Livre acheté peu de temps après ma découverte du livre sur la vie d'Alexandra David-Néel de Laure Dominique Agniel et de la femme qu'elle était. Il a néanmoins fallu l'aide d'une pioche (Mars) pour le sortir de ma pal, merci à Chabe37 malgré le retard pris sur mes lectures de pioches. Les 3 romans d'Alexandra David-Néel qui ont rejoint mes étagères ont été choisi avec attention d'après leurs résumés et parmi un certain nombre de ses écrits. Ça sera ma première lecture d'elle en tant qu'auteur.
Alexandra David-Néel nous précise dès l'avant-propos que l'histoire racontée a été vécue, elle a juste été romancée par ses soins pour y apporter les informations liées aux paysages. Par son biais, nous apprenons ainsi quelques pratiques peu orthodoxes des Tibétains, comme leurs brigands… En tout cas, son style est très agréable car les pages défilent assez vite et elle a réussi à attiser ma curiosité. Je ne suis pourtant pas une grande adepte des histoires d'amour mais celle-ci nous dépayse complètement avec le Tibet en toile de fond dans les années 20 ou 30 (le livre a été écrit en 1937) et des moeurs totalement différentes des Occidentaux. L'auteur alterne passé et présent dans son récit (est-ce ainsi qu'il lui a été raconté ?) afin de nous faire connaître nos deux personnages principaux, Garab et Détchéma, nos Roméo et Juliette tibétains. Moi qui avais quand même un peu d'appréhension pour la lecture de ce roman, les pages défilent plus vite que prévu et j'ai toujours hâte d'en savoir plus sur les aventures peu communes vécues par Garab et Détchéma. Comme dit en 4ème de couverture, l'auteur nous entraîne dans des contrées mêlant sans difficulté réel et imaginaire grâce à leurs coutumes et leurs croyances. C'est dépaysant à souhait et d'autant plus intrigant, l'auteur a vraiment l'art de conter des histoires de ce genre. Je me suis laissée emporter à la suite de Garab et Détchéma. Nous avons également des informations supplémentaires en bas de pages ; par contre, il est difficile de savoir de qui elles sont (tantôt « je », tantôt « l'auteur »). Est-ce l'auteur ou l'éditeur ? Rien n'est précisé dans mon édition de 1990. La fin est surprenante et leur vie a été plus que mouvementée. On ne s'ennuie pas en leur compagnie même lorsqu'ils discourent sur des sujets théologiques, qui ne sont pas trop mon fort.
Comme vous l'aurez compris, ce roman a été une excellente découverte pour ma part, l'auteur avait vraiment un art de conteuse même s'il y a quelques incohérences dans son récit, dues à des détails qu'elle n'aurait pas dû connaître. Sinon, je suis contente de m'être lancée dans ses écrits, elle nous fait ainsi découvrir ces pays (Tibet, Mongolie…) où les étrangers étaient rares et souvent mal accueillis dans les provinces reculées. Je conseille donc très fortement aux amateurs de dépaysement et de voyages de découvrir ce roman d'amour et d'aventures à la mode tibétaine. Pour ma part, j'en lirais donc d'autres de cette auteur sans mon appréhension initiale.
Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Un livre critique qui rend compte ultes bonpo tibétain d'étranges rituels macabres, dont le meurtre rituel.
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Lagspa était dévot, passablement crédule, il eût volontiers accepté qu’un dieu auréolé de lumière fût apparu à son épouse, ou à lui, pour leur annoncer, gracieusement, que par un effet de son pouvoir, leur union deviendrait féconde. Mais qu’un dieu se fût occupé, lui-même, de pourvoir une fille vierge d’un enfant, lui semblait un miracle suspect. De tels faits sont, il est vrai, rapportés dans des légendes vénérables, il préférait ne pas les mettre en doute, mais ces prodiges dataient d’époques très lointaines, il n’admettait guère qu’ils pussent se répéter de nos jours et à l’occasion de sa servante.
« Oubliez le passé, lui avait dit l’ermite, ne vous absorbez pas dans la pensée des fautes que vous avez commises, le remords est une forme de présomption. S’y complaire, c’est s’attribuer et attribuer à ses actes une importance qu’ils n’ont point. (…) ».
Des montagnes dénudées qui encadrent l’immense vallée où la multitude des maisons basses semble une foule agenouillée en prière, des souffles singuliers descendent et flottent, enveloppant insidieusement les êtres et les choses, les pénétrant, les remodelant, leur prêtant une âme ou un aspect nouveau, pour quelques jours ou pour des siècles. Lhassa n’est pas seulement un lieu où s’opèrent des prodiges : Lhassa est un prodige.
Trois sentiers s’offrent aux pèlerins pour effectuer le tour de la montagne : le sentier inférieur, relativement aisé à parcourir, celui du milieu présentant des difficultés plus grandes et le plus élevé des trois escaladant des pentes abruptes sur lesquelles des montagnards vigoureux, au pied sûr, peuvent, seuls, s’aventurer sans danger. Les mérites acquis par les fidèles croissent en proportion des fatigues qu’ils affrontent. Les bénédictions attachées au parcours du plus haut des sentiers sont d’une importance beaucoup plus considérable que celles échéant au commun des dévots qui se contentent de faire le tour du pied de la montagne. L’ambition pieuse de Détchéma ne visait qu’à ce minimum de mérites.
L’absurdité de cette ignorance d’un « omniscient » qu’ils s’apprêtaient à duper, tout en le vénérant, n’apparaissait à aucun des brigands. De même que pour tous leurs compatriotes, ce terme d’omniscient avait perdu, pour eux, sa signification propre et était devenu un simple et banal titre d’honneur, comme celui de majesté. Ce qu’avait déclaré Garab est journellement répété par les Tibétains à propos d’abus de pouvoir des autorités ou d’autres maux dont ils souffrent :
« L’Omniscient ne le sait pas ! » Et, en vérité, l’Omniscient ne le sut pas ou, s’il le sut, dans son incomparable charité, il n’en laissa rien paraître, par pitié pour les pécheurs prosternés à ses pieds.
Vidéo de Alexandra David-Néel