Vaches Noires, le dernier recueil de nouvelles de
Roland Topor, écrit avant que celui-ci ne s'éteigne en 1997, vient d'être publié pour la première fois par les éditions Wombat.
Topor est un artiste compulsif – je parle de lui au présent, car, comme le dit
François Rollin dans la préface, « un génie, ça ne meurt pas ». « Je hante les rédactions de journaux, les maisons d'édition, les musées, les galeries d'art, les productions de cinéma, les administrations de théâtres. Je sens bien que j'en agace plus d'un » écrit-il ironiquement, avant de promettre sur un ton terriblement prémonitoire « vous n'entendrez plus parler de moi ». Et en effet, il est partout. On retrouve ses dessins étranges dans le magnifique dessin animé la Planète Sauvage, dans Hara-Kiri ou dans Bizarre. Sa nouvelle le locataire chimérique a été adaptée au cinéma par
Roman Polanski.
Vaches Noires, ce sont des petites nouvelles tellement courtes, mais tellement complètes. En deux pages et demie, tout ce qui devait être dit est dit. Sur la question des
vaches noires (qui portent malheur), sur notre rapport au cosmos, sur les vieux (« je n'aime pas les vieux »), sur les répondeurs infidèles… On y trouve des conseils pour placer ses enfants dans une secte fiable, et on y apprend comment faire bonne figure dans les partouzes mondaines.
J'aimerais bien vous dire que
Vaches Noires est un livre de chevet. On lit une, deux nouvelles, puis on repose délicatement le livre, on souffle la bougie avant de sombrer doucement dans le sommeil, l'esprit serein et la conscience tranquille. Sauf que non. Quand on a commencé ce livre, on le lit d'une traite, les mains tremblantes et le regard fiévreux. On est là, fasciné et un peu honteux, comme un môme qui aurait déniché un vieil exemplaire de Playboy. Impossible de détacher le regard. Et pourtant parfois on aimerait bien.
Ça part du drôle pour aller vers le cynique, en passant par l'absurde et le grotesque. Puis on arrive au glauque, à l'obscène, à l'insoutenable. Pas tout le temps… Chères âmes sensibles, ne vous abstenez surtout pas ! La plupart des nouvelles ne sont pas si méchantes, elles ont un bon fond. Comme ses dessins, c'est toujours un peu gratuit, certes. Mais
Topor le dit lui-même dans ses mémoires, il est un vieux con.
Mémoire d'un vieux con, c'est un autre de ses bouquins que Wombat réédite pour l'occasion. Je ne l'ai pas lu, alors je ne peux pas vous dire si c'est bien ou pas. Moi, je fais que transmettre l'info. Mais je pense que c'est bien.
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