Comme d'habitude chez Desproges, grande finesse dans le domaine d'une écriture virtuose. Mais comme d'habitude aussi, dans ce genre, rien ne vaut le spectacle ou le direct en radio. le one man show de l'artiste, ses mimiques, ses intonations, ses silences appuyés. Et quels souvenirs de ses savoureux « réquisitoires du tribunal des flagrants délires » que j'écoutais chaque midi à l'époque.
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Qui est encore assez naïf pour croire aux jésuisitiques jérémiades des savants atomistes ? Écoutez- les geindre, les cuistres :
-Vous pensez bien, ma chère, que si j'avais pu me douter qu'on utiliserait mes travaux sur l'atome à des fins militaires, j'aurais fait de la broderie plutôt que de la recherche, gémissait Robert Oppenheimer.
Et qu'est-ce qu'il croyait, le bougre ?
Que l'énergie nucléaire c'était seulement destiné à éclairer les salles bains ?
Le fait est que le 6 août 1945 à 6 heures du matin, il faisait clair dans les baignoires, à Hiroshima.
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Au reste mes idées sont trop originales pour susciter l'adhésion des masses bêlantes ataviquement acquises aux promiscuités transpirantes et braillardes inhérentes à la vulgarité du régime démocratique imposé chez nous depuis deux siècles par la canaille régicide.
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Je suis le contraire d'un artiste engagé. Je suis un artiste dégagé.
Je ne peux pas être engagé. A part la droite, il n'y a rien au monde que je méprise autant que la gauche.
Et d'abord quelle gauche? La gauche gluante d'humanisme sirupeux des eunuques à la rose?
Quelle droite? La droite des fumiers où la rose est éclose?
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Mais où avez-vous vu qu'elle était respectable ,la personne humaine?
Vous avez entendu chanter Francis Lalanne ?
Vous avez entendu penser un footballeur ?
Pierre Desproges : La seule certitude que j’ai c’est d’être dans le doute (France Culture / Samedi noir). Photographie : Pierre Desproges • Crédits : Archives du 7eme Art - AFP. Diffusion sur France Culture le 9 mars 2010. Cela fait 30 que Pierre Desproges nous a quitté, c'était l'occasion de réécouter ses textes. Réalisation : Myron Meerson. Mise en scène d’Alain Lenglet de la Comédie-Française et de Marc Fayet. Avec Christian Gonon de la Comédie-Française. Musique de Jérôme Destours. Reprise en studio du spectacle joué en mai 2010 au Théâtre du Vieux-Colombier.
« De vrais sketches avec des vrais morceaux de bravoure entiers reliés entre eux par une bassesse d’inspiration qui volera au-dessous de la ceinture du moindre nain […] » annonçait Desproges en 1986.
Avec ce spectacle, Christian Gonon prolonge les salves tirées par Desproges contre la médiocrité humaine. Extraits des “Chroniques de la haine ordinaire” sur France Inter, de “La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède” sur France 3 et de son livre “Vivons heureux en attendant la mort”, aucun des textes choisis ne fut conçu pour la scène. Sauf un, resté inédit, la mort l’ayant finalement pris par surprise.
Prise de son / montage / mixage : Julien Doumenc et Antoine Viossat. Mise en onde : Maya Boquet
Source : France Culture
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