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Fabienne Duvigneau (Traducteur)
EAN : 9782330189709
624 pages
Actes Sud (03/04/2024)
4.19/5   86 notes
Résumé :
1977. Californie du Nord. Rich est de ces bûcherons qui travaillent au sommet des arbres. C’est un métier dangereux, dont son père et son grand-père sont morts. Il veut une vie meilleure pour sa femme Colleen et son fils Chub. Pour cela, il a investi en secret toutes leurs économies dans un lot de séquoias pluricentenaires. Mais lorsque Colleen, qui veut avoir un deuxième enfant malgré de précédentes fausses couches, se met à dénoncer la compagnie d’abattage pour l’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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La 24-7 : c'est le nom, d'après le diamètre en pieds et en pouces de son plus gros séquoia – sept mètres et demi de tour de taille pour cent douze mètres de hauteur –, de la parcelle de forêt plurimillénaire qu'à cinquante-trois ans, Rich, bûcheron comme avant lui son père et son grand-père, vient d'acquérir, en s'endettant jusqu'au cou, sur l'audacieux pari qu'une route en permettrait bientôt l'exploitation.
En cette fin des années soixante-dix, ils sont une petite communauté à dépendre exclusivement de l'exploitation des géants californiens qui subsistent encore. Dur et dangereux, le métier abat aussi régulièrement son quota d'hommes, et Rich, dont le corps marqué de cicatrices raconte la vie aussi bien que la dendrochronologie celle des arbres, s'est décidé au grand saut qui doit le rendre indépendant, assurant ses vieux jours et l'avenir de son fils Chub, bientôt en âge d'être scolarisé.


Pour la protéger, il n'a pas encore mis son épouse Colleen dans la confidence. de vingt ans sa cadette, celle qui fait office de sage-femme dans leur petite ville se désespère de ses fausses couches en série et se remet à peine de la perte d'une petite-fille à mi-grossesse. Lorsque Daniel, son amour de jeunesse, revient dans la région et, au grand dam de la population déjà exaspérée, entre manifestations hippies et création de parcs nationaux, par l'obstruction croissante à l'exploitation forestière dont tous dépendent ici, se met à jouer les lanceurs d'alerte contre l'épandage massif de défoliants facilitant le débroussaillage, elle est la première à douter face à la multiplication des malformations de nouveaux-nés dans la région.
Bientôt déchiré entre leur dramatique dépendance au découpage des derniers séquoias géants en un maximum de pieds-planches et leur prise de conscience, à la fois des impacts écologiques de cette activité – comme les glissements de terrain déboisé et la disparition des saumons incapables de frayer dans des rivières envasées – et des risques sanitaires associés, le couple se retrouve au coeur des affrontements de plus en plus violents qui opposent les défenseurs de la nature et ceux qui ont fait de son exploitation leur indispensable gagne-pain.


Jamais manichéen, le récit entrelace les points de vue dans une vaste fresque familiale et écologique, vécue à hauteur d'hommes que l'on ne quittera qu'à regret au terme de ses plus de cinq cents passionnantes pages. Dans l'imposante et splendide futaie où de minuscules humains mènent un combat herculéen et périlleux nécessitant un incomparable savoir-faire pour à peine gagner leur vie dans la boue, la sciure et la sueur, le lecteur se retrouve lui aussi écartelé : d'un côté, le partage de leurs peines et de leurs vicissitudes, de l'autre, l'effroi bien contemporain suscité par ce pillage éphémère d'un trésor naturel irremplaçable et par l'ignorante inconséquence qui les conduit à s'empoisonner littéralement.
Et, tandis que, d'un parfait réalisme, les rebondissements de leurs mésaventures s'enchaînent en une tension incessante, et que, profondément justes dans leurs ambivalences et dans leurs maladresses, les personnages se révèlent de plus en plus attachants, c'est très symboliquement à nos contradictions actuelles entre notre conscience de détruire la planète et notre incapacité à changer notre mode de vie que nous renvoie cette histoire représentative, survenue il y a un demi-siècle en Californie du Sud, région natale de l'auteur.


Ce premier roman impressionnant de justesse et de maîtrise a l'art et la manière d'immerger le lecteur dans les senteurs de sous-bois mêlées des relents âcres des herbicides pulvérisés par les exploitants forestiers, pour un chant d'agonie de tout un monde dont on peut encore espérer qu'il ne préfigure pas celui de la planète entière. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Je ne sais toujours dire pourquoi les forêts suscitent en moi autant de fascination et de vertiges. Que m'ont-elles fait ou que ne m'ont-elles pas fait encore ? Quand j'entre dans une forêt, j'attends toujours de manière presque inavouable et inespérée le déclic, la porte qui s'ouvrira vers un envers du décor enchanteresse, me délivrant à jamais du poids inextricable de la tristesse du jour et des malheurs du monde.
Les forêts sont pour moi des lieux sacrés qui font côtoyer les vivants et les morts. Je crois entendre parmi la respiration des ramures, d'autres voix qui me tendent la main.
J'imagine parfois des arbres se parler, chuchoter, s'effleurer dans le froissement du vent. Sous le secret des feuilles, il y a des territoires qui palpitent...
Je les devine citadelles imprenables, où j'aime laisser vagabonder mes anomalies et mes illusions, je sais qu'ici rien ne peut venir les perturber.
Mais aujourd'hui les forêts ont mal, pleurent, agonisent... Il faut prendre soin d'elles...
Au travers d'une fresque ample à la fois sociale et intime, Les derniers géants est un roman qui dit cela en quelque sorte et c'est peut-être pour cette raison qu'il m'a touché.
J'ai ressenti un coup de coeur pour ce récit qui m'a entraîné dans les grands espaces forestiers en Californie du nord. Nous voici plongés là-bas dans la fin des années soixante-dix.
Nous découvrons une communauté de bûcherons, d'élagueurs, affairés du matin au soir dans leurs tâches éprouvantes et souvent dangereuses. Leur territoire est dominé par ces géants plusieurs fois centenaires, des séquoias dont l'exploitation à destination de l'industrie du bois d'oeuvre fait vivre ici de nombreuses familles, depuis plusieurs générations. Ici on est bûcheron de père en fils, et fier de l'être.
Du matin au soir, c'est le bruit incessant des tronçonneuses comme le vrombissement des abeilles besogneuses, celui des haches aussi, des coups portés dans le coeur de la forêt ; parfois les cris des hommes précèdent un long bruit venu du fond des entrailles de la terre et qui accompagne cet arbre qui s'effondre à jamais au pied des siens...
Dans ces pages, viennent l'odeur de la forêt, l'odeur de la sciure, l'odeur de la sueur des hommes qui ne ménagent pas leur peine. Mais il y a aussi cette odeur âcre dans l'air, cette odeur qui flotte sournoisement pour se répandre jusque dans le cours des ruisseaux...
La jeune autrice californienne, Ash Davidson, dont c'est ici le premier roman, m'a pris la main pour me faire venir à la rencontre des personnages rudes et attachants de cette communauté. Parmi celle-ci il y a ce jeune couple, Collen et Rich Gundersen. Ils vivent là avec leur jeune fils Chub qu'ils appellent affectueusement Grahamcracker. Il y a aussi leur chien Scout. Peu à peu le drame social sous-jacent va s'entrelacer avec l'histoire intime de ce couple. Collen voudrait avoir un autre enfant, sa récente fausse-couche l'a jetée dans un profond désarroi.
Les grands parcs continuent d'étendre leurs territoires pour protéger la nature tandis que les écologistes affrontent depuis quelques temps les lobbyings puissants et les entreprises forestières, dans l'espoir de sauver les derniers séquoias, certains de ces arbres sont presque millénaires... Mais la menace ne pèse pas seulement sur les arbres, elle pèse aussi sur l'ensemble de l'écosystème, la faune, la flore, les saumons, l'eau, les femmes, les hommes, en raison des épandages intensifs d'herbicides pour rendre les routes plus accessibles et faciliter le déplacement des grumes de sequoias vers le fond de la vallée. La recherche de productivité se gagne sur tous les fronts...
C'est un monde à l'agonie que les arbres ont la pudeur de cacher.
Mais ici le texte empli de justesse et de retenue, n'oppose pas les « gentils » écolos aux « méchants » bûcherons. Avec habilité, l'autrice évite les pièges du manichéisme, car ces travailleurs forestiers sont eux-mêmes victimes des compagnies qui les exploitent, assoiffées de pouvoir et d'argent n'hésitant pas à déployer tous les lobbyings possibles auprès des figures politiques locales pour parvenir à leur fin...
Rich voudrait offrir une autre existence à sa famille, car travailler dans les conditions sociales proposées, ce n'est plus vivre, c'est survivre. Rich décide alors d'investir toutes leurs économies dans un projet ambitieux et se garde de l'évoquer à son épouse pour ne pas la tracasser...
Collen est sage-femme. Voir naître d'autres enfants parfois lui fait mal au coeur, mais voir naître d'autres enfants avec des malformations devient brusquement inacceptables. Et puis il y a aussi toutes ces fausses-couches qu'on ne peut plus attribuer au seul hasard, à la faute à pas de chance. Un jour elle aide à accoucher une jeune mère qui met au monde un enfant sans cerveau...
Et si ces herbicides qu'ils balancent depuis leurs hélicoptères dans des nuées de plus en plus immenses et frénétiques, étaient nocifs pour l'eau, les enfants à naître, la vie tout simplement... ? C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et dresse désormais Colleen dans une révolte viscérale...
D'autres camps vont alors s'affronter au sein même de cette communauté jusqu'ici solidaire soudée comme au travers d'un pacte ancestral tacite, au sein même des couples qu'on croyait solides comme des sequoias.
La déflagration des arbres qui tombent au milieu des forêts se répercutent dans le coeur des personnages de ce livre.
C'est un roman bouleversant, puissant, tellurique.
C'est une lutte sans merci dont personne ne sortira indemne.
Ce récit haletant, à la narration très bien menée, m'a touché autant par le contexte écologique qu'il convoque que par la trame douloureuse des personnages dont certains me sont devenus subitement proches comme si nous appartenions à la même famille. Ce roman m'a emporté jusqu'à la fin de l'histoire. Un coup de coeur parmi les coups de hache !
C'est aussi le tout récent coup de coeur de ma librairie préférée qui m'a fait découvrir ce livre...
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Personnellement, un livre que j'ai beaucoup aimé. Il y a du suspense, de la joie, de la tristesse, de la peur, de la colère mais aussi de l'amour.

Les derniers géants de Ash Davidson est le premier roman de cette autrice, je découvrirai avec grand plaisir ses futures parutions.

La famille Gundersen, rêve depuis toujours d'acheter la parcelle 24-7 où se trouvent des séquoias géants et pluricentenaires. Après son grand-père et son père, Rick peut enfin l'acquérir en 1977. Il a investi en secret toutes ses économies. Quelle joie pour lui de posséder le plus grand arbre de la forêt et le plus haut.

La Californie du Nord, un monde de bûcherons, ils ne sont pas seuls, les écologistes viennent semer la zizanie, le partage est difficile avec les indiens.
"Les Yurok pêchaient dans la rivière depuis l'aube des temps, on leur accordait le droit de continuer, jusqu'à soixante-dix kilomètres à l'intérieur des terres, et le long des ruisseaux, sur deux kilomètres de chaque côté - dans toute la Réserve. La carte s'était gravée dans l'esprit de Colleen à force d'écouter tous les pêcheurs furax qui prenaient part aux déjeuners de poisson frit le dimanche, les mains attachées dans le dos par l'état de Californie alors que les Yurok sortaient des saumons aussi gros que des chiens. Rich semblait approuver la décision, mais on voyait maintenant des autocollants à l'arrière des voitures : protégez les poissons, mangez de l'indien en conserve."

Malheureusement pour Colleen, Rich et leur fils Chub, tout ne va pas se dérouler comme prévu.
Colleen aimerait un deuxième enfant, mais elle s'aperçoit qu'autour d'elle, il y a de nombreuses malformations chez les nouveaux-nés, elle-même a fait plusieurs fausses couches.
La compagnie d'abattage serait responsable de tous ses malheurs, suite à l'usage inconsidéré d'herbicides. Colleen est l'une des premières à les dénoncer. Cela va créer énormément de conflits, dans leur couple et dans tous les foyers. Ceux qui ont peur de perdre leur travail, ceux qui n'y croient pas et ceux qui savent.

Un très bon moment de lecture, une famille touchante, une situation qu'on peut retrouver n'importe où dans le monde. L'argent a toujours plus d'importance que les êtres humains ou la nature.

Pour ceux qui ont lu "Faire bientôt éclater la terre", pas de comparaison, très peu de termes techniques concernant le métier de bûcheron et l'abattage des arbres. Quelques petits chapitres sur leur travail puisque le récit se déroule dans ce milieu, mais l'histoire est totalement différente.
Bonne lecture à tous.
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Dans la première partie de son roman, Ash Davidson décrit la majestueuse beauté des" derniers géants", les immenses séquoias de Californie, mais elle le fait du point de vue d'une communauté de bûcherons qui vivent du commerce de l'abattage. Avec la description du quotidien de ces familles, elle s'attarde avec talent sur les techniques d' abattage, les différents métiers, le courage des hommes, les blessures et la solidarité. Loin de dresser un portrait idyllique de la vie dans la nature, elle n'épargne pas aux lecteurs la pluie, la boue, les glissements de terrain, la vie dans des caravanes insalubres et l'alcoolisme de certains d'entre eux.
Mais en se focalisant plus précisément sur une famille, celle de Rich, un bûcheron cinquantenaire qui vit heureux avec sa jeune femme Colleen et son fils Chub, elle choisit également de raconter une belle histoire d'amour.

Si les difficultés financières touchent toutes les familles de cette petite ville, le premier élément perturbateur concerne les femmes. On découvre que Colleen qui exerce le métier de sage-femme, a mis au monde des bébés difformes qui n'ont pas survécu et qu'elle a elle-même subi huit fausses couches. de la même manière, des animaux d'élevage ou sauvages naissent avec des caractéristiques monstrueuses.
Et puis il y a Rich, obsédé par une parcelle de terrain convoitée par son grand-père, puis son père et qui va fortement s'endetter en pensant faire un bon investissement. Sans en parler à Colleen qui elle aussi s'enferme dans son désir d'enfant. le couple est en danger, nous dévoile l'auteure en alternant les points de vue.

Lorsque Daniel, l'ancien petit ami de Colleen, apparaît, il apporte avec lui une double menace : menace pour le couple et menace pour un mode de vie mis en péril par les révélations des écologistes.
Ash Davidson connaît la méfiance, parfois la haine, entre les habitants de la région et les militants écologistes qui viennent lancer des alertes qui bousculent leurs convictions.
Ainsi Rich déclare: " Vous ne trouverez personne qui aime les arbres autant qu'un bûcheron. Si vous regardez bien, tout au fond, je vous garantis que dans chaque bûcheron il y a un" écolo ". Mais la différence entre nous et les autres, les militants, c'est que nous, on vit ici. On chasse. On pêche. On fait du camping. Eux, ils retourneront là d'où ils viennent, mais nous, on se reveillera ici demain. C'est chez nous. le bois d'oeuvre nous apporte à manger sur nos tables, des vêtements sur le dos de nos enfants. "
La confrontation ne peut être que violente. Les bûcherons croient naïvement que le gouvernement n'autoriseraient pas des pulvérisations d'herbicides sur les terrains pour débroussailler les forêts et faciliter le travail. Victimes d'une société paternaliste qui leur offre de temps à autre des repas gratuits, ils sont incapables d'imaginer que leur patron puisse menacer leur santé et celle de leur famille.

Cette prise de conscience se fera aussi d'abord par les femmes qui seront les premières à rejoindre les mouvements de contestation.
Elle passera aussi par les autochtones, les Indiens Yurok, plus attentifs à leur environnement.
" Mes enfants sont adultes. Mais si c'était moi, si c'était mes enfants qui naissaient sans cerveau, je me poserais la question : est-ce que cela en vaut la peine ? Juste pour continuer à abattre la forêt de cette manière ? Mais vous non, vous ne renoncerez pas tant que vous n'aurez pas tué tous les chevreuils, tous les saumons, tous les arbres, tant que vous n'aurez pas empoisonné toutes nos sources d'eau fraîche. Que mangerez vous alors ? de l'argent ? "

Ash Davidson décrit parfaitement ces rednecks, des Americains blancs pauvres qui vivent en milieu rural, ultraconservateurs et peu enclins à se remettre en question. Mais elle ne jette jamais de regard méprisant ou critique sur ces personnages. La plupart d'entre eux sont d'ailleurs très sympathiques, soucieux de leurs familles et plutôt attentifs à leur communauté. Éduqués dans l'idée qu'un homme doit nourrir sa famille, poursuivre le travail de ses ancêtres, respecter les patrons et organiser des barbecues alcoolisés, ils sont incapables de comprendre l'évolution du monde.
A l'inverse, elle représente les ecolos comme les rednecks les perçoivent : des hippies chevelus qui bloquent les routes en manifestant.
Elle ne leur donne jamais réellement la parole puisque, en fait, il n'y a pas besoin d'argumenter ou de faire de longs discours. Seul David servira de relais à cette parole militante, en tant que petite main qui prélève des échantillons d'eau.

Ce roman addictif appartient à la catégorie des très bons romans américains. A travers une intrigue passionnante et pleine de rebondissements, l'auteure mêle interrogations écologiques et survie économique. Avec intelligence, elle questionne nos inquiétudes pour l'avenir en donnant la parole à ceux qui refusent de s'inquiéter mais qui sont les premières victimes.
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Si la construction de ce roman reste classique, elle est efficace. En alternant les perspectives des deux moitiés d'un couple, l'autrice offre une vision plus riche de l'impact environnemental de l'industrie menuisière et décrypte les mécanismes de fracture au sein d'une famille. Engagé et rythmé, ce livre évoque aussi et surtout la lutte vaine de l'homme contre la nature (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/01/07/les-derniers-geants-ash-davidson/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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critiques presse (3)
LeJournaldeQuebec
24 juillet 2023
Tous les ingrédients sont réunis pour un best-seller.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Exploitation de la forêt ancienne, épandage d’herbicides, contamination environnementale, problèmes économiques et problèmes de santé au sein d’une petite communauté, tragédies et conflits, authenticité : tous les ingrédients sont réunis pour un best-seller.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeMonde
03 mars 2023
Dès les premières pages, l’odeur de la forêt californienne, des séquoias pluricentenaires, de la sciure et de la sueur des ­bûcherons, gagne le lecteur et lui monte à la tête – petit miracle d’une narration dense et descriptive, parfaitement maîtrisée.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Le peuple yurok vit ici, le long de cette rivière, depuis des centaines de générations, depuis plus longtemps encore. Beaucoup de tribus dans ce pays ont été chassées de leur terre, mais pas nous. Ici, c’est notre Réserve : sur deux kilomètres de chaque côté de la Klamath et soixante kilomètres à partir de son embouchure, les Yurok sont chez eux. Même si une grande partie de ce territoire a été vendue, nous avons conservé notre droit de pêcher. Nous sommes responsables de notre rivière, nous assurons son entretien. Nous avons toujours été ici. Nous avons toujours pêché. Toujours, toujours. C’est comme respirer l’air. Si je ne peux pas pêcher, je ne peux pas vivre. Mon grand-père m’a appris cela. Comme son grand-père le lui avait appris. Mes filets ont été saisis par les gardes-pêches. J’ai pêché la nuit. J’ai été battu, pour avoir pêché. J’ai été jeté en prison, pour avoir pêché. Je suis allé au tribunal à Washington. J’ai vu votre Capitole ; ce n’est rien comparé à un séquoia, c’est juste un petit arbre rabougri.” Le vieil homme tendit une main devant lui pour indiquer la hauteur de l’arbre. “Le Tribunal a rendu sa décision : ici, c’est la Réserve yurok ; ici, c’est un territoire indien ; nous pouvons pêcher. Et pourtant, vous cherchez encore un moyen de nous empêcher de respirer, de mener notre vie, de protéger notre rivière.” Il croisa les bras. “Je suis vieux maintenant. Mes enfants sont adultes. Mais si c’était moi, si c’étaient mes enfants qui naissaient sans cerveau, je me poserais la question : est-ce que cela en vaut la peine ? Juste pour continuer à abattre la forêt de cette manière ? Mais vous, non, vous ne renoncerez pas tant que vous n’aurez pas tué tous les chevreuils, tous les saumons, tous les arbres, tant que vous n’aurez pas empoisonné toutes nos sources d’eau fraîche. Que mangerez-vous alors ? De l’argent ? Avec quoi construirez-vous vos maisons ? Que boirez-vous quand vous aurez soif ?
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Dix degrés, et Lark était en maillot de corps maculé de taches, ses cheveux gris et sa longue barbe lui descendant jusqu'aux épaules, des rouleaux de papier toilette rangés en pyramide dans le fauteuil roulant qui lui servait de brouette.
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Rich cala son équipement sous le pylône et se posta un peu plus haut sur le versant pour regarder la scène. Pete, qui avait au préalable déterminé l’angle de chute naturelle de l’arbre, traça deux marques sur l’écorce, l’une pour le trait plancher, l’autre pour le plafond. Lorsqu’il eut tronçonné son entaille directionnelle – dans un formidable jaillissement de sciure –, Lyle l’aida à retirer l’énorme morceau de tronc, révélant une bouche profonde de deux mètres. Pete enfonça ses coins et s’y glissa à plat ventre, tel un homme avalé par un gigantesque requin, pour s’assurer qu’il n’y avait ni champignons ni pourriture brune au fond de l’encoche. Satisfait, il sauta à terre, recula de vingt mètres : la distance qu’il aurait le temps de parcourir avant que le piégeux bascule. Il revint sur ses pas en écartant scrupuleusement tout élément sur lequel il risquerait de trébucher dans sa zone de retraite. Enfin, il passa derrière le tronc et démarra sa McCulloch. Les conducteurs des bulldozers descendirent de leurs engins. Même Don s’immobilisa, tandis que la forêt paraissait retenir son souffle.
Le corps entier de Pete vibrait avec la tronçonneuse qu’il maniait à reculons autour du tronc pour scier le trait d’abattage. Il levait fréquemment les yeux, guettant une éventuelle menace venue d’en haut. L’arbre tremblait sur toute sa hauteur. Soudain, Pete libéra sa tronçonneuse et partit en courant. Il y eut un craquement que Rich sentit dans sa cage thoracique. La terre parut s’ouvrir sous la violence du choc. Quelqu’un hurla comme un loup. Il avait réussi ! Le piégeux étendu de tout son long reposait sur son lit de chute comme un cadavre dans son cercueil, depuis la base du tronc – un mur de six mètres de haut – jusqu’à la tête.
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Ces herbicides qu’ils épandent – pas seulement Sanderson, mais aussi l’Office des forêts, le comté – sont les deux composants de l’agent orange, dont le mélange produit de la dioxine TCDD. Ils sont toxiques, pour les plantes, pour les animaux” – s’adressant encore une fois à Colleen – “et pour les gens. Depuis le début de l’épandage, dans les années 1950, on constate une accumulation biologique, c’est-à-dire une concentration nocive à différents niveaux de la chaîne alimentaire, les poissons, les chevreuils, et vous mangez du chevreuil…
— J’en ai assez entendu, monsieur…
— Daniel.“
Rich se leva.
“Ils contaminent l’eau. Tout ce qui est pulvérisé arrive là, dans votre café.” Daniel posa son mug.
“Ça tombe bien, dit Rich en allant ouvrir la porte de la maison. Vous ne pouvez pas l’emporter pour la route.
— Ce sont des produits très dangereux. Ils causent des malformations congénitales, des cancers.” Les yeux de Daniel se fixèrent sur Colleen. “Les études révèlent un nombre croissant de fausses couches en Oregon. On vous raconte qu’ils sont inoffensifs, qu’ils ne tuent que les herbes. Si on vous disait qu’il existe une balle inoffensive, vous accepteriez qu’on tire dans la tête de votre petit garçon ? J’ai vu votre conduite d’eau. Autant déverser ces saletés directement dans votre citerne ! Il y a une pétition que vous pouvez signer. Je suis désolé… Je sais que…
— Non, vous ne savez pas, coupa Rich en tenant la porte ouverte.
— Vous êtes des gens discrets, Mr. Gundersen. Vous ne voulez pas avoir d’ennuis, je comprends.” Daniel se leva, garda à nouveau les yeux sur Colleen. “Mais si c’était moi, je préférerais savoir.
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“Imaginez, commença l’homme. Il y a deux cents ans…
— Toute la côte était couverte de forêts de grands séquoias, continua la femme en figurant l’espace avec un ample geste de la main. Des guillemots à cou blanc nichaient dans leurs cimes. Des grenouilles à queue et des salamandres tachetées vivaient au bord des ruisseaux. Chaque année, le saumon remontait les cours d’eau pour frayer…
— Nous avons détruit quatre-vingt-dix pour cent de cette forêt ancienne, dit l’homme. Partout, nous avons abattu les arbres et répandu des produits chimiques…
— Et tout ce qu’il en reste, expliqua la femme, c’est une infime portion, des terres acquises par des citoyens qui ont souhaité les protéger, des terres qui sont devenues des parcs nationaux. Damnation Grove est l’un des derniers vestiges de la forêt primaire en Californie. On y contemple des géants hauts de cent mètres, plus grands que la statue de la Liberté, une majesté que les parcs conservent à l’abri. Mais aujourd’hui…” La femme marqua une pause. “… les mains avides de l’industrie aiguisent leurs tronçonneuses et se préparent à sacrifier sur l’autel du capitalisme ces ancêtres vivants…
— Des arbres vieux de mille ans ! Ils existaient déjà avant la chute de Rome. Avant l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique. Ils ont résisté aux flammes, aux inondations, aux tsunamis…
— Et ils sont toujours là ! Nobles. Forts. Et nous, nous tous ici aujourd’hui, nous avons une chance de les sauver.
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