Laurence

« Je lui tendis la fleur. Elle ne dit rien, mais je sais que son coeur battait : de l'insolence à l'état pur. L'insolence d'un combat : l'enfance et la mort, mangouste contre serpent. Certes, l'enfance et les mangoustes ont créé l'insolence. »
(p 92).
Il a 24 ans, elle en a 13.Ils se sont croisés au Grape-Fruit Hospital. Il mène une enquête pour sa thèse, elle est venue en consultation avec sa mère, ils sont français.
Très vite une relation "amoureuse" va naitre entre Laurence et lui mais attention c'est une relation d'amour pur, diaphane et si cela permet à Laurence d'avancer encore un peu . Didier Decoin nous offre un roman où tout n'est que douceur, que tendresse alors que la faucheuse s'approche inexorablement. Un roman qui nous parle de l'impensable , qui nous dit l'indicible , un roman dont j'ignorais l'existence mais que je vous invite à découvrir toutes affaires cessantes?

Ce livre des années 60 a bien mal vieilli...à l'heure actuelle il serait difficile de le publier et encore moins de le récompenser (il a eu un prix!).
En dehors de l'écriture sans grand intérêt...c'est surtout le thème qui me parait extrêmement malaisant.
Une histoire de pédophilie entre un jeune étudiant et une "petite fille" (ce sont ces termes) de 13 ans, encouragée par le médecin et la mère.
Le fait qu'elle soit mourante (le médecin ayant pronostiqué la date quasi exacte de sa mort: ridicule) est un prétexte à cautionner cet "amour".
L'amour-la mort...un thème maintes fois traité de manière tellement plus brillante.
On ne sent pas vraiment de second degré de la part de l'auteur, et une possible identification au narrateur??...dire que cet amour est platonique et diaphane ne serait pas juste, j'ai trouvé au contraire des pointes d'érotisme gerbantes. ex:
"-tu as le droit d sucer ton doigt.
Et je m'abandonnai pour la première fois, les tempes battantes:
-Il est bon ton doigt?
-Goute dit elle, en le retirant de sa bouche.
(...)Parce qu'elle me présenta son index humide de salive et que j'eus envie de le mettre dans ma bouche, de le mordiller doucement, de remplacer sa salive par la mienne, de m'emparer de ce qu'elle donnait."

Laurence, treize ans, est leucémique et n'a plus que quelques mois à vivre. Auprès d'elle, trois accompagnants : sa mère, son médecin et un jeune homme croisé par hasard à l'hôpital.


Entre l'adolescente et le jeune homme se tisse un lien tendre, prémices d'un amour de grandes personnes, encouragé par la mère et le médecin, car, aux portes de la mort, qu'importent les convenances : seul compte le merveilleux cadeau de l'ébauche d'un amour, tout en retenue et délicatesse.


Cette courte histoire nous place avec tendresse et pudeur face à l'insupportable réalité de la mort d'un enfant et s'attache à ce qui est finalement l'absolu essentiel de l'existence humaine : l'amour.


L'exercice était sans doute délicat, Didier Decoin le réussit avec brio, sans larmoiement ni sentimentalisme excessif, dans un parfait dosage d'émotions maîtrisées.

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