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Le magasin d'antiquités tome 1 sur 3

Alfred des Essarts (Autre)Jean Gattégno (Autre)
EAN : 9782264003676
10-18 (01/01/1981)
4.17/5   9 notes
Résumé :
Un soir, un vieux Londonien s'entend prier par une jolie petite fille de lui indiquer le chemin d'une rue située loin, très loin... II y conduit l'enfant et fait ainsi la connaissance du grand-père de Nelly, propriétaire d'un magasin d'antiquités. Ce vieillard, qui a aussi un garnement de petit-fils, entretient d'étranges relations avec un nain odieux; celui-ci, perfidement, le dépossède de son magasin... Alors, une nuit, Nelly et son grand-père, la main dans la mai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le magasin d'antiquité est une manière de roman picaresque avec en filigrane une sorte d'allégorie sur le thème du Voyage du Pèlerin, oeuvre marquante du 17ème siècle de John Bunyan.
Nelly, une jeune héroïne d'une grande vertu et un grand-père retourné en enfance, très effacé, réduit au rôle d'ombre hormis lorsque le démon du jeu le saisi avec son vain rêve de faire la richesse de celle-ci; sont amenés à une longue errance par le malfaisant Quilp, personnage pervers, diabolique et bestial avec , gravitant autour de lui, Sampson Brass son avoué obséquieux et couard et sa soeur hommasse et coriace, Sarah Brass. Kit personnage naïf mais honnête et brave, ami de Nelly complète le trio des "héros".
Ce récit est une habile succession d'épisodes bouffons dans la grande tradition anglaise et d'épisodes d'un pathétique poignant et splendide avec le thème omniprésent de la mort. A noter une poignante évocation du pandémonium du monde industriel en opposition avec la nature idyllique. La deuxième partie est plus passionnante que la première.
Une des oeuvres les plus noires de Dickens qui a très bien pu plaire a Dostoïevski.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Il commença par faire remarquer que le soda-water, quoique chose
bonne en soi, était de nature à refroidir l'estomac si on ne le
relevait par du gingembre ou une légère infusion d'eau-de-vie; que
ce dernier liquide est en tout cas préférable, sauf une petite
considération, celle de la dépense. Personne ne s'aventurant à
combattre ces propositions, il continua en disant que la chevelure
humaine était un corps très-propre à concentrer la fumée de tabac,
et que les jeunes étudiants de Westminster et d'Eton, après avoir
mangé quantité de pommes pour dissimuler l'acre parfum du cigare à
leurs professeurs vigilants, étaient d'ordinaire trahis par cette
propriété que possède leur tête d'une façon remarquable: d'où il
conclut, que si l'Académie des sciences voulait fixer son
attention sur ce sujet, et essayer de trouver dans les ressources
de nos connaissances acquises un moyen de prévenir ces révélations
indiscrètes, elle rendrait un immense service à l'humanité tout
entière. Ces idées ne furent pas plus combattues que les
précédentes. Alors M. Swiveller nous apprit que le rhum de la
Jamaïque, quoiqu'il soit sans contredit un spiritueux agréable,
plein de richesse et d'arôme, a l'inconvénient de revenir au goût
durant tout le reste de la journée. Et comme personne ne s'avisait
de contester l'un ou l'autre de ces points, M. Swiveller sentit sa
confiance augmenter, et devint encore plus familier et plus
expansif.

«C'est le diable, messieurs, dit-il, lorsque des parents en
viennent à se brouiller Si l'aile de l'amitié ne doit jamais
perdre une plume, l'aile de la parenté ne doit jamais non plus
être écourtée: au contraire, elle doit toujours se développer sous
un ciel serein. Pourquoi verrait-on un petit-fils et un grand-père
s'attaquer avec une égale violence, quand tout devrait être entre
eux bénédiction et concorde? Pourquoi ne pas unir vos mains et
oublier le passé?

-- Contenez votre langue, dit Frédéric.

-- Monsieur, répliqua M. Swiveller, n'interrompez pas l'orateur.
Voyons, messieurs, de quoi s'agit-il présentement? Voici un bon
vieux grand-père. Je dis cela le plus respectueusement du monde,
et voici un jeune petit-fils. Le bon vieux grand-père dit au jeune
petit-fils dissipateur: «Je vous ai recueilli et élevé, Fred; je
vous ai mis à même de marcher dans la vie; vous vous êtes un peu
écarté du droit chemin, comme il n'arrive que trop souvent à la
jeunesse; ne vous attendez pas à retrouver jamais la même chance,
ou vous compteriez sans votre hôte.» À quoi le jeune petit-fils
dissipé répond ainsi: «Vous avez autant de fortune qu'on peut en
avoir; vous avez fait pour moi des dépenses considérables; vous
entassez des piles d'écus pour ma petite soeur, avec laquelle vous
vivez secrètement, comme à la dérobée, comme un vrai grigou, sans
lui donner aucun plaisir. Pourquoi ne pas mettre de côté une
bagatelle en faveur du petit-fils adulte?» Là-dessus, le brave
grand-père réplique, «que non-seulement il refuse d'ouvrir sa
bourse avec ce gracieux empressement qui a toujours tant de
charmes chez un gentleman de son âge, mais qu'il éclatera en
reproches, lui dira des mots durs, lui fera des observations
toutes les fois qu'ils se trouveront ensemble. Voilà donc la
question tout simplement. N'est-ce pas pitié qu'un pareil état de
choses se prolonge? et combien ne vaudrait-il pas mieux que le
vieux gentleman donnât du métal en quantité raisonnable, pour
rétablir la tranquillité et le bon accord!»
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-- Je vais passer chez ce restaurateur et je réglerai avec lui,
répondit Swiveller en clignant de l'oeil d'une manière
significative. Le garçon n'a aucun recours contre nous: voilà les
provisions consommées, Fred; tout est absorbé.»

De fait, le garçon parut s'accommoder de cette vérité; car,
lorsqu'il revint chercher les plats et les assiettes vides, et que
Swiveller lui dit d'un ton d'insouciante dignité qu'il passerait
bientôt chez son maître pour régler, le garçon montra d'abord
quelque trouble et marmotta entre ses dents quelques mots, comme:
«Payement au comptant, pas de crédit,» et autres balivernes; mais,
après tout, il se résigna facilement et demanda seulement à quelle
heure il plairait à monsieur de venir payer, disant que, comme il
était personnellement responsable pour le boeuf, les légumes,
etc., il fallait qu'il se trouvât là. Swiveller, après s'être
donné l'air de calculer mentalement ses nombreux engagements d'un
bout à l'autre, répondit qu'il serait au restaurant entre six
heures moins deux minutes et six heures sept. Le garçon dut sortir
avec cette garantie peu rassurante; alors Swiveller tira de sa
poche un carnet tout graisseux et y traça une marque.

«C'est sans doute pour vous rappeler le traiteur, dit Trent en
ricanant, dans le cas où vous pourriez l'oublier par mégarde?

-- Non, Fred, répondit gravement Richard en continuant d'écrire
comme un homme très-affairé; ce n'est pas tout à fait cela. Je
note dans ce petit livre les noms des rues où il m'est interdit de
passer, tant que les boutiques en sont ouvertes. Notre dîner
d'aujourd'hui me ferme Long-Acre. La semaine dernière, j'ai acheté
une paire de bottes dans Great-Queen-Street, et je ne puis plus
aller par là. Maintenant, si je veux me rendre au Strand, il n'y a
plus pour moi qu'un chemin, et encore faudra-t-il que je me le
ferme en y achetant ce soir une paire de gants. Toutes les issues
sont si bien bouchées que si, d'ici à un mois, ma tante ne
m'envoie de l'argent, je serai forcé d'aller m'établir à trois ou
quatre milles de Londres pour pouvoir circuler avec sécurité.

-- Mais ne craignez-vous pas qu'à la longue elle ne se fatigue?

-- J'espère que non; cependant le nombre de lettres que j'ai à lui
écrire d'ordinaire pour l'attendrir est de six, et cette fois nous
ne lui en avons pas envoyé moins de huit sans obtenir aucun effet.
Demain matin, je lui écrirai de nouveau. Je compte faire beaucoup
de pâtés et arroser ma lettre de larmes que je verserai du flacon
à l'essence de poivre pour leur donner un air plus sombre et plus
pénitent. «Ma chère tante, je suis dans un état d'esprit tel, que
je sais à peine ce que j'écris. -- Un pâté. -- Si vous pouviez me
voir en ce moment versant des pleurs amers sur les fautes de mon
passé!... -- Poivrière. -- Quand j'y pense, ma main tremble...» --
Encore un pâté. -- Ma foi, si cela ne produit rien, tout est
fini.»
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De ce quartier ils arrivèrent, dans le voisinage, à des
habitations éparses, misérables maisons qui, divisées en chambres
étroites et ayant leurs croisées rapiécées avec des chiffons et du
papier, indiquaient assez qu'elles servaient d'abri à la pauvreté
populeuse. Dans les boutiques, on vendait des objets tels que la
misère seule pouvait en acheter: les vendeurs et les acheteurs ne
valaient pas mieux les uns que les autres. Il y avait d'humbles
rues, où l'élégance ruinée essayait, sur un petit théâtre et avec
des débris, de faire encore un reste de figure, mais le percepteur
des contributions et le créancier savaient bien les déterrer là
comme partout ailleurs; et la pauvreté, qui faisait encore un
semblant de résistance, était à peine moins hideuse et moins
manifeste que celle qui, depuis longtemps résignée, avait
abandonné la partie.

Venait ensuite une vaste, vaste étendue, offrant le même
caractère, car les humbles goujats qui suivent le camp de
l'opulence, viennent planter leurs tentes autour d'elle, de bien
loin à la ronde. Une vaste étendue, qui ne faisait guère meilleure
mine; des maisons pourries d'humidité, la plupart à louer,
beaucoup en construction, beaucoup à moitié déjà en ruine avant
d'être construites; des logements de nature à faire hésiter la
pitié entre ceux qui les louaient et ceux qui s'y établissaient
comme locataires; des enfants mal nourris et à peine vêtus,
pullulant dans chaque rue et se vautrant dans la poussière; des
mères criardes, traînant avec bruit sur le pavé leurs savates; des
pères en haillons, courant avec l'air découragé vers le travail,
qui leur donnera peut-être «le pain de la journée,» et peu de
chose avec; des tourneuses de cylindre à lessive, des
blanchisseuses, des savetiers, des tailleurs, des fabricants de
chandelles, exerçant leur industrie dans les parloirs, les
cuisines, les arrière-boutiques, jusque dans les galetas, et
quelquefois se trouvant tous entassés sous le même toit; des
briqueteries bordant des jardins palissades avec des douves de
vieilles barriques ou avec des charpentes qu'on a enlevées de
maisons incendiées, et qui ont gardé l'empreinte noire et les
cicatrices du feu; des monceaux d'herbes marécageuses arrachées
des bassins; de l'ortie, du chiendent, des écailles d'huîtres,
tout cela entassé en désordre; enfin, de petites chapelles
dissidentes, où l'on prêche avec assez d'à-propos sur les misères
de la terre, sans avoir besoin d'aller chercher bien loin des
exemples, et quantité d'églises neuves du culte épiscopal, érigées
avec un peu plus de somptuosité, pour montrer aux gens qui
habitent cet enfer le chemin du paradis.
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Après un instant de silence, la vieille femme reprit ainsi la
parole:

«Je cueille ici les pâquerettes à mesure qu'elles poussent et je
les rapporte à mon logis. Je n'aime rien tant que ces fleurs, et
depuis cinquante-cinq ans je n'en ai pas eu d'autres. C'est un
long temps, et voilà que je me fais bien vieille!...»

S'étendant alors avec complaisance, quoique son auditoire ne se
composât que d'une enfant, sur son thème favori qui était nouveau
pour celle qui l'écoutait, elle lui raconta combien elle avait
pleuré et gémi; combien elle avait invoqué la mort quand ce
malheur l'avait frappée; et comment, lorsqu'elle était venue pour
la première fois en ce lieu, toute jeune encore, toute remplie
d'amour et de douleur, elle avait espéré que son coeur allait se
briser. Mais le temps avait marché; et bien que la veuve continuât
d'être affligée lorsqu'elle visitait le cimetière, elle trouvait
cependant la force de s'y rendre; et enfin il était arrivé que ces
visites, au lieu d'être une peine pour elle, étaient devenues un
plaisir sérieux, un devoir qu'elle avait fini par aimer. Et
maintenant que cinquante-cinq années s'étaient écoulées, elle
parlait de son mari décédé comme s'il avait été son fils ou son
petit-fils, avec une sorte de pitié pour sa jeunesse qu'elle
comparait à sa propre vieillesse, avec de l'admiration pour sa
force et sa beauté mâle qu'elle comparait à sa propre faiblesse, à
sa propre décrépitude: et cependant elle parlait; toujours de lui
comme s'il était toujours son mari, et se croyait toujours pour
lui telle qu'elle avait été autrefois et non telle qu'elle était à
présent; elle s'entretenait de leur réunion dans un autre monde
comme s'il était mort de la veille; et s'oubliant aujourd'hui pour
ne plus se revoir que dans le passé, elle songeait au bonheur de
la gracieuse jeune femme qu'elle croyait ensevelie avec le jeune
époux.
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Toute cette journée et tout le lendemain, le vieillard demeura
dans le même état moral. Il parcourait de haut en bas la maison,
visitant tour à tour les diverses chambres, comme s'il éprouvait
un vague désir de leur dire adieu; mais il ne fit aucune allusion
directe ou indirecte à la visite qu'il avait reçue le matin, ainsi
qu'à la nécessité où il était de chercher un autre logis. Il avait
bien une idée confuse que son enfant était affligée et menacée
d'être réduite au dénûment: car plusieurs fois il la pressa contre
son sein et l'invita à se rassurer, en lui disant qu'ils ne
seraient point séparés l'un de l'autre. Mais il semblait incapable
de juger clairement de leur position réelle: c'était toujours
cette créature insouciante, presque insensible, chez qui la
souffrance du corps et de l'âme n'avait plus laissé de ressort On
appelle cet état l'état d'enfance. Mais il est à l'enfance ce que
la mort est au sommeil, une contrefaçon grossière, une abominable
moquerie. Trouvez-vous dans les yeux ternes de l'homme qui radote
ce vif éclat et cette vie de l'enfance, cette gaieté qui n'a pas
subi de frein, cette franchise que rien n'a refroidie, cette
espérance que la réalité n'a point flétrie, ces joies qui passent
en fleurissant? De même aussi, dans les lignes rigides de la mort,
aux yeux caves et ternes, trouvez-vous la beauté calme du sommeil,
qui exprime le repos pour les heures écoulées, et la douce et
tendre espérance pour celles qui vont suivre? Placez la mort et le
sommeil l'un à côté de l'autre, et voyez si vous pourrez leur
trouver quelque affinité. Mettez ensemble l'enfant et l'homme
tombé en enfance, et vous rougirez de la sotte folie qui diffame
notre premier état de bonheur en osant donner son nom à une image
si laide et si difforme.
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