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3,9

sur 1257 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Une confrontation entre un magistrat et un accusé qui n'est pas sans rappeler le magnifique collier rouge de Jean-Christophe Rufin. le récit d'une trahison amicale, d'une amitié perdue, d'un amour fort, d'engagement politique avec pour cadre les heures terribles de l'Italie des années 70. Un dialogue d'une grande fluidité, émaillé de très belles lettres.
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"Impossible" est le premier roman que je lis d'Erri de Luca. Fortement recommandé par un ami et connaissant de renom l'auteur, j'y suis allée pleine d'entrain.
La confrontation entre le jeune juge et cet ancien activiste d'extrême-gauche, soupçonné du meurtre de l'un de ses ex-comparses qui avait trahi le groupe, est l'occasion d'un débat sur la justice et la responsabilité individuelle/collective, la loyauté et la trahison, l'amitié et l'engagement. C'est également une joute oratoire entre l'impétuosité de la jeunesse, sûre d'elle, et le recul amusé et l'expérience de la vieillesse. Ce sont enfin deux époques qui s'opposent avec notamment l'évocation des "années de plomb" en Italie. La correspondance du vieil homme avec la femme qu'il aime dévoile aussi l'intimité et les sentiments du personnage.
Je ne pourrais guère en dire plus. L'écriture est belle et prête à la méditation comme les randonnées en montagne que nous décrit le vieil homme. le style est propre et net, c'est poétique voire philosophique.
Malheureusement, tout en reconnaissant ces qualités littéraires, aucune émotion ne m'a traversée. Les personnages ne m'ont pas particulièrement intéressée ni l'histoire.
Dans le même style de récit (une confrontation entre un suspect et un juge), "Article 353 du Code pénal" de Tanguy Viel m'avait beaucoup séduite. L'expérience n'a pas été renouvelée avec Erri de Luca.
Dommage pour cette première entrée en matière mais je ne m'avoue pas vaincue.
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Le narrateur, un ancien activiste des années de plomb en Italie, se retrouve en prison suite au meurtre de l'homme qui l'a dénoncé des années plus tôt. Pour recouvrer la liberté, il devra convaincre le magistrat de son innocence. Ou accepter l'alternative proposée par le magistrat, certes nettement moins honorable …

Le magistrat est un homme jeune qui n'a pas connu cette période troublée de l'Histoire Italienne. Il tente alors de comprendre les choix passés et les convictions de cet « idéaliste d'une révolution ratée ». Mais l'inculpé, obsédé par ne pas laisser de trace et par se fondre dans l'anonymat, dans un monde où chacun aspire à la notoriété et proclame haut et fort son individualité sur la place publique des réseaux sociaux, reste insaisissable.

Ce roman, qui aurait très bien pu être une pièce de théâtre car c'est une succession des P-V d'audience (sans le blabla juridique, rassurez-vous, ça reste lisible) et de lettres adressées par l'inculpé à sa bien-aimée, constitue une sorte de témoignage d'un temps où les jeunes s'engageaient dans le combat politique et sacrifiaient leurs aspirations individuelles au nom d'un idéal collectif.

À travers les lettres à l'aimée, le narrateur expose sa conception de l'amour, une conception ici aussi très idéalisée, où ce qui importe plus que tout est le bonheur de l'Autre, et tant pis s'il ou elle trouve ce bonheur dans d'autres bras. C'est la version généreuse de l'amour, respectueuse des choix de l'autre. Une vision devenue bien trop rare aujourd'hui.

Bon, personnellement, je n'ai pas accroché aux discussions politiques, peut-être parce que ce n'est pas vraiment ma tasse de thé et que Camus (« les justes » par exemple) et Sartreles mains sales ») nous ont largement parlé de l'engagement politique, avec beaucoup de brio …

Je suis sortie assez pessimiste sur l'évolution de nos sociétés, et les scènes de montagne sont trop rares pour me consoler de cet avenir que De Luca pressent liberticide et individualiste. En refermant le livre, l'exergue m'a semblé prendre soudain toute sa signification :

« Souvent, en écoutant tel ou tel récit, je pensais « c'est impossible, cela n'a pas pu se passer » et puis un an ou deux après, c'était devenu vrai. » (Isaac Bashevis SingerGimpel le naïf)
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J'avais tant aimé "Le poids du Papillon" que j'ai été , malgré moi, un peu déçue par celui ci.

Le texte est très beau, intéressant et soulève beaucoup de vraies questions.

Mais j'espérais retrouver la magie de la poésie de la plume de Lucca et elle est moins présente dans cet ouvrage .

Ce livre m'a beaucoup fait penser à un autre livre d'un autre italien : "Les mensonges de la nuit" de Gesualdo Bufalino, où l'on retrouve, également dans un huis clos, des problématiques analogues à travers un récit tout à fait théâtral, c'est à dire capable d'être interprété sur scène sans aucune modification.

Une belle lecture néanmoins, qui me donne envie de découvrir d'autres ouvrages de cet auteur.

Lequel me conseilleriez vous où je serais susceptible de retrouver la magie poétique du Poids du Papillon ?
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Un huis-clos qui oscille entre parabole et duel judiciaire, peut-être un peu difficile à apprécier lorsque l'on ne possède pas toutes les références historico-politiques et qu'on a aucun "background" en la matière.

Le récit aborde en effet des sujets comme l'engagement dans une cause révolutionnaire comme si cette sphère était connue de tous.

Reste une écriture fluide et belle, qui me donne envie d'aller lire plus loin ce que cet auteur a produit.
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Suite à la découverte d'un cadavre tombé depuis un étroit sentier longeant une falaise dans les Dolomites, la justice soupçonne celui a qui a prévenu les secours. En tant qu'ancien membre d'un groupe révolutionnaire italien, il a séjourné longuement (et sans remise de peine) en prison. La victime ne lui était pas inconnue, c'était un ancien camarade de son groupe, qui, en tant que repenti, avait accepté de témoigner contre ses comparses. Pour le juge qui interroge l'ancien révolutionnaire, c'est sûr, il s'agit là d'une vengeance. Pourtant l'homme nie tout : s'il était là c'est comme simple randonneur habitué aux lieux. Il avait bien vu que quelqu'un le précédait, mais était loin de savoir de qui il s'agissait. Quand il est arrivé à son niveau c'était trop tard, l'autre avait chuté. Coïncidence… ou pas...

J'ai tenté ce livre suite aux nombreux avis élogieux paru sur ma page d'accueil Babelio. Et, pour une fois, je ne suis pas – du tout – convaincu par cet engouement. La forme est brillante, alternant interrogatoires repris in extenso et lettres de l'ancien révolutionnaire à son aimée. Les questions pendantes sont nombreuses. Est-on personnellement responsable d'actes commis collectivement ? Une société qui a jugé des faits peut-elle ad vitam eternam continuer à faire peser son opprobre sur celui a payé sa dette pénale ? Peut-on pardonner à l'ami qui a trahi ? Les engagements de jeunesse restent-ils les fondements d'une vie d'homme ?
Pourtant, ce qui tout le long du récit m'a gêné, c'est la personnalité du « héros », cet ancien ancien révolutionnaire, qui réclame ses actes passés, y compris ceux qui ont été accomplis par la violence (et violence il y a eu durant les années de plomb en Italie), qui disqualifie d'autorité le jeune juge qui lui fait face (forcément suppôt des autorités et qui n'a pas connu cette époque) et son avocat commis d'office (un inutile).
Si les interrogations humaines qu'avance De Luca sont légitimes, ce biais de présentation n'a cessé de me mettre mal à l'aise.
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Dans les montagnes italiennes, un homme chute et se tue. Un témoin était sur place et a vu la scène. Il est entendu par un magistrat qui s'intéresse de plus près à son cas lorsqu'il découvre que le défunt avait « balancé » à la police le témoin des années auparavant alors que tous deux faisaient partie d'une mouvance politique radicale. Vengeance ou hasard ?

Les personnages n'ont pas de nom. le roman est court et alterne 2 types de chapitres : les échanges entre le témoin en détention qui clame son innocence avec le magistrat qui est persuadé d'un meurtre prémédité et les lettres que l'accusé écrit entre 4 murs à sa bien-aimée.

Erri de Luca aborde dans ce roman beaucoup de sujets : la solitude, l'engagement, la définition de la liberté, la notion de culpabilité individuelle et collective, l'histoire de l'Italie, le rôle de la justice, la vieillesse et l'importance de la vérité pour les Hommes.
Les interrogatoires prennent parfois l'allure de débats philosophiques. Les relations entre le magistrat et le témoin/accusé deviennent plus riches et intenses au fil des pages. Malgré la structure peu banale du roman, on a envie de savoir…

Je regrette cependant l'absence de flashbacks sur les années d'activisme politique ainsi que l'inexistence de la compagne du témoin. Les lettres constituent en fait un dialogue intérieur. le roman est sujet à interprétation sur certains de ses aspects, notamment sur le sens du mot « Impossible ». A vous de vous faire une idée !
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L'affaire se passe dans les Alpes italiennes : un homme se tue en voulant franchir une vire rocheuse dangereuse. Un autre homme randonnant derrière lui, donne l'alerte. Or il se trouve que l'enquête démontre qu'ils se connaissent : l'un et l'autre ont milité ensemble durant les « années de plomb ». Mais la victime avait trahi et livré le second à la justice. D'où la suspicion de meurtre qui pèse sur lui.
De Luca imagine l'enquête menée par l'instruction, les questions du juge et les réponses du soupçonné. Il nous livre également les lettres de celui-ci à celle qu'il aime dans sa nouvelle vie. Voilà, dans un livre court, une beau regard sur l'engagement, sur la justice et la vie après celle consacrée au militantisme.
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C'est le premier roman que je lis de cet auteur et je comprends pourquoi celui-ci est tant renommé dans l'univers de la littérature européenne contemporaine. Avec un style fluide, il parvient à nous emmener, grâce à un vocabulaire élaboré et judicieux, dans des réflexions profondes, ici sur le thème de la trahison, mais aussi, paradoxalement, de l'entraide et de la camaraderie politique.

« Impossible c'est la définition d'un événement jusqu'au moment où il se produit. » L'événement autour duquel tourne le récit est la chute dans le vide d'un homme qui se promenait en montagne. Derrière lui, un autre alpiniste donne l'alerte. Or un lien ancien lie les deux hommes : le premier a jadis dénoncé le deuxième et l'a, de ce fait, envoyé en prison.

Le récit s'ouvre donc sur l'audition de l'alpiniste (dont on ne connaîtra jamais le nom) par un magistrat persuadé que la chute est en fait un assassinat déguisé. Mais l'accusé est catégorique : il est innocent.

Le lecteur va donc suivre les auditions successives, durant lesquelles l'accusé va pousser le magistrat à réfléchir sur ce qu'est d'appartenir à un groupe d'idéologistes (communiste notamment), sur l'engagement pour une cause, mais aussi sur ce que représente l'amitié. Entre deux rendez- vous, le narrateur, de nouveau incarcéré, donne à lire les lettres qu'il écrit (mais n'envoie pas) à celle qu'il aime. On y retrouve cette vision des choses toute particulière : « L'élégance n'est pas dans la garde- robe, mais dans les attentions de deux êtres qui vivent ensemble. »

Au final, c'est un roman court mais intense. Par contre, j'ai regretté que la forme s'apparente plus à un essai qu'à un véritable roman : aucune action n'est véritablement narrée. Il s'agit vraiment davantage d'un écrit de réflexion. Certains risquent de s'y ennuyer.
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Un ancien révolutionnaire assiste à l'accident d'un homme en montagne. Il en informe la police. Sauf que l'homme en question fut son compagnon de lutte et qu'il a trahi les siens des décennies auparavant. Pour le magistrat chargé de l'enquête il est impossible que ce soit une coïncidence.
le livre mêle l'interrogatoire entre le magistrat et le révolutionnaire et les lettres que ce révolutionnaire écrit à sa femme. L'interrogatoire devient un duel dans lequel le magistrat cherche par tous les moyens à obtenir les aveux de l'accusé : il est persuadé qu'il a assassiné son ancien camarade de lutte.
Il n'y a pas de "gras" dans l'écriture de de Luca. C'est de la belle ouvrage.
Mais le dialogue entre les deux hommes tient davantage de la joute philosophique que de l'enquête et c'est finalement ce qui m'a ennuyé. Car l'auteur ne cache pas sa sympathie pour l'accusé. J'ai senti au-delà des accointances politiques de l'auteur avec le révolutionnaire la volonté de réhabiliter cette génération - Erri de Luca fit partie de l'un de ces mouvements - qui eut recours à la lutte armée et aux attentats durant les "années de plomb" en Italie. Je n'entrerai pas dans le débat de la légitimité du combat de ces organisations ni des instruments qu'elles utilisèrent pour le mener à bien.
Mais il y a une volonté de démontrer, un parti pris, une virulence qui s'éloigne de ce que j'aime dans le roman.
Par ailleurs, les lettres adressées à "Ammoremio" n'échappent pas à une mièvrerie qui affaiblit le livre.
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