dans la poésie; il est loyal envers l'imaginaire de son peuple, de tout peuple voué à l'errance. Rien à voir avec cette poésie qui brandit les slogans et ruine la beauté et l'émotion. Darwich est un poète épique», écrit Tahar Ben Jelloun sur le dos de la couverture du recueil. L'ouvrage se compose de 7 parties poétiques regroupant plusieurs poèmes. On cite Un amoureux de la Palestine, Fin de la nuit (1967), Les Oiseaux meurent en Galilée (1970). Ma bien-aimée se réveille (1970), T'aimer ou ne pas t'aimer (1972, Essai numéro 7 (1972) et Noces (1977).
Les premiers poèmes de Mahmoud Darwich traduisent un lyrisme amoureux dans lequel l'attachement au pays natal se confond avec le sentiment amoureux. Symbole de la patrie, la terre est célébrée comme la «première mère». Au fur et mesure l'engagement politique se révèle franchement. L'écriture s'érige plus complexe en s'intéressant aux mythes et aux symboles. Enfin, dans sa période la plus mûre, cette écriture tend vers une ouverture. Elle voyage, traverse les mers. de la Méditerranée à New York, la problématique identitaire de la Palestine reste posée. le souffle puissant et épique de Mahmoud Darwich écrit dans La chanson et le sultan: «Allez dire au sultan. le vent ne saurait être blessé par un coup d'épée. Et les nuages d'été ne peuvent arroser l'herbe. Qui croit sur ses murailles. Mais des millions d'arbres. Verdoient dans le giron du poème.»
Chez Mahmoud Darwich, la poésie naît du sentiment d'exil, de déracinement et de l'appel de l'autre, sa terre, «sa passion» matérialisée dans cet arbre ou encore Rira la bien-aimée, lui, ce soldat du vers libre et du rythme dramatique, cet étranger dans une ville lointaine...Qu'il soit social, familial, amoureux, l'exil est le thème dominant, celui qui appelle la poésie et auquel celle-ci doit répondre.
L'exil est au coeur, la source puissante de la poésie de Mahmoud Darwich. D'Athènes à Galilée, de Babylone à Jérusalem, la poésie de Darwich est faite d'un «pays dépourvu de pays». Elle est confiscation, éloignement, impatience qui est «fleur de jasmin», tremblement, l'appel d'une allégresse de deux corps en fête, un «hymne guerrier», «souvenir d'une première jouissance», égarement et blessures, une corde brisée. Mieux, un passeport, un désir, la voix perdue dans les solitudes...Que de beauté, mélancolie mêlée à du chagrin. Darwich agonise parfois, pleure mais ne rend jamais les armes. Dans Chroniques de la douleur palestinienne le poète écrit à juste titre: «Mon pays est une épopée. Jy tenais le rôle d'interprète. Me voici devenu.
Une des cordes de l'instrument.» Bouleversante poésie de Darwich, cette anthologie met à nu 16 années d'écriture intenses...Impossible de restituer tout le génie artistique de l'écriture de Darwich. A découvrir absolument!
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je suis le témoin de la boucherie
et le témoin de la carte
je suis le fils des mots simples
j'ai vu pousser les ailes aux cailloux
et la rosée se transformer en armes
Lorsqu'ils ont refermé sur moi la porte de mon coeur
ont dressé des barrages dans mon corps
y ont instauré le couvre-feu
le quartier de mon enfance a ressuscité dans mon coeur
mes côtes sont devenues les pierres de ses maisons
les oeillets se sont ouverts
les oeillets se sont ouverts
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Il était un champ de pommes de terre et de maïs
il n'aimait pas l'école
mais la prose et la poésie
qui sait si la vallée n'est pas prose
qui sait si le blé n'est pas poésie
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Videos de Mahmoud Darwich (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mahmoud Darwich
Le 07 octobre 2007, le poète palestinien Mahmoud Darwich (en arabe : محمود درويش) lisait son poème “Pour décrire les fleurs d'amandier” au Théâtre de l'Odéon (Odéon - Théâtre de l'Europe). Traduction de l'arabe vers le français : Elias Sanbar. Lecture de la traduction française : Didier Sandre. Peinture : Vincent Van Gogh, “Amandier en fleurs”, 1890. “Pour décrire les fleurs d'amandier” :
Pour décrire les fleurs d'amandier, l'encyclopédie des fleurs et le dictionnaire ne me sont d'aucune aide... Les mots m'emporteront vers les ficelles de la rhétorique et la rhétorique blesse le sens puis flatte sa blessure, comme le mâle dictant à la femelle ses sentiments. Comment les fleurs d'amandier resplendiraient-elles dans ma langue, moi l'écho ? Transparentes comme un rire aquatique, elles perlent de la pudeur de la rosée sur les branches... Légères, telle une phrase blanche mélodieuse... Fragiles, telle une pensée fugace ouverte sur nos doigts et que nous consignons pour rien... Denses, tel un vers que les lettres ne peuvent transcrire. Pour décrire les fleurs d'amandier, j'ai besoin de visites à l'inconscient qui me guident aux noms d'un sentiment suspendu aux arbres. Comment s'appellent-elles ? Quel est le nom de cette chose dans la poétique du rien ? Pour ressentir la légèreté des mots, j'ai besoin de traverser la pesanteur et les mots lorsqu'ils deviennent ombre murmurante, que je deviens eux et que, transparents blancs, ils deviennent moi. Ni patrie ni exil que les mots, mais la passion du blanc pour la description des fleurs d'amandier. Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc dans leur dédain des choses et des noms ? Si quelqu'un parvenait à une brève description des fleurs d'amandier, la brume se rétracterait des collines et un peuple dirait à l'unisson : Les voici, les paroles de notre hymne national !
Source : France Culture
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