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EAN : 9782757876626
192 pages
Points (17/01/2019)
4.38/5   4 notes
Résumé :
"Quand la sueur de l’indien se trouva brusquement tarie par le soleil
Quand la frénésie de l’or draina au marché la dernière goutte de sang indien
De sorte qu’il ne resta plus un seul indien aux alentours des mines d’or
On se tourna vers le fleuve musculaire de l’Afrique
Pour assurer la relève du désespoir"

La langue de rené Depestre est à nulle autre pareille: sensuelle, vaudoue, impertinente et fougueuse. Celle d'un poète... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le poète est un maître du langage, des mots. Il parvient en vers ou en prose à transmettre des émotions fortes et surtout profondes.
René Depestre est un poète de l'exil. Son territoire est le monde. Son expérience de l'existence humaine, de la perte, de la faim, de la colère, de l'apaisement, de l'amour s'invite dans 'Minerai noir".
Un recueil magnifique. René Depestre est un poète de l'engagement. Haïti se dévoile avec ses douleurs et ses amours.
L'auteur dédie certains poèmes à d'autres artistes en fin de recueil.
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Très beau recueil sur Haïti, dont les poèmes m'ont émue plus d'une fois.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Quand la sueur de l’indien se trouva brusquement tarie par le soleil
Quand la frénésie de l’or draina au marché la dernière goutte de sang indien
De sorte qu’il ne resta plus un seul indien aux alentours des mines d’or
On se tourna vers le fleuve musculaire de l’Afrique
Pour assurer la relève du désespoir
Alors commença la ruée vers l’inépuisable
Trésorerie de la chair noire
Alors commença la bousculade échevelée
Vers le rayonnant midi du corps noir
Et toute la terre retentit du vacarme des pioches
Dans l’épaisseur du minerai noir
Et tout juste si des chimistes ne pensèrent
Aux moyens d’obtenir quelque alliage précieux avec le métal noir
Tout juste si ces dames ne rêvèrent d’une batterie de cuisine en nègre du Sénégal
D’un service à thé en massif négrillon des Antilles
Tout juste si quelque curé
Ne promit à sa paroisse
Une cloche coulée dans la sonorité du sang noir
Ou encore si un brave père noël ne songea
Pour sa visite annuelle
A des petits soldats de plomb noir
Ou si quelque vaillant capitaine
Ne tailla son épée dans l’ébène minéral
Toute la terre retentit de la secousse des foreuses
Dans les enrailles de ma race
Ô couches métalliques de mon peuple
Minerai inépuisable de la rosée humaine
Combien de pirates ont exploré de leurs armes
Les profondeurs obscures de ta chair
Combien de flibustiers se sont frayés leur chemin
A travers la riche végétation de clartés de ton corps
Jonchant tes années de tiges mortes
Et de flaques de larmes
Peuple dévalisé peuple de fond en comble retourné
Comme une terre en labours
Peuple défriché pour l’enrichissement
Des grandes foires du monde
Mûris ton grisou dans le secret de ta nuit corporelle
Nul n’osera plus couler des canons et des pièces d’or
Dans le noir métal de ta colère en crue.
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Nuit d’un lyncheur

À sa femme il dit qu’il allait
faire un tour
Et il est sorti
Avec dans l’âme
le soleil bien moulé dans sa Jessie,
Et dans la tête,
Une idée fixe comme la faim d’un loup.
Il est sorti.
D’un côté de son cœur,
Dormait un enfant
Comme doivent dormir
Les petites fleurs au printemps
De l’autre côté de son cœur,
Une idée fixe pointait ses yeux
affamés de loup.

Il est sorti.
Avec dans l’âme,
Ses nuits d’amour en un seul bûcher,
Et en guise de main droite,
Le museau éveillé d’un loup.

Il a marché longtemps
Quand il est rentré après minuit
Le corps de Jessie est toujours
Au fond de son âme,
Le même petit jardin suspendu,
Sa fillette est toujours,
À l’aile droite de son cœur,
La même petite fleur endormie de printemps,
Mais le loup qu’est la main droite
N’a plus ses poils hérissés de faim.

Comme je passais sur la grand’route
Une étoile m’a dit
Qu’à cent mètres de là
Un nègre
Brûle sa dernière goutte de
sang sous les étoiles.
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Dis leur que depuis trois ans
Les oiseaux ont changé de plumage
Et les poissons d’écailles
Mais que ma négresse n’a pas changé de robe
Que ma fillette est morte le mois dernier
Parce que je n’avais pas les sous de la quinine
Que la pluie rentre par le toit de ma maison
Pour me voler la lueur de ma lampe
Et abîmer la natte de mes amours.
Ne manque pas de leur dire
Que si mon foyer prend l’eau
Si ma négresse doit rester nue
Le jour qu’elle lave sa robe
Si au lieu d’une poupée
Ce sont des fourmis et des vers
Qui tiennent compagnie à ma fillette
C’est à cause des actions
Que le drapeau étoilé
Prend sur chaque goutte de ma sueur
Afin de régler la note des grenades et des fusils.
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Je veux faire le tour de l’homme
Qui se lève chaque matin
Avant la première goutte de rosée
Bien avant que les coqs s’allument
Dans la fraîcheur des arbres
L’homme qui n’a jamais dormi dans un lit
L’homme qui se rase avec un tesson de bouteille
Je veux que sa voix de paysan
Souffle en poupe de la mienne
Et enfle mes voiles
Comme un vent de pleine mer.
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Tu te souviens des jours qui frappaient à la face
L’espoir de la maison
Des jours qui se ruaient
Sur la bouche de ta mère
Comme les mains d’un boxeur
Ou les baisers déchaînés du vent
Tu te souviens de leurs hululements de chouettes
Dans le feuillage paternel !

Aussi te souviens-tu de leur charrue fantôme
Qui creusait de larges sillons dans tes veines
Et faisait ta rue entière pleurer de faim
Tandis que septembre allumé comme une femme
Riait aux éclats sur la mer et dans les arbres.
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Videos de René Depestre (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de René Depestre
Avec Arthur H, Rim Battal, Seyhmus Dagtekin, Maud Joiret, Sophie Loizeau, Guillaume Marie, Emmanuel Moses, Anne Mulpas, Suzanne Rault-Balet, Milène Tournier, Pierre Vinclair & les musiciens Mathias Bourre (piano) et Gaël Ascal (contrebasse) Soirée présentée par Jean-Yves Reuzeau & Alexandre Bord
Cette anthologie reflète la vitalité impressionnante de la poésie francophone contemporaine. Quatre générations partagent des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 17 ans, les plus âgés sont nonagénaires. Ils sont ainsi 94 à croiser leurs poèmes sur la thématique du désir, un mot aussi simple que subversif.

ADONIS – ARTHURH – Olivier Barbarant – Linda MARIA BAROS Joël BASTARD – Rim BATTAL – Claude BEAUSOLEIL – Tahar BEN JELLOUN – Zoé BESMOND DESENNEVILLE – Zéno BIANU – Carole BIJOU – Alexandre BONNET-TERRILE – Alain BORER – Katia BOUCHOUEVA – Julien BOUTREUX – Nicole BROSSARD – Tom BURON – Tristan Cabral – CALI – Rémi Checchetto – William CLIFF – François de CORNIÈRE – Cécile COULON – Charlélie COUTURE – Laetitia CUVELIER – Seyhmus DAGTEKIN – Jacques DARRAS – Michel DEGUY – Chloé DELAUME – René Depestre – Thomas DESLOGIS – Ariane DREYFUS – Renaud EGO – Michèle FINCK – Brigitte FONTAINE – Albane GELLÉ – Guy GOFFETTE – Cécile GUIVARCH – Cécile A. HOLDBAN – Philippe JAFFEUX – Maud JOIRET – Charles JULIET – Vénus KHOURY-GHATA – Anise KOLTZ – Petr KrÁL – Abdellatif LAÂBI – Hélène LANSCOTTE – Jean LEBOËL – Yvon LE MEN – Perrine LEQUERREC – Jérôme LEROY – Hervé LETELLIER – Sophie LOIZEAU – Lisette LOMBé – Mathias MALZIEU – Guillaume MARIE – Sophie MARTIN – Jean-Yves MASSON – Edouard J.MAUNICK –
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